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DANS LES CULTES AFRO-BRÉSILIENS

2. LES MÉTHODES DE SOINS DES DIVINS THÉRAPEUTES

2.4. Le phénomène de transe

é (et c'est le péril que j'évoquais avant d'aborder

térie. Le terme d'"hystérie" est resté longtemps ssocié à la définition de la transe et on considérait alors le phénomène

comme trace de

cette vis du début

de notre

Ainsi, u de Nina

Rodrigu tion des

termes

muito complexo, ligado à varios estados morbidos

Si, comme le souligne Schott Billmann (1977), la transe est "un phénomène

religieux universel", il n'en reste pas moins vrai qu'on la rencontre très peu

dans nos sociétés occidentales et qu'elle est, de ce fait, mal comprise, mal interprétée.

On ne peut aborder le phénomène de transe sans tenter d'en donner une définition et il n'est pas ais

cette partie) de passer d'une vision pathologique du phénomène à une approche thérapeutique.

2.4.1. Perception et tentative de définition de la transe

Nina Rodrigues étudiant les cultes afro-brésiliens (1935), la traitait comme étant une manifestation d'hys

a

étant un dérèglement pathologique individuel. On retrouve la ion pathologique de la transe dans de nombreuses études siècle.

n bref passage de Ramos (1988), se référant aux écrits es, laissé non traduit pour le simple plaisir de l'énuméra "médicaux" employés :

A possessão espirita fetichista é um fenomeno

. Pode ser aguda ou crônica. No primeiro caso, nas formas paroxysticas, transitorias, temos aqueles processos, afins da histeria, onde se verificam os mecanismos motores de reação ancestral : "tempestade de movimentos" (as convulsoes classicas) e "reflexo de imobilização" (estado cataleptoïdes), e formas hypnonoïcas de pensamento, magico-catatymicas, comuns da histeria, dos estados somnambulicos, hipnoticos, oniricos, eschizofrenicos, com modificações da conciência e da personalidade. Nos casos sub-agudos e cronicos, as perturbações

demonopaticas e mediumnopaticas acham-se ligadas ao automatismo mental, e vão desde os fenomenos xenopaticos simples até aos delirios mais complexos"

(p.198).

Nul n'est besoin d'en comprendre le sens profond pour reconnaître les uelques termes dans le discours qui laisseraient plus penser à un traité de

médecin omène culturel. Il est

rai que Ramos était psychiatre de formation.

ien que toujours considéré négativement, il semble que le qualificatif de

a définition donnée par Herskovits (1967) correspond sans doute mieux à la

cifique, la réaction correspondante apparaît, parce que l'individu a été

q

e ou de psychiatrie qu'à une analyse d'un phén v

Peu à peu, on a commencé à parler "d'hystérie cultivée" : on apprend donc à "ne plus se contrôler" !!...

B

"cultivé" modère quelque peu les a priori dévalorisants de la perception de la transe.

L

conception que l'on a de la transe aujourd'hui.

Il reprend, en quelque sorte, les théories de stimuli-réponses développées par Pavlov expliquant que :

"Ce processus psychologique se définit très clairement par l'expression d'un réflexe conditionné selon lequel, chaque fois que se présente une stimulation spé

habitué (par sa culture) à se comporter de cette manière en réponse au signal conventionnel. Dans ce processus, il n'y a rien d'anormal, au contraire"...

On retiendra : "dans ce processus, il n'y a rien d'anormal"...

anse relève, dans la grande majorité des as, d'un apprentissage - sauf cas rarissimes qui ont été cités de santo bruto. Elle est

reprodu Bastide

"une liturgie corporelle admirablement réglée [...] une On ne peut nier maintenant que la tr

c

la réponse à un signal et représente plus une assimilation et la ction d'un langage culturel qu'une déviance pathologique.

(1972) la définit, d'une manière assez lyrique, comme étant :

véritable partition des relations interindividuelles dont les mythes ancestraux seraient les chefs d'orchestre" (p.56).

Une transe ne peut survenir à n'importe quel moment, sans un (ou plusieurs) stimuli précis et non modifiables. C'est, sans aucun doute, ce qui différencie

transe de l'hystérie.

que dont la finalité est la possibilité de ommuniquer avec le sacré et permettre un échange avec les "dieux" ou

a-ordinaire puisqu'il permet la communication avec le divin.

ultes.

