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La condition des officiers d’administration et la place du service de santé

II- Les enseignements tirés de la guerre de 1870

3. La condition des officiers d’administration et la place du service de santé

La condition des officiers d’administration

Certains officiers d’administration, peu d’années avant la guerre de 1870, vont commencer à s’opposer à l’intendance comme en témoignent des brochures, des articles de journaux, et des interventions parlementaires644.

Le premier débat porte sur la question de l’entrée dans le corps de l’intendance pour laquelle les officiers d’administration vont mener une campagne virulente. Dès avant la guerre de 1870, il ne leur paraît pas logique de ne pas pouvoir prétendre au droit de diriger un service dont on connaît tous les détails lorsque l’on fait la preuve de son aptitude645. Après la guerre, des observateurs profitent de l’analyse des causes de la défaite pour relancer cette question646. Dans de nombreux écrits, pour matérialiser le rempart juridique qui sépare les intendants et les officiers d’administration, ils sont nommés respectivement suzerains et vassaux647. Cette séparation risquerait même de voir l’intendance composée de deux éléments hétérogènes648. Deux arguments sont souvent avancés pour fermer la porte de l’intendance aux officiers d’administration. Le premier est qu’il ne faut admettre que des officiers qui connaissent le besoin de la troupe649. Le second est que les officiers d’administration n’ont pas d’éducation suffisante650. Comme ces deux idées ne peuvent s’appliquer à l’ensemble de la population des officiers d’administration et peuvent être contredites, les opposants invoquent une autre raison, qui leur semble de portée plus générale, en affirmant que les officiers d’administration ne sont pas vraiment des officiers. Ils ne sont officiers que de nom, comme les officiers de santé, et cette situation constitue un obstacle rédhibitoire même s’ils ont les aptitudes requises pour tenir les fonctions d’intendant651. Ils n’ont été que des sous-officiers, ils n’ont pas exposé leur vie dans les combats et offrent moins de garantie d’instruction générale et d’éducation652. La compétence technique ne suffit pas, il faut être en contact permanent avec la troupe pour être estimé et respecté653. Les officiers d’administration combattent ces thèses. Pour eux il ne faut pas s’attacher à l’origine et

644 Ecole Supérieure de Guerre, op.cit., p.115.

645 Par exemple Baron Frédéric de Reiffenberg, op.cit., p.15.

646 Morale de l’invasion prussienne. Par l’auteur du journal humoristique du siège de Sabastopol, Paris Chez tous

les libraires, 1871, p.191.

647 Par exemple Avenir militaire, 26 janvier 1879, « Intendance et Commandement. Projet de M. de Chanal ».

648 Chassignet, L.M.M., op.cit., p.123-124.

649 Journal Officiel, 1880, p. 2736, « Proposition de loi du général Chenal ». Cet officier résume ainsi son

argumentation : « un officier qui a vécu avec la troupe a subi un noviciat bien autrement supérieur à celui que pourrait procurer un long stage dans les bureaux ».

650 L’avenir militaire, 16 mars 1881, « Les officiers d’administration ». L’auteur de l’article défend les thèses

contraires des officiers d’administration en écrivant notamment : « nous ne sachons pas que l’intendance recrute entièrement parmi la noblesse de cour ou parmi les aspirants ambassadeurs ».

651 H.L. de L. ex-intendant du camp des Alpines, Des réformes militaires projetées, Paris Panis, 1871, p.193-194.

652 Capitaine Truchot M.C., Armée française. Questions administratives, Paris Lachaud, 1873, p.22-23.

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faire la différence entre d’anciens capitaines et d’anciens sergents que l’intendance ferait passer comme illettrés654.

Le rapport Bouchard reprend ces idées pour refuser l’accès à l’intendance en argumentant que les officiers gestionnaires ne sont que des entrepreneurs militaires. On ne peut pas les laisser concourir avec des capitaines qui ont obtenu leur grade « à la pointe de l’épée » alors que les officiers d’administration ont fait leur situation dans « des travaux paisibles de manutention et dans des magasins ». Pour tenir compte de l’aspect technique et commercial de la fonction des officiers d’administration, certains proposent de n’admettre à concourir que les officiers d’administration de la spécialité des bureaux qui collaborent avec les intendants dans la direction des services. Cette possibilité est évoquée dans le premier projet de loi sur l’armée au Sénat655. En effet, ces officiers d’administration, contrairement aux autres, ne sont pas des comptables656. Pour lâcher un peu du lest, des intendants vont admettre cette idée657. Le rapport Bouchard est encore défavorable à cette solution au motif qu’il faut compter avec les traditions de l’armée dans lesquelles certains actes ne sont rendus possibles que par la qualité de ceux dont ils émanent, comme les intendants qui viennent du même milieu vis-à-vis duquel ils doivent exercer leurs fonctions. L’accès ne peut être admis que pour les sous-officiers qui passent officiers dans une arme. Agir autrement serait admettre l’admission latérale658.

