Page 475
TABLEAU R° 10
Exportation de pétrole "brut
libyen
par pays.(
PAYS1967 1968 1969 1970
)
millions barils
1°
millionsbarils
%
millionsbarils
1o
millions !$> )
barils !
)
fR.F.A. 148 23 260 27 253 23 216 18
)
(Italie 129
: '
20 183 19 253 23 300 25
)
ÏG.B.
76 12 171 18 155 14 180 15\
(France 81 12 75 8 130 11 168 14
)
(Pays-Bas 58 10 68 7 111 10 120 10
)
(Espagne 28 5 57 6 59 5 60 5
)
(U.S.A.
18 8 53 6 58 5 36 3)
(Belgique
33 6 30 3 44 4 48 4)
( Sous-Total 571 91 897 95 1.063 95 1.128 93
)
(- Pont CEE 449 71 616 65 791 72 852 70
)
(- Pont Europe
( Occidentale 553 88 854 89 1.005 91 1.092 90
)
(Autres
pays (56 9 49 5 58 5 84 7
)
(
J TOTAL
627 100 946 100 1.121 100 1 1.212100
)
Source s BfflK OP LIBYA 1970 - Rapport Annuel s
1969/1970.
IDEP/ET/R/2429
Page
476
Comme nous le constatons, les principaux partenaires de la Libye sont les grands européens de 11OCDE.
Ces quelques chiffres soulignent la double dépendance croissan¬
te de l'Europe envers les pays africains et du Moyen-Orient pour son
approvisionnement en énergie et des monopoles anglo-saxons qui s'impo¬
sent comme intermédiaire entre les pays "producteurs" et "exportateurs"
d'une part et les pays consommateurs d'autre part.
De l'origine à 1971? la structure des ventes pétrolières est
restée pratiquement la même. Ces transactions sont assurées pour plus
de 80
Ío
par des compagnies nord-américaines."Jamais le secteur des hydrocarbures n'a été lié de façon orga¬
nique avec le reste de l'économie. Les compagnies pétrolières qui le détiennent en totalité ne songent ni à utiliser les potentialités du
pays ni à orienter leur politique à long terme en fonction des
intérêts
nationaux, sauf quand elles y sont forcées par des réglementations légales"(1).
Après la nationalisation de la B.P, en décembre 1971» la Libye
semble se tourner vers les pays de l'Europe de l'Est et notamment vers l'U.R.S.S. pour vendre une partie de sa .production.
Avec ses importantes réserves de gaz naturel, qui sont
évalués
à plus de mille milliards de m3» la Libye deviendra d'ici quelques
années un grand exportateur de cette forme d'énergie, Actuellement il
existe deux contrats pour ses ventes de gaz naturel, dont les opéra¬
tions sont assurés à 100
%
par les sociétés pétrolières étrangères s(ï)
J.J. REGNIER. 1 maire de l'Afrique du Nord. 1970(
197-1)
p. 459»idep/et/r/2429
Page 477
-
ï)
avec l'Italie : 3,5 milliards dem3/An.
-
2)
avec l'Espagne s 1,0 milliard dem3/An.
Jusqu'à présent, l'Etat libyen ne joue aucun
rôle
au niveaudes circuits de commercialisation. Ce sont les compagnies pétrolières
internationales qui contrôlent et qui orientent les débouchés du sec¬
teur vital dé toute l'économie libyenne. C'est un bel exemple d'écono¬
mie totalement extravertie et dominée.
c)
Les débouchés du pétrole brut nigérian.En 1971, les exportations pétrolières du Nigéria étaient repré¬
sentées par 73,5
Í°
des ventes pétrolières. Les balances commercialeset de paiements de ce pays dépend de plus en plus de l'exploitation
et des exportations pétrolières. La totalité de cette matière première
est exportée à l'état brut. Les industries de raffinage et de la pétro¬
chimie sont inexistantes. Voir chapitre 10 de la première partie.
Les principales transactions se font avec l'Europe Occidentale qui a acheté en 1970,
69 Í°
des exportations nigérianes suivie de loinpar les autres pays de 1 ' "hémisphère Occidental avec 29
f°.
En 1970, le Royaume Uni est venu en tête des pays importateurs
du brut du Nigéria avec
86,9
millions de barils soit 23%
du total.Les Pays-Bas, la France et les U.S.A. viennent en seconde et
troisième
position avec respectivement 18 et 12 Voir tableau ci-après. La part des pays africains et asiatiques n'est que de 2
Il faut ajouter que la totalité de la commercialisation de la production de pétrole brut du Nigéria est assurée par les
sociétés
coneessionnaires. L'Etat Fédéral ne joue aucun rôle dans ce domaine,
c'est un secteur qui lui échappe totalement.
Les moyens d'évacuation demeurent insuffisants. D© nouveaux oléoducs sont en cours de réalisation pour faire face à la croissance rapide de la production et de la commercialisation de cette matière première.
IDEP/ET/R/2429
Page
478
TABLEAU N° 11
Exportations de brut par pays
de destination (en
millionsde barils)
(
Pays ou régions 1969 1970 s% )
( Iles Canaries
8,6
)
(
3. HEMISPHERE OCCIDENTAL s M. 291o )
( Etats-Unis.
