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La place de la vie privée dans les notations

II- Les caractéristiques sociales générales

4. La place de la vie privée dans les notations

Les faits sont évoqués, non seulement de façon neutre et sans commentaires, par exemple pour préciser le contexte familial dans lequel travaillent les intendants, mais aussi avec des jugements. Lorsqu’elles sont favorables, ces appréciations ne remettent pas en cause la manière de servir de ces officiers et même la mettent en valeur. Dans le cas contraire, l’influence est néfaste pour la carrière. La vie privée peut être citée dans les notations, soit pendant le passage dans l’arme d’origine, soit pendant la carrière dans l’intendance.

509 n°268.

510 n°746.

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La vie privée dans les notations dans l’arme d’origine512

La situation familiale peut être citée de façon neutre et sans commentaires. C’est d’abord l’évènement du mariage pour lequel le chef de corps écrit « s’est marié » ou « est marié ». On relève cette mention par exemple pour le lieutenant Huguin513. Mais on la trouve aussi dans les dossiers de vingt-quatre autres officiers. Ensuite, la profession du père est mentionnée quand c’est un officier. C’est par exemple le cas pour le lieutenant Chaplain qui est « fils d’un colonel du génie »514. Il en est de même pour trois autres officiers. Enfin pour cinq officiers la situation familiale est un peu plus précisée. Le capitaine Bourdillat est marié sans enfant515. Le lieutenant Cavaillon est à Moulins dans sa famille516. Les lieutenants Dano517 et Parlange518 ont de lourdes charges de famille. Le lieutenant Magnaschi vit avec sa mère et sa sœur519.

L’évocation peut être accompagnée de commentaires favorables. Le lieutenant Brasart se marie dans des conditions avantageuses520. Il en est de même, dans des termes similaires, pour onze

autres officiers. Mais le mariage peut avoir des conséquences bénéfiques. Le chef de corps du capitaine Coulet relève que « depuis son mariage, sa situation morale a complètement changé ; par son tact et sa bonne éducation, il a su faire aimer et estimer sa famille de tous les ménages d’officiers de Saint-Gaudens »521. Le mariage a rendu plus sérieux le lieutenant Laurent522. Le capitaine Poncelet est devenu « laborieux » depuis qu’il s’est marié523. Pour le lieutenant Plouhinec, l’évènement a clos les difficultés et les discussions avec ses camarades, et a adouci son caractère524. Le notateur porte aussi une appréciation sur les origines familiales. Le sous-lieutenant Bocquet est « de bonne naissance »525, et pour deux autres officiers en des termes similaires. Les conditions de vie sont favorables au service et font honneur à l’officier comme pour le sous-lieutenant Bloch qui « a de la fortune »526, ainsi que pour trois autres officiers. Des évènements familiaux, parfois douloureux, n’ont pas eu d’influence sur le service. Ainsi, le sous-lieutenant Bureau a été très éprouvé, il a perdu successivement son père et sa mère en quelques mois, néanmoins il a su dominer sa douleur pour

512 Voir annexe n°20. 513 n°731, année 1886. 514 n°693, année1881. 515 n°914, année 1900. 516 n°643, année 1878. 517 n°810, année 1893. 518 n°1073, année 1901. 519 n°1133, année 1902. 520 n°796, année 1888. 521 n°1075, année 1911. 522 n°1058, année 1896. 523 n°674, année 1879. 524 n°869, notations de 1892 et 1895. 525 n°455, année 1869. 526 n°748, année 1884.

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remplir son devoir527. Pour le lieutenant Moizard, la famille passe avant la carrière. Il « a renoncé à l’avancement au choix pour des raisons de famille les plus estimables et complètement à sa louange »528.

