5.5 Cas d’un sol cohésif : mélange sable-kaolin
5.5.4 Phase de chargement de surface
Pour provoquer la rupture de la couche de sol pontant la cavité, une surcharge a été
appliquée en surface au centre de la cavité. La mode de chargement est similaire à celui
adopté pour le cas d’un sol granulaire (cf. Figure 3.30, Chapitre 3), c’est-à-dire l’utilisation
d’une dalle de chargement de section carrée de 15 cm de côté. La procédure de chargement
consiste à mettre en place la dalle de chargement en acier de 5 kg, sur laquelle des plaques en
acier respectivement de 10 kg, 20 kg et 20 kg sont appliquées successivement.
• Description de la rupture d’une couche de sol cohésif
La rupture de la couche de sol cohésif est survenue pour une charge de 55 kg, soit une
contrainte de 24,5 kPa. La rupture est brutale, elle engendre un affaissement localisé restreint
à la surface de chargement. Les tassements de surface sont respectivement de 35 et 46 mm
pour SK1 et SK2 (Figure 5.25).
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Figure 5.25. Zone d’effondrement de la couche de sol cohésif suite à un chargement de surface
Après un déblayage soigné, les observations montrent que le volume de sol effondré est
approximativement une pyramide tronquée de hauteur H ayant une base égale à la dimension
de la cavité (50 cm x 50 cm) et dont la partie supérieure est une surface carrée de 15 cm de
côté (Figure 5.26).
Figure 5.26. Géométrie de la zone effondrée de la couche de sol cohésif après application d’une surcharge de 55 kg en surface
• Evolution de la déformée du RG
La rupture brutale de la couche de sol sous chargement, entraine une chute immédiate de la
distance entre les vérins et le RG, la flèche du RG au centre de la cavité augmente
respectivement de 6,3 et 5,3 mm (flèche sous poids propre du RG après abaissement des
vérins), à 54,6 et 58,6 mm pour les deux essais SK1 et SK2 (Figure 5.27). On note que le
glissement horizontal moyen aux bords de la cavité pour SK1 et SK2 est respectivement de 2
mm (des deux côtés de la cavité) et 0,75 mm (0,5 et 1 mm pour chaque côté de la cavité).
Figure 5.27. Evolution : (à gauche) de la distance radar R4/ géosynthétique, (à droite) de la déformée du géosynthétique après la rupture de la couche de sol cohésif sous chargement de surface
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Après effondrement, la surcharge appliquée en surface est ôtée. Lors de cette phase de
déchargement, une diminution significative de la flèche maximale du géosynthétique est
observée (de 7,6 et 6,0 mm pour SK1 et SK2 respectivement). La déformée du RG sous le
seul poids de la partie de sol effondré est présentée sur la Figure 5.28.
Figure 5.28. Déformée au droit de la cavité du RG après déchargement du sol cohésif
La comparaison entre les déformées du RG lors des essais avec le sable de Fontainebleau
et le mélange sable-kaolin (réalisés dans les mêmes conditions géométriques et de chargement
soit 55 kg), montre que les deux profils n’ont pas la même allure générale (Figure 5.27 et
Figure 5.14). La déformée aplanie du géosynthétique dans le cas du sol cohésif correspond
bien au développement d’une rupture par blocs qui viennent solliciter de manière ponctuelle
le géosynthétique.
L’évolution de la déformée maximale au centre de la cavité du géosynthétique dans le cas
d’un sol granulaire et d’un sol cohésif est comparée, pour les différentes étapes de
l’expérimentation sur la Figure 5.29. Il est bon de noter que les évolutions de la déformée ne
sont pas les mêmes pour les deux essais : une évolution progressive de la flèche est observée
pour l’essai avec le sable alors qu’elle est brutale dans le cas du sol cohésif. De plus les
déformées au centre du géosynthétique dans le cas du matériau cohésif sont toujours
inférieures à celles obtenues avec le sable, même après déchargement.
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Figure 5.29. Comparaison de la flèche maximale du géosynthétique pendant les différentes phases des essais de chargement dans le cas d’un sol granulaire (SF) et cohésif (SK)
• Evolution de l’état de contrainte
L’évolution de l’état de contrainte dans les zones d’ancrage pendant la phase de
chargement est présentée sur la Figure 5.30. Pour une surcharge inférieure à celle de la
rupture (moins de 55 kg), les capteurs C2, C3 et C4, les plus éloignés de la cavité, à une
distance X = 57, 62 et 46 cm respectivement, n’ont pratiquement pas détecté d’augmentation
de contrainte. Le chargement appliqué au centre de la cavité, se reporte principalement sur le
pourtour de la cavité.
Les capteurs C7, C8, C10 et C13, les plus proches de la cavité, ont mesuré une
augmentation relativement progressive et constante de la contrainte verticale, jusqu’à
atteindre une valeur limite.
Le report de charge le plus important (donné par rapport à l’état initial de contrainte
théorique) a été mesuré par le capteur C8, situé au milieu du bord de la cavité à une distance
X= 25 cm. Une augmentation de contrainte de 720 % a été constatée. Les deux capteurs C7 et
C13, symétriques par rapport au bord de la cavité, ont pratiquement mesuré le même
accroissement de charge, correspondant au triple de la valeur initiale après l’abaissement des
vérins, soit 331% et 301% respectivement.