étranger s'était substitué à lui".

me :

personnalité, des hallucinations visuelles et psychomotrices, des troubles cenesthésiques".

On remarque que si le premier cas relève de la médiumnité, le second est pathologique. En outre, l'évocation du "démon" fait référence à une conception purement chrétienne du phénomène.

la

Comme le souligne très justement Schott Billmann (1977) : "la transe est le résultat d'un codage culturel". Ce "codage" est avant tout une techni

c

entités divines, dans le cas qui nous intéresse.

Ainsi, la transe est, comme la divination, un moyen de dialogue, si ce n'est, qu'au lieu d'utiliser les buzios ou autres instruments, on se sert du corps de l'homme - comme alphabet - pour transmettre les messages divins.

Il ne s'agit donc pas d'un "dérèglement" individuel de la personne mais d'un événement qui mobilise toute la communauté et qui est même extra-social, voire extr

Il semblerait également nécessaire de tenter une distinction entre "transe" et "possession" alors que l'un et l'autre sont abordés comme étant un seul et même phénomène, y compris dans les c

Un dictionnaire courant définit la transe comme "un état d'hypnose" ou encore :

"l'état du médium dépersonnalisé comme si l'esprit

La possession est décrite com

"une forme de délire dans lequel le malade se croit habité et dirigé par une force occulte, par un être surnaturel et spécialement un démon et qui porte un sentiment de dédoublement de la

A ce niveau, il est plus intéressant de reprendre les théories de L. de Heusch (1968)33 et la distinction qu'il propose entre adorcisme et exorcisme.

L'adorcisme serait en quelque sorte la perception de l'injection d'une âme nouvelle alors que l'exorcisme demande, au contraire, l'extraction d'une présence étrangère à soi. Il y aurait donc une opposition entre un type de possession inauthentique, malheureuse, refusée, qui se situe du côté de la maladie et une possession authentique, assumée, qui se situe d'emblée du

ôté de la religion (de Heusch, 1968).

ure cité.

n'est toutefois pas inintéressant de tenir compte du fait que ce l'on appelle l'insu de la

divine qui avise alors l'individu du mal qui le

ais, dans le cas présent, ce phénomène de possession sauvage est très

, une fois de plus, beaucoup plus proche des conceptions de astide

entre a se mêle

toujours celle de

l'adorcis isme.

c

Il est évident que les transes et possessions telles qu'elles sont vécues dans les cultes étudiés appartiennent au deuxième cas de fig

Il

"santo bruto", c'est-à-dire, la transe non codifiée, peut être associée au premier point énoncé par L. de Heusch. Elle se manifeste à

personne et demande effectivement extraction ou plutôt codification (qui permette une compréhension de ce qui se passe et donc une meilleure assimilation) : c'est l'entité

touche. M

rare et la transe est généralement bien vécue par les adeptes dans les cultes, notamment dans le candomblé.

On est alors

B (1972) qui, s'il accepte l'opposition décrite par L. de Heusch (1968) dorcisme et exorcisme, signale cependant que l'adorcisme

à l'exorcisme et que si la pratique des yoruba correspond à me, ils n'en ignorent pas pour autant les phénomènes d'exorc

2.4.2. La transe dans le culte

On retrouve le phénomène de transe dans la plupart des cultes afro- brésiliens. Ces "transes" ont plus ou moins d'intensité, et sont plus ou moins considérées par les adeptes mêmes, comme étant des phénomènes de transe.

33 On pourra également se reporter aux travaux de G. Rouget (1981) notamment et de G. Lapassade (1982).

Dans quelques centres d'umbanda ou centres spirites, elle est parfois totalement réprouvée ; pourtant, certains comportements semblent relativement similaires à ce que l'on peut trouver dans le candomblé.

Si, reprenant les propos de Schott Billmann (1977), on reconnaît dans la transe deux caractères : celui de suspension de la vie consciente et de nouvelle personnalité, on peut considérer que, même dans les centres

rai (voir photo en fin de document).

médiumnique" dans ce cas, et semblerait

n pas lui donner le nom de "transe" ou

longuement frottées entre nos mains pour s'imprégner de nos énergies. La reniant le phénomène de transe, elle existe, sous une forme plus ou moins appuyée, il est v

Elle est souvent appelée "transe

vouloir être plus "intellectuelle", plus réfléchie que celle que l'on peut rencontrer dans un terreiro de candomblé traditionnel.

