Chapitre II. G´en´eriquement, une courbe ferm´ee simple
2.1 Cas de l’anneau
• Appliquons le Connecting Lemma
Lemme 2.2. — Soit f un diff´eomorphisme symplectique de l’anneau appartenant `a G
∞(A) et
γ : T
1→ A une courbe ferm´ee essentielle invariante par f sur laquelle f ne poss`ede pas de point
p´eriodique. Soitn∈Ntel queγ(T
1)⊆T
1×]−n;n[etU un voisinage def dans Diff
1ω(A).
Il existe alorsg∈ U,p∈T
1×]− ∞;−n[etm∈N tels queg
m(p)∈T
1×]n; +∞[.
D´emonstration. —SoitC
1etC
2les deux composantes connexes deA\γ(T
1). La courbeγ ´etant
une courbe essentielle, C
1etC
2ne sont pas born´ees. L’une contient donc T
1×]− ∞;−n[ tandis que
l’autre contient T
1×]n; +∞[. Supposons que c’est C
1qui contient T
1×]− ∞;−n[, C
2contient alors
L’id´ee est d’appliquer le Connecting Lemma au voisinage d’un point de la courbe.
Soit x ∈ γ(T
1). Ce point n’est pas p´eriodique puisque f ne poss`ede pas de points p´eriodiques
surγ(T
1). De plus, son orbite positive poss`ede une valeur d’adh´erence puisqu’elle est contenue dans le
compactγ(T
1). En outre, l’ensembleT
1×[−n;n] est un voisinage dex. D’apr`es le Connecting Lemma,
il existe N ∈ N et W un voisinage ouvert de x tels que s’il existe deux points p et q n’appartenant
pas `a
N
[
−1k=0
f
k(T
1×[−n;n]) et s’il existen
pet n
qdes entiers positifs tels que f
np(p) et f
−nq(q)
n’ap-partiennent pas `a W il existe alors h∈ U et un entier m tel queh
m(p) =q.
Cherchons donc de tels points p etq et de tels entiers entiers n
pet n
q.
D’une part le pointx appartient `a la fois `a la fronti`ere deC
1et `a celle deC
2. Les ouvertsC
1∩W
etC
2∩W sont donc non vides.
D’autre part l’application f appartient `a G
∞(A). L’ensemble des points dont les orbites positives et
n´egatives sousf sortent de tous compacts est dense dans M.
De plus, l’ensembleK =
N
[
−1k=0
f
k(T
1×[−n;n]) est compact.
Il existe donca∈C
1∩W etb∈C
2∩W tels que l’orbite n´egative de aet l’orbite positive debsort de
K. Soit n
aetn
bdeux entiers positifs tels que f
−na(a) et f
nb(b) n’appartiennent pas `aK (cf. sch´ema
ci-dessous).
Posons alors :
p=f
−na(a) et q=f
nb(b),
n
p=n
aetn
q=n
b.
Il existe doncg ∈ U et un entier m tel queg
m(p) =q. Il reste donc `a v´erifier que p∈T
1×]− ∞;−n[
etq∈T
1×]n; +∞[.
p=f−na(a) b a Wγ
K
T
1×[−n;n]
C
1C
2 q=gm (p) =fnb(b) g f fOr d’une part les points p=f
−na(a) etq =f
nb(b) n’appartiennent pas `a K etT
1×[−n;n] est
inclus dans K. Doncp etq appartiennent `a T
1×(]− ∞;−n[∪]n; +∞[).
D’autre part, l’applicationf ne poss`ede pas de points p´eriodiques surγ(T
1). Ce qui implique, d’apr`es
la proposition 2.34 du chapitre 1, que f pr´eserve l’orientation de γ. Or f ´etant un diff´eomorphisme
symplectique, d’apr`es la remarque 2.29,f pr´eserve l’orientation au sens topologique. D’apr`es la
propo-sition 2.37 du chapitre 1,f pr´eserve chacune des composantes connexes de A\γ(T
1). Par cons´equent
f(C
1) =C
1etf(C
2) =C
2. Le pointp=f
−na(a) appartient donc `aC
1tandis que le pointq =f
nb(b)
appartient `a C
2.
