Chapitre II. G´en´eriquement, une courbe ferm´ee simple
1.1 Points p´eriodiques d’un diff´eomorphisme symplectique
Soit (M, ω) une surface symplectique.
• d´efinitions
D´efinition 1.1. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surface M,p ∈M etk un
entier non nul.
On dit que p est un point p´eriodique de p´eriode k (ou quep est un point k-p´eriodique)
de f sif
k(p) =pet si k´etant strictement plus grand que1,f
i(p)6=p pour touti∈ {1, ..., k−1}.
Remarque 1.2. — Sip est un point p´eriodique de p´eriode k alorsDf
k(p) est une application
lin´eaire bijective deT
pM.
Proposition et d´efinition 1.3. — Soitf un diff´eomorphisme symplectique d’une surfaceM,
p∈M etk un entier non nul.
Sip est un pointk-p´eriodique alors Df
k(p)poss`ede deux valeurs propres λetµdont le produit
est ´egal `a 1. Il y a deux cas :
– les complexesλetµsont conjugu´es et|λ|=|µ|= 1. On dit alors quepest un point p´eriodique
elliptique de f
– sinon λ etµ sont des r´eels diff´erents de 1 et−1 et µ = 1/λ. On dit alors que p est un point
p´eriodiquehyperboliquede f.
D´emonstration. — Commef est un diff´eomorphisme symplectique,Df
k(p) est une application
lin´eaire bijective de T
pM telle que pour tout (v, w) ∈ (T
pM)
2, ω
p(Df
k(p)u, Df
k(p)w) = ω
p(v, w).
Donc det(Df
k(p)) = 1. Par cons´equent, le produitλµ est ´egal `a 1.
Ainsi|λ|=|µ|= 1 si λetµsont des complexes conjugu´es. Sinonλetµ sont des r´eels et µ= 1/λ. 2
D´efinition 1.4. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surface M,p ∈M etk un
entier non nul.
Sipest un pointkp´eriodique pourf et que les valeurs propres deDf
k(x)ne sont pas des racines
de l’unit´e, on dit quepest un point p´eriodique non d´eg´en´er´ede f.
• Quelques propri´et´es sur les points p´eriodiques d’un diff´eomorphisme symplectique
Proposition 1.5. —Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surfaceM,p∈M un point
p´eriodique def etm un entier non nul.
Le point p est un point p´eriodique elliptique [respectivement hyperbolique ou non d´eg´en´er´e] de f si
et seulement sipest un point p´eriodique elliptique [respectivement hyperbolique ou non d´eg´en´er´e] de
f
m.
D´emonstration. — Soitkla p´eriode dep. Soitk
′le plus petit multiple commun deketm,p est
alors un point p´eriodique de p´eriodek
′/m pour f
m. Or :
D(f
m)
k′/m(p) =Df
k′(p) = (Df
k(p))
k′/k.
Par cons´equent si λetµsont les deux valeurs propres deDf
k(p), λ
k′/ketµ
k′/ksont les deux valeurs
propres deD(f
m)
k′/m(p). D’o`u le r´esultat. 2
Proposition 1.6. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surface M, k et m deux
entiers non nuls etp∈M un pointk-p´eriodique def.
Sipest un point p´eriodique elliptique [respectivement hyperbolique ou non d´eg´en´er´e] def,f
m(p) est
aussi un point p´eriodique elliptique [respectivement hyperbolique ou non d´eg´en´er´e] def.
D´emonstration. — Si k est la p´eriode de p, k est aussi la p´eriode de f
m(p). Or Df
k+m(p) =
Df
k(f
m(p))Df
m(p) =Df
m(p)Df
k(p) ce qui implique :
Df
k(f
m(p)) =Df
m(p)Df
k(p)(Df
m(p))
−1.
AinsiDf
k(p) et Df
k(f
m(p)) ont les mˆemes valeurs propres. D’o`u le r´esultat. 2
Proposition 1.7. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique etk un entier non nul.
1. L’ensemble des points p´eriodiques de p´eriode inf´erieure ou ´egale `ak de f est un ferm´e deM.
2. Soitx un point p´eriodique de p´eriodek de f non d´eg´en´er´e, le point x est isol´e parmi les points
p´eriodiques de p´eriode inf´erieure `a k.
