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Les intendants dans la guerre

I- L’intendance et la guerre de 1870

4. Les intendants dans la guerre

Hormis l’évocation de quelques individualités, l’exploitation des archives de la direction générale du personnel et du matériel du ministère de la guerre est, dans l’ensemble, plutôt décevante143. Il faut donc ici aussi utiliser les dossiers du personnel au travers notamment des appréciations portées par les supérieurs, et chercher dans les écrits des témoins de l’époque.

Les intendants remarqués

Des intendants sont mis à l’honneur144. L’adjoint de 1ière classe Augier fait l’objet d’une longue citation dans l’état nominatif des officiers et soldats ayant eu une belle conduite pendant la célèbre bataille de Reichsoffen. C’est grâce à lui qui son chef de service a pu être recueilli145. Les intendants généraux Friant146 et Perrier147 méritent une mention toute particulière.

Friant, sachant qu’il n’aura aucun approvisionnement, sur sa seule signature personnelle, achète des millions de rations. Le duc d’Audiffret-Pasquier salue cette initiative courageuse qui permet de prolonger la défense de l’armée française148. La commission d’enquête, instaurée après la guerre, va souligner le geste de cet intendant sans fortune qui achète des approvisionnements sans ordres, sur sa garantie personnelle, et surtout en contrevenant aux règles sévères de la comptabilité publique qui exigent que l’on dispose de crédits avant de passer toute commande149. Ce haut fait administratif est salué dans de nombreux ouvrages et même par le général Boulanger, qui n’est pas habituellement tendre avec l’intendance150. Cependant toute la partie relative à la guerre de 1870 n’apparaît pas dans la notation de cet intendant dont la carrière, d’ailleurs, ne commence pas sous de bons auspices. En effet, en 1856, il reçoit un blâme pour un défaut de surveillance de la compagnie de gendarmerie de la Nièvre où un détournement dans la fourniture de rations de fourrages est découvert. Il n’en reste pas là car il est mis en retrait d’emploi en 1858, pour des mauvais agissements au 1ier régiment de Spahis. Après la guerre, il reçoit même un nouveau blâme, le 16 mai 1872, pour

143 S.H.D., carton LHS 23X. 144 Voir annexes n°40 et 42. 145 S.H.D., carton LHS 23X, dossier n°1. 146 n°138. 147 n°289. 148 Audiffret-Pasquier, op.cit., p.28.

149 Journal Officiel, 1872, « Rapport de la commission d’enquête », p.4584. 150 Général Boulanger, op.cit., p. 133.

Du Barrail, op.cit., p. 369. De Freycinet, op.cit., p.41. Sous-intendant Gruet, op.cit.

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avoir communiqué au journal, La Liberté, sans l’autorisation de ses chefs, des réclamations pécuniaires de la Suisse. Comme le mentionne le ministre, grâce à ses excellents services, la sanction n’a pas été plus sévère151.

Perrier, pendant le siège de Paris, doit également constituer des approvisionnements. Contrairement aux ordres qui lui sont donnés, il commande beaucoup plus que prévu et fait une dépense totale de plus de 150 millions. Pour pouvoir payer, après avoir hésité par scrupule professionnel, il fait ouvrir un crédit auprès d’une banque de Londres avec l’appui de l’intendant général Guillot, qui d’ailleurs réclame sa part de responsabilité. Comme dans le cas de Friant, cette décision s’écarte également des exigences des finances publiques qui donnent le monopole des paiements au Trésor152. Selon des témoins de l’époque, aux gens qui lui demandent ce que l’on fera des énormes quantités de blés commandées, le sous-intendant répond : « Si je n’en fais pas arriver, je mériterai d’être fusillé, si j’en fais venir trop, je serai tout au plus blâmé. J’aime mieux risquer un blâme que de manquer à mon devoir »153. Pour ce même auteur, dans son livre de 1885, A la gloire

de l’armée française, « le vrai héros de la défense de Paris fut le sous-intendant Perrier »154. D’autres

historiens relatent cette action décisive dans une étape importante de la guerre155.