L’évocation peut être aussi commentée défavorablement. Pour certains officiers, le supérieur relève que le mariage met un frein à leur entrain et à leur ardeur au travail. Le chef de corps du capitaine Hette note que ce dernier fait preuve de beaucoup moins de zèle depuis qu’il est marié529. Il en va de même pour quatre autres officiers. Le lieutenant Rimet cherche toutes les occasions pour échapper à son service de compagnie530. Le colonel du sous-lieutenant Desclais a des craintes pour l’avenir en écrivant qu’« il est à désirer que le mariage n’éteigne pas en lui cet esprit d’aventurier si nécessaire à un jeune officier »531. Celui du capitaine Cavaillon déplore que son subordonné choisisse, malgré son jeune âge, d’entrer dans l’intendance à la suite de son mariage532. La date du mariage peute même être jugée inopportune. Ainsi, les préparatifs du mariage du lieutenant Grandclément ayant coïncidé avec les épreuves prescrites pour les officiers proposés pour l’avancement, cet officier les a subies sans succès533. Les origines sont parfois handicapantes comme pour le lieutenant Kien qui est né en Allemagne et qui éprouve de la difficulté à s’exprimer en français, ou le lieutenant Hergault d’un caractère un peu indolent « comme tous les créoles »534. Les conditions de vie, jugées insatisfaisantes, peuvent aussi avoir une mauvaise influence sur la manière de servir. Le cas le plus flagrant est celui du sous-lieutenant Guillaume dont la femme fait des dettes, et dont le dossier disciplinaire occupe une grande partie du dossier, mais nous ne disposons pas de la notation dans l’arme. Il est placé en non-activité d’emploi le 25 novembre 1865 après de nombreuses punitions dont une réprimande et trente jours d’arrêts de rigueur. Il est rappelé à l’activité le 10 avril 1867535. Le lieutenant Bertrand a aussi une vie privée très difficile, qui est très présente dans sa notation. En 1900, son chef de corps mentionne son mariage en août 1895 et son divorce en mars 1900. Pour oublier ses soucis, il demande à entrer dans le corps expéditionnaire de Chine. En 1906, le colonel relève une amélioration après le départ à Paris de sa maîtresse, mais, en 1909, il corrige son appréciation et regrette que « les frais d’entretien d’une maîtresse et de son enfant lui créent une vie privée pénible et besogneuse et ont parfois pour effet d’obscurcir son jugement »536. De même le manque de relations avec les autres officiers est mal ressenti par le supérieur. Ainsi le sous-lieutenant Bloch est un peu

527 n°891, année 1889. 528 n°866, année 1897. 529 n°1044, année 1906. 530 n°885, année 1894. 531 n°837, année 1889. 532 n°643, année 1882. 533 n°863, année 1895. 534 n°446, année 1865.

535 n°597, états de service, rapport au ministre du 4 octobre 1865, procès-verbal du conseil d’enquête du 21 octobre 1865 qui le met en réforme.

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trop chez lui pour son âge537, ainsi que le capitaine Pinguet, qui vit trop dans sa famille538. Cependant, il faut que les fréquentations de l’officier soient en rapport avec sa condition comme le souligne le chef de corps du sous-lieutenant Plouhinec qui fréquente une société à éviter539. Le même reproche est fait au lieutenant Boulo dont l’attitude est motivée par des difficultés pécuniaires car la solde subit une retenue mensuelle540, et au sous-lieutenant Gazounaud qui est sans fortune541. La présence de la famille dans la même ville que l’officier peut avoir une mauvaise influence, comme c’est le cas pour le sous-lieutenant Collignon d’Ancy qui ne peut travailler assidûment à son instruction militaire542, ainsi que pour le capitaine Paitre543. Les préoccupations familiales poussent des officiers à prendre des décisions mal comprises par leurs supérieurs car ces derniers considèrent qu’elles sont préjudiciables à leur avenir. C’est ce que fait le lieutenant Colligon d’Ancy qui veut quitter le régiment pour se rapprocher de sa famille544, ainsi que le lieutenant Dano545 et le capitaine Granet546.

La vie privée dans les notations dans l’intendance547

Nous retrouvons dans l’ensemble les mêmes grandes rubriques que celles utilisées pour la notation dans l’arme. Dans les notations dont nous disposons, très peu d’officiers ont des appréciations relatives à la vie privée à la fois dans l’arme d’origine et dans l’intendance. Les cas relevés sont plus nombreux dans l’intendance car les notations sont plus abondantes.

Des liens familiaux existent parfois entre le notateur et le noté mais le premier s’empresse de préciser que cette situation ne compromettra pas son impartialité. Ainsi le chef de service de l’adjoint de 2ième classe Fournier reconnait que le général commandant la division est très satisfait des services de son subordonné, dont il fait même l’éloge. Cependant, il écrit « je ne puis encore porter un jugement sur M. Fournier à la famille duquel je suis fort attaché»548. Celui du sous-intendant de 1ière classe Bouassier de Bernouïs évacue expressément toute objection de favoritisme en précisant que « mes liens de parenté ne me dispensent pas d’être juste et impartial »549.

