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PARTIE 2 : ANALYSE DES ENTRETIENS

A. DIFFICULTES LIEES AUX MOYENS CONTRACEPTIFS

2. Freins lors de l’arrêt de la contraception

a) Conduite à tenir non codifiée

(1) Un arrêt « au feeling » (E4)

Les médecins généralistes verbalisent très facilement leurs interrogations : faut-il arrêter la contraception ? Si oui, quand l’arrêter ? Si non, pourquoi ? Faut-il prendre en compte d’autres éléments ? L’âge de ménopause maternel ? Autant d’interrogations sans réponse préétablie, très régulièrement, les médecins, ont avoué faire au « feeling » face à cette problématique. Plus qu’une interrogation, l’arrêt de la contraception durant cette période est perçu comme une limite dans la prise en charge des femmes en périménopause.

- « C’est toute la question, à partir de quand on commence à faire les tests et savoir, quand il faut arrêter, je ne sais pas, (silence), je n'ai pas de réponse, c'est un petit peu au feeling » (E4)

- « C’est un peu au feeling : la date de ménopause de la maman, les cycles qui me paraissent peut-être être en train de s'atténuer (soupirs), les choses de ce genre (silence), on dit c'est peut-être le moment, (réfléchit), donc on arrête. » (E4)

- « Qu’est-ce que je leur dis, (soupirs) moi, (soupirs), euh, (réfléchit), ouais c'est une question effectivement, est ce que j'en ai toujours besoin (demande de la patiente concernant la contraception) et ben bonne question (rires) ». (E7)

- « Ben le problème de la ménopause, c'est que la vraie définition de la ménopause, c'est aménorrhée totale depuis plus d’un an et que bien souvent on a des aménorrhées de 4 mois, 6 mois et donc à ce moment-là s’il se passe quelque chose on fait quoi ? ». (E9)

- « Ça c'est une bonne question, parce que j'ai l'impression que c'est un peu au feeling » (E10) - « C’est une période justement où on se pose la question de la contraception ou pas, se pose

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(2) Pas de consensus sur l’âge d’arrêt

Pour la majorité des praticiens aucun âge fixe ne peut être donné, c’est du cas par cas, renforçant l’idée d’une décision prise au « feeling » (E4/E9/E14) : « je ne vais pas le faire systématiquement parce que je me dis de toute façon, (silence), enfin voilà, c'est pas : pif ! 50 ans ! ménopausée donc euh, (silence), on va attendre un petit peu » (E14).

Seulement trois médecins interrogés vont se risquer à donner un âge plus ou moins précis, « 50 déjà on peut commencer à se poser des questions » (E10), « quarantaine je leur dis stop, enfin je leur dis tachez d'arrêter ça (la contraception) » (E11), « 50 ans, je pense, ouais, je crois, qu'il y a un peu une barrière psychologique de 50 ans, avant j'ose pas trop leur dire d'arrêter de peur qu'elle tombe enceinte, après je me dis, ah, (soupir) peut être ». (E3)

(3) Prises en charges hétérogènes

(a) Concernant le retrait du DIU

En fonction des entretiens, les prises en charges sont variables et médecin-dépendant.

- « Pfff (soupir), si elle me dit voilà, ça fait 4 ans, enfin j'aurais dû l'enlever il y a déjà, j'en sais rien (silence), bon je leur dis voilà, on va regarder, on va l'enlever, hein » (E7)

- « En général elles finissent par l'enlever dans la cinquantaine, qu'est-ce que je leur dis-moi (silence, réfléchit), euh, ouais c'est une question effectivement » (E7)

- « Ben tout dépend, pfff, (soupir) le Miréna ®, 47 /49 ans » (E13)

- « Je dirais que le Mirena®, une femme qui a déjà eu un Mirena® qui vient à 45 ans pour un changement de Mirena® je lui remets un Mirena®, au contraire, si elle a adoré n'avoir aucune règle pendant 20 ans, et qu’elle a 45 ans, elle va peut-être avoir sa ménopause dans 10 ans ou plus si affinité et que euh, elle est confortable avec je lui en remets un bien sûr » (E12)

(b) Concernant l’arrêt d’une pilule

De nouveau, les prises en charges sont variables et médecin-dépendant.

- « Quand ça se passe bien, ça se passe bien, donc ouais, why not (silence) oui, oui, j'ai des patientes qui sont sous Microval® jusqu'au bout quoi (soupir) je ne change rien » (E4) - « Si elles vont bien et que je n'ai pas de symptôme je laisse » (E1)

- « Je leur propose d'arrêter pendant 3 mois, de voir s’il y a des règles qui viennent » (E3)

b) Un arrêt source d’appréhensions

Le questionnement des praticiens sur l’arrêt ou non d’une contraception chez une femme en périménopause suscite un sentiment de difficulté du fait des nombreux questionnements qui en découlent.

 Quelle attitude face à une patiente de 50 ans sans contraception ? « j'ai eu une nouvelle patiente il n'y a pas longtemps (…) elle me dit j'ai un stérilet ( rires), elle doit avoir 50 ans je crois (réfléchit) et donc ça devait faire 5-6 ans qu'elle l'avait, du coup je lui dit il va falloir revoir avec le gynéco, elle a vu un gynéco de Granville qui m'a envoyé un compte rendu hier,

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euh, (silence), et donc voilà, lui, il lui l'a retiré, il a les signes effectivement de la ménopause mais il a dit on se laisse un an pour voir si il n'y a pas des cycles qui reviennent « et donc là pendant 1 an il n'y a pas de contraception ? » Et bien c'est ce que je me suis dit, hein hein, qu'est ce qui va se passer, donc euh, c'est la réflexion que je me suis faite en lisant le compte rendu » (E14)

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 Comment gérer l’angoisse des patientes face à cet arrêt ? : « il y a une espèce d'angoisse pour la femme de cet âge-là d'arrêter sa contraception » (E10).

 Quelle est la réalité d’un risque de grossesse ? : « Je lui dis de conserver sa contraception car il y a quand même un risque de conception sauf s’il y a un désir mais ce sera de toute façon une grossesse compliquée » (E8), « je pense qu'il ne faut pas prendre de risque avec la contraception » (E14), « alors qu'on sait très bien que finalement le risque, après, (silence) arrivé à un certain âge, (réfléchit, hésite) le risque de grossesse quand même est très bas » (E10).

 Comment prendre en compte le contexte personnel de la patiente ? : « si c'est une femme à 45 ans, bon il y a encore des rapports non protégés avec son mari ou avec un nouveau partenaire et qu'elle ne prend plus de pilule, qu'elle ne prend plus rien (…) et qu'elle ne fait pas gaffe » (E7).