D´emonstration. — Le premier point est tout `a fait classique. Notons Per(f, k) l’ensemble des
points p´eriodiques de p´eriode inf´erieure ou ´egale `ak. C’est l’ensemble desx∈M pour lequel il existe
un entier i≤ k tel que f
i(x) = x. Or l’application f ´etant continue, {x ∈ M, f
i(x) =x} est ferm´e
quelque soit l’entier i. L’ensemble Per(f, k) est donc une union finie de ferm´es.
Venons en au second point : il s’agit de trouver un voisinage dex tel que pour tout entieri≤k,
f
i(x)6=x.
Soit i un entier strictement plus petit que k, le point x ´etant k p´eriodique, f
i(x) 6= x. Par
continuit´e def, il existe un voisinage U dex tel que si y∈U,f
i(y)6=y.
Pour r´egler le cas o`ui=k, travaillons en coordonn´ees au voisinage dex. Dans ces coordonn´ees,
la diff´erentielle de l’application F =f
k−id est ´egale `a Df
k(x)−Id. Or x´etant un point p´eriodique
non d´eg´en´er´e def, 1 n’est pas valeur propre deDf
k(x). La diff´erentielle deF enxest donc inversible.
Par cons´equent, d’apr`es le th´eor`eme d’inversion locale,F est un diff´eomorphisme local. Il existe donc
un voisinage V de x tel que siy ∈V,F(y)6= 0 c’est-`a-dire f
k(y)6=y.
Le voisinage de x,U ∩V, ne contient donc aucun point p´eriodique de f de p´eriode plus petite
quek. 2
• Vari´et´e stable et vari´et´e instable d’un point p´eriodique hyperbolique
Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surface M,k un entier non nul. Soit p ∈ M un
point k-p´eriodique hyperbolique def etU un voisinage dep.
La vari´et´e locale stablede p dans le voisinageU est d´efinie par l’ensemble suivant :
W
Us(p, f) ={x∈U |f
nk(x)∈U pour toutn∈N et lim
n→+∞
d(f
nk(x), p) = 0}.
La vari´et´e locale instablede p dans le voisinageU est d´efinie par l’ensemble suivant :
W
Uu(p, f) ={x∈U |f
−nk(x)∈U pour toutn∈N et lim
n→+∞
d(f
−nk(x), p) = 0}.
Notation :Soitpun point k-p´eriodique hyperbolique d’un diff´eomorphisme symplectique. Soitλ
la valeur propre de Df
k(p) dont la valeur absolue est inf´erieure `a 1, 1/λ est alors la valeur propre de
Df
k(p) de valeur absolue sup´erieure `a 1.
L’espace E
sd´esigne l’espace propre de Df
k(p) relatif `a λ tandis queE
uest l’espace propre de
Df
k(p) relatif `a 1/λ.
Soit r >0, E
s(r) (respectivement E
u(r)) d´esigne la boule de centre r dans l’espaceE
s(respec-tivement E
u).
Si r >0 est suffisamment petit, si v ∈E
s(r) et w∈E
u(r), p+ (v, w) est le point de M qui est
l’image par l’application exponentielle enp du vecteur v+w∈T
pM.
L’ensemble not´ep+(E
s(r)×E
u(r)) est l’ensemble des pointsp+(v, w) o`uv∈E
s(r) etw∈E
u(r)
Th´eoreme1.8. —Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surfaceM etkun entier non
nul. Soit pun point k-p´eriodique hyperbolique def.
Il existe alors U un voisinage de p tel que pour tout r >0 tel que U
′=p+ (E
s(r)×E
u(r))⊆U, il
existe une applicationσ
s:E
s(r)→E
u(r)de classe C
1telle queσ
s(0) =p,(σ
s)
′(0) = 0et telle que :
W
Us′(p, f) ={p+ (v, σ
s(v)) |v∈E
s(r)}.
De mˆeme il existe une application σ
u:E
u(r)→E
s(r) de classe C
1telle queσ
u(0) =p,(σ
u)
′(0) = 0
et telle que :
W
Uu′(p, f) ={p+ (σ
u(v), v) |v∈E
u(r)}.
De plus siU est suffisamment petit,W
sU
(p, f) ={x∈U |f
nk(x)∈U pour tout n∈N}etW
u U(p, f) =
{x∈U |f
−nk(x)∈U pour tout n∈N}.
