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LES CULTES AFRO-BRÉSILIENS DANS LEUR MONDE

ES CULTES AFRO-BRÉSILIENS Les principes et la cohérence du culte

2.3. L'espace du culte

Bastide (1967) propose une distinction entre la culture nègre et la culture africaine. La culture africaine renvoie à une survivance. La culture nègre, elle, est plutôt une création, qui consiste à partir d'une pratique traditionnelle et à la modifier en fonction du milieu.

D'après les éléments répertoriés dans ce système, les deux phénomènes semblent se côtoyer au sein du culte23.

E

ou d'un clan. Ainsi, chaque groupe se dévoue à son orixá / ancêtre. En quelque sorte, l'orixá est héréditaire et suit une lignée familiale.

Au Brésil, la rupture des liens familiaux, du fait de l'esclavage (voir partie 1), n'a pas permis la poursuite de cette pratique traditionnelle. Mais, il s'est trouvé des sacerdotes ou princes appartenant à des lignées différentes et connaissant chacun les secrets de leur propre culte qui se sont regroupés et ont formé ce que l'on appela une "roça".

La lignée n'a donc plus de sens et l'orixá devient en quelque sorte une acquisition individuelle. Il n'est plus nécessaire d'appartenir à un groupe spécifique (famille, village, corps de métier) po

23 Le culte des egun, par exemple, est resté intact dans le candomblé, le culte des orixás, lui, s'est transformé.

Tous les orixás sont adorés en un même lieu où s'effectue la majorité des rituels : le terreiro.

Il est très difficile, voire impossible, de dire combien il y a de terreiros de candomblé ou d'umbanda (ou dérivés de ces deux principaux) au Brésil, ni même à Recife.

Cela s'explique d'abord par le fait que, selon les cas, la délimitation entre andomblé et umbanda n'est pas toujours aisée.

lus cemment dans une fédération (qui n'était que de 50 cruzeiros en 1990),

a Bahia, que l'on trouve la première mention écrite d'un ", en 1830. Pour cette même ville, Bramly (1981) en 1976, en elon Papai et d'autres pais de santo interrogés à Recife, les estimations

nt un tiers de la population brésilienne. Pour une moyenne

’entend communément.

lieu d'habitation d'un depte, fils de Xangô, également bon catholique comme le montrera, peut- c

Ensuite, parce que, contrairement à l'umbanda qui est très organisée (en fédérations et confédérations), beaucoup de terreiros de candomblé sont encore clandestins. Plus que le prix de l'affiliation à la police ou p ré

certains semblent craindre encore un retour de la terreur et des persécutions qu'ils avaient subies de nombreuses années auparavant.

C'est à Salvador d "terreiro

dénombrait 4 000 pour 365 églises. S

varient de 500 à 600 centres (pour les plus modestes) et 15 000 à peu près, pour d'autres. Fernandez Portugal (1985) comptait, en 1982, dans tout le pays, un minimum de cinquante millions d'adeptes, ce qui ferait approximativeme

de 50 personnes par terreiro, on peut imaginer un bon million de terreiros de candomblé à cette époque, au Brésil.

Il faut ajouter qu'il n'est pas toujours facile de les repérer. Le terreiro n'est pas un temple, une cathédrale dans le sens où on l

C'est le plus souvent une simple maison dont l'architecture ne se distingue pas des autres ; il se fond dans la masse. L'oeil averti le reconnaît parfois par ses ferramentas (voir photo en fin de document), objets qui signalent qu'un orixá protège le lieu. Mais ceci ne peut pas être généralisé. On peut apercevoir à l'entrée d'une maison, un oxe*, emblème de Xangô. Il ne s'agira pourtant pas forcément d'un terreiro mais du simple

a

être, sur un autre pan de mur de la façade une mosaïque représentant la vierge Marie !... (voir photo en fin de document).

Tout terreiro porte un nom officiel (pour la police) du type "casa de..." et un nom africain (pour les candomblés) commençant toujours par "ilé" qui en

yoruba signifie "maison", auquel on ajoute généralement le nom de l'orixá protecteur et/ou un de ses aspects.

apport aux

andomblezeiros, donnent à leur terreiro une forme triangulaire, rappelant les

pace intérieur du terreiro n'est jamais issé au hasard. Tous les terreiros sont à peu près bâtis selon le même

ière se fait par la délimitation d'un terrain sacré qui devient l'Afrique u un autre territoire jugé suffisamment riche spirituellement, notamment

a recherche de représentation de l'Afrique est un peu moins marquée dans sordonnée où

illes d'arbre

avec le sol - africain en l'occurrence.

la rce magique / mystique de l'axé, qui se retrouve dans tous les cultes, quel que soit le degré de syncrétisme et qui correspond à ce que Mircéa Eliade nomme l'"axis mundi", le point de jonction entre le ciel et la terre, le lieu de la concentration maximale de l'énergie. Ce terme yoruba est polysémique ; il Le terreiro est toujours un lieu clos, son espace doit forcément être délimité matériellement. Cet espace, sacré, représente généralement l'Afrique, l'origine ; une Afrique miniature, symbolique, mystique, imaginaire... et même inimaginable pour tous ceux qui, nés au Brésil, ne retourneront jamais sur la terre de leurs ancêtres.