Le texte de la loi du 16 mars 1882 finit par admettre la présentation au concours des officiers d’administration après les interventions du sénateur Garreau qui parvient à convaincre le président de la commission de l’armée. En signe de reconnaissance, une promotion d’élèves officiers d’administration de l’école de Vincennes prend « Garreau » comme nom de promotion659. Cependant, il convient de préciser que, dans un premier temps, la disposition de la loi ne bénéficie qu’aux officiers d’administration du service de l’intendance, et qu’il faut attendre le décret du 14 février 1905 pour que les officiers d’administration des services de l’état-major, du recrutement, de l’artillerie, et du génie, en bénéficient aussi660.

Ici encore, la publication de la loi ne met pas fin au débat. Certains, comme le sénateur Garreau, veulent que l’on privilégie les officiers d’administration pour le recrutement au grade de sous-intendant de 3ième classe en réservant la moitié des postes aux officiers d’administration principaux et aux officiers d’administration de 1ière classe proposables pour être promus principaux661.

654 Baron Frédéric de Reiffenberg, Nouvelles propositions d’administration militaire, Paris Tanéra, 1864, p.20.

655 L’armée française, 11 avril 1884, « La loi de l’administration ». 656 Capitaine Truchot M.C., op.cit., p.29.

657 Delaperrièree E., Cours de législation et d’administration militaire, Paris Dumaine, 1879.

658 Bouchard L., op.cit.

659 Garreau Georges, Histoire abrégée d’une longue vie, Fougères Rebuffé, 1937, p.50-51. Pour une biographie voir Grenier Albert, Nos sénateurs, Paris Librairie Populaire Universelle 5 vol. n°5, 1903-1905, p.207.

660 La Revue du Cercle Militaire, 24 février 1906, p.226.

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D’autres vont encore plus loin, et demandent que le recrutement se fasse exclusivement parmi les officiers d’administration qui ont les connaissances professionnelles662, en laissant à l’armée combattante les officiers qui désirent la quitter (les intendants)663, et, dans l’immédiat de fusionner l’intendance et les officiers d’administration en un seul corps administratif664, ou fusionner les officiers d’administration des bureaux avec le corps de l’intendance665. Le parlement est saisi d’un projet de loi en ce sens par le député Thalamas666 en 1905. Nous n’avons pas trouvé le texte dans les documents parlementaires qui renvoient à la commission de l’armée667, mais ce texte n’a pu être trouvé aux archives nationales. Nous disposons cependant de la réponse préparée par la direction de l’intendance668. La proposition du député est de former aux fonctions de la direction des agents d’exécution très spécialisés et de leur faire acquérir, dans une école de l’intendance, les connaissances générales nécessaires pour apprécier les besoins de l’armée. La direction de l’intendance rejette totalement cette position en indiquant que l’instruction générale des candidats ne sera pas très développée au moment de leur entrée dans l’école de l’intendance, car les connaissances nécessaires s’acquièrent surtout par un contact prolongé avec la troupe, et elles portent moins sur le service lui-même que sur les rapports de ce service avec les autres organismes de l’armée de terre, et avec les entreprises commerciales et industrielles du pays. De plus, cette réforme conduirait à constituer au profit d’une catégorie spéciale de personnel, les officiers d’administration du service de l’intendance, un privilège inadmissible. La direction avance également un argument d’ordre financier en précisant que la mission de surveillance, liée à l’intérêt du Trésor, ne serait pas effectuée plus efficacement par des agents uniquement en provenance de l’exécution qui sont habitués à juger les choses d’un point de vue différent de la direction car ils privilégient l’efficacité des prestations au détriment de leur coût. Plusieurs années avant cette proposition, de nombreux écrits n’approuvent qu’un recrutement partiel des intendants à partir des officiers d’administration669. Pour les intendants, recruter le corps de direction exclusivement dans la hiérarchie du corps d’exécution aboutirait à l’abaissement de son niveau intellectuel et moral670.

