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Coopération métropolitaine et développement économique : Possibilités d’actions et

CHAPITRE 4 : DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

II) Coopération et développement économique : l’importance croissante de L’innovation

II.4) Coopération métropolitaine et développement économique : Possibilités d’actions et

II.4.1) Les autres formes de coopérations économiques sur l’axe ligérien

Hormis les pôles de compétitivité validés, il existe d’autres démarches de coopérations inter-entreprises et/ou de coopérations entreprises-recherche. Nous en ferons une rapide revue, sans entrer dans les détails.

a) D’autres pôles de compétitivité candidats

En décembre 2006, une dizaine de projets de pôles de compétitivité a été déposée pour validation par un CIACT qui devrait se tenir début 2007. La moitié devrait être labellisée selon certains dires d’experts. En effet, l’Etat ne souhaite pas étendre encore davantage le nombre de pôles validés. C’est en quelque sorte une session de rattrapage. Deux dossiers de candidature concernent la région Centre.

Elastopole

L’idée de créer un pôle est à l’initiative du président de la SNCP (syndicat national du caoutchouc et des polymères) Didier Fégly, Mr Pinna de l’ARITT (agence régionale de l’innovation et du transfert de technologies – région Centre), Mr Doroszczuk (président de la DRIRE de la région Centre), et du préfet de la région Centre.

Mr Gallas est directeur du LRCCP (laboratoire de recherches et de contrôle du caoutchouc et des plastiques) situé à Vitry /s Seine. Ce dernier, avec la LRCCP et l’IFOCA (institut national de Formation Professionnelle du Caoutchouc) forme le « centre français du

caoutchouc et des polymères ». Il a été en charge du dossier de candidature auprès de la

DIACT. En ce qui concerne le montage de projets, le travail a été réalisé par un consultant payé par la région Centre : « Il a notamment mené des enquêtes auprès des entreprises pour repérer lesquelles pouvaient être concernées. Aujourd’hui 6 projets ont été montés dont 4 sont bien avancés. Ils sont structurants. Pour éviter le risque que le pôle soit concentré trop exclusivement sur un grand groupe (à Montargis avec Hutchinson, ou à Clermont-Ferrand avec Michelin), c’est à Orléans ou Tours que devrait se situer la gouvernance » (Gallas, 2006).

La région Centre est amenée à jouer un rôle dominant dans ce pôle qui regroupe 3 régions en plus d’elle : Pays de la Loire, Île-de-France et Auvergne. L’Auvergne étant la région qui a été la dernière à rejoindre le projet : « Un débat est survenu autour de l’intégration de la région Auvergne. Elle compte un leader mondial dans le domaine avec Michelin, mais compte peu d’autres entreprises dans le domaine sur le territoire. Finalement, elle l’est également ». Pourquoi la région Centre sera-t-elle amenée à jouer un rôle central ? « Le SNCP professionnel compte en son sein principalement deux grands groupes : Michelin et Hutchinson. Le second, racheté aujourd’hui par Total, compte deux sites importants en Région Centre : la maison mère à Montargis (45), où se situent le centre de recherche, et un second pôle à Joué-lès-Tours (37). C’est le leader mondial du caoutchouc faisant de la région Centre une région centrale dans le domaine avec l’Auvergne. D’autant que Michelin

Plusieurs projets ont été montés.

- Le projet « Polyphasie » porte sur la constitution d’une unité pilote de fabrication d’un plastique insonorisant utilisant le granulat de caoutchouc. « Un des débouchés est l’industrie automobile (pour l’isolation du bruit du moteur), mais aussi plein d’autres. Ce sera sûrement un investissement régional et vraisemblablement en région Centre »;

- Le projet « Thermique de vulcanisation », qui sera portée sans doute par la région Pays de la Loire, « où se trouvent les anciennes filières caoutchouc de Renault à Nantes, et de Peugeot à Rennes. Cette région est une région de transformation industrielle dans le domaine du caoutchouc » (Gallas, 2006).

Mr Gallas reste optimiste sur la possible validation de ce pôle : La labellisation du pôle permettra la création d’une gouvernance. En espérant qu’ils ne nous diront pas que le projet n’est pas assez avancé, alors que ce projet n’attend que la labellisation. Mais d’après les bruits de couloir, le ministère serait très favorable à ce pôle. Nous n’attendons plus qu’un CIADT finalement. Comme il a été souvent reporté à cause d’agendas ministérielles trop chargés (…). En espérant qu’« Elastopole » soit dedans » (Gallas, 2006).

