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PARTIE 2 : ANALYSE DES ENTRETIENS

A. INTERET D’UNE APPROCHE QUALITATIVE

L’approche qualitative vise non seulement à répondre à une question sans avoir de présupposé mais s’attache aussi à la compréhension de phénomènes sans jugement de la pratique médicale. L’objectif initial de l’étude était de connaitre le ressenti des médecins généralistes lors de la prescription d’un moyen contraceptif chez une femme en périménopause et si oui ou non ils se sentaient en difficulté lors de l’élaboration de cette prescription. L’approche qualitative a permis de mettre en évidence des difficultés et de faire émerger des solutions ou des améliorations possibles : cela a permis d’enrichir notre problématique.

En effet, grâce au caractère inductif de la méthodologie qualitative certains thèmes ou sous-thèmes ont été abordés par les praticiens interrogés sans qu’ils ne fassent partie de nos hypothèses initiales de travail :

- Le débat suscité par la méthode de contraception définitive, - L’aspect culturel de la contraception,

- L’implication parfois différente des femmes médecins versus les hommes médecins dans la contraception,

- La volonté de défendre le rôle du médecin généraliste dans le suivi gynécologique, - Le positionnement ambigu de certains généralistes envers les sages-femmes…

Ce sont autant de thèmes et sous-thèmes qui ne faisaient pas partie des présupposés sur le sujet avant l’élaboration des entretiens. Sans cette méthode qualitative, l’émergence d’idées au cours d’une étude aurait été compliquée voire impossible à obtenir.

Par ailleurs, très peu d’études ont été réalisées dans le domaine de la périménopause et plus particulièrement concernant la prescription de contraception durant cette période. La méthodologie qualitative est intéressante dans ce contexte car elle permet une approche ouverte adaptée à ce type de travail exploratoire.

L’étude est au cœur de la pratique médicale de par son type de recueil de données que sont les entretiens semi-dirigés. Il est probable qu’avec un choix d’étude quantitative de type « questionnaire anonyme » les données recueillies auraient été plus formelles, plus standardisées. Les résultats n’auraient pas pu appréhender le ressenti propre à chaque médecin interrogé et l’expression de ses difficultés au quotidien.

90 1. Triangulation

La triangulation des données visant à restituer « la richesse des points de vue, leur complexité et leur caractère évolutif » (74) a été respectée . Cette triangulation englobe des sous-dimensions : le temps, l’espace, les personnes participantes et les chercheurs :

- La triangulation temporelle qui considère la dimension évolutive du phénomène étudié (74) a été respectée en sélectionnant des participants dont la durée de pratique de la médecine générale variait. Elle allait de 3 à 36 ans.

- La triangulation de l’espace a également été respectée avec des entretiens menés dans deux départements différents, chez des médecins exerçant en milieu rural, semi-rural et urbain. - La triangulation des participants a été respectée en sélectionnant des médecins dont

l’exercice variait avec des médecins installés depuis plus de 30 ans et à l’aube de la retraite, des médecins ayant des formations complémentaires en gynécologie ou encore des médecins pratiquant des activités annexes comme la chirurgie esthétique ou les IVG.

2. Les entretiens

L’ensemble des entretiens a été réalisé par la même personne afin d’éviter un biais de recueil des données. La technique des entretiens semi-directifs individuels a été préférée à celle des « focus group » afin de limiter l’interaction et l’influence des autres participants.

Les entretiens ont été réalisés selon les disponibilités des médecins interrogés, à chaque fois dans leur cabinet respectif et à l’horaire souhaité. Pour chaque entretien, une plage horaire équivalente à une voire deux consultations était bloquée par le médecin généraliste à l’avance.

Les entretiens se sont quasiment systématiquement prolongés au -delà des 20 min annoncées lors du premier contact téléphonique. Lors d’un unique entretien (E9), il a été évoqué ouvertement la nécessité de mettre un terme à l’échange compte tenu de l’activité importante de consultations prévue dans les suites de l’entrevue. Dans tous les autres cas, les praticiens interrogés sont volontiers restés discuter du sujet, souvent au-delà de l’enregistrement. Preuve qu’un climat propice à l’échange s’était installé et que le sujet suscitait interrogations et réflexions.

Trois médecins généralistes ont refusé de ne pas répondre au téléphone pendant l’entretien. Ils ne disposaient pas de secrétariat et préféraient assurer la prise de RDV en continu. Il a donc été nécessaire de s’adapter lors de ces entretiens ; après chaque appel téléphonique, la question en cours était reposée systématiquement tout en veillant à instaurer de nouveau, un climat propice au dialogue et à l’échange.

91 3. L’échantillon

En méthodologie qualitative, l’échantillon n’est pas représentatif de la population étudiée. Les médecins ont été recrutés par tirage au sort initialement. La méthode de « l’effet boule de neige » n’a pas été utilisée pour éviter de sélectionner de manière indirecte un « profil type » de médecin généraliste interrogé.

Afin de limiter au maximum le biais de sélection, il est à noter qu’aucun des médecins interrogés n’était connu de l’intervieweur avant de mener l’entretien. De plus, aucun des médecins interrogés n’était maitre de stage ou membre du département de médecine générale à la faculté de médecine de Caen. Seul le médecin ayant testé le guide d’entretien était connu de l’intervieweur et maitre de stage en 1er niveau.

Ce choix purement volontaire de prendre contact uniquement avec des médecins généralistes non connus de l’intervieweur ou ne faisant pas partie du département de médecine générale a engendré de nombreuses difficultés dans l’élaboration de cette étude. Ceci notamment, compte-tenu du nombre de refus important lors du premier contact téléphonique.

Pour autant, avoir un échantillon sans représentant du département de médecine générale ni maitre de stage nous semblait primordial car limitant le biais de sélection. En effet, ces-derniers, de la même manière qu’ils sont investis dans la formation des étudiants de la faculté de médecine le sont aussi régulièrement au sein d’organismes de formation continue. Leurs regards, leurs pratiques, leurs formations peuvent ainsi, être influencés.

De même, le fait de choisir des médecins côtoyés au sein d’un groupe de pairs ou lors de remplacements ponctuels sélectionne malgré tout un certain « profil » de praticiens pouvant se retrouver sur des modes de fonctionnements, des pratiques ou encore un environnement commun. Autant d’éléments qu’il nous semblait essentiel d’éviter lors de la sélection de l’échantillon.