Après les conditions d’admission dans l’intendance des officiers d’administration, les commentaires portent sur le volume des candidats effectivement admis et des réticences de

662 Messimy, Adolphe, op.cit., p.61.

663 HPL, Journal des sciences militaires, 1893, p.210, « Réorganisation du service de l’intendance et du contrôle ».

664 F. Le de la Bastays, op.cit., p.25.

665 L’armée française, 21 décembre 1883, « Notes sur l’organisation de l’administration militaire ».

666 Dictionnaire des parlementaires français, Paris Presses universitaires de France, 1977, p.3069. Ce parlementaire

propose également de modifier le taux de pension des retraites des officiers et d’unifier les appellations et la tenue des officiers.

667 Journal Officiel, 1911, p.1302. 668 S.H.D., carton 9N66.

669 Par exemple, L. Ade, Le Spectateur militaire, 1870, p.153, « La médecine militaire et l’intendance ».

Gotteron L., Réorganisation des personnels et des services administratifs de l’armée. Proposition de loi

présentée par M. Gotteron, Paris H. Charles-Lavauzelle, 1891, p.15.

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l’intendance pour les admettre. Les intendants usant de leur pouvoir à la commission du concours d’entrée, excluraient les meilleurs candidats671. Très peu d’officiers d’administration « réussissent à forcer l’entrée du sanctuaire »672. Les intendants ne feraient qu’accorder une faible ouverture et assez pour respecter la loi673. Un journaliste trouve la formule qui résume l’état d’esprit du milieu militaire en écrivant qu’« on leur ouvre une poterne pour y pénétrer, comme s’ils ne devaient pas entrer par les grandes portes »674.

Le premier officier d’administration à franchir les portes de l’intendance est Marin Léon, il mérite une attention particulière675. Malheureusement, son dossier ne comporte ni notations comme officier d’administration ni notations dans l’intendance. De plus, ne disposant pas de la liste des candidats admis à concourir, nous ne savons pas si Marin est le seul officier d’administration à se présenter. Il entre dans l’intendance en 1883 avec vingt et un autres officiers. Il est l’un des deux plus vieux, devancé de peu par le capitaine Durel676, né le 14 avril 1845 à Briquebec (Manche). Le plus jeune de sa promotion est le capitaine Dillon677, âgé de 27 ans, né le 28 novembre 1856 à Evreux (Eure), c’est un polytechnicien qui sert dans l’état-major particulier du génie. Il apparaît ainsi évident, que, pour les officiers d’administration, comme pour beaucoup d’officiers issus du rang, l’âge et la lenteur de l’avancement sont des handicaps importants qui les empêchent souvent de se présenter au concours d’entrée. En effet, Marin met douze ans pour parvenir au grade de capitaine qu’il atteint à l’âge de 37 ans, alors que Dillon ne met que cinq ans, et il est nommé capitaine à 26 ans. Cependant Marin obtient le grade de sous-intendant de 2ième classe (équivalent à lieutenant-colonel) alors que les officiers d’administration sont limités au grade d’officier d’administration principal (équivalent à commandant). La presse militaire souligne cet évènement en précisant l’obstacle que constitue l’âge pour des officiers d’administration qui peuvent avoir les connaissances nécessaires pour réussir au concours678.

Le problème des difficultés rencontrées par les officiers d’administration pour parvenir à l’âge de quarante-deux ans avant le 1ier juillet de l’année du concours revient très fréquemment679. Le supérieur de Derdos a bien pris en compte ce handicap car, dès le grade le lieutenant, il demande un avancement exceptionnel pour son subordonné afin de lui permettre de concourir pour l’intendance680.

671 Lieutenant A. Froment, Qu’est-ce qu’un officier?, Paris Librairie Illustrée, 1887, p.131.

672 HPL, Journal des sciences militaires, 1900, p.84, « L’assimilation ».

673 HPL, Journal des sciences militaires, 1893, p.209, « Réorganisation du service de l’intendance et du contrôle ».

674 L’armée française, 19 mars 1882, « La loi de l’administration ». 675 n°663, voir annexe n°52.

676 n°662.

677 n°642.