D’autant qu’Elastopole ne semble pas être redondant par rapport à des pôles déjà existants. « Il est vrai qu’il existe déjà trois pôles autour des matières plastiques et des matériaux composites. Je pense par exemple à « E=mc² » autour des matériaux composites qui concernent des grands groupes (Airbus et l’aéronavale), le Plastipole à Oyonnax, et Polymers Technologies. Les deux premiers devraient d’ailleurs selon établir des coopérations. Tous n’ont rien à voir avec « Elastopole ». Ce ne sont pas les mêmes projets aujourd’hui » (Gallas, 2006). Même si des partenariats semblent néanmoins possibles avec Polymers Technologies et E=mc².

S’il ne devait pas l’être, l’animation autour des industries et laboratoires du caoutchouc et des élastomères ne s’arrêtait pas là : « Si jamais notre dossier est refusé, nous essaierons d’introduire les projets existants dans des pôles existants. Je pense ici à Polymers Technologies » (Gallas, 2006).

Polymers Technologies

Ce second pôle concernerait 4 régions : Haute et Basse Normandie, Pays de la Loire, et Centre. Porté par la CCI d’Alençon, il a été refusé au dernier CIADT, du fait notamment de l’absence d’une grande entreprise leader pour piloter le pôle, tout en étant invité à proposer une nouvelle candidature (M. Audeneart, 2007). Aujourd’hui, l’entreprise « Arkéma » située à Serquigny dans l’Eure a pris une position au sein du pôle semblable à celle de ST Micro au sein de S²E², sans posséder les mêmes habitudes de coopérations que cette dernière avec la recherche publique. La région Centre est amenée à y jouer un rôle plus secondaire. Certes, un nombre suffisamment élevée d’entreprises concernées par le pôle sont présentes sur le territoire, notamment sur l’aire urbaine de Tours. Mais c’est la Haute Normandie (Serquigny, vallée de Seine, Rouen, Le Havre) et la Basse- Normandie (Alençon) qui possèdent la majorité des entreprises, des laboratoires de recherche privés et publics et des centres de formation. Nous ne détaillerons donc pas davantage ce projet.

b) Les SPL : des réponses plus spécifiques

Deux SPL (Systèmes productifs locaux) ont été relevés sur le Val de Loire, l’un constitué : la Shop Expert Valley », l’autre en projet « Sensoriel ».

La Shop Expert Valley se situe à Blois et regroupe 7 entreprises environ. Elle porte sur l’aménagement de l’intérieur des magasins. C’est un SPL solide mais qui reste tout à

la fois spécialisé et circonscrit géographiquement. Il concerne peu d’emplois mais participe à la l’excellence économique blésoise.

Le SPL Sensoriel est en constitution. Il s’agit aujourd’hui d’une association d’entreprises, qui est également institutionnelle : « Valésens », située à Tours. Cette dernière concerne les sciences du sensoriel, c’est à dire tout ce qui consiste à appréhender de façon objective les sensations ou le ressenti d’une utilisation face un produit ou dans un environnement donné. Il s’agit de mesurer objectivement la perception, dans le but d’optimiser l’objet ou l’environnement ».». Son objectif est la promotion des techniques du sensoriel en Val de Loire. Elle est basée à Tours et possède sur le sujet des affinités avec le Maine-et-Loire et avec Blois (via le SPL Shop Expert Valley). La formation et la recherche sont également des thèmes abordés. « Valésens un partenaire de la structuration de la recherche dans le domaine et ils ont en projets de nouvelles formations » (E. Château, 2007).

Initialement à Tours existait depuis 30 ans une compétence autour du goût. Il a même été créé un institut du goût déplacé depuis sur Poitiers (cf. Jacques Puisais). Mais il subsiste toujours une formation sur la métrologie à Tours et un designer réputé qui travaille sur le sujet à Tours.

Plus généralement, l’objectif est de mettre en place une « matériothèque » sensoriel à Tours. « C’est un projet important, dont l’aboutissement est de constituer un centre de recherche, de prestations pour les entreprises, un centre de formation et un centre d’information pour le grand public. Ce projet prend corps aux deux lions avec le soutien de Tours plus, du conseil général, de la CCI, et sans doute à venir du conseil régional » (E. Château, 2006).

En ce qui concerne la coopération avec d’autres territoires, et plus précisément d’autres entreprises d’autres territoires, « il y a une vraie continuité avec le Maine-et-Loire sur le sujet. C'est-à-dire tout à la fois une proximité géographique et une vue opérationnelle. Il serait vraiment intéressant de mettre en place des actions collectives pour les entreprises mais c’est vraiment trop compliqué aujourd’hui du fait des frontières départementales et surtout régionales. De plus, la thématique reste peu identifiée. Ce n’est pas exactement du design, qui possède de toute manière une image un peu spécialiste. Le sensoriel, c’est un domaine dans lequel beaucoup d’entreprises travaillent sans l’avoir formalisé. Il faut mener un travail d’appropriation très fort. La CCI rencontre des entreprises qui en font déjà, d’autres qui sont intéressées, pour monter une journée du sensoriel » (E. Château).

