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Tableau N° 1: représente les contenus et le volume horaire

Chapitre 2 : Justifier et expliquer

1.2.1 Quel oral enseigner ?

La question qui se pose : quel oral enseigner ? Autrement dit, comment déterminer les objets d’enseignement de l’oral ? L’oral, outil ou objet d’apprentissage ?

Avant de répondre à ces questions, il est nécessaire de mettre la lumière sur les enjeux et les conditions de l’oral. Ce dernier exige un climat de confiance partagé entre l’enseignant et l’apprenant, de même, l’objectif de l’école est de faire de l’apprenant un adulte autonome ; l’enjeu de l’oral pour l’apprenant c’est d’affronter l’Autre, exposer et dévoiler sa personnalité, qualités et défauts confondus tout en mettant en évidence la tâche de l’enseignant. Aude Plaquette

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définit ces tâches comme suit :

- il contrôle davantage la forme que le fond.

- Il incite chacun à écouter et le vérifie en amenant le groupe à des reformulations.

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- Il synthétise régulièrement le contenu oral en proposant des traces écrites, qui attestent pour l’élève d’une progression et d’une finalité.

Naturellement, les tâches évoquées ci-dessus exigent des efforts et des savoirs plus ou moins multiples : quand on a à reformuler un énoncé, les exemples donnés ne sont pas semblables à celles qu’on doit résoudre. Décrire un phénomène complexe et résumer un discours ne supposent pas les mêmes savoirs. Mais, pratiquement tous ces savoirs faire exigent qu’un apprenant soit capable de mémoriser la parole d’autrui, cette compétence n’est pourtant jamais soulignée dans les instructions officielles.

Dans une tentative de donner une réponse à la question : quelle oral enseigner ? Nous commençant d’abord par citer des représentations concernant la notion de l’oral qui découlent des propositions suivantes :

- L’oral consiste à répondre dans un cours. - L’oral exclut les silences.

- L’oral, c’est s’exprimer avec la parole.

- Seuls comptent à l’oral les propos tenus, ce qu’on dit. - L’oral consiste à parler et à écouter.

- L’oral est une communication à plusieurs.

- A l’oral, il faut changer sa façon de parler selon l’interlocuteur. - L’oral est activité indépendante de l’écrit.

- Quand je fais un exposé oral, je dois penser à mes propos et à mes gestes.

Nous avons estimé indispensable d’étendre, dans un premier temps, notre investigation en y présentant les repères définitoires de l’oral en tant que facteur déterminant pour la maitrise du langage. Nous nous sommes permis, en effet, d’emprunter certaines définitions qui répondent largement aux besoins de notre recherche, du moment qu’elles se distinguent par leurs caractères spécifique. Certains didacticiens de l’oral à l’exemple de COLLETTA Jean-Marc (2002) affirme pour sa part que la définition de l’oral suscite des difficultés et parfois même des controverses, dans la mesure où l’éventail de la recherche s’élargie à

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la fois à l’étude du discours, l’interaction, l’échange, la conversation, la pensée et le langage. Le même auteur affirme que :

« Maitriser l’oral, c’est d’abord savoir prendre la parole, écouter autrui et être pertinent dans ses propos, savoir raconter, décrire, expliquer et défendre son point de vue (…) maitriser l’oral c’est aussi savoir adapter son langage en fonction des interlocuteurs et des situations »

Christian Degache25 résume les travaux de J-F. Halté et M. Rispail autour de l’oral, ces auteurs, en tentant de donner une définition au terme d’oral, prennent appui sur une définition anthropologique pour clarifier la polysémie de la notion d’oral à travers la prise en compte de trois critères fondamentaux de l’oralité :

- le fait que l’oral suppose une acquisition naturelle

- le rôle déterminant du contexte dans la construction du sens en situation de communication tout au long de l’acquisition

- la primauté de la dimension interactive

Il est question donc d’interroger les fondements d’une didactique de l’oral et de repenser l’idée du choix des objets à enseigner les compétences orales ; des questions sont alors nécessaires comme :

« faut-il travailler l’ « oral spontané » des échanges quotidiens, en mettant en place des situations de communication aussi authentiques que possible, ou une parole publique plus formelle et formalisée ? Doit-on privilégier des objets langagiers censés servir dans des situations correspondant aux besoins immédiats de l’apprenant ou prendre de la distance par rapport à ces pratiques quotidiennes, les analyser, voire même esquisser une « grammaire de l’oral » ? Code linguistique de la langue parlée, oral

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DEGACHE,C. (2005), « L’oral dans la classe. Compétences, enseignement, activit »é , Lidil [En

ligne], 32 | 2005, mis en ligne le 18 juillet 2007, consulté le 30 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/lidil/122

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pragmatique et acte de parole, dialogues préconstruits, conduites langagières (justifier, reformuler, expliquer, etc.) »26

Le problème de l’oral à enseigner exige ainsi une clarification et une distinction entre :

- l’oral comme moyen apprentissage

- l’oral comme objet d’apprentissage

L’oral est considéré comme outil d’apprentissage lorsque l’importance est accordée au contenu d’une discipline ; il s’agit pour l’apprenant de présenter un exposé en français pour une matière d’histoire par exemple. L’oral devient objet d’apprentissage si les pratiques langagières de l’apprenant en classe de langue donnent lieu à des observations ou des analyses faites par l’enseignant en vue d’améliorer la qualité de ces pratiques langagières.

« Bien que l’oral en tant qu’objet d’enseignement soit plus difficile à cerner pour les enseignants, il s’avère tout à fait nécessaire. D’abord, le fait de considérer l’oral comme objet d’enseignement favorise l’élaboration de stratégies d’enseignement et de moyens didactiques pour éviter qu’il reste attaché à l’écrit. »27

Il existe des situations d’enseignement consacrées exclusivement à l’oral par exemple celles dans lesquelles on apprend la lecture à haute voix, à maitriser les règles de communication, bref, à utiliser au maximum sa voix. Autour de cette problématique J-F. Halté et M. Rispail ajoutent :

« penser la question de l’enseignement et de « l’enseignabilité » de l’oral dans l’autre sens : non pas seulement affirmer qu’il faut ou qu’il ne faut pas l’enseigner, non pas non plus se demander comment caser l’oral (et quoi dans l’oral) concerne le français et d’autre part comment reconfigurer la

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Roxane Gagnon et.al. « L’oral aujourd’hui : perspectives didactiques » in recherches en didactique du français. N° 9. 2017.p 14

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PELESSIS, G, Bélair, Lafontaine, L, Bergeron, R. (2007), « la didactique du français oral au Québec

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matière de façon à ce qu’elle intègre dans la cohérence les problématiques pertinentes issues de l’oral » 28

La tâche qui consiste à distinguer ces deux facettes de l’oral ; oral objet d’étude et oral outil d’apprentissage nous semble difficile à réaliser. En utilisant la parole en classe, l’enseignant vise un savoir à transmettre ou découvrir ou construire, que l’objectif soit un savoir concernant l’oral lui-même ou bien un autre objet d’apprentissage. Autrement dit, l’oral peut être travaillé dans n’importe quelle situation scolaire mais ce qui est primordial pour les apprenants c’est le fait de faire la part du savoir en jeu et du savoir langagier.

Pour améliorer et développer les pratiques langagières en classe, l’enseignant fait recours à plusieurs types d’interactions orales. Tout d’abord un oral pragmatique qui a pour objectif de développer les capacités des élèves en matière de communication et d’analyse comme l’enseignement des actes de parole (exprimer un souhait, poser une question, accepter un compliment,…