678 L’armée française, 25 septembre 1883.

679 L’écho de l’armée, 24 octobre 1897, « Les officiers d’administration. La lenteur de l’avancement ». L’auteur de

l’article prophétise en précisant que : « l’année dernière, aucun officier d’administration n’a été admis au cours de l’intendance ; cette année un seul se présente. Bientôt il n’y en aura plus du tout ».

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C’est pourquoi, jusqu’à la veille de la guerre de 1914, les propositions vont affluer pour tenter de régler ce problème. En 1876, à la tribune du Sénat, de Freycinet en fait déjà état et demande un aménagement du cadre des officiers d’administration pour parvenir suffisamment tôt au grade de capitaine681. Il faut aussi aménager les formalités d’âge et de concours et les différencier de celles exigées pour les officiers provenant des armes682. Par la suite, chaque décision relative au recrutement dans l’intendance, même dans ses plus petits détails, est commentée avec le plus grand soin pour analyser ses conséquences sur les possibilités d’accès des officiers d’administration au concours d’entrée. Ainsi, le 20 mars 1890, les conditions d’ancienneté sont modifiées. Avant cette date, l’examen a lieu en janvier sans condition d’ancienneté au moment des propositions faites au cours de l’inspection générale, et il est possible d’être nommé adjoint dans le premier trimestre de l’année suivante. Désormais, une année d’ancienneté est exigée non pas au moment de l’examen ou de l’admission dans le corps, mais au premier juillet lors des propositions faites pendant l’inspection générale. Cette disposition pénalise les officiers d’administration, car elle a une influence sur leur âge au moment de concourir683. Le décret du 14 février 1905 recule la limite d’âge pour le concours d’adjoint à l’intendance, mais cette mesure est jugée insuffisante, car l’âge tardif au moment de l’entrée dans l’intendance limite les perspectives de carrière684. En 1910, des études officielles proposent d’élargir le recrutement et d’inclure les comptables des corps de troupe. Le recrutement latéral, en dehors de celui pour le grade d’adjoint à l’intendance, serait maintenu dans la proportion du tiers des vacances mais serait limité au grade de sous-intendant de 3ième classe et réservé exclusivement aux officiers d’administration ainsi qu’aux majors et officiers comptables des corps de troupe. Les officiers auraient accès à l’intendance, soit par le concours des adjoints, soit par le recrutement latéral et pourraient atteindre la proportion de 50% du corps685.

Jusqu’à la veille de la guerre de 1914, après Marin, cinquante-neuf autres officiers d’administration entrent dans l’intendance, au moins un tous les ans à l’exceptions des années 1884, 1886, 1891, 1893, 1897, 1900, 1902, et 1908686. Trois officiers, détenteurs du grade d’officier d’administration principal, intègrent directement au grade de sous-intendant de 2° classe687. Ce sont les officiers de la spécialité « bureaux » (une des spécialités choisie à l’issue de la scolarité à l’Ecole d’administration militaire de Vincennes) qui fournissent le plus grand nombre d’intendants avec

681 Journal officiel des débats du Sénat, 1876, p.6961. Le parlementaire ajoute qu’ainsi les officiers d’administration

« accepteront, sans regret, la subordination nécessaire à laquelle ils sont soumis et de laquelle il ne dépend que d’eux de s’affranchir par leur intelligence et leur travail ».

682 La France militaire, 1880, « L’administration militaire. Le projet des chambres. Ses lacunes ». 683 La France militaire, 12 juin 1890, « Recrutement du corps de l’intendance militaire ».

684 Cotel, Les officiers d’administration. Etude sur la proposition de loi déposée sur le bureau du Sénat par M.

Garreau, Paris Dupont, 1898, p.48-49.

685 S.H.D., carton X116, note de l’inspection permanente des écoles du 27 avril 1910 sur les réformes à accomplir, p.20-21.

686 Voir annexe n°53.

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trente-trois admissions, puis viennent loin derrière les officiers de la spécialité des « subsistances » avec treize entrées, et les officiers des spécialités de « l’habillement » et du « service de santé » avec sept officiers admis. En 1898, un observateur juge le bilan insuffisant en relevant que, depuis le vote de la loi, quinze officiers d’administration obtiennent le grade d’adjoint et qu’aucun n’intègre directement au grade de sous-intendant de 3ième classe688.

