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Phase 5 Identification et mise en relation des processus associés à la résilience

CHAPITRE 2 : Méthodologie de la recherche

2.2 L‘analyse des données

2.2.6 Phase 5 Identification et mise en relation des processus associés à la résilience

ultérieurement les « reconstruire » en leur donnant sens. C‘est ici, dans cette phase 5, que cette reconstruction du discours des participants, selon les domaines de transitions choisis et les autres défis adaptatifs prend forme. La phase 5 est dans la continuité du codage théorique (Glaser, 1978) et met particulièrement à profit la rédaction de mémos telle que conçue par Charmaz (2006) qui mentionne leur utilité pour augmenter le niveau d‘abstraction des idées de l‘analyste en relation aux codes et catégories.

Cette phase vise donc l‘identification de processus qui s‘associent à la résilience telle qu‘elle a été définie précédemment, tout en étant guidée par certains concepts théoriques : la définition de la situation, la négociation et la présentation de soi. Pour reprendre la formulation de la question de recherche, elle cherche « quels processus s‘associent à la résilience pour permettre d‘orienter positivement l‘adaptation et la définition de la situation ». À la différence des phases précédentes qui codaient directement les extraits de verbatim ou recodaient des codes déjà présents, c‘est la rédaction de mémos et le codage de ces mémos qui ont été au centre de cette phase 5.

Basé sur l‘idée de négociation, cette phase a cherché à comprendre comment les jeunes négocient les normes et critères d‘adaptation pour arriver à une définition positive de

58 Pour faire référence à la résilience, les écrits mentionnent la nécessité d‘une adversité importante qui doit

être jugée comme telle. Ici, les jeunes ont été recrutés sur la base d‘un jugement à propos de cette adversité importante. Parlerait-on de résilience dans un discours rejoignant la définition proposée chez n‘importe quelle personne? Ce sera un objet de discussion qui fera suite à la présentation des résultats.

la situation et à une présentation positive d‘eux-mêmes. C‘est ainsi qu‘il a fallu d‘abord explorer les critères d‘adaptation négociés, évoqués plus ou moins explicitement, et servant à définir positivement leur adaptation; elle-même conceptualisée à partir d‘une appréciation positive de leur vie et une présentation positive d‘eux-mêmes. Quelles sont les critères importants sur lesquels se base l‘appréciation? Où et comment se positionnent les participants en relation à ces critères? Comment cette négociation permet-elle d‘orienter positivement la définition de la situation?

Des procédures ont été mises en œuvre pour répondre à ces questions et éventuellement mettre en lumière divers processus associés à la résilience. Elles visent directement l‘analyse des énoncés appréciatifs et, au besoin, des énoncés descriptifs liés de près ou de loin aux précédents. Ces procédures peuvent être résumées ainsi : 1) examen attentif de tous les énoncés appréciatifs (positifs ou négatifs) par domaine de transition et autre défi adaptatif; 2) dégagement des critères d‘appréciation positive ou négative et; 3) réexamen des énoncés appréciatifs par domaine de transition choisi et autre défi adaptatif en vue d‘analyser, chez chaque participant (un mémo par participant), la dynamique qui s‘installe entre les appréciations positives et négatives de leur situation et vis-à-vis différents critères d‘appréciation pour faire ressortir les processus permettant d‘orienter positivement la définition de la situation.

Techniquement, un grand tableau a été créé (sous forme de tableur) dans lequel chacune des lignes correspond à un code brut (phase 2) différent. À chacun de ces codes bruts correspond un domaine de transition ou un autre défi adaptatif, une catégorie thématique (phase 3), un code théorique (phase 4) ainsi que, pour les codes appréciatifs uniquement, les critères d‘appréciation (phase 5). Le tableau contient aussi une indication laissant voir si un code brut est associé ou non au verbatim de l‘un ou l‘autre des 18 participants. Ce tableau est illustré en Annexe G par les mêmes codes bruts utilisés au Tableau 6 qui montre en exemple quelques critères d‘appréciation. Ce tableau a permis de visualiser l‘appréciation en lien avec un critère spécifique. Il a aussi facilité les comparaisons des appréciations positives et négatives d‘un même participant ou l‘appréciation entre participants.

Tableau 6. Exemple des critères d‘appréciation associés aux quelques codes bruts du logement

Codes bruts Niv. Critères d’appréciation

Devoir quitter ses ami-e-s N1 –

Changer de familles N1 –

Famille d‘accueil qui permet d‘être logé un mois

de plus N1 –

Déménager avec conjoint et colocataire N1 –

Retourner chez sa mère N1 –

Vouloir l‘autonomie en logement N1 –

Difficultés de quitter et de trouver des ami-e-s N2 Présence d'un réseau de pairs Insatisfaction vis-à-vis de la trop grande mobilité

en logement N2 Sécurité/ stabilité

Satisfaction de changer d‘appartement N2 Cohabitation harmonieuse Satisfaction de la prolongation de 1 mois en

famille d‘accueil N2 Transition harmonieuse

Être capable de bien s‘adapter au changement de

ville N2 Confort ou esthétisme

Vivre en cohabitation et habiter avec colocataires N1 – S‘installer dans son appartement avec conjoint (et

colocataire) N1 –

Difficultés antérieures de colocation N2 Cohabitation harmonieuse Satisfaction d‘habiter avec conjoint N2 Temps partagé de qualité Satisfaction vis-à-vis de la relation de colocation N2 Cohabitation harmonieuse

Plus spécifiquement et au-delà de ces précisions techniques, différentes dynamiques et types d‘interaction ont été explorés : entre différents critères d‘appréciation, entre les appréciations positives et négatives, et entre les domaines de transition ou autres défis adaptatifs ayant généré, ou non, une grande appréciation. Différentes comparaisons ont aussi été effectuées : conditions extérieures similaires chez participants différents, domaine de transition ou autre défi adaptatif ayant généré une appréciation positive par rapport à d‘autres ayant généré une appréciation négative ou aucune appréciation, objets d‘appréciation différents (soi-même, des conditions extérieures) et méthodes d‘appréciation (en exprimant une satisfaction, une insatisfaction, une difficulté, un optimisme, une fierté, une capacité ou en se comparant à d‘autres, etc.).

À toute cette procédure, se sont ajoutés des mémos rendant compte du cheminement réflexif de l‘étudiant-chercheur concernant les critères d‘appréciation, les processus de

négociation et la définition de la situation. À mesure que progressait l‘analyse, des éléments de ces mémos ont été transformés en codes reflétant au mieux le résultat attendu, à savoir les processus qui s‘associent à la résilience. Une fois ces nouveaux codes disponibles, un mémo par participant a été rédigé dans lequel des notes (incluant des hyperliens vers des extraits de verbatim ou des codes bruts) ont été systématiquement prises pour chacun des domaines de transition ou autres défis adaptatifs. Ces mémos visaient à situer chacun des jeunes quant à leur façon de définir positivement leur situation en regard des différents domaines de transition choisis ou autres défis adaptatifs. Ces mémos ont été codés selon les nouveaux codes désignant les processus recherchés : les « processus associés à la résilience » qui sont devenus les grandes catégories théoriques expliquées dans les résultats.

Avant la présentation des résultats, le prochain point présente une synthèse des cinq phases d‘analyse.