Ainsi, les sciences du sensoriel reste un domaine prometteur et innovant pour le tissu économique tourangeau, mais qui n’en est qu’au stade du balbutiement.

c) Récapitulatif

Il existe également d’autres démarches proches de celles évoquées ci-dessus. Les filières automobile et pharmacie sont également regroupées mais gardent une portée limitée. Plus particulièrement, la filière automobile s’appelle « pôle autocentre » et concerne surtout des sous-traitants, comme Delphi à Blois. Selon E. Château (CCI 37, 2006); « il a été directement impulsé par l’État, suite au démantèlement traumatisant de Matra à Romorantin. Plus précisément, il est télécommandé par la DRIRE pour aboutir à une structuration de la sous-traitance automobile. Le pôle s’articule sur des actions en faveur de la formation, de la mise en réseaux et de l’aide au positionnement de la filière. Mais on ne peut pas dire qu’il y ait véritablement de demandes historiques là-dessus ».

Enfin, il existe également une démarche plus propre à Tours, qui concerne des coopérations entre une entreprise et des laboratoires de recherche publique. On pense au CERTeM avec ST Microelectronics, mais également au CEROC (sur les objets coupants…)

Ainsi, ces autres coopérations révèlent d’une déclinaison territoriale de portée plus locale et moins complète que ne sont celles prévues au sein des pôles de compétitivité. Néanmoins, elles semblent être des réponses adaptées dans des filières ou domaines plus circonscrits et garantissent la multiplicité de projets, c'est-à-dire une plus grande diversité des spécificités économiques. D’autant que, à l’instar des coopérations entre le SPL Shop Expert Valley avec la Cosmetic Valley ou de S²E² avec le pôle Capteurs de Bourges, des coopérations entre ces pôles sont possibles et apportent une plus value aux projets de chacun. Ces différentes articulations participent à fixer encore davantage ces démarches de clusters aux territoires.

II.4.2) De la nécessité d’une intervention économique sur plusieurs niveaux

Le point de vue exposé ici est qu’une condition au développement économique est le soutien à la fois aux activités d’excellence et à celles de portée plus locale. C’est celui développé la plupart du temps par les organismes régionaux. Nicolas Trimbour (DRIRE Centre, 2007) nous a exposé clairement sa pensée : « Il faut faire attention à ne pas baser tout le développement économique territorial sur un seul outil. Chaque outil est intéressant et ils se confortent les uns les autres. Il faut conserver cette gamme. Il est bien sûr indispensable d’avoir des pôles compétitifs à l’échelle internationale pour accroître la visibilité dans le concert industriel mondial de premier niveau. Si on était resté sur une dizaine de pôles à vocation mondiale, aucun n’aurait été en région Centre. Or, il existait également des pôles d’excellence régionale, qui s’inscrivent dans une logique d’aménagement du territoire équilibré, réparti sur tout le territoire. C’est bien car la région Centre a obtenu ainsi 2 pôles bien structurés et les projets de recherche présentés s’en sont trouvés accrus. Néanmoins, à côté de ces élites, il y a tout un tas d’entreprises qui ont des compétences. L’organisation en SPL ou plus généralement en actions collectives – qui est une compétence de la DRIRE –leur offre une plus grande capacité à se développer. Il faut qu’il y ait cet échelon de soutien. Comme il faut parfois soutenir les projets d’une seule entreprise ».

En résumé, il faut conserver une batterie d’aide différenciée aux entreprises,

qu’elles proposent des projets seules, ou de manière collective, et que ces projets aient une portée locale ou mondiale. L’organisation conjointe d’aides de l’Etat et des

collectivités locales est importante car les objectifs diffèrent d’un projet à l’autre, en termes de rayonnement, et de retombées potentielles sur le territoire. Dans un contexte international de concurrence sur l’outil productif où la France n’est pas très bien placée du fait d’un coût de main d’œuvre élevé, les aides portent de plus en plus sur l’innovation. Et ce n’est pas forcément gagné à l’avance, la culture française n’étant pas à des dépenses industrielles particulièrement élevées en R&D.

En outre, il faut préciser que selon les dires des acteurs rencontrés, il ne semble qu’il n’y ait pas aujourd’hui d’autres secteurs ou filières qui posséderaient l’assise industrielle et scientifique pour permettre la constitution de pôles de compétitivité supplémentaires à ceux existants ou candidats. Ainsi, cette démarche d’excellence n’est amenée à concerner qu’une partie circoncise de l’économie ligérienne, ce qui est un argument supplémentaire à ce qu’elle ne constitue qu’une partie d’une politique de développement économique du territoire.