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5. Analyse

5.1 Comparaison des résultats entre les pré-tests et les post-tests

5.1.6 Phonologie

La dernière tâche de nos tests est celle de la segmentation phonologique, en lien avec la conscience phonologique. Selon Descazaux (2009), la conscience phonologique peut être définie comme : « […] la connaissance consciente et explicite que les mots du langage sont formés d’unités plus petites, à savoir les syllabes et les phonèmes » (p.1). Il est important que les jeunes élèves comprennent que l’écrit découle de l’oral. Comme le dit un texte de l’Inspection de l’Education Nationale (IEN) datant de 2005, les élèves « […] doivent découvrir le principe alphabétique qui permet de noter de manière homogène la face sonore de tous les mots » (p.1).

Un élève qui comprend le principe alphabétique comprend qu’à une lettre ou à un groupe de lettres (graphème) correspond un son (phonème). Il est aussi très important qu’une prise de conscience s’effectue au niveau de la composition des mots en syllabes et que ces syllabes ont des sons.

[…] étant donné que notre système d’écriture est alphabétique, il est nécessaire que les enfants puissent travailler de manière consciente au niveau de la structure phonologique de la parole. Des travaux récents ont montré que la conscience phonique et en particulier la conscience phonémique (l’habileté à manipuler les phonèmes ou à segmenter un mot en phonèmes) jouent un rôle déterminant dans l’apprentissage de la lecture (Rieben et Perfetti, 1990 ; Goswami et Bryant, 1990 ; Sawyer et Fox, 1991). (M. Alves Martins, 1993, page 74)

Dans la recherche de Saada (2006), le matériel pour cette épreuve consistait en sept images d’animaux tirées de l’Imagier du Père Castor. Pour nos tests, cependant, nous avons créé nous-mêmes notre matériel en collant les dessins des sept animaux sur des petites cartes. Pour la passation, nous nous sommes calquées sur la recherche du SRED, en présentant aux élèves les cartes dans l’ordre suivant : souris, abeille, lapin, tortue, crabe, girafe, mouton, puis en commençant la consigne de la manière suivante : « On va jouer à entendre des sons dans les mots, ce qu’on entend quand on dit des mots » (Saada, 2006, p.43). Pour lancer la tâche, la carte de la souris était montrée aux élèves, avec ce commentaire de l’étudiante : « Est-ce que tu sais comment s’appelle cet animal ? » Si l’élève répondait correctement, l’activité continuait, s’il répondait faux, l’étudiante lui disait le nom de l’animal. L’étudiante disait ensuite : « Ecoute bien, quand je dis ‛souris’ [en forçant sur le premier phonème], qu’est-ce que tu entends au tout début du mot ‛souris’ ? » Si les élèves découpaient le mot en une unité plus grande que le premier phonème, l’étudiante disait : « Est-ce que tu peux me dire ce que tu entends au tout [en accentuant le mot] début du mot, seulement au début ? » La même consigne était répétée pour toutes les cartes d’animaux.

Avant de commencer l’analyse des résultats à l’épreuve de la segmentation phonologique, nous aimerions émettre une précision. A l’école enfantine genevoise, la segmentation phonologique n’est travaillée réellement qu’en 2E. Cette épreuve, que nous avons repris telle quelle de la

recherche de Saada (2006), n’était donc pas à la portée de tous les élèves, puisque cela n’avait jamais été travaillé, au contraire de l’écriture du prénom ou de la reconnaissance des lettres par exemple. Les résultats aux pré-tests et aux post-tests présentés dans les tableaux ci-dessous et l’éventuelle évolution des connaissances des élèves dans ce domaine ne résultent donc pas d’un apprentissage formel effectué en classe. Comme le pointe Ferreiro (1989) dans l’une de ses recherches, « […] avant l’âge de six ans, les enfants sont, dans l’ensemble, incapables de réussir de telles tâches de segmentation phonémique alors qu’ils y parviennent pour des tâches de segmentation syllabique » (p.4). En effet, lors des passations, nous avons pu noter qu’il était plus facile pour les élèves de donner la première syllabe d’un mot plutôt que son premier phonème.

Nous allons à présent analyser nos résultats pour observer cela sur une base plus concrète.

Pour une question de lisibilité des tableaux et de praticité de construction, nous avons décidé de créer un tableau par carte, avec à chaque fois les résultats des élèves aux pré-tests et aux post-tests. Cependant, il ne nous a pas semblé pertinent de présenter ici l’analyse des sept tableaux.

Nous avons choisi de garder les mots suivants : abeille, lapin, crabe et mouton. Nous les analyserons ci-dessous en faisant des liens avec les trois autres mots. Ces derniers étant comparables au niveau de la constitution du mot, il n’est donc pas judicieux de tous les mettre.