D’une façon générale, l’intendant opérationnel est celui qui va au-delà de la règlementation. Pour braver toutes les résistances d’hommes accoutumés à respecter des règles strictes, le ministre, dans un télégramme, menace de sanctions sévères tout fonctionnaire de l’intendance qui refusera de donner aux troupes les moyens demandés sur ordre du commandement156. Cependant, comme le reconnait le sous-intendant Gruet, ceux qui prennent leurs responsabilités ne sont pas les plus nombreux. Un observateur allemand raille aussi l’étroitesse d’esprit de certains intendants en citant l’anecdote du siège de Belfort pendant lequel on a réparti entre les soldats tous les approvisionnements de la manufacture impériale des tabacs, et, à l’issue duquel, on a voulu faire payer aux officiers tous les cigares fumés par les hommes157. A l’inverse, l’intendant général Wolf a su faire passer les intérêts du Trésor après les besoins des combattants. Quant au sous-intendant de 1ière classe Gaffiot, il adopte une position médiane, car il a su pourvoir à tous les besoins tout en ménageant les deniers de l’Etat158. Comme le souligne le général Boulanger, en commentaire au dialogue entre le maréchal Le Bœuf et l’intendant Curnier de Lavalette, d’après les règlements,

151 Lettre du ministre du 16 mai 1872 (dossier Friant n°138).

152 Major H. de Sarrepont, Histoire de la défense de Paris en 1870-1871, Paris Librairie Militaire Dumaine, 1872, p.193-204.

153 Richard J., L’armée française. Types et uniformes, Paris Boussot et Valadhon, 1885-1888, p.222.

154 Sous-intendant Nony G., L’intendance en campagne, Paris Charles-Lavauzelle, 1918, p.59, note 1.

155 Général Ducrot, La défense de Paris, Paris Dentu, 1875, p.159-169. Lehaucourt P., Siège de Paris, Paris Berger-Levrault, 1898, p.134-137.

156 Sous-intendant Gruet, op.cit., p. 487.

157 Lieutenant-colonel Koettschau, op.cit., p.131.

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l’intendant n’a pas le droit d’acheter de sa propre initiative. Mais, s’il le fait quand même, il n’encourt aucun blâme car il a agi par cas de force majeure159.

Pour la plupart des intendants le passage dans la campagne est plus discret. Cependant la guerre a une influence sur leurs carrières.

Les autres intendants

Des intendants vont participer à la guerre pendant le passage dans leur arme d’origine. Cette partie de leur carrière est surtout évoquée dans leurs notations Le supérieur peut citer un évènement sans porter un jugement comme pour les lieutenants Bellile160 et Fradin de Bellabre161. Le premier a signé à Sedan l’engagement de ne pas servir contre la Prusse, et n’a pas été employé. Le second a été fait prisonnier de guerre à Sedan, où il servait en qualité d’officier d’ordonnance du général Grandchamp, et placé en captivité à Dresde. Le supérieur peut aussi évoquer une blessure. Le sous-lieutenant Couderc est signalé comme robuste, mais une blessure reçue à Sedan le rend pour quelque temps encore impropre au service actif162. Il en est de même pour le capitaine de La Briffe163. Par suite d’une blessure reçue à Chenebier, il ne peut être employé au régiment, il sert comme substitut du rapporteur dans le parquet militaire du conseil de guerre de Versailles, et il est encore souffrant. La blessure du capitaine Gardarein164 figure tout le long de sa notation. Il a du être amputé de la main gauche. Cependant ce handicap ne l’empêche pas de monter à cheval et il est apte à faire campagne. En dehors de la blessure, c’est souvent un bon comportement qui est mentionné. Le lieutenant Morhain165 a été promu au grade de capitaine et fait chevalier de la légion d’honneur devant Metz. C’est aussi le cas du lieutenant Cazalens166, aux combats de Spreckren, et du sous-lieutenant Chaumont167, signalé comme fort brillant au feu. Le capitaine Dingler s’est lui aussi brillamment comporté à la bataille de Sedan, et son colonel le rappelle très abondamment168. Le lieutenant Hagron s’évade de Sedan au péril de sa vie et se montre intrépide tout le long de la campagne, sa conduite le suit également dans le grade de capitaine169. Pour le sous-lieutenant Paulus, la formule est plus générale car il est mentionné qu’il a fait avec distinction la campagne de la Loire170. Le notateur peut

159 Général Boulanger, op.cit., p.132.

160 n°464, notation de 1872. 161 n°456, notations de 1871 et 1872. 162 n°621, notation de 1871. 163 n°461, notations de 1872 et 1873. 164 n°599, notations de 1871, 1873, 1874, 1875, et 1876. 165 n°434, notation de 1871. 166 n°546, notation de 1871. 167 n°647, notation de 1871. 168 n°503, notations de 1871, 1872, et 1876. 169 n°520, notations de 1871, 1872, 1873, et 1875. 170 n°541, notation de 1872.

