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L’âge d’entrée à l’école : problématique et hypothèses

Chapitre III Problématique et hypothèses

III.1 L’âge d’entrée à l’école : problématique et hypothèses

L’effet de l’âge d’entrée à l’école sur le devenir scolaire des élèves semble établi depuis longue date. Au-delà du fait que la majorité des travaux rapportent des différences significatives de performances scolaires liées à l’âge, en début de scolarité et à l’avantage des élèves les plus âgés, la durée de cet effet n’est pas réellement consensuelle. De larges variations de constats existent dans les conclusions relatives au moment de son arrêt dans le cursus scolaire des élèves (voir section I.1.2.3, p. 45). Il semble que le type de modélisations statistiques aussi bien que les variables de contrôles employées pour répondre à cette question participent largement de cette variabilité (voir section I.2.4, p. 58). Les travaux interrogeant la qualité méthodologique des études et remettant en cause l’existence de cet effet ont participé des tentatives d’explication de son caractère potentiellement artificiel. Qu’il s’agisse d’une confusion liée à la durée de scolarisation ou bien d’un problème en relation avec la sélection de l’échantillon, ces potentiels biais ont conduit la recherche relative à cette thématique à adopter une position relativement figée dans des stratégies d’analyses majoritairement transversales qui visent essentiellement à interroger l’existence de cet effet indépendamment de tout autre (voir section I.2.4, p. 58). Une manière de s’affranchir de ces remarques et de dépasser les analyses essentiellement transversales consiste à interroger la progression des élèves au cours du temps (voir section I.2.2.2, p. 56). En effet, si on observe un décalage de performance entre les plus jeunes et les plus âgés à un moment donné de la scolarité, cet écart peut être dû à une différence de vitesse de progression ou bien à un écart de performance existant, en amont, entre ces deux groupes. Cette interrogation est essentielle dans la mesure où la problématique de l’adaptation en classe des élèves les plus jeunes pourra potentiellement être invoquée, s’il s’agit d’une moindre progression de ces derniers. Pourtant, ici encore, la littérature rapporte des résultats contradictoires. Les études françaises observent une progression plus importante des élèves les plus jeunes, les études nord-américaines constatent des faits inverses (voir section I.1.2.3, p. 45). La taille de l’effet de l’âge d’entrée à l’école présente sensiblement la même opposition entre les estimations françaises et/ou économétriques et les estimations étrangères (voir section I.1.2.2, p. 44). La taille de l’effet avancée par les travaux français et les estimations de types économétriques issues de grandes études internationales est largement supérieure à celle proposée par la littérature nord- américaine. Enfin, les questionnements renvoyant à l’objet sur lequel porte l’effet de l’âge (voir section I.1.2.1, p. 29) et notamment sur la probabilité de redoubler laissent entendre que

le choix des variables dans les modélisations employées tend à faire varier les constats (voir section I.1.2.1.3, p. 40).

Au-delà de la problématique de nature statistique portant sur les estimations de l’effet de l’âge d’entrée à l’école sur le devenir scolaire des élèves, des questionnements plus psychologiques émergent de notre revue de la littérature. La question relative à la portée très limitée des études de type bivarié entre l’âge d’entrée à l’école et de la performance scolaire a été soulevée par Stipeck (2002). Si l’effet direct de l’âge est le plus souvent analysé, il apparaît dans différents travaux, de manière explicite ou en filigrane, qu’il pourrait être heuristique d’envisager un effet d’interaction entre l’âge d’entrée à l’école et d’autres variables psychologiques. Parmi ces dernières, l’hypothèse d’un effet d’interaction entre l’âge et le sexe des élèves ou la PCS des parents apparaît de manière constante sans faire réellement l’objet d’études (voir section I.2.3, p. 57).

Dans une même veine, la question de l’existence ou de l’ampleur de l’impact de l’âge d’entrée selon les épreuves académiques étudiées n’est que survolée. Cette question renvoie à celle du choix des variables sur lesquelles s’appuie l’évaluation de la performance des élèves. Mis à part dans les travaux de Morrison et al. (Bisanz, et al., 1995; Christian, et al., 2001; Morrison, et al., 1997; Morrison & McDonald Connor, 2002; Morrison, et al., 1995), les variables dépendantes sont le plus souvent réduites aux champs de la numératie et de la littératie. Pourtant mieux comprendre l’impact de l’âge d’entrée à l’école implique d’en comprendre l’éventuel effet différencié selon les critères sélectionnés.

Enfin, un certain paradoxe émane du fait qu’une majorité de recherches spécifie que l’effet de l’âge d’entrée à l’école s’estompe très rapidement après un ou deux ans alors qu’aucune étude, à notre connaissance, n’a analysé de manière répétée l’impact de l’effet de l’âge sur le développement des apprentissages sur une période très courte ; alors qu’on sait que la première année de cours préparatoire constitue une période critique pour les écoliers (voir section II.1, p. 66). Parallèlement, sur de plus longues périodes, l’analyse de la vitesse de la progression des apprentissages des élèves en fonction de leur âge d’entrée à l’école à été l’objet de recherches. La question de la forme de la progression des apprentissages n’a pas fait l’objet d’études. Pourtant, rien ne laisse supposer que les élèves présentant un écart d’âge de 11 mois à l’entrée en CP présenteront le même pattern développemental dans leurs apprentissages.

L’ensemble de ces questionnements et paradoxes est supporté par trois grands ensembles d’hypothèses portant respectivement sur l’effet de l’âge d’entrée à l’école, sa taille et son impact sur les trajectoires d’apprentissage.

III.1.1Hypothèses portant sur l’effet de l’âge d’entrée à l’école

Hypothèse n°1 Les performances académiques des élèves sont à l’avantage des plus âgés en début de scolarité élémentaire.

Hypothèse n°2 Les élèves les plus jeunes progressent davantage que les plus âgés en début de scolarité élémentaire.

Hypothèse n°3 Il existe des effets d’interaction entre l’âge d’entrée à l’école, le sexe et la Profession et Catégorie Socioprofessionnelle (PCS) sur la performance académique des élèves en début de scolarité élémentaire.

Hypothèse n°4 Les élèves les plus jeunes redoublent davantage que les plus âgés.

III.1.2Hypothèses portant sur la taille de l’effet de l’âge d’entrée à l’école

Hypothèse n°5 La taille de l’effet de l’âge d’entrée à l’école est différente selon la nature des épreuves académiques.

Hypothèse n°6 La taille de l’effet de l’âge d’entrée à l’école, importante en début de scolarité, doit diminuer avec le temps.

III.1.3Hypothèses portant sur les trajectoires d’apprentissage

Hypothèse n°7 Les trajectoires d’apprentissage peuvent être distinctes.

Hypothèse n°8 L’âge d’entrée à l’école constitue un élément explicatif des différences de trajectoires d’apprentissage en début de scolarité élémentaire.

III.2Les habiletés d’autorégulation dans le contexte de la classe :