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Chapitre III Problématique et hypothèses

IV.1 Présentation des échantillons

IV.1.2 Le plan de prévention de l’illettrisme

Les données proviennent de la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance du Ministère de l’Éducation Nationale (Ministère de l’Éducation Nationale, 2003). Elles ont été collectées entre 2002 et 2004 dans le cadre d’un plan de lutte contre l’illettrisme. Au terme d’une recension des résultats des études sur l’effet de la réduction de la taille des classes sur les progrès des élèves, le Haut Conseil de l’Évaluation de l’École (HCEE) suggérait en mars 2001, de mener une expérimentation et de l’évaluer sur deux ans pour mesurer la durabilité de cet effet. Au vu des résultats mis en évidence dans les travaux existants, cette expérimentation devait être centrée sur les premiers niveaux de l’élémentaire ; s’appuyer sur une forte réduction de la taille des classes et porter sur des classes accueillant des enfants de familles défavorisées.

Cette expérimentation a été engagée à la rentrée scolaire 2002-2003. Il a été demandé aux recteurs des dix académies (Aix-Marseille, Amiens, Créteil, Lille, Lyon, Paris, La Réunion, Rouen, Strasbourg, Versailles) dans lesquelles la proportion de ZEP était la plus élevée, de proposer une centaine de classes où pourrait se dérouler l’expérimentation et autant de classes témoins, situées les unes et les autres dans des écoles où la moitié des élèves de CE2 ont des résultats qui les situent parmi les 20 % d’élèves les plus faibles aux évaluations nationales. Le choix de ces classes a été fonction des moyens disponibles localement pour en assurer le dédoublement. Il ne s’agit donc pas d’un échantillon représentatif de cours préparatoires. Afin de mettre en évidence l’effet éventuel de la réduction des effectifs sur les acquis des élèves, six prises d’informations ont été organisées entre octobre 2002 et octobre 2004 par le bureau

DEP C1 de l'évaluation des élèves et des étudiants (octobre 2002, début de CP ; mars 2003, milieu de CP; juin 2003, fin de CP; octobre 2003, début de CE1 ou de CP pour les élèves redoublants; juin 2004, fin de CE1 ou de CP pour les élèves redoublants; octobre 2004 début de CE2 pour les élèves qui n'ont été maintenus ni en CP ni en CE1). Les élèves qui n'ont pas été maintenus après la rentrée scolaire 2002-2003 ont été évalués 6 fois (la même évaluation étant administrée à ces élèves en fin de CP et en début de CE1). Les élèves pour lesquels une décision de maintien a été prise en fin de CP (juin 2003) ont été évalués 5 fois. La même évaluation est administrée à ces élèves en fin de 1er CP et en début et fin de leur 2ème CP (voir Figure IV.1-1).

Figure IV.1-1 : Schématisation des différents moments d’évaluation pour les élèves à l’heure et les élèves ayant fait l’objet d’un redoublement

S’il ne s’agit pas dans notre étude de nous intéresser à l’effet de la réduction de la taille des classes, nous utiliserons ce fichier afin d’une part, de profiter d’un suivi longitudinal, et d’autre part, d’interroger une population dont les caractéristiques sociodémographiques sont singulières (essentiellement des élèves de ZEP, de milieu défavorisé).

L’expérimentation comportait au départ, en octobre 2002, plus de 2 000 élèves de CP scolarisés dans 101 classes à effectifs réduits (classes comportant entre huit à douze élèves) et 99 classes dites témoins, situées dans les mêmes circonscriptions, voire dans les mêmes

écoles. Mais une forte déperdition a été enregistrée à chaque nouvelle phase, qui s’explique par : – une certaine lassitude des enseignants par rapport aux évaluations et aux questionnements répétés dans le temps ; – les mouvements sociaux du printemps 2003 (moins des deux tiers des classes ont alors répondu) ; – les absences et les mouvements d’élèves d’une année sur l’autre, voire au cours de la même année scolaire.

Le tableau ci-dessous présente les caractéristiques de cet échantillon.

Tableau IV.1-3 : Caractéristiques sociodémographiques des élèves de l’échantillon (N=2056).

% Sexe Garçon 52 Fille 48 Langue maternelle Français 65.4 Étranger 34.6 Préscolarisation à 3 ans ou plus 74.3 à 2 ans 23.5 aucune 2.2 Origine sociale Plutôt favorisée 15.9 Plutôt défavorisée 84.1 Semestre de naissance Début d'année 48.5 Fin d'année 51.5

IV.1.2.1 Mesures « Plan de prévention de l’illettrisme »

Le Tableau IV.1-4 présente les neuf grandes dimensions sur lesquelles ont été interrogés les élèves entre octobre 2002 et octobre 2004. On notera que ces dimensions sont essentiellement des évaluations dans le domaine du français / de la littératie ; seule une dimension interroge les élèves en mathématiques (voir Ministère de l’Éducation Nationale, 2003). Le problème de ce fichier réside dans le fait qu’il n’existe que très peu d’items communs d’une évaluation à l’autre. Par exemple, on trouvera, au mieux, 25 items communs sur les quatre premiers moments de mesure. Parmi ces items, 8 sont relatifs à la reconnaissance de mots, 9 à la compréhension orale, 3 à la phonologie et 5 aux

mathématiques. Ces items présentant des effets plafonds dès le deuxième moment de mesure, ils ne sont malheureusement pas exploitables tels quels pour une analyse longitudinale.

Tableau IV.1-4 : Présentation des différentes dimensions en fonction des moments de mesure

Octobre 2002 Mars 2003 Juin 2003, Octobre 2003, Juin 2004 Octobre 2004 Reconnaissance de mots









Lexique







Traitements sémantiques







Écriture









Phonologie









Compréhension orale









Traitements complexes







Copie de phrase



Mathématiques









En début de CP, une évaluation des Performances Académiques (PA) en français et en mathématiques comportant 116 items a été proposée aux élèves. Ces items se répartissent en 5 grandes dimensions : reconnaissance de mots, écriture, phonologie, compréhension orale et mathématiques. Un score global sur 100 a été calculé afin de rendre compte de la performance académique générale des élèves en début de scolarité. La consistance interne de ce score (alpha de Cronbach) est de .92.

Une évaluation des habiletés d’autorégulation (CS) des élèves en classe a également été renseignée par les enseignants. Elle est presque identique à celle employée pour le Panel 1997 (voir Annexe 1.2). Une analyse factorielle utilisant la méthode des moindres carrés non pondérés avec rotation oblique (PROMAX) a été effectuée sur cet échantillon afin de déterminer la structure factorielle de cette échelle. Les résultats indiquent que 13 items saturent un premier facteur (valeur propre = 8.53) représentant 56.9% de la variance. Deux

items semblent saturer un second facteur (valeur propre = 1.14) : l’item 2 (« a un excès de confiance en soi ») et l’item 10 (« participe activement à la conversation scolaire »). Ces deux items ont donc été écartés de la solution finale. La fidélité du questionnaire constitué des 13 items restants (Alpha de Cronbach) est de 0.85. Cette solution en un facteur apparaît comme satisfaisante et autorise la construction d’un score basé sur la somme des 13 items. Ce score donne une estimation des habiletés d’autorégulation en classe perçues par l’enseignant. Plus le score est élevé, plus il rend compte de la manifestation chez l’élève de ces aspects comportementaux.