En effet, il y a plusieurs catégories de mots. Par exemple, le mot lapin fait partie de la catégorie des mots syllabiques (et commençant par une consonne-voyelle) et est en ce sens comparable au mot girafe qui lui aussi est syllabique et commence également par une consonne-voyelle. Le mot mouton est aussi syllabique mais il a un regroupement de lettres qui forment un son (-ou). Il est comparable au mot souris qui est construit de la même manière. Enfin, nous avons le mot crabe qui, quant à lui, est formé de consonne-consonne-voyelle. Il est possible de consulter les analyses des cartes que nous n’avons pas présentées ici dans les annexes (annexe A10).

Tableau 6.0: résultats à l’épreuve de segmentation phonologique, Abeille Abeille 1er ph. % 1ère syl. % Autre rép. % Sans rép. %

Pré-test 13 27,7% 0 - 24 51,1% 10 21,3%

Post-test 34 72,3% 0 - 9 19,1% 4 8,5%

En ce qui concerne les résultats pour la carte « abeille », nous voyons que de 13 élèves sur 47 (27,7%), nous sommes passées à 34 élèves sur 47 (72,3%) qui reconnaissent le premier phonème du mot. Ces très hauts résultats pour une notion non travaillée peuvent probablement s’expliquer par le fait que le premier phonème du mot « abeille » est le son « a ». Comme le dit Saada (2006) dans sa recherche, « Il faut noter le cas particulier des mots qui commencent par une voyelle, puisque souvent celle-ci est en même temps syllabe et phonème (comme dans abeille ou animal, mais pas dans antenne) » (p.43). Il est donc normal que, dans les pré-tests et dans les post-tests, nous n’ayons aucun élève ayant reconnu la première syllabe, puisqu’elle correspond au premier phonème.

Le nombre d’élèves ayant donné une autre réponse (la plupart du temps « bzzz » pour le bruit que fait l’abeille) a fortement changé entre les pré-tests et les post-tests. En effet, lors de ces premiers tests, 24 élèves sur 47 (51,1%), c’est-à-dire plus de la moitié de notre population, a donné une réponse autre que 1er phonème ou première syllabe. Cependant, lors des seconds tests, ce nombre est passé à 9 élèves sur 47 (19,1%). Nous postulons que les 15 élèves faisant la différence se sont probablement insérés dans une des deux autres catégories « supérieures », à savoir 1er phonème ou première syllabe. Cependant, certains ont pu également régresser, en ne donnant pas de réponse.

A l’instar de la catégorie précédente, les élèves n’ayant pas donné de réponse aux pré-tests ont été plus nombreux (10 élèves sur 47, 21,3% de notre population) que lors de la phase des post-tests (4 élèves sur 47, 8,5% de notre population). Nous postulons donc la même chose que ci-dessus, à savoir que ces 6 élèves sont passés dans une des trois catégories au-dessus, et ont donc progressé.

La figure ci-dessous représente les résultats des élèves au test du mot abeille.

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Tableau 6.1: résultats à l’épreuve de segmentation phonologique, Lapin

Lapin 1er ph. % 1ère syl. % Autre rép. % Sans rép. %

Pré-test 4 8,5% 9 19,1% 24 51,1% 10 21,3%

Post-test 7 14,9% 22 46,8% 16 34% 2 4,3%

Pour l’épreuve de la carte du « lapin », nous remarquons que l’évolution dans le nombre d’élèves ayant reconnu le premier phonème est une des plus hautes de cette épreuve globale, sans compter bien entendu l’évolution pour la carte « abeille », dont la première syllabe est aussi le premier phonème, comme dit plus haut. En effet, de 4 élèves sur 47 (8,5%) ayant reconnu le premier phonème lors des pré-tests, nous passons à 7 élèves sur 47 (14,9%) lors des post-tests. Trois élèves de plus ont donc reconnu le premier phonème lors de la seconde phase des tests.

En ce qui concerne la reconnaissance de la première syllabe, on voit que de 9 élèves sur 47 (19,1%) pour les pré-tests, nous passons à 22 élèves sur 47 (46,8%) pour les post-tests, soit quasiment la moitié de la population. Ce sont donc 13 élèves en plus qui ont reconnu la première syllabe du mot « lapin » lors des seconds tests.

Les élèves n’ayant donné aucune réponse lors de la première phase de la recherche (10 sur 47, soit 21,3% de notre population) ont diminué de manière significative, passant à 2 élèves sur 47, soit 4,3%. Il y a eu là une évolution certaine, puisque même si ces élèves ne sont pas forcément passés dans la catégorie « 1er phonème », ils ont tout de même progressé, puisqu’ils ont réussi à donner une réponse.

