Chapitre IV. Perturber une application symplectique 131
1.3 Fonctions g´en´eratrices sur l’anneau
Si dans le paragraphe pr´ec´edent nous avons tent´e de d´efinir rigoureusement la notion de
fonc-tion g´en´eratrice sur un ouvert deR
2, nous permettant de perturber localement des diff´eomorphismes
symplectiques d’une surface , dans ce paragraphe nous allons nous occuper de d´efinir la notion de
fonction g´en´eratrice sur une surface globale en l’occurence l’anneau. Ceci nous permettra de perturber
globalement des diff´eomorphismes symplectiques de l’anneau.
En fait nous cherchons seulement `a perturber des applications bien sp´ecifiques de l’anneau dont
nous connaissons une formule explicite (rotations...). Nous n’allons donc pas aller jusqu’`a d´efinir une
notion de fonction g´en´eratice de l’anneau d’une classe enti`ere d’applications symplectiques de l’anneau
comme nous l’avons fait dans le cas d’un ouvert du plan, bien que ceci pourrait ˆetre fait sur le mˆeme
mod`ele. Nous allons seulement consid´erer des fonctions g´en´eratrices d’applications bien particuli`eres,
fonctions g´en´eratrices que nous perturberons. Puis nous expliquerons comment passer d’une fonction
g´en´eratrice vers une application symplectique de l’anneau.
• Pr´eliminaires et notations
On consid`ere l’anneau A=R/Z×R muni de la forme symplectique exacte dθ∧dr.
On noteC
ω1(A) l’ensemble des applicationsf de l’anneau de classeC
1telles quef
∗dθ∧dr=dθ∧dr.
Rappelons que l’application Π est le revˆetement universel de l’anneau d´efini par :
Π : R
2→ A
(˜θ, r) 7→ (θ, r)
o`u θ={θ˜+n:n∈Z} est la classe d’´equivalence deθ moduloZ.
Notons Al’espace d’applications de classe C
1de R
2tel que si F ∈ Aalors :
F
∗dθ˜∧dr=dθ˜∧dr et il existek∈Z tel queF(˜θ+ 1, r) =F(˜θ, r) + (k,0), ∀ (˜θ, r)∈R
2.
Puis C
ω1(A) l’ensemble des applications f de classe C
1de l’anneau telles que f
∗dθ∧dr=dθ∧dr.
Consid´erons enfin l’applicationI d´efinie surA`a valeurs dans les applications de classeC
1de l’anneau
par :
I : A −→ C
1(A)
F 7−→ f
o`u f est d´efinie pour tout (θ, r)∈A parf(θ, r) = Π(F(˜θ, r)), ˜θ´etant un repr´esentant deθ.
Proposition 1.14. —L’applicationI est une application continue telle que I(A) =C
ω1(A).
D´emonstration. — C’est la notion de relev´e d’une fonction continue de l’anneau qui indique que
pour toute application f de l’anneau, de classe C
1il existe F une application de classe C
1du plan
telle que :
f◦Π = Π◦F.
F(˜θ+ 1, r) =F(˜θ, r) + (k,0), ∀ (˜θ, r)∈R
2,
Rappelons que Π
∗dθ∧dr=dθ˜∧dr. Ainsi :
F
∗dθ˜∧dr=F
∗(Π
∗dθ∧dr) = (Π◦F)
∗dθ∧dr= (f◦Π)
∗dθ∧dr= Π
∗(f
∗dθ∧dr).
L’application Π ´etant un diff´eomorphisme local, nous obtenons l’´equivalence suivante :
Ce qui d´emontre queI(A) =C
ω1(A). 2
SiH est une application d´efinie surR
2`a valeurs r´eelles de classe C
1, posons :
ψ
H: R
2−→ R
2(˜θ, R) 7−→ (˜θ,∂H
∂θ˜(˜θ, R))
NotonsHl’ensemble des applications d´efinies surR
2`a valeurs r´eelles de classeC
2tel queH∈ H
si et seulement siψ
Hest un diff´eomorphisme et s’il existek∈Z v´erifiant :
H(˜θ+ 1, R) =H(˜θ, R) +kR, ∀(˜θ, R)∈R
2.
Puis consid´erons l’application suivante :
J : H −→ C
1(R
2)
H 7−→ F :
( R
2→ R
2(˜θ, r) 7→ (∂H
∂R(ψ
−1 H(˜θ, r)),(ψ
H−1)
2(˜θ, r))
• D´efinition d’une fonction g´en´eratrice d’une application symplectique de l’anneau
Voici tout d’abord une propri´et´e v´erifi´ee parJ :
Proposition 1.15. —L’applicationJ d´efinie surH, est continue et `a valeurs dansA.