Les mentions peuvent être neutres et sans commentaires. L’évènement du mariage est simplement cité. L’adjoint de 1ière classe Picot de Moras a pris un congé de dix mois pour aller se

537 n°748, année 1879. 538 n°1022, notation de 1903. 539 n°869, notation de 1889. 540 n°726, années 1880, 1881, 1884. 541 n°894, année 1886. 542 n°754, année 1877. 543 n°500, année 1875. 544 n°754, année 1884. 545 n°810, année 1888. 546 n°619, année 1881. 547 Voir annexe n°38. 548 n°14, année 1835. 549 n°8, année 1836.

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marier550. Le sous-intendant de 2ième classe Génin est très bien posé à Perpignan où il vient de se marier551. Le notateur peut souligner que le père, ou un parent de l’intendant, est officier. Ainsi le sous-intendant de 2ième classe d’Elbauve est fils d’un ancien officier supérieur552, de même que quatre autres intendants, parmi ceux-ci, le sous-intendant de 2ième classe Verges est fils d’un intendant553. La situation familiale est aussi brièvement évoquée. Le sous-intendant de 1ière classe Lanoailles de Lachèse554 et l’intendant militaire Branlière 555 sont célibataires.

L’évocation peut-être accompagnée de commentaires favorables. Le mariage s’est fait dans de bonnes conditions pour l’adjoint de 1ière classe Bonnamy qui a épousé une jeune personne appartenant à une famille des plus distinguées du pays556. Ce type de mention figure dans les dossiers de six autres officiers. Le mariage peut avoir des effets bénéfiques comme pour le sous-intendant de 2ième classe Morhain qui « sera peut-être moins sombre »557. Les bonnes origines familiales ne peuvent que favoriser la manière de servir. Ainsi, en 1854, le chef de service du sous-intendant de 2ième classe Bligny-Bondurand est « convaincu qu’il ne déviera pas des bons exemples que lui a laissés son respectable père ». En 1854, au grade sous-intendant de 1ière classe, il le confirme en écrivant qu’il « porte parfaitement son nom ». Cette dernière appréciation figure dans deux autres notations. De même, le sous-intendant de 1ière classe Vallet-Desrives est un proche parent du général comte d’Alton, il est « entouré des meilleures relations de société »558, ainsi que le sous-intendant de 2ième classe Le Cauchois-Féraud, élevé dans de bonnes conditions et que l’adjoint de 2ième classe Le Caruyer de Bauvais 559 qui « est un homme bien né », comme deux autres sous-intendants. La famille de l’adjoint de 2ième classe Dellard560 , ainsi que celle de six autres intendants, est très estimée. Le supérieur du sous-intendant de 2° classe Guéneau de Montbeillard fait la synthèse en affirmant que son subordonné représente « la parfaite honorabilité du gentilhomme de vielle souche »561. Pour d’autres intendants, le supérieur relève que les conditions de vie sont bonnes. Par exemple avoir de la fortune permet de conquérir « une position très honorable » dans sa résidence comme le sous intendant de 2ième classe Seligmann-Luï562, ainsi que pour quatre autres intendants. En plus de ses qualités professionnelles, c’est « la tenue de la maison » qui met en valeur le sous-intendant militaire de 2ième classe Guéneau

550 n°99, année 1846. 551 n°215, année 1862. 552 n°20, année 1845. 553 n°297, année 1877. 554 n°285, année 1880. 555 n°699, année 1912. 556 n°275, année 1862. 557 n°434, année 1885. 558 n°78, année 1862. 559 n°88, année 1845. 560 n°101, année 1844. 561 n°159, année 1860. 562 n°195, année 1867.

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d’Aumont563, et l’adjoint de 1ière classe Génin564. Etre un « bon père de famille » comme le sous-intendant de 1ière classe Donop565 et douze autres intendants, et avoir des relations personnelles excellentes, comme celles de l’adjoint de 2ième classe Bruyère 566et celles de treize autres intendants, sont aussi des avantages mis en évidence. Mais la qualité la plus souvent notée est celle de l’honorabilité de la vie privée, comme celle que reconnait le chef de service au sous-intendant de 2ième

classe Gérard de La Calviniere567, ainsi que celle de quatre-vingt autres intendants568. Chez certains, des événements familiaux graves n’ont eu aucune incidence sur le service, comme l’intendant militaire Blanchenay569 qui « vient d’être éprouvé dans la catastrophe du « Chanzy » par le deuil le plus cruel, et qui n’a pas modifié sa manière de servir remarquable ». Des soucis personnels n’ont pas ralenti l’activité du sous-intendant de 3ième classe Terracol570.