Quelques umbandistes, voulant faire preuve d'originalité par r

c

pyramides des Égyptiens ou le symbolisme franc-maçonnique peut-être. Dans tous les cas, cependant, l'es

la

schéma et on retrouve, dans la conception de l'espace, l'opposition entre sacré et profane.

On peut considérer deux consécrations en termes spatiaux : - La prem

(o

pour les cultes plus éloignés du candomblé), en opposition au reste : le Brésil, profane.

L

les cultes autres que le candomblé, encore que, dans l'umbanda, on trouve généralement un grand jardin à la végétation luxuriante et dé

sont cultivées entre autres les plantes à usage thérapeutique. Ce terrain se veut représenter une nature sauvage, une jungle.

Cette préoccupation de sacralisation par africanisation, pour ainsi dire, se perçoit également dans certaines coutumes comme celle qui consiste, les jours de fête, à déployer sur le sol des branchages et des feu

pour représenter le sol africain (le sol du terreiro est rarement carrelé, il est le plus souvent en terre battue) ou encore le fait de rester pieds nus, pour garder le contact

- Mais toute cette caractérisation de l'espace serait vaine s'il n'y avait pas fo

signifie la "permission" mais peut aussi traduire la "puissance", le mana en quelque sorte.

L'axé doit être matérialisé au travers de sa fixation dans un espace particulier du terreiro, représentant l'axe central. Il est souvent identifiable par un dessin sur le sol ou un poteau qui va du sol au plafond (représentant le palmier

rimordial déjà évoqué (voir photo en fin de document)). Là, généralement,

ous les terreiros visités sont aussi, souvent, le lieu de résidence du propre

'y a pas de fête est la "sala de balé". Elle peut contenir près d'une i bien que profane, acteurs aussi bien que spectateurs. 'est en ce lieu que se déroulent les fêtes, rituels destinés aux initiés et au

ent aussi ccessibles au public.

(ou, s'il y en a une, elle est ujours close). Ici, chaque orixá a sa place, un objet qui le symbolise et les ffrandes de ses fidèles. On remarque souvent des plats de différentes tailles sentation d'orixá, avec des bougies, des fruits et utres cadeaux. Le peji est considéré comme un espace sacré.

es autres pièces du terreiro sont, en revanche, formellement interdites... p

sont enterrés un peu de sang d'animaux sacrifiés pour chaque orixá24 ainsi

qu'un peu d'herbes appartenant à ces mêmes orixás.

C'est ce procédé qui transforme et sacralise l'espace du terreiro. T

chef de culte et de sa famille. On y rencontre également des membres du culte, occasionnellement hébergés.

La plus grande pièce du terreiro qui sert donc souvent de salle de séjour lorsqu'il n

centaine de personnes (selon l'importance du terreiro) et est ouverte au public, initié auss

C public.

D'autres pièces comme la cuisine par exemple sont généralem a

Jouxtant la sala de Balé, on trouve fréquemment le Peji où sont entreposés les assentamentos des orixás(voir photo en fin de document).

C'est une pièce bien gardée, sans fenêtre to

o

au pied de chaque repré a

Il semble cependant l'être plus ou moins suivant les terreiros de la ville : certains peuvent être photographiés, d'autres ne peuvent absolument pas être approchés.

L

24 Le sang, s'il est utilisé dans tous les terreiros de candomblé ne l'est pas toujours dans l'umbanda.

Le ronko, aussi appelé camarinha ou aliaché, est le lieu où les adeptes sont

en traitant de initiation ; il s'agit d'adeptes ayant accompli un minimum de sept ans

eji, c'est une des pièces les plus protégées du terreiro.

n la reconnaît par une représentation de Iansã à sa porte, divinité

mité d'un point d'eau pour xum*.

oter une petite restriction en ce qui concerne les es ne sont pas en période de menstruation.

ent à une

qui vient d’être décrite, s'adjoint une onstruction du temps, temps des fêtes en l'honneur des orixás pour la

s activités

".

initiés. Seules les personnes déjà initiées peuvent y pénétrer.

Dans le quarto (la chambre) de Exu, ne peuvent se présenter que les

ebomim*, ogan et ekedi* (on reviendra sur ces termes

l'

d'initiation).

De même, la salle réservée au culte des morts est limitée à une petite minorité. Comme le p

O

gardienne des âmes des morts.

Enfin, on trouve généralement ce que l'on appelle les "quartos das

divindades" où chaque ilé, compartiment, est réservé à un orixá.

Certains sont à l'air libre, en dehors de la maison, pour Exu, Omulu*, Ossãe*, près d'un coin de verdure pour Oxossi et à proxi

O

Là, seuls peuvent y prétendre les fils ou filles de ces divinités ou les pais et

mães de santo.

Il faut cependant encore n

femmes. L'accès ne leur est autorisé que lorsque leur "corps est pur", comprenez : lorsqu'ell

Certains espaces du terreiro sont donc plus ou moins accessibles à l'individu selon son degré d'initiation. Ces catégories, cette hiérarchie répond

logique où interfère le temps. Il faut donc maintenant déterminer la cohérence prévalant dans le temps du culte.