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aussi faire part à la fois d’une blessure et d’une action remarquée. Le lieutenant Bocquet171 s’est illustré dans la défense du village de Zurich où il a été gravement blessé, ainsi que le capitaine Kien au combat de Spichren172. En plus des notations, les états de service évoquent également de bons comportements comme le capitaine Grosse173 qui est cité à l’ordre du 4ième corps d’armée le 6 septembre 1870, et d’autres officiers174. Cependant la guerre n’a pas toujours les conséquences espérées par l’officier. Il peut seulement s’agir d’une décoration comme l’espérait le capitaine Hagron175. Au grade de lieutenant, il sert comme officier d’ordonnance à l’état-major du général Des Pallières pendant plus de trois ans, période pendant laquelle il est très bien noté. Après son passage au grade de capitaine, le général demande une décoration que l’officier n’obtient pas. Pour le capitaine Coppens de Norlandt, les conséquences sont plus sérieuses car c’est son avancement qui en a pâti. En effet, il va s’attarder dans le grade de lieutenant. Son chef de corps, sans donner de plus amples précisions, écrit que sa « carrière a été plutôt retardée que favorisée par la guerre ». Il rappelle deux ans plus tard qu’il est « malheureusement un peu en retard sur ses camarades de promotion par suite des circonstances ». Pourtant il est qualifié d’« officier d’élite ». Il a été décoré et blessé à la campagne de Borny176.

Pour ceux qui ont un avancement hors norme et non justifié, comme beaucoup d’autres officiers pendant la campagne, c’est la commission de révision des grades qui les attend et qui va rectifier leurs parcours professionnels. Poncelet est sous-lieutenant sortant d’école juste avant la guerre. En 1871, il est déjà nommé capitaine. C’est comme l’écrit son colonel un « sous-lieutenant improvisé ». Pendant toute l’année 1871, comme les appréciations en témoignent il s’attache à mériter son avancement rapide. Cependant il est ramené au grade de lieutenant, et il est nommé capitaine en 1875177. Le même sort est réservé aux lieutenants Claude 178 et Pollachi179. Le chef de corps du lieutenant Paulus180 déplore que la commission ne l’ait pas maintenu au grade de lieutenant auquel les circonstances l’avaient obligé à nommer. Pour Jau, nous avons la chance de disposer d’un mémoire de proposition pour l’avancement en date du 27 août 1871 dans lequel tous les échelons de la hiérarchie vont émettre un avis, et qui va éclairer la commission de révision. Ainsi son chef de corps souligne qu’il n’a pas assisté aux opérations devant Paris car il est entré à l’hôpital. Il le qualifie

171 n°455, notation de 1871.

172 n°442, notation de 1871.

173 n°440.

174 Lieutenant Pépin (n°465), cité à l’ordre du 4ième corps d’armée le 6 septembre 1870 pour sa participation aux combats du 31 août au 1ier septembre 1870.

Lieutenant Gardarein (n°599), cité le 5 juin 1871 pour son action pendant la commune de Paris.

175 n°520, notations de 1871, 1872, 1873, et 1875. 176 n°586, notations de 1875 à 1879. 177 n°674, notation de 1871. 178 n°524, notation de 1873. 179 n°665, notation de 1878. 180 n°541, notation de 1875.

