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CHAPITRE 2 : LOGISTIQUE ET TRANSPORT DE MARCHANDISES

IV) Coopération métropolitaine entre Orléans, Blois et Tours et développement de l’activité

IV.2) Pertinence de l’axe ligérien comme échelle de coopération métropolitaine

Un travail en coopération entre Orléans, Blois et Tours apporte-t-il une plus-value au développement de l’activité logistique sur ces territoires ? Quels sont les jeux de concurrence / coopération à l’échelle de l’axe ligérien ?

IV.3.1) La prédominance d’Orléans par rapport à Blois et Tours

Pour la collectivité locale, l’enjeu est d’attirer sur son territoire des activités qui représentent des potentiels d’emplois et par conséquent des perspectives de croissance et de développement. Pour ce faire, elle tente d’offrir un maximum d’avantages aux entreprises en matière de foncier, d’immobilier, d’équipements, de fiscalité locale, d’externalités de services. En théorie, les collectivités locales sont donc en concurrence pour attirer les activités économiques, logistiques comprises.

En pratique, ni Tours ni Blois ne peuvent aujourd’hui se placer en concurrence vis-à-vis d’Orléans car, comme le diagnostic qui précède l’a montré, cette dernière occupe une place logistique nettement prépondérante.

Le directeur adjoint de Centréco explique : « Orléans a une dimension logistique nationale car le territoire s’est historiquement placé dans le domaine. Les élus se sont positionnés très tôt. Sa position s’est vue confortée par l’ouverture de nouvelles autoroutes [A20 et A19]. Orléans est un barycentre de la logistique en France. Il faut environ une journée camion pour rallier tous les endroits de France, à quelques exceptions près ». Il continue en expliquant le positionnement de Tours : « Tours se positionne complètement différemment dans ce domaine. C’est, au contraire d’Orléans, un territoire qui n’a, historiquement, jamais intéressé les logisticiens. En conséquence, les élus ne se sont pas préoccupés du sujet. Cependant, depuis trois ans la situation évolue avec l’ouverture de l’A28 et prochainement de l’A85. Tours pourrait devenir un pôle logistique dans le Centre Ouest. Sa dimension dans le domaine n’est donc possiblement que régionale. Ses concurrents sont Le Mans et Angers, et aucunement Orléans. Les élus commencent à s’intéresser à la logistique mais ils ne doivent en aucun cas chercher à se positionner en concurrence par rapport à Orléans puisqu’ils risqueraient de perdre du temps et Le Mans et Angers en profiteraient ».

Le service prospective de la CRCI du Centre confirme ces propos : « Aujourd’hui, Tours aimerait transposer le modèle logistique orléanais sur son territoire, mais ce n’est pas possible. Orléans a l’historique de la proximité de Paris et l’autoroute est arrivée bien plus tôt à Orléans qu’à Tours. Tours n’était pas là quand l’organisation logistique s’est faire sur le territoire national. Orléans est donc un pôle logistique important, qui doit être conforté pour rester compétitif, et Tours est une potentialité. Quant à Blois, son rôle est très secondaire dans le domaine ».

IV.3.2) Mais pour autant, ont-elles intérêt à travailler en coopération ?

a) Stratégiquement

Le système logistique orléanais ne peut pas être indépendantisé de celui de l’Ile-de-France

Orléans, et plus généralement le croissant logistique qu’elle forme avec Chartres et Montargis, font partie intégrante de « l’Euro-Région logistique » parisienne : c’est un territoire contigu de l’ensemble francilien. Selon F. Bogiatto, « dans le domaine de la logistique, […] la zone d’Orléans est un point d’extension de la région Île-de-France. L’activité logistique implantée ne représente pas forcément une consommation locale ou régionale »20. Ainsi, le système logistique orléanais ne peut pas être déconnecté de celui de l’Ile-de-France, ce qui signifie que l’axe ligérien ne pourra pas, coopération ou non, devenir une aire logistique indépendante.

Quant à Blois, selon la CRCI, « elle fonctionne comme l’arrière cour d’Orléans et de Paris. Le bassin économique et logistique de Blois est orienté vers Orléans et dans l’attraction d’Orléans et de Paris ». L’agglomération blésoise s’intègre donc dans ce système francilien.

Le futur positionnement de Tours pourrait profiter au Val de Loire

Malgré cela, le positionnement logistique de l’agglomération tourangelle aura nécessairement des répercussions sur la compétitivité de l’axe ligérien en matière de logistique, qu’il peut freiner ou améliorer. Si Tours ne se positionne pas en compétition vis-à-vis d’Orléans mais plutôt des agglomérations voisines de l’Ouest, alors cela pourrait augmenter l’attractivité de l’ensemble du Val de Loire, en attirant les principaux acteurs du secteur du fret et de la logistique, dont le marché est national. De plus, l’extension territoriale du système logistique parisien ne se fait pas uniquement vers le Sud. D’autres territoires, à l’Est ou au Nord, sont également en compétition. Si le pôle d’Orléans est conforté et que celui de Tours se tourne vers l’arc atlantique, cela aura probablement des répercussions positives pour l’axe ligérien. Le service prospective de la CRCI nuance ces propos : « pour que Tours se tourne vers l’arc atlantique et devienne un pôle de redistribution, il faut que les régions voisines y trouvent un intérêt. Or il semble qu’elles disposent elles-mêmes de grandes agglomérations [Nantes, Rennes, Le Mans, Angers…] en mesure d’assurer cette fonction tout aussi bien, si ce n’est mieux ».

b) En pratique

Selon le directeur adjoint de Centréco, la logistique à l’échelle de l’axe ligérien devient un domaine économique lambda, dans la mesure où les agglomérations de Tours, Orléans et Blois ne sont pas en compétition. Ainsi, toujours selon lui, « il n’y a aucune raison qu’il y ait moins de coopération entre Orléans, Blois et Tours dans le domaine de la logistique que dans ceux de la cosmétique ou de l’électronique, d’autant qu’il y en a beaucoup sur le territoire ». Il ajoute que « l’intérêt de coopérer est moindre pour Blois mais non négligeable pour autant, car elle pourrait récupérer des projets d’ampleur moindre et des projets locaux ».

20

Sur des projets importants qui placent le territoire ligérien en concurrence avec d’autres territoires français, la coopération pourrait s’avérer utile mais n’est pas toujours l’option politique retenue. Le service études prospectives de la CRCI explique ceci par un exemple : « Il y a, en France, deux projets de ferroutage, dont un, sur la ligne allant de l’Espagne vers Lille, nous concerne plus particulièrement. L’Etat a fait une étude sur les points de chute possibles en Région Centre, et plus précisément entre Tours et Orléans. Il a proposé le Nord d’Orléans, au débouché de l’A19, au Nord d’Artenay. L’idée a alors été contestée par les gens de Tours qui voulaient que cette plate-forme soit implantée à Saint-Pierre-des-Corps. Il est objectivement complètement insensé de penser ramener encore du trafic de marchandises et de la pollution en plein cœur de l’agglomération de Tours. Finalement, il n’y a pas eu de consensus sur ce projet d’infrastructure dans le Val de Loire. L’Etat a donc provisoirement installé cette plate-forme à Brétigny [en Ile-de-France], et je pense qu’elle va y rester ».