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Notes sur la représentation de la maladie

DANS LES CULTES AFRO-BRÉSILIENS

2. LES MÉTHODES DE SOINS DES DIVINS THÉRAPEUTES

2.3. Notes sur la représentation de la maladie

T

L

dysfonctionnement organique. Elle est un désordre global de la personne ou, pour reprendre les propos de Dores

"la maladie est un déséquilibre des liens qui maintiennent

la vie contre la mort. Ce

Elle met parfois en jeu tout le groupe, son organisation, cohésion.

A la suite de F. Laplantine (1986) ou de M. Augé (1984 et 1988), il est permis de pen

dimension sociale ; elle est un phénomène social et, c'est un événement auquel chaque groupe doit donner du sens. Ainsi, comme l'exprime F. Raveau (1992) :

"c'est une "crise" qui mobilise autour d'elle toutes les

variables impliquées par le dialogue qu'en

Selon les représentations culturelles que l'on attribue à la maladie, les causes invoquées pour l'expliquer seront différentes.

Il convient donc, dès à prése m

Là encore, il faut traiter séparément l'individu initié du non initié. On vient d’aborder rapidement ce qui se passe pour le non initié et le principal remède conseillé dans les cas extrêmes de crise : l'initiation.

Dans tous les cas cependant, on considère que l'orixá, plus qu'un microbe ou un virus, est l'agent de la maladie. Il en est l'instigateur, mais il est aussi celui qui a la possibilité d'y remédier.

Dans tous les cas aussi, la maladie est perçue comme une expérience positive et non un fait diminutif. La maladie est, avant tout, selon la formulation de M. Augé (1988) :

"un moyen de communication des dieux à l'homme".

• Pour le non initié, la maladie peut être perçue comme un signe d'élection des dieux, une possession illisible :

"un appel à déchiffrage de flux non culturés ou déculturés" (Schott Billmann, 1977).

Elle se caractérise généralement par la persistance de symptômes malgré

pour se donner une dernière chance, prêt à tout accepter. Cela est ès net dans les questionnaires effectués auprès de non initiés (question près avoir demandé à la personne quelles sont les maladies qu'elle craint le

plus et tait touchée par une de ces maladies, on

i demande : "et si celui-ci (généralement la réponse précédente donnée est

nnes interrogées et qui fréquentent le culte déclarent

, et pouvoir ainsi, agir en conséquence (questions 33 et 34 du questionnaire).

plusieurs traitements médicaux qui se révèlent infructueux.

L'individu, n'étant pas un adepte du culte, s'y présente souvent en désespoir de cause,

tr n°41). A

qui consulterait-elle si elle é lu

le "médecin") ne pouvait rien faire, qui consulteriez-vous ?" "Pourquoi ?". La réponse qui vient le plus fréquemment fait effectivement référence aux cultes, car ce serait "la dernière solution possible".

La plupart des perso

généralement savoir distinguer une maladie ayant une cause physique de celle ayant une cause spirituelle (on reviendra sur cette distinction dans la dernière partie de l’étude)

• L'individu initié est protégé par son orixá. Il doit cependant mériter cette protection. Et, la maladie, lorsqu'elle apparaît, est généralement envisagée comme la conséquence d'une faute, d'un manquement à certaines

bligations réglées par le culte.

nifié "le manque d'attention" ou des synonymes u expressions ayant la même valeur.

ieurs jours et plusieurs uits, elle resta à son chevet, le veillant, s'alimentant peu. Quatre jours

lutôt que de considérer l'orixá comme l'agent porteur de maladie, il convient

"une diminution de l'être".

ation intime avec l'orixá.

on destructrice du mps et rendre donc l'individu malade sans qu'il ne soit pour autant o

A la question n°44 : "Selon vous, qu'est ce qui provoque la maladie ?", beaucoup d'adeptes ont sig

o

N'oublions pas que le culte, comme tout autre institution, religion, a une fonction normative certaine, et, la maladie est alors considérée comme le fait d'un écart de conduite ou le signe d'un excès de la part de l'initié.

