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Tableau N° 2 : différence entre la langue orale et la langue écrite

1.3.2 Le jeu social

Il s’agit des accents régionaux, des accents sociaux, des registres de langue et des implicites culturels

Les accents régionaux : les français parlent avec des accents différents, un étranger qui arrive en France percevra une langue tantôt chantante, tantôt pointue en se déplaçant d’une région à l’autre. A paris, il existe un éventail d’accents :

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l’accent « pied-noir », c'est-à-dire celui des français d’Algérie, l’accent « beur », caractéristiques de certains jeunes français d’origine maghrébine…

Les accents sociaux : on distingue l’accent « BC-BG » (bon chic-bon genre) des classes sociales du 16ème arrondissement de Paris ou de Neuilly et l’accent des jeunes des quartiers populaires de certaines banlieues

Les registres de langue :

Il est évident qu’on ne s’adresse pas de la même façon à un supérieur hiérarchique, à un ami. Au ce n’est qu’au début des années 60 qu’on a commencé à travailler sur les registres de langues, avec l’avènement des méthodes audio-visuelles qui prônaient un enseignement centré exclusivement sue l’oral pendant plusieurs dizaines d’heures avant d’envisager le passage à l’écrit. L’accent était pour la première fois mis sur l’apprentissage par l’élève d’une langue courante. Le matériau lexical était dispensé en fonction des listes de vocabulaire établies suite à l’enquête du Français Fondamental. L’excellent tableau ci-après illustre la problématique qui se posait aux méthodologues de l’époque. Il convenait d’enseigner d’abord une, langue courante passe-partout. Puis, de glisser progressivement vers d’autres niveaux au fur et à mesure de la compétence linguistique de l’apprenant.35

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50 Figure N° 1 :la compétence linguistique de l’apprenant

1.3.3 Le corps

L’analyse des pratiques d’enseignement de l’oral, d’une manière générale, montre des résistances des enseignants vis-à-vis de la dimension corporelle par rapport aux autres dimensions ; certains évoquent un manque d’expertise et de formation artistique et théâtrale qui pourrait combler ces lacunes.

Or, le corps et la voix constituent des dimensions clés de l’expression orale. L’expression non verbale est définit comme :

« l’ensemble des signaux visuels et kinésiques produits par le locuteur au cours de la communication parlée, et plus précisément des conduites posturo-mimo-gestuelles occupant la parole » 36

Nous pouvons citer comme exemple de ces conduites les regards, la posture, les expressions faciales, la gestualité et l’apparence physique sans oublier les conduites de toucher et la gestion de la distance ; en France par exemple, un haussement d’épaule peut exprimer le doute ou le désintérêt. Or, un même geste

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COLLETTA, J.-M. (2004). « Le Développement de la parole chez l’enfant âgé de 6 et 11 ans : corps » langage et cognition. Sprimont, Mardaga.p.75

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peut avoir une autre signification totalement différente selon les cultures et variera aussi selon les situations de communication et le statut social du locuteur :

« le geste de la main, l’expression du visage et la posture du corps sont également soumis à l’orientation et structurés par elle ; « les mauvaises manières » reflètent l’absence de prise en compte de l’interlocuteur, la méconnaissance du lien social et hiérarchique qui existe entre le locuteur et l’auditeur, l’habitude, souvent inconsciente, de ne pas modifier l’orientation sociale de ses énoncés qu’ils soient exprimés par la parole ou par le geste – alors que les conditions sociales de l’auditoire se trouvent modifiées »37

Généralement, le locuteur ne peut pas contrôler ses différentes expressions faciales, ces dernières donnent des indications sur son état et ses motivations, de même pour les auditeurs, eux qui disposent de plusieurs moyens non verbaux pour régir au discours du locuteur, il devient alors très important d’y prêter attention pour pouvoir adapter son discours. R.Gagnon ajoute :

« Le traitement du corps constitue l’un des principaux défis de l’enseignement de l’expression orale : l’implication de l’ensemble de la personne et la difficile délimitation de ce qui appartient à la sphère publique (dans notre cas, scolaire) et ce qui relève de la sphère privée. Il est notamment difficile de travailler le positionnement de soi face à autrui, la prise en compte de l’autre à l’aide d’un enseignement magistral ou de travaux individuels. »38

La prise en compte de la dimension corporelle de l’apprenant en classe de FLE et pour la didactisation de ce genre oral, il convient de dire qu’il est important d’étudier la sphère privée et intime de l’apprenant en évitant de porter des

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OLOCHINOV, V.N. ([1930] 1981). « La structure de l’énoncé ». In T. Todorov, Mikhaïl Bakhtine. Le principe dialogique (Paris : Seuil.p 300

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GAGNON, R.et.al. (2016). « corps et voix : quel travail dans la classe de français du premier cycle du

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jugements subjectifs qui risquent de bloquer la prise de parole chez l’apprenant, comme l’explique cette citation :