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comme « encore enfant de caractère ». Il est ramené au grade de sous-lieutenant, il ne passe lieutenant qu’en 1873181. Au contraire, Ricard a plus de chance. Dans sa narration du 14 octobre 1871, comme le fait tout officier dont la carrière va être soumise à la commission de révision, l’officier écrit qu’il a participé à la bataille de Borny et de Gravelotte. Blessé, il se rend à Tours où il est nommé capitaine en novembre et obtient un congé de convalescence (alors qu’il est lieutenant depuis octobre 1869). Son chef de corps et le général commandant la brigade affirment que sa situation militaire n’est pas suffisamment établie pour justifier cette nomination. L’avis du général commandant la division est plus mitigé. Il reconnait que sa nomination est régulière par son ancienneté mais elle ne semble pas justifiée par la nécessité de pourvoir à un commandement devant l’ennemi. Ricard est maintenu au grade de capitaine182. Pour les sous-lieutenants Appert,183 et Chaumet184, les chefs ce corps n’approuvent pas la décision de maintien au grade et emploient des termes très durs. A l’inverse le sous-lieutenant Poncelet185 fait tout son possible pour mériter l’avancement exceptionnel au grade de capitaine dont il a été l’objet, et son chef de corps le soutient en soulignant qu’il a toutes les qualités et remplit toutes les conditions pour justifier son trop rapide avancement, mais la commission ne suit pas cet avis. La guerre a failli être fatale pour la carrière des lieutenants Latruffe186, Kuntz187, et Chaumont 188, car ils sont traduits devant un conseil d’enquête qui peut prononcer leur mise en réforme. Il est reproché au premier d’avoir repris du service après la capitulation de Sedan, au second de s’être évadé des prisons de l’ennemi en manquant à sa parole, et au troisième d’avoir continué à servir contre l’Allemagne. Ces trois officiers sont cependant maintenus en activité.

Les faits de guerre évoqués dans l’arme d’origine sont également repris dans les notations après le passage dans l’intendance. Ainsi, l’adjoint de 1ière classe Massiot189a rendu les meilleurs services à l’armée de la Loire, et à l’armée de Versailles pendant la commune. Cependant, à l’exception de l’adjoint de 2ième classe Ricard, qui est grièvement blessé alors qu’il est capitaine190, les faits sont parfois cités très longtemps après l’entrée dans l’intendance. Ainsi le supérieur du sous-intendant de 1ière classe Clerc rappelle, en 1891, que ce dernier était lieutenant puis capitaine à la belle défense de Belfort, alors que ses premières notes dans le service datent de 1877191. Il en est de même

181 n°588.

182 n°451.

183 n°671, notation de 1871 : «...Ne mérite aucunement la confirmation de son grade, n’a rien fait pour le gagner et de plus ne fait rien pour le mériter ».

184 n°698, notation de 1871 : « ...Cet officier n’a pas suffisamment justifié l’avancement dont il a été l’objet...Ne paraît pas avoir mérité par des services exceptionnels un avancement aussi rapide, ne sait rien de son métier... », notation de 1872 : « Cet officier qui a été nommé sous-lieutenant comme admissible à l’école, ne cherche pas à compléter son instruction militaire...il ne justifie pas par un zèle convenable sa promotion prématurée au grade de sous-lieutenant. ».

185 n°674, notation de 1871.

186 n°512, lettre du ministre du 31 mai 1872 au général commandant la division de Constantine.

187 n°534, rapport au ministre du 3 mai 1872.

188 n°690, conseil d’enquête du 15 avril 1872.

189 n°395, notation de 1872.

190 n°451, notations de 1873, 1874, et 1876.

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pour les sous-intendants de 1ière classe de La Briffe, Quitteray, Reichert, Schuster, le sous-intendant de 2ième classe Rouillon, et l’adjoint de 2ième classe Lacapelle192. L’explication se trouve dans la notation de Ricard. Son chef de service cite sa blessure dans les années 1873 et 1874, au grade d’adjoint de 2ième classe. Au grade d’adjoint de 1ière classe, il écrit, en 1876, qu’il est « rendu intéressant par la blessure qu’il a reçue pendant la dernière guerre ». Ce qui montre que les conditions de participation à la guerre de 1870 font partie des éléments constitutifs des mémoires de proposition pour l’avancement ou une décoration. Pour le sous-intendant de 2ième classe Kien193, décédé en 1882, l’évocation de sa conduite à la bataille de Forbach, en 1871, quand il est capitaine, constitue une sorte d’épitaphe. Son supérieur écrit : « ce pauvre homme était un bon officier ».

Les notations soulignent aussi le bon comportement d’officiers pendant leur séjour dans l’intendance. Cependant, à l’inverse du constat fait précédemment, à l’exception de l’adjoint de 1ière