34,8
47,4)
12
)
(
Raffineries antillaises... 14,3 34,7 9)
( Brésil
11,8
13,4 4)
( TOTAL 199,0 283,5 100,0
S
Sources : Comité Professionnel du Pétrole.
5*448
22 Oct.1971
P.16.
v •.,-. ---vi •■v-• .,!• ... ,.,
v-• - i- "■ ■
V<r^ •
;
QJ~
. „rjSHP/Bf/R/2429
CAPTE W°
^
PRINCIPALES EXPORTATIONS CE BRIJT flFRTC»TN
PAR REGION DE DESTINATION
i
1SDO
idep/et/r/2429
Page
48O
IV - CONCLUSION.
Comme nous venons de le voir tout au long de ce chapitre, les
pays africains "producteurs" et "exportateurs" de pétrole brut
(hormis l'Algérie),
ne jouent aucun rôle dans le domaine de la commercialisa¬tion de leurs bruts.
Leurs marchés n'absorbent qu'une très faible partie de leur pro¬
duction. Elle est même très marginale, ce qui prouve qu'il n'y a aucun lien de correspondance entre la production et la demande nationales.
Cette même production est plutôt fonction des besoins et de la demande
internationale.
Les sociétés pétrolières internationales aggravent leur extra¬
version et leur intégration au système capitaliste mondial.
Elles ont imposé une spécialisation verticale et
unilatérale
à ces pays tout en restant maîtresses des principaux courants
des
tran¬sactions pétrolières internationales.
A l'échelle du continent africain, il n'y a que
l'Algérie qui
assure l'écoulement d'une grande partie de la production
(sans
changerde
débouchés),
sur des marchés réputés impénétrables et dontles struc¬
tures sont dominées par les monopoles pétroliers depuis
déjà
detrès
longue date.Cette expérience jeune et originale, doit
être
prise enconsi¬
dération par tous les pays qui cherchent et qui veulent se
libérer de
la forte emprise sur le marché mondial des hydrocarbures par les
grands
monopoles internationaux.
idep/et/r/2429
Page
481
C_H A P I T R_E
-III
LES COUTS DE RAFFINAGE, DE DISTRIBUTION ET LES PRIX ET TAXES DES PRODUITS PETROLIERS
Introduction.
Qui contrôle le raffinage ?
Les coûts de raffinage et de distribution : Algérie,
France et Sénégal.
L'évolution des prix et dos taxes des produits pétroliers Algérie et Europe Occidentale.
Conclusion.
idep/et/r/2429
Page
482
1 - INTRODUCTION,
Dans ce chapitre nous tenterons de voir à qui profite le plus et qui contrôle le raffinage du pétrole "brut ainsi que ses coûts-de produc¬
tion dans des pays inégalement industrialisés,
La pétrochimie qui fait encore l'objet des grands monopoles des
sociétés pétrolières internationales et des pays du centre, commence
à
peine à voir le jour dans les pays périphériques en général et dans les
pays "producteurs" et "exportateurs" de pétrole brut en particulier. En effet, la part de ces pays dans le domaine du raffinage qui demeure enco¬
re très marginale par rapport à l'ensemble mondial ne progresse que très
lentement.
Ce sont les pays industrialisés capitalistes qui contrôlent la plus grande partie du raffinage et de la pétrochimie, La capacité de ces unités de production progressera.encore davantage dans le courant des
années à venir.
Au niveau des investissements, comme au niveau de la production
et de la distribution des produits pétroliers
raffinés,
lescompagnies
contrôlent pratiquement tout. Comme nous essaierons do le montrer, l'im¬
pact économique. de cette branche industrielle est beaucoup plus important
dans les pays développés que dans les pays "producteurs" de cette matière première.
Nous étudierons successivement le dévelçppement des capacités de raffinage et leur répartition dans le monde
(à
ce sujet nous renvoyons le lecteur à la première partie de cetravail),
les coûts de raffinageet l'évolution des prix et des taxes des produits pétroliers.
IDEP/ET/R/2429
Page
483
2 - QUI CONTROLE LE RAFFIIIAGE ?
Le développement de raffinage et de l'industrie pétrochimique ont suivi de très près le développement de la consommation de produits raf¬
finés des pays capitalistes développés. Los Etats Unis d'Amérique ont
vu leur part passée de
45»8 %
du raffinage mondial enI96O
à28,6 $
enI97O. Les parts relatives de l'Europe Occidentale et de l'ExtrSme Orient
sont passées respectivement, durant la
môme
période, de15,8 Jo
à28,4 %
et de 5,4
$
à11 fo»
La part de l'Afrique dans 1'ensemble des capacités de raffinage
du monde est passée de
1,5 %
enI96Ó
à 1,2%
en1970*
En valeur absolue,elle est passée de
17»5
millions de tonnes à28
millions pendant cette décade, ce qui représente 0,9°/o
de l'accroissement mondial. Voir tableau N°1.Comme nous le constatons,
les
nouvelles raffineries ont surtoutété implantées dans les zones grandes consommatrices de pétrole brut
(Europe
OccidentafLe etJapon), plutôt
que dans les pays "producteurs" et"exportateurs" de cette matière première du Moyent Orient, d'Afrique ou d'Amérique Latine.