CommeT
1×]− ∞;−n[ etT
1×]n; +∞[ sont inclus respectivement dansC
1etC
2, le pointp appartient
`
a T
1×]− ∞;−n[ alors que le point q appartient `aT
1×]n; +∞[. 2
Remarque 2.3. — L’hypoth`ese quef ne poss`ede pas de points p´eriodiques surγ(T
1) est trop
forte. En fait, nous avons seulement besoin
1. que l’application f pr´eserve l’orientation de la courbe γ de fa¸con `a ce que chacune des
compo-santes connexes du compl´ementaire de γ(T
1) soit invariante,
2. que f poss`ede sur la courbe au moins un point non p´eriodique sachant que cette derni`ere
hy-poyh`ese est v´erifi´ee sif appartient `aG
d(A). En effet les points p´eriodiques de f appartenant `a
γ(T
1) sont tous de mˆeme p´eriode puisquef pr´eserve l’orientation de la courbe. Or sif appartient
`
aG
d(A), ses point p´eriodiques sont non d´eg´en´er´es. Ainsi d’apr`es la proposition 1.7, l’ensemble de
ceux qui sont de p´eriode inf´erieure ou ´egale `a un entier donn´e constitue un ensemble de points
isol´es qui est un ferm´e. L’image de γ contient donc un nombre fini de points p´eriodiques. Elle
en poss`ede donc au moins un qui ne l’est pas.
Supposer quef ne poss`ede pas de points p´eriodiques surγ(T
1) assure de ces deux hypoth`eses `a la fois
et surtout fait le pendant avec la conclusion du lemme suivant.
Lemme 2.4. — Soit g un diff´eomorphisme symplectique de l’anneau et n ∈ N. S’il existe
p∈ T
1×]− ∞;−n[et m ∈N tels queg
m(p) ∈T
1×]n; +∞[ et s’il existe une courbe γ ferm´ee simple
essentielle invariante parg dont l’image γ(T
1) est inclus dansT
1×]−n;n[alorsg poss`ede des points
fixes surγ(T
1).
D´emonstration. —Comme dans la d´emonstration du lemme pr´ec´edent, notonsC
1la composante
connexe contenant T
1×]− ∞;−n[ et C
2la composante connexe de A\γ(T
1) contenant T
1×]n; +∞[.
Par hypoth`ese, il existe une orbite sous f qui vient de T
1×]− ∞;−n[ qui va dans T
1×]n; +∞[. Il
existe donc un pointx∈C
1dont l’image parf appartient `a C
2.
L’applicationf ´echange donc les deux composantes connexes deA\γ(T
1). Par cons´equent d’apr`es la
proposition 2.37 du chapitre 1, elle renverse l’orientation de γ. Ainsi d’apr`es la proposition 2.34 du
mˆeme chapitre 1, elle poss`ede des points fixes surγ. 2
Voici un sch´ema qui repr´esente les deux fa¸cons qu’un diff´eomorphisme symplectiquega de v´erifier
la propri´et´e suivante : “ il existep∈T
1×]− ∞;−n[ et m∈Ntels que g
m(p)∈T
1×]n; +∞[ ” :
γ(T
1)
p
C
2C
1p
f(p)
f
2(p)
f
3(p)
f
4(p)
T
1×]−n;n[
g(p)
g
2(p)
g
3(p)
gadmet donc des points p´eriodiques surγ(T1).
gn’admet pas de courbes invariantes. g(C1) =C2 etg(C2) =C1.
g admet une courbe invariante.
• Construction du G
δdense
Soit nun entier non nul etf un diff´eomorphisme symplectique de l’anneau A.
Consid´erons les deux propositions suivantes :
– Q
1(f, n) : il existe un voisinageU def tel que sigappartient `aU ∩ G
∞(A) alorsgne laisse
in-variante aucune courbe ferm´ee simple dont l’image est contenue dansT
1×]−n;n[ ougposs`ede
des points p´eriodiques sur toute courbe ferm´ee simple qu’il laisse invariante et dont l’image
est incluse dansT
1×]−n;n[.