De cette proposition dont nous donnons une preuve `a la fin de ce paragraphe, nous d´eduisons
facilement le corollaire suivant :
Corollaire 1.16. — L’applicationI◦J d´efinie sur H, est continue `a valeurs dansC
1ω
(A).
Remarque1.17. —SiH∈ H et sif =I◦J(H)∈C
1ω
(A), alors (Π◦ψ
H)
∗(f
1df
2+rdθ) =dH.
De plus, si F est un relev´e de f, nous avons la relation v´erifi´ee parF etH :
F(˜θ, r) = ( ˜Θ, R) =⇒r = ∂H
∂θ˜(˜θ, R) et
˜
Θ = ∂H
∂R(˜θ, R).
D´efinition 1.18. — Soit f ∈C
1ω
(A). S’il existe H ∈ Htel que I◦J(H) =f on dit queH est
unefonction g´en´eratricede f.
Soit f une application symplectique de l’anneau poss´edant une fonction g´en´eratrice H. Comme
dans le paragraphe pr´ec´edent nous allons perturber H : on construit He dans un voisinage de H en
topologieC
2tout en s’assurant queHe appartient `aH. Le principal probl`eme est de s’assurer queψ
Heest un diff´eomorphisme deR
2, ce qui est v´erifi´e siHe est suffisamment pr`es deH, l’ensembleDiff
2(R
2)
´etant un ouvert deC
2(R
2) pour la topologie C
2forte de Whitney.
Puis on pose ˜f =I◦J(He) qui appartient `a C
1L’application I◦J ´etant continue, si He a ´et´e construit suffisamment pr`es de H, l’application ˜f
se trouve alors dans un voisinage arbitrairement petit def.
Donnons `a pr´esent une preuve de la proposition 1.15.
Preuve de la proposition 1.15. — Pour montrer queJ est continue, consid´erons les applications :
β
1: H −→ Diff
1(R
2)
H 7−→ ψ
Hβ
2: H −→ C
1(R
2)
H 7−→
R
2→ R
2(˜θ, R) 7→ (
∂H∂R(˜θ, R), R)
β
3: C
1(R
2)×Diff
1(R
2) −→ C
1(R
2)
(u, v) 7−→ u◦v
−1Or d’une part,J(H) = β
3(β
2(H), β
1(H)) quelque soitH ∈ H. D’autre part, β
1, β
2et β
3sont
conti-nues tous les espaces d’applications consid´er´es ´etant munis des topologies induites par la topologie de
Whitney (cf§1.1 sur la topologie de Whitney). L’applicationJ est donc bien continue.
Reste `a v´erifier que si H∈ H alorsF =J(H) appartient `a A.
1. F est une application du plan de classe C
1.
2. Comme H∈ H il existe un entier k tel que pour tout (˜θ, R)∈R
2:
H(˜θ+ 1, R) =H(˜θ, R) +kR.
Ce qui implique tr`es facilement que :
F(˜θ+ 1, r) =F(˜θ, r) + (k,0).
3. Comme ψ
H(˜θ, R) = (˜θ,∂H
∂θ˜(˜θ, R)) et F◦ψ
H(˜θ, R) = (∂H
∂R(˜θ, R), R), on en d´eduit que :
ψ
H∗(F
1dF
2+rdθ˜) = ∂H
∂RdR+
∂H
∂θ˜d
˜
θ=dH.
Donc :
F
1dF
2+rdθ˜est une 1 forme ferm´ee.
Par cons´equent :
dF
1∧dF
2=dθ˜∧dr.
L’applicationF appartient donc `a A. Ce qui implique que l’application J est `a valeurs dansA.
Comme dans le cas d’une perturbation locale (cf. la proposition 1.13), il est utile de pouvoir
d´eduire de certaines propri´et´es d’un ´el´ementHappartenant `aH, les propri´et´es de l’applicationI◦J(H)
dont, par d´efinition, H est la fonction g´en´eratrice.
Proposition 1.19. —Soit O un ouvert de R. Notons O l’adh´erence deO.
Soit H, G ∈ H, tel que H et G co¨ıncident sur R×O alors (ψ
H)
|R×O
= (ψ
G)
|R×O
et I ◦J(H)
co¨ıncide avec I◦J(G) sur ψ
H(R×O).