Ces nouvelles capacités de raffinage ont permis surtout la
consti¬
tution de raffinerie de taille importante.
Les pays développés sont les seuls bénéficiaires du développement
de la pétrochimie.
Dans ce secteur, la totalité de la valeur
ajoutée, échappe
aux circuits économiques dos pays "producteurs".IDEP/ET/R/2429
Page 484
TABLEAU N°1
Les capacités do raffinage dans le monde : 1960-1970
Régions
Amérique du Nord
Amérique du Sud et Caraïbes Europe Occidentale et Canaries
U.R.S.S., Europe de l'Est et
Chine Populaire
ExtrSmc Orient et Australie
Moyen Orient
Source : Statistiques tirées de la Revue "Pétrole et Progrès".
Hiver 1971 -
1972,'N°90
en
%
La demande de plus en plus croissante de produits pétroliers déter¬
mine un élargissement permanent des capacités des raffineries occiden¬
tales. Selon les prévisions établies en Grande Bretagne pour la période
allant de 1971 à
1975,
la construction et l'élargissement des raffine¬ries de pétrole et du réseau de distribution doivent absorber près do
1,9
milliard de dollars(1).
Ce qui représente en gros l'ensemble desinvestissements dans la prospection et l'exploitation du brut en Libye depuis l'origine jusqu'en 1970»
" ' '
; 'j;|:l' ' \ Durant les mSmes années, les capacités des raffineries doivent augmenter du double environ en Allemagne Fédérale et de plus do 50
%
auJapon dont la demande de produits pétroliers croît de 20
%
en moyennepar an.
(
1 ) D. PENZINE : in "La vie Internationale". Moscou, janvier1972, N°1
P»50«IDEP/ET/R/2429
Page
485
Le raffinage et la pétrochimie appartiennent intégralement aux Socié¬
tés pétrolières internationales qui sont très intégrées. Toutes les instal¬
lations de ces industries ainsi que les résoa-ux et les moyens de distribution
sont également entre les mains de- ces sociétés.
Les liaisons nouvelles se créent avec les sociétés intermédiaires
(intégrées
ellesaussi),
pétrochimiques et fabricants de carburants et decombustibles. Ces liaisons se concrétisent;pe.r la mise en oeuvre des procé¬
dés téchnologiqucs et de leur utilisation par les raffitlèurs.
Les pays du centre absorbent plus de 90
f°
4e là production actuelle ; , L les USA à eux seuls'consomment 40Í°
4e ces produits finis ; l'Europe Occi¬dentale 30
foj l'URSS et les pays: socialistes 15 1° Japbn °t le reste du
monde seulement'8
%■ ( 1 ).
En
197©»
la Ccàpaçité.de raffinage des quatre pays qui font l'objet denotre étude,
c'est-à-dire,
l'Algérie, la Libye, le Nigéria et le Gabonétaient de 5*520 millions de tonnes environ. ' f ■ ''
La capacité moyenne de production d'une raffinerie ne dépassait pas 2
millions de tonnes par an.
Les pays européens dont la production de brut très marginale ont des
raffineries beaucoup plus importantes que celles des pays que nous venons de citer ci-dessus. Voir tableau IIo2.
(1)
ENTROPIE : Pétrole et Pétrochimie. N°4'' sept-Oct. 197^ p•11idep/et/r/2429
Page 486
tableau n° 2
Le Raffinage en Europe au 1.1.1969
[
Pays(
Capacité de raffinage en tonnes
]
)
}
RFA II3.292.5OOJ
S
AUTRICHE 5.295.000! J
( BELGIQUE 31„180.000
)
J DANEMARK
8.200,000*
<(
ESPAGRE 3l.85O.OOO)
> FINLANDE 9.450.000
|
f FRANCE 97.O34.OOO
)
J GRECE
4.450.000<
(
IRLANDE/ 2.625.000
)
> ITALIE II7.35O.OOO (
( NORVEGE 5.654.OOO
)
J PAYS—BAS.
• 42.375.OOOl
C PORTUGAL I.85O.OOO
)
} ROYAUME-UNI ; 101.540.000 <
(
SUEDE/ î 12.200.000 )
J SUISSE
4.750.000j
(
YOUGOSLAVIE( '• 9.22O.OOO
J
V :
[
Total( :
596.24O.OOOj
Source'; L'Industrie du Pétrole en Europe. M0 spécial
1969iPP«69
L'inégalité est très frappante aussi au niveau de la répartition de investissementsoidep/et/r/2429
Page
487
En effet, comparativement aux investissements globaux réalisés en Afrique, les immobilisations dans le secteur raffinage demeurent
extrêmement
faibles. La part des investissements affectés à ce secteur no dépassent pas
10,7 %
des 4.34O millions de dollarsaméricains
qui représententl'ensemble
des immobilisations nettes en Afrique au 31 décembre I969
0)*
Quant à la pétrochimie, les