Les commentaires peuvent être aussi défavorables. Les chefs de service soulignent que le mariage ne s’est pas fait dans de bonnes conditions. Soit l’intendant est mal marié, comme l’adjoint de 2ième classe Conseillant571 et trois autres officiers, ce qui les pousse à vivre plutôt retirés alors que leurs fonctions impliquent une vie sociale. Soit l’intendant se marie après une longue période jugée irrégulière. Ainsi le sous-intendant de 3ième classe Charton, par faiblesse de caractère, régularise « une vielle liaison aussi regrettable que possible ». Son supérieur enfonce le clou en ajoutant que « cette situation aura une influence fâcheuse sur sa carrière »572. Deux autres cas semblables sont relevés. Les origines ne sont pas favorables pour l’adjoint de 1ière classe Rupp573, sa notation indique qu’il s’est formé lui-même et qu’il devra soutenir le rang social qu’il a acquis. Des conditions de vie estimées mauvaises sont aussi mal ressenties par les notateurs. L’adjoint de 1° classe Charmetton ne mérite que des éloges, mais il a « le tort de vivre ostensiblement avec sa servante »574. Ce mode de vie irrégulier est également reproché au stagiaire à l’intendance Prangé575, ainsi qu’à deux autres sous-intendants. La conduite privée du sous-intendant de 2ième classe Lage576, et celle de trois autres officiers, est jugée légère. Certains intendants vivent très retirés. Ce reproche revient souvent dans la notation de de Launay577. Cette attitude s’explique par une parcimonie pour le sous-intendant de 2ième

563 n°148, année 1864. 564 n°215, années 1867, 1868, 1869. 565 n°15, année 1847. 566 n°300, année 1869. 567 n°47, année 1847. 568 Voir annexe n°39. 569 n°614, année 1910. 570 n°779, année 1901. 571 n°118, année 1847. 572 n°846, année 1902. 573 n°842, année 1899. 574 n°54, année 1845. 575 n°872, année 1900. 576 n°106, année 1892.

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classe d’Amoreux ce qui «nuit à la considération dont il devrait jouir »578. Jouer ou faire des dettes est très mal vu car ces défauts nuisent gravement à la considération des intendants qui ont des fonctions à très grande implication financière. L’amour du jeu nuit à la carrière de l’adjoint de 2ième classe Matis qui a pourtant un caractère très apprécié ce qui constitue un atout pour un début de carrière579. Le poids des dettes est insurmontable pour Venturini, il cherche à s’en libérer, mais sa notation de 1898, au grade de sous-intendant de 3ième classe, en fait le thème central. Son supérieur souligne qu’il « contracte avec la plus grande légèreté des obligations pécuniaires et se préoccupe peu d’y faire honneur ». Ce problème le rattrape au grade de sous-intendants de 1ière classe en 1901580. Le sous-intendant de 1ière classe Galbaud-Dufort a tout pour déplaire à son supérieur. Il est marié mais « passe pour être joueur et avoir une maîtresse »581. Boire ou avoir des relations mal perçues peuvent également nuire. Le chef de service du sous-intendant de 2ième classe Renaud relève que depuis un certain temps ni sa vie privée ni l’exécution de son service n’ont donné lieu à aucune plainte, « mais il a été accusé d’intempérance et il a encore besoin d’être surveillé »582. Les intendants doivent également veiller à leurs fréquentations. L’adjoint de 2ième classe Lévis est apprécié comme entendant les affaires, « mais il consacre une certaine camaraderie avec les officiers comptables » alors qu’il devrait maintenir une certaine distance en raison de ses fonctions de contrôle583. C’est pour avoir compromis la dignité de leur fonctions qu’il est reproché au sous-intendant de 2ième classe Sérand584 « de fréquenter les cafés avec les officiers de la garnison », et à l’adjoint de 2ième classe Morhain585 de ne pas se tenir « assez en dehors des discussions de régiments de sa résidence ». Même la religion peut avoir des conséquences sur le service. Les pratiques religieuses auxquelles se livre l’adjoint de 1ière classe Grézier à certaines époques de l’année « compromettent sa santé 586», ou réduisent le cercle des fréquentations de l’intendant militaire Lémant qui est israélite et qui « ne voit guère à Bordeaux que des coreligionnaires587».