En dehors de la communication avec le divin, elle a un but essentiel : celui de transmettre un message, déceler un mal, déterminer l'avenir.

Elle paraît d'ailleurs souvent feinte car le médium semble être en mesure d'en choisir le moment et ne donne pas toujours l'impression de changer réellement de personnalité.

Peut-être effectivement ne devrait-o

parler d'une culturisation, d'une domestication de la transe.

Les informations apportées par Boyer Araujo (1993) sont intéressantes à ce propos. Elle insiste sur le fait qu'il y aurait, en fait, deux catégories de médiums :

"d'un côté se trouverait le fils de saint "conscient" qui, tout

en agissant comme un possédé, sait ce qui se passe [...] de l'autre, le médium "inconscient" qui serait une marionnette dans les mains des esprits".

Ayant assisté à des conflits entre médiums sur la crédibilité de certaines transes dans les terreiros d'umbanda, elle signale qu'il faut que le public soit convaincu de la descente du caboclo : cette légitimation dépend de l'intensité de la transe (p.136-141).

A titre d'exemple, la retranscription d'un de ces phénomènes de transe lors d'une fête de quebra vela dans le terreiro de Mãe Celeste :

7 août 1993, terreiro de Mãe Celeste, Recife.

Une soirée est organisée ; le quebra vela fait participer toute l'assistance. Des bougies rouges et blanches sont distribuées à chacun. Elles doivent être

rouge lève le mal, la blanche apporte la paix. Les rouges, porteuses des ondes négatives, doivent être brisées en trois morceaux et jetées derrière soi ; les blanches sont allumées et disposées tout autour du terreiro, en guise de protection.

Après ce rituel, la fête en l'honneur des orixás peut commencer. Ce soir-là, il

s

chômage depuis quelques mois. Malgré de

'alcoolisme et parfois même la violence

ément les

: la

sprits. D'une nature plutôt tranquille

t pas quitter la voiture, refuse de rentrer dans l'appartement. s'agissait d'abord de remercier une entité qui aurait permis la guérison d'un des adeptes du groupe, après une opération chirurgicale infructueuse.

Le toque est ensuite lancé, les tambours, la gira permettant le incorporations.

Parmi les participants : Danielle.

Jeune femme de 22 ans, célibataire, nouvelle recrue du terreiro. Elle ne connaît encore que peu de choses sur le culte. Elle a appris quelques jours auparavant qu'elle était fille d'Oxum et que Yemanja également la protégeait. Sa venue au culte est essentiellement le fait de problèmes familiaux. Son père, avocat de formation, est au

nombreuses démarches pour retrouver un travail et quelques tentatives de reconversion, il n'a pu reprendre une activité professionnelle et son désespoir l'a poussé à l'oisiveté complète, l

envers les membres de sa famille.

Danielle a beaucoup de difficulté à accepter ce qu'elle considère être la "déchéance" de son père.

Pour la première fois, ce soir-là, elle tombe en transe. Il s'agit pratiquement d'un santo bruto car elle n'a encore subi aucune forme d'initiation. Elle commence à bomber le torse, respirer fortement, virevolter. Ses gesticulations sont néanmoins rythmées et on reconnaît déjà ais

manifestations d'Oxum.

N'étant cependant pas encore apte à recevoir son entité, on tentera de stopper la possession.

C'est d'ailleurs l'heure de la pause dans le terreiro. A deux reprises, lors des fêtes dans le terreiro de Mãe Celeste, des "pauses" sont organisées musique s'arrête, les portes du terreiro s'ouvrent et, qui veut entrer ou sortir le peut à ce moment.

Nous en profitons donc pour partir et ramener Danielle chez elle ; sa mère nous accompagne. Elle semble fière de l'incorporation de sa fille. Danielle n'a cependant pas totalement récupéré ses e

et réservée, elle semble assez agitée bien que le trajet en voiture soit relativement calme.

Son agitation reprend plus fortement lorsque nous arrivons devant la maison. Danielle ne veu