– Q
2(f, n) : il existe p∈T
1×]− ∞;−n[ et un entier m tels quef
m(p)∈T
1×]n; +∞[.
Consid´eronsO
nl’ensemble des diff´eomorphismes symplectiques de l’anneau tels queQ
1(f, n) ou
Q
2(f, n) est vraie.
Nous allons montrer que :
1. pour toutn∈N
∗,O
nest un ouvert dense deDiff
1ω(A),
2. si f ∈ ( \
n∈N⋆
O
n)∩ G
∞(A) et si f laisse invariante une courbe ferm´ee simple γ alors γ est une
courbe essentielle etf poss`ede des points p´eriodiques surγ(T
1).
Il suffit alors de poser :
G
p(A) = ( \
n∈N⋆O
n)∩ G
∞(A).
Comme Diff
1ω(A) est un espace de Baire, G
p(A) est un G
δdense de Diff
1ω(A). D´emontrons donc les
deux points ci-dessus.
1. Soitn∈N
⋆, d´emontrons queO
nest un ouvert dense de Diff
1ω(A).
• L’ensemble O
nest ouvert :
Soitf ∈ O
n. Si Q
1(f, n) est vraie, le voisinageU def donn´e par cette proposition est inclus dansO
n.
Sinon c’est Q
2(f, n) qui est vraie. Soit p ∈T
1×]− ∞;−n[ et m un entier donn´es par la proposition
Q
2(f, n) tels quef
m(p)∈T
1×]n; +∞[. Consid´erons alors l’application :
φ: Diff
1ω(A) −→ A
g 7−→ g
m(p)
L’application φ est continue etφ(f) =f
m(p) appartient `a l’ouvert T
1×]n; +∞[. Il existe donc U un
voisinage de f tel que pour tout g ∈ U, φ(g) = g
m(p) appartient `a cet ouvert, ce qui signifie que
Q
2(g, n) est vraie. Le voisinage U est donc inclus dansO
n.
Dans les deux cas, l’ensemble O
nest un voisinage def. Il est donc bien un ouvert de Diff
1ω(A).
• Densit´e de O
n:
SoitO un ouvert deDiff
1ω(A). S’il existe f ∈ Otel queQ
1(f, n) est vraie alors f ∈ O
netO ∩ O
n6=∅.
Sinon cherchons `a l’aide du lemme 2.2 une application f dansO tel queQ
2(f, n) est vraie.
Soitg∈ O tel queQ
1(g, n) est fausse. Il existe donch∈ O ∩ G
∞(A) et γ:T
1→Aune courbe ferm´ee
simple invariante parh tels que :
– l’image γ(T
1) est contenue dansT
1×]−n;n[,
– l’application h ne poss`ede pas de points p´eriodiques sur γ(T
1).
Comme h ∈ G
∞(A), la courbe γ est une courbe essentielle. D’apr`es le lemme 2.2, il existe f ∈ O,
p∈T
1×]− ∞;−n[ etm∈Ntels quef
m(p)∈T
1×]n; +∞[. Ce qui signifie queQ
2(f, n) est vraie. Par
cons´equent f ∈ O
netO ∩ O
n6=∅.
L’ouvert O
nest donc dense dansDiff
1ω(A).
2. Soit f ∈( \
n∈N⋆
O
n)∩ G
∞(A). Supposons que f laisse invariante une courbe γ ferm´ee simple.
La courbeγ est une courbe essentielle carf ∈ G
∞(A). Il suffit donc de d´emontrer quef poss`ede des
points p´eriodiques surγ(T
1).
L’ensemble γ(T
1) ´etant compact, il existe n ∈ N
⋆tel que γ(T
1) est inclus dans T
1×]−n;n[. Or f
appartient `a O
n∩ G
∞(A). Donc Q
1(f, n) ouQ
2(f, n) est vraie.
Si c’est Q
1(f, n) qui est vraie, l’application f poss`ede des points p´eriodiques surγ(T
1). Sinon il existe
p∈T
1×]− ∞;−n[ et un entier m tels quef
m(p) ∈T
1×]n; +∞[. D’apr`es le lemme 2.4, l’application
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Sur les courbes invariantes par un difféomorphisme C1-générique symplectique d’une surface
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