E
uE
s pW
Us(f, p)
W
Uu(f, p)
U
′Remarque 1.9. —Une vari´et´e stable ou instable locale d’un point p´eriodique hyperbolique est
une sous-vari´et´e de classeC
1de la surface M.
Une fois que l’on a d´efini la notion de vari´et´e stable et de vari´et´e instable de p alors la vari´et´e
stable globaleet la vari´et´e instable globale dep sont obtenues respectivement par :
W
s(p, f) = [
n∈Nf
−nk(W
Us(p, f)),
W
u(p, f) = [
n∈Nf
nk(W
Uu(p, f)),
Remarquons qu’il y a d’autres fa¸cons de caract´eriser W
s(p, f) et W
u(p, f). Par exemple :
W
s(p, f) = {x∈M |il existe n
0∈N tel que∀n∈N, si n≥n
0alorsf
nk(x)∈U}
= {x∈M | lim
n→+∞
d(f
nk(x), p) = 0}
W
u(p, f) = {x∈M |il existen
0∈Ntel que ∀n∈N, si n≥n
0alorsf
−nk(x)∈U}
= {x∈M | lim
n→+∞
d(f
−nk(x), p) = 0}
La vari´et´e stable et la vari´et´e instable d’un point p ne sont pas en g´en´eral des sous-vari´et´es de
classe C
1. Ce sont les images deR par des immersions injectives.
Mais nous allons tout de mˆeme d´efinir la notion d’espace tangent en un point de l’une de ces
vari´et´es. Pour cela, nous allons voir que W
s(p, f) et W
u(q, f) sont des unions croissantes de
sous-vari´et´es de classeC
1de dimension 1.
L’ensemble W
Us(p, f) est inclus dansf
−k(W
Us(p, f)) ainsi pour tout entiern :
f
−nk(W
Us(p, f))⊆f
−(n+1)k(W
Us(p, f)).
De plus f ´etant un diff´eomorphisme, chaque ensemble f
−nk(W
sU
(p, f)) est une sous-vari´et´e de classe
C
1de M. Ainsi l’espace tangent de f
−nk(W
Us(p, f)) en x ne d´epend pas de l’entier n tel que x ∈
f
−nk(W
Us(p, f)). Notons aussi que l’espace tangent de f
−nk(W
Us(p, f)) en x ne d´epend pas non plus
du voisinage U de p.
Ce qui permet de d´efinir l’espace tangent de W
s(p, f) en un point x, not´e T
xW
s(p, f) de la fa¸con
suivante : soit n ∈ N tel que x ∈ f
−nk(W
Us(p, f)), l’espace tangent de W
s(p, f) en x est l’espace
tangent def
−nk(W
sU
(p, f)) en x.
On proc`ede de la mˆeme fa¸con pour d´efinir l’espace tangent d’une vari´et´e instable dep.
D´efinition 1.10. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surface M, p et q deux
points p´eriodiques hyperboliques de f.
La sous-vari´et´e stable depet la sous-vari´et´e instable deqsonttransversessi pour toutx∈W
s(p, f)∩
W
u(q, f),T
xW
s(p, f) +T
xW
u(q, f) =T
xM. (Eventuellement W
s(p, f)∩W
u(q, f) =∅.)
q
p
x
x∈Ws (p, f)∩Wu (q, f) :W
s(p, f)
W
u(q, f)
limn→+∞fnk(x) =p et limn→+∞f−nk (x) =qRemarque 1.11. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique d’une surface M, p un point
p´eriodique hyperbolique de f etm un entier non nul.
Nous avons vu dans la proposition 1.5 quep est aussi un point p´eriodique hyperbolique def
m. Nous
pouvons aussi ajouter que la vari´et´e stable [respectivement instable] dep relativement `a f
mco¨ıncide
avec la vari´et´e stable [respectivement instable] dep relativement `a f.
Par cons´equent sipetqsont deux points p´eriodiques hyperboliques def tels queW
s(p, f) etW
u(q, f)
sont transverses alorsW
s(p, f
m) et W
u(q, f
m) sont aussi transverses.
Dans le document
Sur les courbes invariantes par un difféomorphisme C1-générique symplectique d’une surface
(Page 53-57)