La d´emonstration de ce lemme est tout `a fait similaire `a la preuve de la proposition 1.13.
Donnons `a pr´esent quelques exemples d’applications symplectiques de l’anneau qui admettent
une fonction g´en´eratrice. Ces exemples seront utiles dans le prochain paragraphe lorsque il s’agira de
perturber une rotation de l’anneau...
Exemple 1.20. —A propos des rotations de l’anneau :
Soit α∈T
1et ˜α∈R un relev´e deα. Consid´erons les deux applications :
ρ
α: A → A
(θ, r) 7→ (θ+α, r) qui est la rotation de l’anneau d’angle α.
H
α˜: R
2→ R
(˜θ, R) 7→ (˜θ+ ˜α)R.
Alorsψ
Hα˜(˜θ, R) = (˜θ, R),quelque soit (˜θ, R) ∈ R
2.Doncψ
Hα˜est un diff´eomorphisme de R
2.
De plus pour tout (˜θ, R)∈R
2,H
α˜(˜θ+ 1, R) =He
α˜(˜θ, R) +R. Par cons´equent :
H
α˜∈ H.
Et il est facile de v´erifier queJ(H
α˜)(˜θ, r) = (˜θ+ ˜α, r),pour tout (˜θ, r) ∈ R
2puis queI◦J(H
α˜) =ρ
α.
Ce qui signifie queH
α˜est une fonction g´en´eratice de la rotation d’angleα de l’anneau.
Exemple 1.21. —Une g´en´eralisation de l’exemple pr´ec´edent :
Soit g une application de classe C
2du cercle telle queg
′(θ) 6= 0 pour toutθ ∈T
1. Consid´erons
˜
g∈C
2(R) un relev´e deg. Soit r
0∈R. Consid´erons les applications :
ρ
g: A → A
(θ, r) 7→ (g(θ),r−r
0g
′(θ) +r
0)
H
˜g: R
2→ R
(˜θ, R) 7→ r
0(˜θ+ ˜g(0)−g˜(˜θ)) +R˜g(˜θ).
Alors ψ
Hg˜(˜θ, R) = (˜θ,(R −r
0)˜g
′(˜θ) +r
0), pour tout θ ∈ (˜θ, R) ∈ R
2. Or ˜g
′(˜θ) 6= 0 car g est un
diff´eomorphisme du cercle. Donc, ψ
Hg˜est un diff´eomorphisme deR
2d’inverse :
ψ
H−1˜g
: R
2−→ R
2(˜θ, r) 7−→ (˜θ,r−r
0˜
g
′(˜θ) +r
0).
De plus, pour tout ˜θ∈R, ˜g(˜θ+ 1) = ˜g(˜θ) + 1. On obtient ainsi que pour tout (˜θ, r)∈R
2:
H
g˜(˜θ+ 1, R) = r
0(˜θ+ 1 + ˜g(0)−g˜(˜θ+ 1)) +R˜g(˜θ+ 1)
= r
0(˜θ+ 1 + ˜g(0)−g˜(˜θ)−1) +R(˜g(˜θ) + 1)
= H
˜g(˜θ, R) +R.
Par cons´equentH
˜g∈ H. De plus pour tout (˜θ, R)∈R
2, ∂H
∂R(˜θ, R) = ˜g(˜θ). Ainsi :
J(H
˜g)(˜θ, r) = (∂H
∂R(ψ
−1 H(˜θ, r)),(ψ
−H1)
2(˜θ, r))
= (˜g(˜θ),r−r
0˜
g
′(˜θ) +r
0).
Il est alors facile de v´erifier queI◦J(H
g˜) =ρ
g. Ce qui signifie queH
˜gest une fonction g´en´eratrice de
l’application ρ
g.
Remarquons que :
(ρ
g)
|T1×{r0}
(θ, r) = (g(θ), r
0),
en particulier,T
1× {r
0} est un cercle invariant parρ
g.
Cet exemple g´en´eralise l’exemple pr´ec´edent. En effet, si l’on noteR
αla rotation d’angleα sur le
cercle, on obtient queρ
Rα=ρ
αet que H
α˜=H
R˜˜
2 Perturber un diff´eomorphisme symplectique d’une surface au
voisinage d’un point
Soit (M, ω) une surface symplectique.
Dans le document
Sur les courbes invariantes par un difféomorphisme C1-générique symplectique d’une surface
(Page 144-150)