classe Brichard, du sous-intendant de 2ième classe Bohy, et des sous-intendants de 1ière classe Boissonnet, Létang, Perret, de Lorme, et Gatumeau, les faits sont évoqués le plus souvent de manière moins tardive et sont mentionnés au grade auquel ils ont eu lieu. Brichard rend des services exceptionnels pendant l’occupation allemande mais qui ne sont cités qu’en 1874, soit trois ans plus tard194. Bohy est noté comme avoir su « satisfaire aux exigences les plus impérieuses » en 1870 et ce fait n’est signalé qu’en 1875, soit cinq ans plus tard195. Boissonnet fait la guerre dès 1870 avec le grade de sous-intendant de 2ième classe qu’il obtient en 1868. Il est nommé sous-intendant de 1ière en 1877 et six ans plus tard, sa participation à la guerre figure encore dans sa notation196. Létang fait la guerre avec le grade de sous-intendant de 2ième classe. En 1878, soit huit ans plus tard, au grade de sous-intendant de 1ière classe, ses services sont encore signalés.197. Perret fait également la guerre avec le grade de sous-intendant de 2ième classe. En 1883, soit treize ans plus tard, au grade de sous-intendant de 1ière classe, son supérieur rappelle son bon comportement à l’armée de le Loire pour appuyer ses qualités d’administrateur198. De Lorme fait la guerre avec le grade de sous-intendant de 1ière classe, mais son supérieur ne mentionne les excellents services qu’il a rendus à Tours qu’en 1876199. Quant à Gatumeau, la référence à la campagne est un peu moins tardive car on la relève dès 1873 et de nouveau en 1874200. Ce dernier est fait prisonnier à Privat dans une ambulance en flammes avec des blessés qu’il ne veut pas abandonner.

192 n°461 (notations de 1896 et 1897), n°466 (notation de 1896), n°562 (notations de 1893 et 1897), n°531 (notations de 1886 et 1899), n°477 (notation de 1896), n°462 (notation de 1876). 193 n°442, notation de 1882. 194 n°398, notation de 1874. 195 n°358, notation de 1875. 196 n°274, notation de 1883. 197 n°319, notation de 1878. 198 n°303, notation de 1883. 199 n°167, notation de 1876. 200 n°232, notations de 1873 et 1874.

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Pour vingt-deux intendants, les faits sont indiqués sans retard. Le sous-intendant de 1ière classe Brisac201 s’est distingué pendant le siège de Belfort. D’excellents services ont également été rendus par les adjoints de 1ière classe Daussier, qui « a fait preuve pendant toute la campagne d’un dévouement hors ligne », par François, dans l’organisation d’ambulances et d’hôpitaux militaires, par Gamelin dans le ravitaillement du 5ième corps, par Sérand, et par Robert202. La plus longue appréciation est à mettre à l’actif de l’adjoint de 2ième classe Jourdan, qui occupe, dès son entrée dans l’intendance, la majeure partie de sa notation des années 1871 et 1872 qui rappelle son action décisive dans la direction du service hospitalier de la place de Besançon, malgré un afflux de blessés et de malades, en ne disposant que de ressources insuffisantes203. Les appréciations relatives à la guerre apparaissent dans les notes pour plusieurs grades pour Courtot, Demartial, et Massiot204. Pour le premier, ses services sont cités aux grades d’adjoint de 2ième et de 1ière classe entre 1870 et 1874. Pour le second, c’est au grade de sous-intendant de 2ième classe que son supérieur le signale entre 1871 et 1875. Quant au troisième, l’étalement dans le temps sera plus long puisque sa manière de servir est évoquée aux grades d’adjoint de 1ière classe en 1872, et de sous-intendant de 1ière classe en 1891, soit à dix-neuf ans d’intervalle.

L’appréciation sur la conduite pendant la campagne a une influence variable sur l’évolution de l’avancement. Nous ne disposons que du mémoire pour l’avancement, du 10 décembre 1870, établi pour le sous-intendant de 2ième classe Puffeney, et les adjoints de 1ière classe Lafosse et Bohy205. Le premier206 passe sous-intendant de 1ière classe après quatre ans de grade, le second207 et le troisième208

sont nommés sous-intendants 2ième classe après deux ans de grade. L’incidence de la campagne sur la progression de ces trois intendants est très forte, leur avancement est nettement plus rapide que celui relevé pour une année du temps de paix. Pour faire la comparaison, nous disposons d’une étude pour l’année 1877209. Pour avancer d’adjoint de 1ière classe à sous-intendant de 2ième classe, les deux plus

201 n°253, notation de 1871.

202 n°357 (notation de 1871), n°370 (notation de 1871), n°373 (notation de 1870), n°392 (notation de 1872), n°342 (notation de 1871).

203 n°419.

1871 : Malgré le peu de temps depuis lequel il est entré dans l’intendance, il a pu rendre de signalés services à Besançon dans la direction des ambulances