• Aucun résultat trouvé

Le temps du jeu proprement dit débute lorsque les groupes sont prêts à jouer. Les étudiants n’ont pas un modèle à suivre, ils se servent seulement de leur imagination; le texte théâtral va être mis à l’épreuve, chaque étudiant jouant à son tour face à ses camarades, les autres étant témoins de ce premier essai. Cet essai permet de confronter l’imaginaire de l’ensemble des étudiants à une mise à l’épreuve du projet.

Le message que l’enseignant essaie de transmettre est qu’il n’y a pas de honte à jouer, dans le groupe, tout le monde est à la fois acteur et spectateur. Une fois un étudiant est sur scène, personne ne dois le juger ni le corriger. Pendant cette première expérience, puisque les étudiants n’ont pas encore mémorisé leurs rôles, l’enseignant autorise aux étudiants d’utiliser le texte écrit. Le résultat : toutes les prestations étaient médiocres ; la voix des étudiants était très faible, des étudiants qui riaient, d’autres étaient timides. Nous étions obligés d’intervenir en proposant à l’enseignant de suspendre le jeu et de créer une atmosphère de bien-être, un climat propice à l’expression théâtrale.

Pour mettre les étudiants en condition de jeu, une phase de relaxation est nécessaire. Grâce aux formations sur le théâtre en classe de FLE que nous avons effectuées ; la première était à Lyon avec Adrien PAYET, auteur de l’ouvrage : activités théâtrales en classe de langue. Et la deuxième formation avec le groupe DRAMACTION, une « Master Class 10 sur 10 – le théâtre en classe de FLE- ». Cette formation nous a permis d’appliquer la méthode d’apprentissage du français par le théâtre mis en place par le programme 10 sur 10, nous avons acquis les outils pour animer des ateliers pratiques de théâtre en langue française.

Parmi les techniques que nous avons pratiquées durant ces formations : l’échauffement. J-P RYNGAERT montre l’importance de la formation de l’enseignant pour l’application des techniques d’échauffement en disant que :

170

« La mise en train peut être centrée sur l’échauffement corporel. Dans ce cas, elle se caractérise plutôt par son caractère technique et nécessite une formation appropriée du formateur. L’emprunt d’exercices peut s’avérer dangereux s’ils sont réutilisés n’importe comment,(…) il est souhaitable que cet échauffement trouve son sens par rapport aux travaux qui suivent, et qu’il ne reste pas suspendu en l’air, sans qu’on sache très bien à quoi rimait cette dépense d’énergie ».132

L’exercice d’échauffement est donc idéal pour préparer le corps et l’esprit ; il s’agit d’un échauffement physique qui comprend des activités simples comme le fait de demander aux étudiants de marcher dans tous les sens par exemple, comme le souligne M.PIERRE et F. Treffondier :

« tout commence par la position neutre : le participant se tient debout , les bras le long du corps, jambes et bras au repos, détendu, silencieux, regardant devant lui. Cette position de départ précédera tout jeu. A partir de là, tout est possible : le participant se laisse guider par les consignes du meneur du jeu. Ce sont les premiers pas vers l’interprétation »133

Ou encore un travail sur la respiration permettant la détente et la concentration. ; la respiration abdominale aidera les étudiants les plus stressés à gérer leur prise de parole en public : ils apprennent à gérer leur souffle et mieux contrôler le débit et la projection de leur voix. Les étudiants, grâce aux exercices d’échauffement des cordes vocales, ont appris à mieux connaitre leurs organes en parlant forts et projettent leur voix sans crier.

Nous ne pouvons pas nier que nous avons rencontré des problèmes avec des étudiants timides qui se voient bloqués par rapports à leurs camarades qui se sont mis en jeu facilement. Le rôle de l’enseignant dans ce cas, est d’imposer une approche ludique pour dédramatiser l’activité et aider les étudiants à dépasser leurs peurs. Le meneur de jeu ne doit en aucun moment oublier que l’approche théâtrale constitue un outil ludique pour la cohésion du groupe et la prise de parole.

132

RYNGAERT, J-P. (2010), Jouer, représenter. ARMAND COLIN. PP.34-35

133

171

Pendant les répétitions qui se déroulent sur plusieurs semaines, les étudiants mémorisent petit à petit leurs rôles, nous nous contentons d’observer, par contre l’enseignant tente à chaque fois de corriger les erreurs de langage ; étant conscient que son intervention risque de déconcentrer l’étudiant au milieu de son jeu, l’enseignant prend note des erreurs en les écrivant sur le tableau à l’aide d’un tableau comme indiqué ci-dessous.

Apprenant 01 Apprenant 02 Apprenant 03

prononciation Les liaisons Attention au

volume de la voix

Attention aux

lettres finales

interprétation Plus de gestes Parler moins fort Gérer son regard

Il est important de signaler que l’enseignant ne peut pas s’empêcher de corriger spontanément quelques erreurs. Pour éviter que l’erreur phonétique par exemple persiste, l’enseignant procède à une correction systématique soit par le geste ou par la parole carrément. Ces corrections aident l’étudiant à s’autocorriger. Pour éviter les débordements, l’enseignant doit suivre des règles de base avant le début de l’activité qu’Adrien PAYET134

a défini :

Ne pas couper la parole à son partenaire.

Sur scène on joue ; quand on fait partie du public, on écoute en silence.

Jouer un personnage et jamais une personne pour éviter de manquer de

respect aux autres.

Eviter les gestes et mouvements brusques.

Pendant les représentations, nous avons souligné plusieurs comportements provenant surtout des autres étudiants qui regardent et censés être des spectateurs, nous citons quelques exemples ; l’enseignant ne cesse de demander silence pendant que le sous-groupe est sur scène, les autres étudiants bavardent,

134

172

d’autres corrigent les prestations de leurs camarades et d’autres révisent leurs rôles. Il était obligatoire que l’enseignant intervienne pour corriger ces comportements.

Après des répétitions de quatre semaines, les étudiants ont finalement mémorisé leurs rôles, nous les avons filmé dans le but de regarder leur représentation, ce qui nous fait passer à la troisième phase : phase d’exploitation.