Pour justifier ces propos, Pai Messias rappelle d'ailleurs l’histoire d'une mère de famille dont l'enfant, atteint d'une maladie bénigne mais souffrant de fièvre, nécessitait des soins incessants. Pendant plus

n

suffirent pour l'affaiblir elle aussi. Elle fut obligée d'être alitée à son tour. Son trouble fut attribué à son orixá, Yemanja. On ne pouvait lui reprocher de s'être trop occupée de son enfant, mais elle était néanmoins fautive dans le sens où elle avait trop présumé de ses forces. Son orixá l'a donc rappelée à l'ordre...

P

de souligner que c'est son éloignement qui est, avant tout, la cause de la maladie.

La maladie est, pour reprendre l'expression de Bastide (1958) :

Ainsi, elle vient de ce que l'être est en train de perdre la puissance que lui donnait sa particip

Les chefs de culte le mentionnent et Bastide le souligne plus clairement, cette participation est coupée par le manquement aux obligations ou la violation d'un tabou.

Il ajoute que cette participation peut également subir l'acti te

responsable d'une faute.

Le déséquilibre provoqué est alors un avertissement et doit l’amener à de nouvelles obligations et offrandes en faveur de l'orixá concerné, comme le fit

ait très rare, mais qui néanmoins peut se produire, l'écart peut venir d'une

ãe Sevi où je me rendais équemment avec un ami initié pour recueillir des informations et

vio était

.

uvait se détacher de ce terreiro et urtout de cette mãe de santo pour qui il avait beaucoup d'affection. Notre

n pleurant, il se mit à genoux devant Mãe Sevi lui assurant qu'il n'avait rien

écouvrir un grand gaillard se

ait pas procédé autrement.

Pai Edinaldo, en 1990, qui organisa une fête pour ce qu'il appela son "deca"

(10 ans d'obligations à son orixá). F

tierce personne. Ceci a d'ailleurs pu être observé, raison pour laquelle j’en retranscris ici l’expérience :

C'était au cours d'une visite au terreiro de M fr

témoignages sur les cas de maladies qu'elle avait déjà traitées par le culte. Nous étions en pleine conversation lorsque se présenta Silvio. Sil

initié depuis trois ans et fréquentait régulièrement le terreiro de Mãe Sevi, participant aux fêtes qu'elle organisait. Nous l'avions d'ailleurs rencontré la semaine précédente à l'occasion d'une de ces fêtes

Employé de banque dans Recife, 27 ans, Blanc, apparemment bien dans sa peau, il venait souvent au terreiro de Mãe Sevi pour s'acquitter de ses obligations et y rencontrer d'anciens camarades d'enfance. Il avait quitté le quartier depuis plus d'un an mais ne po

s

entrevue avec Mãe Sevi fut interrompue donc, ce soir-là, par son arrivée. Livide et suant à grosses gouttes, il disait être ainsi depuis le début de l'après midi et demandait à être reçu par la mãe de santo au plus tôt. Des douleurs dans le ventre le pliaient littéralement.

Il avait refusé les soins du médecin que lui proposaient ses collègues de travail, préférant au préalable consulter la mãe de santo.

E

fait de répréhensible. Son angoisse et son comportement même nous interloquèrent...

Je connaissais peu encore Mãe Sevi et, d

prosterner et supplier une vieille femme aussi frêle me saisit. Mãe Sevi posa sa main sur le front, puis sur la nuque du jeune homme - une grand-mère devant un enfant malade n'aur

Puis, elle l'entraîna dans une autre pièce pour le questionner. Du fait de notre éloignement, nous n'entendions plus que des bribes de conversation ;

le miroir qui donnait sur la pièce voisine nous permettait de constater qu'ils avaient repris la même position. Silvio avait du mal à retrouver son calme. Nous avons alors compris que quelque chose de grave se passait lorsque

Mãe Sevi appela les trois autres personnes qui vivaient également dans le rreiro et qu'elle emmena Silvio vers le quarto de Iansã, dont il était le fils.

blait-il, serviraient à son rétablissement.

opportun.

ussitôt avertie, Mãe Sevi sortit du quarto et vint nous voir, nous

tié lui-même, n'a pas insisté.

lle s'en retourna ensuite auprès de son adepte. De la salle où nous nous é, faible,

alveillante à son gard... c'est ce qui avait provoqué son malaise.

int de le

mettre d urait été

malvenu de le remettre en cause, bien que...

