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même si c’est compliqué. En l’espèce, elle a besoin de mise en pratique et de cours concrets. Elle a notamment besoin de comprendre les cours. Pour ce faire, elle établit des liens entre eux, fait des fiches, mène beaucoup de recherches. De plus, elle est très assidue dans sa présence et travaille la plupart du temps à la BU. L’organisation constitue la clé de la réussite à ses yeux, d’autant plus lorsqu’elle travaillait en parallèle des études. En effet, les cours sont denses et la charge de travail l’est tout autant. Daphné a donc dû se montrer autonome, et préfère d’ailleurs travailler seule.

Pour autant, elle ne s’investit pas dans la vie universitaire. De même, elle ne sort pas souvent et ne s’adonne pas à beaucoup de loisirs contrairement à avant car elle s’est rendue compte que ce n’était pas compatible avec ses études. Aussi, elle avait déjà des amis en arrivant en droit, mais elle a réussi à s’en faire d’autres par la suite. Si les étudiants venaient de tous horizons en L1, elle a indiqué que cela s’était « écrémé » au fil des années, et qu’il y avait tout de même une majorité d’étudiants dont les parents ont un bagage important selon elle. En l’occurrence, sa meilleure amie, également en droit, vient d’un autre milieu social et ses parents possèdent bien plus d’argent que les siens. Toutefois, elle ne s’est jamais sentie inférieure à son amie, et ses amis se sont par ailleurs révélés être un soutien émotionnel important tout comme sa famille. En définitive, Daphné a indiqué faire passer sa famille ainsi que ses amis avant les études, lesquelles ne constituent pas une priorité à ses yeux.

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RÉSUMÉ

À l’ère où la démocratisation universitaire se voudrait totale, il subsiste malgré tout certaines inégalités de réussite entre les étudiants. En l'espèce, les enfants d'ouvriers restent sous-représentés dans l'enseignement supérieur, que ce soit dans les filières élitistes et prestigieuses comme dans les cycles master et doctorat. Ces derniers y connaissent également plus de difficultés (sociales, économiques, culturelles, institutionnelles, pédagogiques et organisationnelles). Pourtant, certains d'entre eux s'orientent tout de même dans de telles filières et accèdent aux cycles universitaires en question. Dès lors, cela pose la question de savoir comment ces derniers parviennent à s'intégrer et à réussir dans une filière a priori éloignée de leur culture. Plus spécifiquement, ce mémoire vise à étudier les stratégies d'intégration et de réussite à l’œuvre chez les enfants d'ouvriers inscrits dans une filière jugée élitiste et prestigieuse.

Ainsi, en explorant la question de l'expérience étudiante sous toutes ses formes, la présente recherche se focalise sur le cas des enfants d'ouvriers actuellement en master droit à la faculté de Droit et des Sciences Politiques de Nantes. Des entretiens semi-directifs ont été menés afin de saisir leurs expériences et le sens qu'ils leur attribuent. Les questions ont donc porté sur leur projet d'études et sur leur projet professionnel, sur leurs sociabilités, leur travail scolaire, leurs loisirs, la mobilisation de leur famille dans leurs études, l'utilisation des infrastructures de l'établissement et enfin sur leur travail salarié. Mais la recherche avait également pour but d’en apprendre davantage sur la filière droit et la place qu’y occupent aujourd’hui les enfants d’ouvriers.

Mots-clés : classe populaire, enfants d’ouvriers, émancipation, subjectivation, acculturation, triple autorisation intersubjective, métier d’étudiant, filière élitiste, faculté de droit, réussite universitaire, expérience universitaire, orientation.

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ABSTRACT

At a time when university democratization is supposed to be complete, there are still some inequalities of success among students. In this case, the working-class students are still under- represented in higher education, whether in elitist and prestigious fields or in the master's and doctorate cycles. The latter are also experiencing more difficulties there (social, economical, cultural, institutional, pedagogical and organizational). However, some of them nonetheless go into these fields of study and enter the university cycles in question. Therefore, this raises the question of how they manage to succeed and integrate into a field that is distant from their culture. More specifically, this master’s thesis aims to study the strategies of integration and success at work among the working-class students who join a sector which is considered elitist and prestigious.

Thus, by exploring the issue of the student experience in all its forms, this research focused on the case of the working-class students currently studying for a master's degree in law at the University of Law and Political Sciences in Nantes. Semi-directive interviews were therefore directly conducted in the fieldwork. These interviews aimed to capture their experiences and the meaning they attribute to them. The questions therefore focused on their educational and professional plans, their sociabilities, their school work, their leisure activities, the mobilization of their family in their studies, their use of the school's infrastructures and, finally, their salaried work. But the research also aimed to learn more about the law field and the place occupied by the working-class students in this field today.

Keywords : lower-class, working-class students, emancipation, subjectivation, acculturation, triple intersubjective authorization, student profession, elitist path, law university, university success, university experience, orientation.