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3.1. INTRODUCTION

3.1.3. Positionnement interprétativiste

Selon le paradigme interprétativiste, l’observateur est impliqué dans le processus et la réalité ne peut pas être saisie dans son essence. La connaissance est subjective et contextuelle (Prévost et Roy, 2015). « Pour l’interprétativisme, le processus de création de la connaissance passe par la compréhension du sens que les acteurs donnent à la réalité » (Perret et Séville, 2003 in Thiétart (dir.), p. 23). Les valeurs du chercheur font partie intégrante de la recherche sans qu’il soit possible de les exclure (Prévost et Roy, 2015). Le rôle du chercheur est de mettre en évidence la réalité des acteurs, leur interprétation des évènements, de la situation, de son contexte et leurs motivations. La validité des connaissances repose sur les deux notions suivantes : le caractère idiographique des recherches et la capacité empathique du chercheur. Les connaissances produites, bien que contextualisées, sont « transférables dans la mesure où les utilisateurs potentiels sont capables de les adapter à leur propre contexte ». Finalement, les phénomènes étant indissociables de leur contexte, « il est impossible de distinguer les causes et les effets » au sens de relations de causalité (Prévost et Roy, 2015, p. 26). Cette citation signifie que l’interprétativisme implique des précautions : notre question de recherche vise la compréhension de ce qui constitue la performance d’un SGD plutôt que son explication. Le positionnement positiviste serait plus approprié pour identifier des relations de causes à effets, mais ce n’est pas le but de notre démarche.

3.1.3.1. Justification du choix du positionnement interprétativiste

Le choix d’un positionnement épistémologique peut se faire par simple opposition à un autre. Cependant, il apparait plus intéressant de justifier notre positionnement en lien avec la nature de notre problématique, notre conception de la recherche et sa finalité (Pottiez, 2011, p. 664; Weber, 2004). Pour asseoir la légitimité du positionnement de la recherche, Perret et Séville (2003, p.14) nous invitent à répondre à trois questions : (1) « quelle est la nature de la connaissance produite? (2) comment la connaissance

scientifique est-elle engendrée? (3) et quels sont la valeur et le statut de cette connaissance » ?

La réponse à la première question distance notre démarche du positionnement positiviste. En privilégiant les théories parcimonieuses et généralisables, le positionnement positiviste ne permet pas d’intégrer plusieurs éléments liés au contexte organisationnel et inter organisationnel. Il ne répond pas non plus à un besoin de données riches émanant du fait que la problématique de la performance des SGD est mal connue et a besoin d’être mieux comprise (Bornhorst et al., 2010; Sigala, 2014). L’extériorité de la chercheure face au terrain étudié, propre au paradigme positiviste, est difficilement conciliable avec notre objectif de recherche, avec les nombreux contacts établis sur le terrain ainsi qu’avec notre démarche. De plus, cela ne correspond pas à notre croyance sur la nature de la réalité.

Le constructivisme et l’interprétativisme présentent des similitudes sur le plan ontologique. Cependant, le cadre du constructivisme ne semble pas non plus être en accord avec notre positionnement et notre action sur le terrain. Même si nous avons passé du temps sur le terrain et écouté avec empathie les répondants, nous n’avons pas influencé l’action présente et à venir au sujet du SGD. Ce n’était pas notre mandat ni la finalité de notre démarche. Nous n’avons pas non plus fait participer les répondants du terrain de recherche, dès le début, à la construction théorique de notre objet de recherche (Perret et Séville, 2003). Nous avons préféré combiner une revue de littérature, nécessaire au processus doctoral, à une confrontation au terrain, afin d’élaborer un outil d’évaluation de la performance des SGD.

L’interprétativisme apparait comme étant « réaliste, pragmatique et semblant tenir compte des apports de chacun des positionnements concurrents » (Pottiez, 2011, p. 665). Pour la chercheure, la connaissance scientifique passe par une interprétation préalable de l’objet de recherche par le chercheur (hypothèse relativiste). Selon l’hypothèse intentionnaliste, les répondants font partie intégrante de la réalité et jouent

un rôle dans sa construction (Perret et Séville, 2003). Dans notre recherche interprétativiste, le chemin de la connaissance est celui de la compréhension des motivations des répondants, motivations qui sont révélatrices de leur expérience (leurs besoins et de leurs attentes). Même si la finalité n’est pas de construire avec les répondants « le sens qu’ils donnent à la réalité sociale », cette recherche valorise l’attention portée aux pratiques observées sur le terrain plutôt que la formulation de postulats relatifs à ces comportements (positivistes) et se base sur les perceptions des répondants et non sur des postulats. Elle reconnait le caractère interprétatif et contextualisé de la connaissance scientifique produite sans être constructiviste (Perret et Séville, 2003, p. 20-21).

Finalement, le chercheur interprétativiste s’intéresse à appréhender des évènements singuliers, ici une étude de cas unique, sans chercher à en tirer des lois universelles : le caractère idiographique de la recherche. Les capacités d’empathie que développe le chercheur s’expriment à travers le récit riche, détaillé, révélateur de l’expérience vécue par les répondants (Avenier et Gavard-Perret, 2012; Perret et Séville, 2003). Pour le paradigme constructiviste, « l’enseignabilité du construit » consiste à examiner si des connaissances génériques, telles que réinterprétées dans d’autres contextes que ceux à partir desquels ces connaissances ont été élaborées, procurent des repères fonctionnellement adaptés et viables pour agir intentionnellement dans ces autres contextes » (Avenier et Gavard Perret, 2012). Cela ne correspond pas du tout à notre démarche. Le positionnement interprétatif est justifié par le fait que (1) la performance des SGD est une problématique mal connue et peu explorée; (2) par l’approche de recherche qui s’intéresse en priorité aux répondants sur le terrain et à leurs représentations et, finalement, (3) par la démarche adoptée : une étude de cas unique et un récit contextualisé (Pottiez, 2011, p. 667).

Avant de présenter notre stratégie de recherche, il importe de situer cette recherche parmi les différentes formes existantes d’évaluations des SI.