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II. Résultats partie qualitative 80 

II.5. La vie pendant les violences 86 

II.5.4. Place de l’entourage 96 

Soutien

Parmi les femmes interrogées, 7 d’entre elles (E0, E2, E4, E5, E6, E7, E8) ont trouvé, malgré leur isolement, un soutien, un réconfort dans la présence de leur entourage, qu’ils s’agissent d’amis (E0, E4, E5, E7), ou de la famille proche (E2, E6, E8).

Afin de trouver une sphère protectrice d’écoute : E2 : « Tout le monde est au courant, parce que à la famille, je ne cache pas, on me dit qu’il faut que ça cesse, et que c’est le seul moyen pour qu’il soit puni pour ces actes.» ; E7 : « Oui, moi, j’ai une copine médecin que j’ai vu ce matin, j’ai une autre copine médecin à qui je parle niveau médical, j’ai ma meilleure amie en Petite Terre à qui je parle tout le temps. Non non, j’ai des gens qui me soutiennent vraiment ».

97 Voire de conseils et d’aides pour la majorité des femmes entendues, qu’il s’agisse :

- d’aide financière, pour l’entretien E4 : « J’ai fait un chèque de 1200 euros à une amie pour qu’elle me le donne en espèce »,

- de conseils liés à l’orientation vers des associations pour les entretiens E2 : « Ma sœur m’en avait parlé de l’ACFAV, elle est venu ici pour m’aider à porter plainte à la gendarmerie. », E5 : « Il y a une amie qui m’a dit qu’ils pouvaient m’aider à l’ACFAV. » et E8 : « C’est ma famille qui m’a conseillé de venir ici (à l’ACFAV). Ils vivent avec moi et ils voient la situation »

- ou encore vers la justice pour les entretiens E4 : « Des amis me disaient d’aller porter plainte parce qu’ils voyaient que j’avais mal. » et E5 : « Les voisins ont appelé la police »

Quelquefois même, malgré une situation de contrôle sur les contacts par le mari violent de l’entretien E4 : « Je n’ai pas beaucoup de contacts avec mes amies, mais des fois elles me donnaient des idées, me donnaient du courage. », et la peur des répercussions sociales d’une hypothétique séparation, comme entendu dans l’entretien E6 : « Souvent, mon fils me disait de laisser ce mec, mais je ne pouvais pas, c’était mon mari, tout ça. ».

Une femme (E9) n’en n’a jamais parlé à ses amis et son entourage, de par son isolement majeur, jusqu’à ce qu’une issue dramatique à ces violences imposent le regard de tous à elle et son handicap.

Freins à la dénonciation

A l’inverse, il a été déclaré par 9 femmes sur 10 une opposition à la déclaration de la part de l’entourage (E1, E3, E4, E5, E8), ou de la famille (E0, E1, E2, E3, E4, E5, E6, E8, E9)

Ainsi, trois femmes (E1, E3, E9) n’ont trouvé auprès de leur famille et entourage, que des avis contraires à l’idée d’une potentielle dénonciation de ces violences.

Une femme (E7), n’a jamais vraiment parlé de sa situation conflictuelle à sa famille, qui vivait en métropole pendant les violences.

La composante uxorilocale est bien à prendre en compte dans le rôle des freins à la dénonciation de ces violences, les femmes victimes se retrouvant alors dans un étau familial qui, quand il ne condamne pas ces actes, renferme et isole encore un peu plus les victimes dans un engrenage traditionnel et familial.

La position traditionnelle est caractérisée ici comme un frein à la dénonciation, renvoyant au tabou du sujet. Pour certaines familles, la violence est conçue comme reproductible de génération en génération et doit être acceptée en tant que telle, comme E0 : « Ma mère elle était au courant des violences, mais elle me disait tout le temps qu’il fallait que je sois forte et c’est tout. », E2 : « Oui, ce jour-là même elle (la belle-mère) était présente, mais elle a rien dit, ma sœur lui a dit ʺ c’est toi qui était là, c’est toi le témoin, tu dois s’il le faut en parler ʺ mais elle a refusé, elle sera ni témoin pour lui, ni pour moi. » ou E5 : « Sa famille lui a toujours dit de patienter. C’est la femme qui en parlait souvent à sa famille, mais la famille lui a toujours dit de ne rien faire, de patienter ».

Le constat est aussi vrai dans la sphère amicale, témoignant d’une position traditionnelle également forte dans la sphère sociale : E1 : « Celles de mon entourage qui ne sont pas sorties, me disent : ʺ mais arrête tes conneries, y a pas d’autres hommes, tu vas te retrouver seule, mais qu’est-ce que tu fais ? ʺ », E3 : « Des amis, beaucoup d’amis du village, et la famille me disent qu’il ne faut pas que j’aille porter plainte, à cause des enfants. ».

98 Le caractère tabou est quant à lui, vecteur de sous déclaration, d’enfermement et d’isolement de la femme victime de violence : E0 : « Je peux en parler de tout ça à ma famille, ils m’écoutent, mais si mon mari vient devant ma mère, elle lui donnera toujours raison. » ; E1 : « Je me disais que si j’en parlais, tout le monde allait savoir ma vie, et je n’avais pas envie que tout le monde connaisse ma vie. » ; « La famille n’est pas intervenue, parce que pour eux, ce n’est pas leur vie, donc elles n’ont pas à s’impliquer, même si elles voyaient qu’il me faisait du mal, mais on ne rentre pas dans la vie de couple comme ça » ; E4 : « Des fois des amis, de la famille, ils disent que quand même ʺ c’est ton mari, c’est le père de tes enfants, tu vas pas aller porter plainte. Faut pas faire ça, attention, réfléchis...ʺ des trucs comme ça quoi. » ; E6 : « Ma grande sœur me disait qu’il est gentil, que ʺtu vas avoir des problèmes sur les papiers ʺ si j’allais porter plainte ».

Pour les femmes vivant avec la composante uxorilocale, le fait de vivre sous le même toit que le reste de la famille est souvent ressenti comme une problématique supplémentaire à gérer : E0 : « La pression familiale, elle reste toujours difficile à gérer » ; E1 : « De toute façon mes sœurs voyaient la situation mais on n’en parlait pas. Je ne voulais pas qu’elles sachent que je souffrais, je voulais qu’on voie que j’étais forte. ».