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1. Les politiques portant sur le curriculum de l’enseignement primaire et secondaire

1.3 Les politiques portant sur des adaptations et des compléments au curriculum de base

1.3.3 Politiques concernant les jeunes issus de milieux défavorisés

Un rappel historique s’avère ici nécessaire, car la défavorisation, du moins sur l’Île de Montréal, est une problématique scolaire centrale et ce, depuis les années 70, comme en témoignent tout au long des récentes décennies les engagements du Conseil Scolaire de l’Île de Montréal, récemment restructuré. C’est ainsi que dès la fin des années 70, le ministère de l’Éducation, s’inspirant des pratiques établies en ce domaine par les commissions scolaires de Montréal, notamment par la Commission des Écoles Catholiques de Montréal et par la Commission des Écoles Protestantes du Grand Montréal, élabore une Politique d’interventions éducatives en milieux défavorisés ainsi qu’un Plan d’action qui favorise des modèles d’intervention centrés sur la participation des parents; parmi ces modèles d’intervention, retenons les maternelles-maison, les maternelles- classes pour enfants de 4 ans, les bibliothèques, et les projets de prévention de l’absentéisme et de l’abandon des études dans les écoles secondaires en milieux défavorisés. En 1978 est lancée l’Opération Passe-Partout, une série d’émissions quotidiennes à la télévision destinées aux enfants d’âge préscolaire et à leurs parents.

En 1996, un avis du Conseil supérieur de l’Éducation intitulé La réussite à l’école montréalaise : une urgence pour la société québécoise sonne l’alarme sur le retard et l’Échec scolaire des élèves de milieux à faible revenu. La Commission des États généraux sur l’éducation demande que soit fourni un soutien pédagogique et financier particulier aux zones les plus défavorisées économiquement, ce qui est le cas de 58 % des écoles publiques de Montréal.

En 1997, la ministre Marois crée le Programme de soutien à l’école montréalaise, à la suite du constat qu’un bon nombre d’élèves issus de milieux défavorisés (dont certains sont peu scolarisés lorsqu’ils arrivent au Québec) éprouvent plus de difficultés et réussissent moins bien, présentent un retard scolaire plus marqué, sont moins nombreux à obtenir un diplôme et quittent souvent l’école plus tôt sans avoir obtenu de qualification. Un tel constat appelle des aménagements au curriculum de base touchant les contenus de formation et les modèles d’organisation de l’enseignement. Il appelle aussi des interventions adaptées et différenciées en fonction des besoins de ces élèves liés notamment :

• au niveau de scolarisation de leurs parents et du rapport de ceux-ci au savoir et à la langue;

• à un bagage de connaissances parfois différent et parfois insuffisant pour répondre aux exigences de l’école;

• à une culture orale où la place de l’écrit est souvent limitée; • à une valorisation presque exclusive du présent et de l’action.

L’objectif de base du programme est de favoriser chez les élèves un cheminement scolaire progressif et continu qui tienne compte de leurs caractéristiques et de leurs besoins et assurer la réussite des apprentissages pour le plus grand nombre. En 2001-2002, le programme a ciblé 106 écoles primaires et 21 écoles secondaires qui accueillent au total près de 53 000 élèves montréalais.

Toutes les écoles ciblées ont l’obligation de mettre en place graduellement les huit moyens ou actions suivants :

• soutien aux élèves à risque afin de prévenir les difficultés et d’éviter les redoublements et les ruptures durant leur parcours scolaire;

• éveil à l’écrit dès le préscolaire et accent sur l’apprentissage de la lecture au primaire et au secondaire;

• mise en œuvre de « l’école orientante » pour amener les élèves à développer une vision de leur avenir;

• information au personnel enseignant sur la formation professionnelle et technique dans le but de valoriser ce type de formation;

• accent sur l’accès aux ressources culturelles par des liens entre l’école et les lieux artistiques et scientifiques;

• susciter et renforcer la participation des parents à la réussite des apprentissages de leur enfant;

• création d’un réseau de partenaires avec les organismes du milieu; • développement professionnel de la direction et de l’équipe-école.

En plus de l’allocation de base, les écoles présentant un « projet prometteur » peuvent recevoir une allocation supplémentaire de 10 000 $ si le projet est accepté par le ministère.

En 1999, l’indice de défavorisation, qui sert de référent pour déterminer quelles écoles ont droit au soutien financier du programme de Soutien à l’École Montréalaise, est redéfini à partir de renseignements détaillés sur les caractéristiques des familles d’enfants d’âge scolaire, afin de permettre une allocation de ressources plus équitable, tenant mieux compte des inégalités sociales et économiques et des besoins des élèves.

La même année, les écoles situées en milieu défavorisé bénéficient particulièrement de la réduction des ratios maître-élèves et de l’ajout d’enseignants et de professionnels, mesures édictées dans La Politique de l’adaptation scolaire par le ministre Legault qui a succédé à la ministre Marois à la tête du ministère de l’éducation.

De 2000 à 2003, le budget annuel de 10 millions pour le soutien aux écoles primaires et secondaires montréalaises en milieu défavorisé est reconduit. Aussi, le ministère de l’Éducation participe aux 7 chantiers mis en place par le ministère de la Solidarité sociale et de l’Emploi pour favoriser le développement social et la lutte contre la pauvreté.

En 2002, est introduit un nouveau programme, baptisé Agir autrement, pour les écoles secondaires montréalaises en milieu défavorisé : 1,5 millions sont affectés à un projet pilote sur 3 ans dans six écoles secondaires. Dorénavant, le programme de Soutien à l’École Montréalaise sera limité aux écoles primaires, Agir Autrement prenant, dans le cadre de la réforme curriculaire en cours, le relais au secondaire.

Après trois ans, une analyse des projets des écoles réalisés dans le cadre du Programme de soutien à l’école montréalaise permet de constater des changements substantiels dans les façons de faire. À titre d’exemples, notons l’ajout de temps accordé à un spécialiste (éducation physique ou autre) pour permettre à l’enseignant de travailler avec un petit groupe ayant des besoins particuliers; le jumelage de classes en lecture; le suivi d’élèves pendant deux ans par le même enseignant; l’augmentation des services d’aide aux devoirs au primaire ou d’étude dirigée au secondaire, etc. Ce programme est toujours en vigueur, en 2006.

1.3.4 Politiques concernant les élèves issus des communautés culturelles et les élèves