Des évènements familiaux vont nécessiter des déplacements qui ont des conséquences néfastes sur le service. Ainsi le sous-intendant de 1ière classe de Cambis Alais doit demander des congés « dont la fréquence n’est pas favorable au service et fait retomber une partie du sien assez souvent sur ses collègues »588. Des absences nombreuses sont également reprochées à l’intendant

578 n°89, année 1862. 579 n°166, année 1851. 580 n°767. 581 n°59, année 1861. 582 n°567, année 1892. 583 n°251, année 1858. 584 n°392, année 1878. 585 n°434, année 1875. 586 n°246, année 1858. 587 n°314, année 1891. 588 n°13, année 1847.

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général Démons589 et au sous-intendant de 1ière classe Libersart590. Le premier a laissé son épouse à Paris, le second doit s’occuper d’un héritage. Même lorsque les soucis familiaux ne conduisent pas l’intendant à interrompre provisoirement son service, ils le préoccupent et l’empêchent de se consacrer entièrement à son emploi. C’est ce que relève le chef de service du sous-intendant de 2ième

classe Dutheil591 qui est « peut-être un peu trop absorbé par les soins de sa famille », ainsi que ceux de sept autres intendants. Le sous-intendant de 2ième classe Lostie de Kerhor « est très éprouvé par la maladie de sa femme »592, ainsi que deux autres sous-intendants. Le notateur indique aussi qu’un malheur de famille peut avoir des conséquences non seulement sur le moral mais aussi sur le parcours professionnel, comme pour Coupez qui a été « mis en retard au début des cours du stage de l’intendance par la mort de sa femme ». Cependant l’évènement peut compromettre la bonne exécution du service à un point tel qu’il provoque un changement d’affectation. L’initiative est prise soit par le supérieur comme c’est le cas pour l’adjoint de 1ière classe Parmentier pour « mettre un terme à des chagrins et qui se renouvellent journellement », soit par les subordonnés comme le font le sous-intendant de 2ième classe Demartial593 et le sous-intendant de 1ière classe Castaing594. Les conséquences de ce type de mutation sont expressément évoquées dans la notation du sous-intendant de 2ième classe Vergnes. Cet officier doit revenir à Rodez, poste moins valorisant, pour s’occuper d’enfants placés sous sa tutelle à la suite de la perte de deux frères. Son chef de service écrit qu’« il est bien regrettable que des évènements de famille lui aient fait sacrifier les chances d’avancement »595. Devenir propriétaire, comme l’adjoint de 1ière classe d’Amade596 et le sous-intendant de 1ière classe Perret597, peut nuire à la carrière, car cette situation incite à vouloir demeurer longtemps dans la même affectation. Enfin, l’influence de la famille est parfois considérée comme néfaste, comme le rôle que joue la mère du sous-intendant de 2ième classe Beullard598 comme nous l’avons vu plus haut, ou les nombreuses relations de famille dont bénéficie le sous-intendant de 1ière

classe Gayard qui lui font s’exagérer son importance personnelle599.

Les écarts dans la vie privée sont relevés, non seulement, comme nous venons de le voir, par le supérieur direct de l’intendant, qui suit au plus près la carrière de son subordonné, mais aussi par le plus haut échelon de la hiérarchie lorsque les situations font des vagues. Le ministre reproche à l’intendant militaire le comportement des adjoints de 1ière classe de La Jonquière et Firon qui

589 n°223, années 1882, 1885. 590 n°554, année 1897. 591 n°36, année 1847. 592 n°632, année 632. 593 n°299, année 1869. 594 n°408, année 1887. 595 n°297, années 1877, 1878. 596 n°256, année 1862 597 n°303, année 1880. 598 n°459, année 1892. 599 n°181, année 1868.

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cohabitent avec des concubines. L’intendant militaire rend compte au ministre qui leur a fait des observations, et notamment à Firon qui est un homme marié. Il veut le rassurer en lui précisant que