ãe Sevi, perturbée par le déplacement, semble-t-il, volontaire de cette

de Silvio à son arrivée, avaient pu nous toucher. Elle semblait voir senti notre malaise à ce moment là et soutint qu'il aurait pu être

te

Les trois aides commencèrent à s'affairer, ouvrirent les fenêtres, allumèrent des bougies qu'elles placèrent à chaque ouverture, sortirent des vêtements propres pour Silvio et se mirent à préparer les plantes et autres ingrédients qui, sem

De la fenêtre, on le vit, devant la porte du quarto de Iansã, se rouler par terre, gémir, se prosterner. Il y entra avec Mãe Sevi, puis, plus rien.

Ne pouvant obtenir aucune information des trois personnes encore présentes et nous sentant nous-mêmes assez las, nous décidâmes de partir et de revenir un autre jour, à un moment plus

A

déconseillant vivement de quitter les lieux avant que tout ne soit terminé, nous proposant même de nous allonger, semblant tout à fait consciente de notre fatigue. Mon accompagnateur, connaissant bien le culte et ses rituels pour être ini

E

trouvions, nous ne pouvions plus rien voir de ce qui se passait. Nous les vîmes revenir deux heures plus tard. Silvio semblait fatigu

mais visiblement soulagé de ses douleurs et angoisses. Il ne se souvenait pas nous avoir vus à son arrivée et nous raconta lui-même que quelque chose d'inexplicable s'était produit : l'ota qui le représentait dans le quarto de Iansã avait été déplacé, sans doute par une personne m

é

Ceci, sans même qu'il en ait conscience, l'aurait-il affecté au po ans l'état dans lequel nous l'avions vu à son arrivée ? Il a

M

pierre, ne désira pas non plus commenter l'incident ni les moyens utilisés pour calmer Silvio ce soir-là.

Elle s'excusa simplement de nous avoir empêchés de partir quand nous le désirions, nous disant qu'elle savait que les "forces négatives", qui se dégageaient

"dangereux" pour nous de quitter les lieux avant la fin de la purification (nous 'avions pas trop insisté à ce moment-là, sachant, pour l'avoir déjà vécu, qu'il e faut pas se présenter devant une porte ou une quelconque ouverture lors

é son innocence sur ces faits... Nous n'avons pas pu en tirer lus...

, il ne voulut pas en parler. Il nous dit simplement ue les orixás avaient tous pouvoirs sur nos corps et que, comme les ommes, il leur arrivait de se tromper...

ous n'avons jamais pu en savoir plus sur cet événement, si ce n'est que

e, ne peut pas toujours définir ce qu'il lui arrive. Il a besoin 'un médiateur, qui est, le plus souvent, le pai ou la mãe de santo.

re l'intermédiaire qu'est le pai de santo et 'adresse directement à son "filho de santo" par la transe.

Tout co nsidérée

comme

Il est vra maladies

mentale rapie" et

explicite plement

que la t les plus

périlleux n

n

d'une offrande à Exu).

Au sujet de ses actes, Mãe Sevi nous confia seulement, modestement, que l'écoute et les plantes avaient de grandes vertus et que Iansã n'avait pas abandonné son adepte et saurait se faire pardonner le mal qu'elle lui avait causé malgr

p

Nous rencontrâmes Silvio à plusieurs reprises encore dans le terreiro de Mãe Sevi lors de diverses fêtes. Se sentant sans doute quelque peu gêné par notre présence ce soir-là

q h N

Iansã fut considérée comme étant à la base de ce malheur. Iansã fut la cause de la maladie, ou plutôt du malaise, en l'occurrence. Elle en fut aussi le remède.

L'individu lui-mêm d

Mais, le chef de culte, seul, n'a aucun pouvoir sur la maladie ou sur tout autre malheur. Il ne peut qu'interpréter les messages et directives des orixás. Parfois aussi, l'orixá passe out

s

mme l'initiation, dans certains cas, la transe peut être co étant une "thérapie". Bastide (1972) signale qu'en Afrique :

"la possession est, sinon toujours, du moins très souvent, liée à la thérapeutique".

i que cette affirmation fait référence aux cas très précis des s et il faut alors mettre des guillemets à ce terme de "thé r plus largement le phénomène de transe car, signifier sim ranse est une thérapie serait s'engager sur un des chemins