Pour apprécier la proportion du nombre des officiers d’administration qui se présentent au concours, nous ne disposons du nombre de candidats par arme ou service que pour quelques années seulement. En 1895, quarante-cinq officiers sont candidats689. La répartition par arme d’origine est respectivement de trente et un pour l’infanterie, trois pour la cavalerie, sept pour l’artillerie, un pour le génie, et trois officiers d’administration (un pour chaque spécialité « bureaux », « subsitances », « habillement »). Huit officiers sont admis dont six issus de l’infanterie, et un de l’artillerie, du génie, et des officiers d’administration des subsistances. En 1900690, sur les tente-huit candidats, nous relevons, dix-neuf officiers venant de l’infanterie (neuf sont admis), un cavalier qui n’est pas admis, sept artilleurs (cinq sont admis), sept officiers du génie (cinq sont admis), trois officiers d’administration des bureaux (un est admis), et un officier d’administration du service de santé qui est admis. En 1902, vingt-neuf officiers sont candidats691, dont sept qui viennent de l’infanterie (quatre sont admis), deux cavaliers qui ne sont pas admis, neuf artilleurs (cinq sont admis), dix issus du génie (cinq sont admis), et un officier d’aministration du service de santé qui est admis. En 1904, quarante-huit officiers se présentent692, dont treize venant de l’infanterie, dix de l’artillerie, dix du génie, et quinze officiers d’administration. Pour cette année nous avons la chance de disposer de la liste des candidats. Mais l’absence des prénoms complique la recherche des dossiers des officiers ayant échoué. Dix-sept officiers sont admis à suivre le stage, dont quatre pour l’infanterie, cinq pour l’artillerie, trois pour le génie, et cinq pour les officiers d’administration (quatre des bureaux, un de l’habillement). En 1907, quarante et un candidats se présentent693, dont vingt issus de l’infanterie (huit sont admis), deux de la gendarmerie qui ne sont pas admis, sept de l’artillerie qui sont admis, cinq du génie (deux sont admis) et six officiers d’administration (trois des bureaux, un des subsistances sont admis).

Si nous faisons la synthèse pour ces cinq années, nous parvenons aux résultats suivants :

688 Cotel, op.cit., p.50.

689 La France militaire, 10 octobre 1895, « Le concours de l’intendance » 690 La France militaire, 30 octobre 1900, « Stagiaires de l’intendance ». 691 La France militaire, 20 septembre 1902, « Candidats à l’intendance ». 692 La France militaire, 22 septembre 1904, « Admission dans l’intendance ». 693 Echo de l’armée, 11 août 1907, « Les examens d’admission à l’intendance ».

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Tableau n°10

Arme d’origine des intendants du concours des années1895, 1900, 1902, 1904, et 1907

Arme Infanterie Cavalerie Artillerie Génie Gendarmerie Train Officiers d’administration

Candidats 90 6 40 33 2 1 29

Admis 31 0 23 16 0 0 15

% 34 0 57 48 0 0 52

Par comparaison avec les autres armes, la proportion du nombre des officiers d’administration admis par rapport au nombre des candidats n’est donc pas négligeable.

Mais encore faut-il que l’officier arrive à temps au grade de capitaine pour être en mesure de passer les épreuves, ou à un grade équivalent, car contrairement aux intendants l’assimilation de leur hiérarchie à la hiérarchie générale constitue un autre combat.

Le second débat porte sur l’assimilation de leurs grades à ceux de la hiérarchie générale de l’armée. Les officiers d’administration jouissent de la loi du 19 mai 1834 sur l’état des officiers mais le caractère industriel de la plupart de leurs missions les place hors de la hiérarchie générale. Bien avant la guerre de 1870, une partie de l’armée s’étonne que des officiers qui exercent des commandements de troupe ne bénéficient pas de toutes les prérogatives du grade d’officier, et mettent en cause des distinctions subtiles entre des types d’emplois militaires694. Les officiers d’administration ne sont pas en reste695. Après la guerre, les demandes pour améliorer leur condition se multiplient696. Cependant certaines prises de positions sont à double sens, car, en accordant l’assimilation, il s’agit de supprimer les avantages pécuniaires dont bénéficient les officiers d’administration, comme les primes de gestion pour prendre en compte leurs responsabilités en tant que gestionnaires d’approvisionnements, ou des facilités de logement pour leur permettre de résider sur les lieux de