• Aucun résultat trouvé

tourisme, la mise en tourisme

Carte 3-Délimitation du territoire touristique « Atlas et vallée » incluant les zones de recherchesOuarzazate et Zagora

2.2. Le plan Maroc vert et son pilier II

Si les politiques publiques concernant le tourisme ne prévoient pas des stratégies claires avec des actions suivies pour un tourisme rural spécifique, le développement de ce tourisme profite

52

L’agriculture au Maroc a connu de nombreux programmes de développement en milieu rural et son importance apparait en termes de contribution au PIB, ce qui accroit dans ce secteur les enjeux sociaux du développement durable. A ce propos, le Maroc a adopté en 2008 le plan Maroc vert comme outil visant à dynamiser le secteur agricole.

Le plan Maroc vert, tel qu’il est conçu, s’articule autour de deux piliers, le premier concerne l’agriculture moderne et vise une haute performance en s’inscrivant dans des filières à haute

valeur ajoutée. Le second cible l’agriculture solidaire dans les zones rurales difficiles

(montagnes, oasis, plaines et plateaux semi-arides) permettant la valorisation de la production des terroirs afin de pérenniser des revenus pour lutter contre la pauvreté. Le ministère de

l’agriculture essaie alors de maintenir des activités économiques dans les zones rurales

défavorisées et de mettre à niveau la petite agriculture solidaire.

Par ailleurs, les produits dits de terroir sont considérés comme une ressource à mettre en valeur car supposés être un levier pour le développement local et rural surtout que ces systèmes de production restent très fragiles. La région de Souss, Massa, Draâ (selon l’ancien découpage

régional) au sein de laquelle se situe notre terrain de recherche est représentative pour la diversité de ses produits de terroir : huile d’argan, dattes, safran, figues de barbarie, roses de

Kelaât Mgouna, etc.

Dans l’objectif de mettre en valeur les ressources spécifiques pour chaque région, un Plan

Agricole Régionale a été proposé avec un programme intégrant la filière safran et dattes présentes dans cette région. Ce programme a été affiché comme prioritaire dans le Pilier II, lancé en 2011 et 2012 ; il intervient, pour la filière safran, au niveau de 7 Communes Rurales, dans le Cercle de Taliouine qui relève de la Province de Taroudant et 4 Communes Rurales, dans la zone de Tazenakht, qui relève de la Province d’Ouarzazate. Pour la filière dattes, le programme concerne 13 Communes, dans les Provinces d’Ouarzazate, de Zagora et de Tinghir.

En fait, les dynamiques de développement des zones rurales se basent uniquement sur les produits de terroirs. Pour notre région d’étude il existe certes d’autres produits qui pouvaient

être intégrés, mais l’expérience se limite aux dattes. Ceci revient au fait que le palmier dattier contribue à hauteur de 60% des revenus agricoles pour près d’un million d'habitants et fournit,

en plus de la datte, divers matériaux destinés à l'artisanat, à la construction ou à la production

d'énergie et c’est ce qui justifie le choix de cette filière plutôt qu’une autre. Cette filière est considérée comme une source d’attraction touristique qui peut être valorisée par le biais d’une

activité agro-touristique. Mais dans le sillage de ce produit phare on trouve d’autres produits qui d’origine agricoles, sont transformés et participe de la richesse culturelle de la région. Nous

53

pensons aux produits alimentaires transformés traditionnellement par les femmes comme le couscous, les laitages ou les produits de cosmétiques comme le henné. Tous ces produits sont

aujourd’hui valorisés par le tourisme qui les découvre dans sa quête de l’autre et de sa culture. La valorisation des produits de terroir et le développement du tourisme : des besoins mutuels

En effet, le Maroc dispose d’une grande diversité de pratiques lui permettant de disposer de produits de terroir et ce grâce au savoir-faire des populations locales et leur identité culturelle. Ces savoir-faire sont conservés principalement grâce à la demande qui permet la sauvegarde des produits et savoirs locaux. Pour appuyer cette transmission et cette sauvegarde, le ministère

de l’agriculture a adopté le principe de l’identification juridique permettant la protection des produits de terroir. Une longue liste de produit a été établie et des processus de labellisation lancés. En application de la loi n°25-06 relative aux signes distinctifs d’origine et de qualité qui

souhaite valoriser des produits de terroir. Cette loi prévoit trois signes distinctifs : L’indication

géographique (IG), l’appellation d’origine (AO) et le label agricole (LA). Tous ces signes permettent d’identifier un produit comme étant originaire d’une aire géographique déterminée

et dont la qualité et la réputation sont dues au terroir et au savoir-faire : production, transformation et élaboration. Ce rattachement d’un produit à son milieu d’origine l’aide à profiter d’un intérêt des autorités locales et c’est ce qui «remet l’agriculture au centre du

développement territorial » (Michon, 2016).

Cet intérêt porté aux produits de terroir, vise indirectement l’objectif de créer une synergie entre l’identification des produits du terroir à valoriser et le développement du tourisme rural. Si la programmation du secteur agricole en zone marginalisée s’arrête sur le volet production et protection, le tourisme par le biais des touristes permet la consommation de ces produits par des clients qui se déplace sur le territoire pour consommer, mais aussi découvrir le terroir qui produit ces produits. De ce fait le tourisme rural peut être l’un des principaux canaux pour la valorisation puisqu’il permet non seulement d’amener des touristes sur les lieux mais ce sont

ces touristes qui consomment les produits locaux très demandés et recherchés et qui vont faire la promotion de ces produits une fois de retour chez eux.

Le tourisme rural peut donc être un canal par lequel passe le développement et son association avec les produits de terroir représente un « duo gagnant » pour le développement de ces zones marginalisées. Comme conséquence, le tourisme introduit une « valorisation touristique du patrimoine rural comme un levier du développement local » (Tafani, 2011). Par conséquent et

face à la demande grandissante du tourisme rural, de plus en plus d’acteurs locaux, que ce soit

54

l’attention des touristes par des nominations du type (ferme d’hôtes, écolodge, ferme

écologique, produits bio, etc.).

Donc il y a cette connaissance que le touriste est plutôt attiré par tout ce qui est local et propre au territoire où il se trouve, « la présentation des produits dans leur niche territoriale et culturelle

et l’exposition auprès des touristes de leurs singularités gastronomiques, nutritionnelles et

culturelles, ainsi que l’exposition des spécificités de sa production, remettent l’agriculture au

centre du développement territorial, non plus uniquement par sa fonction de production, mais

par les services paysagers et culturels qu’elle fournit » (Michon, 2016). La petite agriculture, les paysages et les spécificités culturelles doivent alors leur pérennité aux produits de terroir et au tourisme.

En fin de compte l’interaction entre population locale et touristes à travers les produits locaux permet une valorisation territoriale qui se fait par le biais de la vente de produits de terroir. Tout

ceci permet une mise en visibilité d’une identité territoriale.

3. Le rôle de « l’économie collaborative » : l’hébergement hors hôtel