« le genre préfigure les actions langagières possibles, car « sa maitrise au moins partielle est la condition langagière ». Certains gestes ont une valeur spécifique argumentative : le haussement des sourcils ou certaines mimiques réfuteront, voire discréditeront les propos de l’allocutaire du débat. Dans un entretien d’embauche, o, évitera de se tenir les bras croisés, car cela peut dégager une attitude de défi ou deb fermeture ; de même, un dénit trop rapide ou un ton arrogant discréditeront le candidat ».39

Le corps ou plus précisément, la dimension corporelle comme spécificité de l’oral constitue le noyau de notre travail de recherche qui s’articule autour des deux volets : théâtre et oral, les différentes caractéristiques de l’oral se manifestent à travers le corps, ce qui rend la tâche de l’évaluation difficile. Donc, il serait judicieux d’élaborer une grille d’observation mobilisant les différentes composantes abordées, et il serait encore idéal si cette grille est élaborée en classe par l’enseignant et ses apprenants.

Le plus grand intérêt dans la pratique théâtrale en classe de langue est de faire intégrer l’aspect ludique et culturel.

« L’enseignement d’une langue au moyen de la pratique théâtrale fait en sorte que l’apprentissage ne passe pas seulement par les mots, mais par un certain nombre d’aspects qui comprennent tout autant le corps, la voix, ainsi que l’environnement culturel et sémiotique dans lequel toute action intervient »40

Pour montrer l’importance du travail corporel dans le déblocage de la parole Gisèle PIERRA ajoute :

« le texte (…) va donner matière à travailler son corps en jouant et servira de médiation à toutes les formes relationnelles en présence. C’est donc le corps créatif et émotionnel autorisé par l’expressivité esthétique qui

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idem. P.8

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ALIX, C.et al. (2013), « Didactique du français langue étrangère par la pratique théâtrale », Chambéry, Université de Savoie.p.8

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plongera l’étudiant dans un rapport profond à lui-même et à ses potentiels, grâce à la protection permise par la création du personnage, inducteur d’une altérité indispensable à l’expression en train de se libérer. »41

D’après G.PIERRA, la question du corps et du sujet parlant dans la reconquête de son expression permet d’avancer la proposition de la création esthétique de la parole et du geste comme expérience qui fait révéler le sujet dans la langue étrangère.

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1.4 Les genres formels de l’oral

Suzanne-G. Chartrand, et al, dans leur ouvrage intitulé « caractéristiques des 50 genres pour développer les compétences langagières en français » définissent le genre en faisant référence aux travaux de J-M Adam, aux théoriciens du cercle Bakhtine et aux travaux de l’équipe de Genève ( Bronckart, Dolze, Noverraz et Schneuwly) qui mettent l’accent au premier plan sur l’aspect social des productions langagières, comme :

« un ensemble de productions langagières orales ou écrites qui, dans une culture donnée, possèdent des caractéristiques communes d’ordres communicationnel, textuel, sémantique, grammatical, graphique ou visuel et/ou d’oralité, souples mais relativement stables dans le temps »42

La question des genres d’oral à enseigner en classe a toujours été l’une des préoccupations majeures des spécialistes de l’oral, ainsi affirme Catherine KERBRAT-ORECCHIONI :

« pourtant que les productions orales relèves elles aussi de « genre » divers, c'est-à-dire se distribuent en « familles » constituées de productions variées mais présentant un certain « air de famille ». Cela est attesté par l’existence de nombreux termes que la langue met à la disposition des usagers pour caractériser tel échange particulier comme étant une conversation, une discussion ou un débat, un bavardage ou un marchandage, une interview, un entretien ou une consultation, un cours ou un discours, une conférence ou une plaidoirie, un récit ou un rapport, confidence ou une dispute, etc., l’hétérogénéité d’une telle liste (…) confirmant la remarque de Mainqueneau dans laquelle se trouvent mêlés genres d’écrit et d’oral »43

L’objectif de notre travail ce n’est pas l’étude de l’oral informel, c'est-à-dire l’oral utilisé en dehors de la classe, c’est plutôt l’oral présent dans la classe qui

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CHARTRAND, S. (2015), Caractéristiques de 50 genres pour développer les compétences

langagières en français. Québec : Didactica, c.é.f.; en ligne : www.enseignementdufrancais.fse.ulaval.ca.p.3

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KERBRAT-ORECCHIONI, C. (2004), « types d’interactions et genres de l’oral » in Langage. 2004 N° 153. P.41

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est enseigné à travers diverses activités. Le rôle de l’école c’est d’amener les élèves à dépasser les formes de productions langagières qu’ils maitrisent quotidiennement en dehors de la classe pour les confronter à d’autres formes formelles ou institutionnelles. Pour améliorer et développer les pratiques langagières en classe, l’enseignant fait recours à plusieurs types d’interactions orales, ces types ou genres impliquent des modes de gestion médiatisés et exigent une anticipation et nécessitent une préparation. Parmi ces genres oraux nous pouvons citer :

- L ‘exposé oral - L’interview - Le débat régulé

- La lecture expressive ou théâtrale