Dès que l’on s’éloigne des bords de la cavité, l’accroissement de contrainte est beaucoup
plus faible puisqu’il a été mesuré à 164 % sur le capteur C10 à 5 cm du bord de la cavité (X
=30 cm). La surcharge appliquée au centre de la cavité, semble comme précédemment
majoritairement reportée sur les quelques centimètres des bords de la cavité.
Pour une surcharge de 55 kg, la couche de sol cohésif s’effondre. La rupture de la couche
de sol provoque une chute immédiate des contraintes sur les différents capteurs, en particulier
ceux les plus proches de la zone d’effondrement. Les capteurs les plus influencés par la
rupture du sol sont les capteurs C8 et C10 situés dans l’axe de la cavité, où la contrainte
résiduelle atteint pratiquement une valeur nulle. Ces mesures sont cohérentes avec les
observations de la forme de rupture présentées sur la Figure 5.26. La faible augmentation des
contraintes sur les capteurs C2, C3 et C4, peut s’expliquer par une réorganisation des champs
de contraintes après la rupture de sol au droit de la cavité.
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Figure 5.30. Evolution de l’état de contrainte pendant le chargement de la couche de sol cohésif
• Analyse des mécanismes de transferts de charge au droit de la cavité : cas du sol
cohésif
Le mécanisme d’effondrement en blocs obtenu à la Figure 5.27 est assez proche de celui
proposé par Huckert (2014) qui assimile l’action du bloc effondré sur la nappe à deux forces
ponctuelles 2P, dont l’intensité est fonction du poids de sol effondré sur la nappe et de la
surcharge en surface, distantes d’une certaine longueur fonction de la géométrie du problème
et des caractéristiques mécaniques du sol de remblai (Chapitre 2).
En se basant sur les observations expérimentales lors de la rupture de la couche de sol
cohésive, une forme de pyramide tronquée a été proposée pour décrire la géométrie du
volume de sol effondré (Figure 5.31). Le bloc de sol après sa chute sur le RG se décompose
principalement, en trois parties A, B et C, dont la principale (A), présentée sur la Figure 5.26,
est située juste en dessous de la zone de chargement. Le poids des deux parties de sol B et C
sur le RG aux bords de la cavité sont supposée négligeables par rapport à l’intensité de la
sollicitation induite dans la partie centrale de la cavité par la surcharge à la rupture 𝑝 =
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Figure 5.31. Géométrie proposée pour décrire la forme du bloc de sol cohésif effondré sur le RG
Afin de tenir compte des observations expérimentales pour l’évaluation des déformations
et des déplacements du géosynthétique, on supposera que le poids du bloc A de sol effondré
(4,5 kg) et la charge p de surface à la rupture (55 kg) sont transmis au RG sans aucun report
de charge.
On admettra également que la charge transmise au RG est reprise en totalité par une bande
de renforcement de largeur 0,15 cm (nappe ancrée dans une seule direction) soit une charge
totale par mètre de large de 59,5 x 9,81/0,15= 3,9 kN/m.
Le déplacement horizontal U
Aen bordure de cavité est supposé égal à sa valeur
expérimentale moyenne mesurée aux bords A et B de la cavité (2 et 1,5 mm respectivement).
Les valeurs des paramètres d’entrée, déduits à partir des observations et des mesures
expérimentales, nécessaires pour l’adaptation du modèle de Huckert (2014) sont résumées
dans le Tableau 5-5. Les équations d’équilibres correspondant au modèle de Huckert (2014)
sont rappelées aux Chapitres 2 et 4.
Tableau 5-5. Paramètres d’entrée nécessaires à l’application du modèle de Huckert (2014), déduits des observations et des mesures expérimentales
Paramètres J*
(kN/m)
𝟐𝒍
(m) 2P (KN/m) UA / UB (mm) Valeur170 0,15 3,9 2/1,5
* RG monodirectionnel de raideur 𝐽 = 𝐽𝑠𝑝 = 𝐽𝑠𝑡
La solution analytique de la déformée du RG est comparée à la Figure 5.32 aux résultats
expérimentaux. Comme pour les expérimentations en 2D à la trappe, et malgré sa simplicité,
l’approche analytique de Huckert (2014), adaptée selon les observations expérimentales en
termes de longueur de diffusion et de report de charge, donne une approximation raisonnable
pour dimensionner un RG dans le cas d’un sol cohésif effondré.
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Figure 5.32. Comparaison des résultats expérimentaux et analytiques du modèle de Huckert (2014) modifié, pour la déformée du RG au droit de la cavité dans le cas d’un sol cohésif
La Figure 5.33 résume l’évolution de la flèche maximale du renforcement géosynthétique
au droit de la cavité en fonction du chargement en surface en comparaison avec les
estimations analytiques du modèle adapté de Huckert (2014).
Figure 5.33. Comparaison des résultats expérimentaux et analytiques de la flèche maximale du géosynthétique en fonction du chargement p en surface dans le cas du mélange sable - kaolin
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