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PARTIE 2 : ANALYSE DES ENTRETIENS

B. PERCEPTION DE LA PRESCRIPTION DE MOYEN CONTRACEPTIF

1. Sentiments générés par cette prescription

a) Des praticiens déstabilisés

Assez facilement, les médecins interrogés verbalisent le fait qu’ils se sentent déstabilisés lors de cette prescription : « oui oui, je suis toujours en difficulté, c'est pour ça que je botte en touche » (E5), « Non, sincèrement non, moins (à l’aise) que chez la jeune femme ou la jeune fille » (E7), « Je trouve que ça se complique un peu (rires) » (E7), « Je suis moins à l'aise que de gérer des diabètes et des hypertensions » (E8), « Moi tout ce qui est gynéco je ne me sens pas super, super à l'aise »(E10).

b) Des praticiens inquiets

La prescription de moyen contraceptif et plus particulièrement d’hormones chez les femmes en périménopause est un réel frein dans la prise en charge pour M9, M11, M12 et M14. Cette prescription hormonale est synonyme d’incertitudes.

- « Pour tout vous dire, même les pilules j'en prescris de moins en moins, j'envoie vers les gynécos, parce qu'il y a eu tellement de choses sur les pilules entre les deuxièmes, troisièmes générations, dix-huitièmes générations (rires) que, euh, (soupir), voilà » (E9),

- « Les pilules, elles ont beaucoup évolué par rapport à il y a 20 ans, donc j’avoue, je ne me sens pas hyper compétent pour tout ça. » (E9),

- « Je tends de plus en plus à essayer de limiter la contraception hormonale ou d'adapter les hormones à la patiente. Quand c'est possible de supprimer les hormones » (E12),

- « Après voilà (silence), tout ce qui est hormone je ne suis pas très à l'aise » (E14),

- « Les difficultés c'est plus (silence), parce que les hormones c'est tellement subtil, c'est trouver la bonne subtilité pour chaque femme, le bon produit ce qui lui va » (E13).

2. L’approche des médecins généralistes

Trois approches différentes de cette prescription sont mises en avant dans l’échantillon sondé. Ces approches reflètent le ressenti de chacun des praticiens concernant cette prescription.

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À chaque fois, la prise en charge des femmes en périménopause est abordée de manière différente et la prescription qui en découle évolue.

a) Une approche attentiste

Lors des entretiens E1/5/4/9/10, la prescription de contraception est appréhendée de façon pragmatique, sans nécessairement d’interrogation ou de prise d’initiative. C’est un renouvellement plus qu’une réévaluation d’ordonnance.

- « Ça se passe de façon relativement simple, il y a besoin d’une contraception : oui ou non ? (silence), les ¾ du temps il y en a besoin, après il en faut une, il en faut une ! (soupir) Et tant que les choses ne sont pas clairement définies, il y a besoin d’une contraception point » (E2), - « Si elle a déjà une contraception, s’il n’y a pas de souci je la renouvelle sans arrière-pensée »

(E1),

- « C’est un renouvellement un peu systématique de leur pilule » (E5),

- « Je lui demande qu’est-ce que vous donne votre gynéco d’habitude et je vous renouvelle votre ordonnance » (E9),

- « J’ai plutôt l’impression que c’est une prescription de renouvellement comme ça avec la même contraception orale qu’elles ont depuis des années » (E10).

b) Une approche tournée vers le dialogue

Pour M3, M6 et M7, cette prescription est l’occasion de dialoguer avec la patiente, de discuter de sa contraception, de son ressenti.

- « Si elles viennent me voir pour changer leur pilule au-delà de 45 ans, systématiquement je propose autre chose » (E3),

- « On pose la question de si elle utilise une méthode et si c’est oui, on discute de si c’est la bonne, si elle est contente, si elle veut continuer comme ça, si elle veut changer, s’il y a des alternatives » (E6).

Un échange vu comme l’occasion de faire le point, « celles que je suis depuis 10 ans, où elles en sont ? Si elles prennent toujours la pilule ? Tiens je ne la renouvelle plus ? Comment ça se fait ? Vous l’avez arrêtée ? Oui, non, (silence), euh, certes (réfléchit) alors après c’est finalement plus moi qui leur pose la question » (E7).

c) Une approche interventionniste

Pour M5, M8, M11 et M14, la réévaluation de la contraception se fait dès l’apparition des symptômes de la périménopause : « quand il y a un dérèglement ou autre je leur dis, bon, on va peut-être changer, passer à autre chose c’est surtout ça » (E5).

Pour d’autres, la réévaluation va se faire avant même l’arrivée de la périménopause, dès 35- 40 ans, « les habitudes de contraception auront déjà changé avant la ménopause, avant les symptômes de la ménopause » (E8), « vers la quarantaine quoi, (soupir), ouais, je commence à leur dire, ouais, la pilule tâchez d’arrêter quoi, il faut penser à autre chose, c’est vrai que j’y pense un peu avant quoi » (E11), « de toute façon déjà à 35 ans normalement on doit revoir » (E14)

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Figure 8 : Perception de la contraception en périménopause par les médecins généralistes

Perception de la périménopause Définition période charnière Tranche d'âge Symptomes cliniques Perception de la prescription de moyens contraceptifs Sentiments générés Déstabilisation Inquiétude

Approche des médecins généralistes

Attentiste

Tournée vers le dialogue

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II. DIFFICULTES DES MEDECINS GENERALISTES LORS DE LA

PRESCRIPTION DE CONTRACEPTION CHEZ LES FEMMES EN

PERIMENOPAUSE

Onze des quatorze médecins interrogés avouent se sentir en difficulté lors de cette prescription. Pour les trois médecins restants dont un médecin (M12) ayant fait une formation complémentaire en gynécologie, cette prescription ne soulève pas de difficulté particulière : « Je n'ai pas de difficulté en tant que tel » (E9), « pfff, (soupir), pas plus que dans un autre domaine » (E11). M9 et M11 abordent cette prescription de manière sereine car, même si des difficultés apparaissent, un avis spécialisé est possible : « S’il y a des problèmes on fait les examens qu'il faut et puis on délègue quand il y a un truc hein » (E11), « Je n'ai pas de difficulté en tant que tel mais comme je ne m'estime pas suffisamment à jour, je préfère laisser la main, pas parce que je suis en difficulté, parce qu'il y a des gens, qui font ça très bien » (E9).

Pour M12, sa formation complémentaire en gynécologie joue un rôle prépondérant dans sa maitrise du sujet et donc dans l’absence de sentiment de difficulté qui en résulte : « Oui je me sens à l’aise mais je suis biaisé avec mon DIU* de gynécologie » (E12).

Quelles sont les difficultés mises en avant pour les onze médecins généralistes de l’échantillon ?