Tableau 6.2: résultats à l’épreuve de segmentation phonologique, Crabe Crabe 1er ph. % 1ère syl. % Autre rép. % Sans rép. %

Pré-test 0 - 7 14,9% 30 63,8% 10 21,3%

Post-test 3 6,4% 28 59,6% 11 23,4% 5 10,6%

Avec les résultats de la catégorie « 1er phonème » de la carte « lapin », ceux de la carte « crabe » sont les plus élevés. En effet, pour la carte « lapin », nous sommes passées de quatre élèves ayant su donner le premier phonème aux pré-tests, à sept élèves ayant su le donner aux post-tests, ce qui fait une augmentation de trois élèves. Pour la carte « crabe », nous sommes passés d’aucun élève ayant reconnu le premier phonème à 3 élèves sur 47 (6,4%) l’ayant reconnu, ce qui fait également une augmentation de trois élèves. C’est avec ces deux cartes que nous avons constaté le plus d’évolution chez les élèves dans la catégorie « 1er phonème ». Avec la carte de la tortue (annexe A10), nous pensons que celle du crabe était l’une des plus difficiles. En effet, les élèves avaient énormément de peine à dégager juste le /k/ et à détacher ce premier phonème du /r/ qui suivait. Au vu des résultats, nous pouvons dire que la plupart d’entre eux n’arrivent pas encore à faire la distinction entre premier phonème et première syllabe.

Lors des pré-tests, 7 élèves sur 47 (14,9%) ont reconnu la première syllabe du mot « crabe ». Lors des seconds tests, ce chiffre est passé à 28 élèves sur 47 (59,6%). Comme dit plus haut, pour ce mot, il était bien plus facile pour les élèves de donner la première syllabe, car il s’agit de l’attaque et c’est elle qui « sonne le plus fort » lorsque le mot « crabe » est prononcé.

Lors des pré-tests, on remarque que c’est dans la catégorie « Autre réponse » que le nombre d’élèves est le plus haut (30 élèves sur 47, soit 63,8%), alors que dans les post-tests, c’est dans la catégorie « 1ère syllabe » qu’on trouve le plus d’élèves (28 élèves sur 47, soit 59,6%). Comme dans tous les autres tests, le nombre d’élèves ayant donné une réponse se plaçant dans les deux dernières catégories, à savoir « Autre réponse » et « Sans réponse », a baissé. Pour le test de la carte du crabe, on trouve la plus grande évolution globale entre les pré-tests et les post-tests dans le nombre d’élèves ayant donné une « Autre réponse » (de 30 élèves sur 47, soit 63,8%, on passe à 11 élèves sur 47, soit 23,4%).

0 10 20 30 40

Pré-tests Post-tests

Figure 24 : Segmentation phonologique ; crabe

Ci-dessus, nous voyons le graphique correspondant aux résultats des élèves aux pré-tests et aux post-tests à l’épreuve « crabe ».

Tableau 6.3: résultats à l’épreuve de segmentation phonologique, Mouton Mouton 1er ph. % 1ère syl. % Autre rép. % Sans rép. %

Pré-test 4 8,5% 10 21,3% 23 48,9% 10 21,3%

Post-test 5 10,6% 26 55,3% 13 27,7% 3 6,4%

Pour la carte « mouton », qui était la dernière du test, on remarque une faible évolution dans le nombre d’élèves ayant réussi à donner le premier phonème : de 4 élèves sur 47, on passe à 5 élèves sur 47.

La plus grande évolution de ce test se situe à nouveau dans la catégorie « 1ère syllabe », puisque de 10 élèves sur 47 (21,3%), nous passons à 26 élèves sur 47 (55,3%), soit 16 élèves de plus.

Comme les autres tests, les deux dernières catégories montrent une régression. Cependant, en faisant un calcul, on s’aperçoit que dans ces deux dernières catégories, entre les premiers et les seconds tests, on a en tout 17 élèves de différence (23-13=10 ; 10-3=7 ; 10+7=17). Dans la catégorie « 1ère syllabe », on trouve une augmentation de 16 élèves, et dans la catégorie « 1er phonème », une augmentation d’un élève, ce qui nous donne 17 en tout. Les 17 élèves se trouvant dans les deux dernières catégories aux pré-tests sont donc passés dans les deux premières lors des post-tests.

Ci-dessous, le graphique résumant les progrès des élèves pour le mot « mouton », qui viennent notion de gain. En effet, après avoir discuté avec notre directrice de mémoire, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de former des groupes de niveaux pour les pré-tests, et d’essayer de savoir ensuite quels élèves ont le plus progressé durant ces premiers cinq mois de leur scolarité.

Pour ce faire, nous avons donc attribué des points à chaque épreuve des tests. Nous voulions former les trois groupes de niveaux suivants : faible, moyen, fort. En attribuant des points à chaque épreuve, il était plus facile pour nous de pouvoir « classer » les élèves dans l’une de ces trois catégories. Nous avons d’abord essayé de classer les élèves suivants leurs réponses aux épreuves, mais c’était très compliqué. En effet, un élève pouvait avoir un bon résultat au premier test, puis un beaucoup moins bon au second, et ainsi de suite. Il nous était très difficile d’opérer un classement de cette façon, c’est pourquoi nous avons décidé d’attribuer des points aux réponses des différentes épreuves, de la façon suivante :

• Logographie : nombre de cartes reconnues et nombre de points

0 carte 1 carte 2 cartes 3 cartes 4 cartes 5 cartes

0 point 1 point 2 points 3 points 4 points 5 points

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