CHAPITRE I
Les transports des hydrocarbures des pays africains jusqu'en Europe Occidentale
1. Introduction
2. Qui contrôle les moyens de transport ? 3. Les principaux courants d'approvisionnement
4« L'évolution du taux de fret et des coûts de transport maritime.
5. Conclusion
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1. INTRODUCTION
Le transport par tankers ou la commercialisation des hydrocarbures liquides et gazeux constituent l'un des
6
maillonsfondar-mentaux de la chaine qui lie les pays producteurs et exportateurs de
pétrole "brut aux pays consommateurs ; les cinq autres maillons constituent l'exploration, la production, le transport terrestre, le raffinage et liquéfaction et la distribution des produits finis.
Pour un prix de vente moyen de 11 5 U.S. d'un baril de produits pétroliers raffines en Europe Occidentale,
6,3de
ce prix cons¬tituent le frêt maritime, soit l'équivalent du profit net
réalisé
par les compagnies pétrolières et un peu moins des droits fiscaux et redevancesrevenant aux pays "exportateurs" de cette forme d'énergie.
Comme nous le montrerons dans ce premier chapitre qui sera consacré aux transports des hydrocarbures ainsi qu'à ses coûts, les
compagnies pétrolières internationales contrôlent intégralement les moyens de transport par voie maritime.
Cela confirme la différence d'intérêts et la non-cohérence dans les plans et objectifs de développement entre les sociétés pétrolières
internationales qui sont étroitement liées aux pays consommateurs développés
et dont les intérêts se confondent d'ailleurs et ceux des pays "producteurs"
et "exportateurs" de cette matière première si indispensable au développement
des pays du centre.
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2. Qui contrôle les moyens de transports maritimes ?
Dans la première partie de cette recherche, nous avons
essayé de montrer en gros, l'emprise directe des sociétés pétrolières --internationales our 1'ensemble des acitivtés des hydrocarbures, en
amont comme en aval,
c.\est-à-dire,
de la recherche géophysique et sismique jusqu'à la distribution des produits raffinés.Ainsi les transports pétroliers par voie maritime ne leur échappent pas aussi.
Une part importante de la flotte pétrolière mondiale est
directement exploitée par les filiales de ces mSmes compagnies,
le
reste fait l'objet de contrats de longue durée entre armateurs indé¬
pendants' et les sociétés pétrolières.
De 196O à 1970, le tonnage de la flotte pétrolière
mondiale
a plus que doublé. Elle est passée de 62 millions à 160 millions de
tonnes .de port en lourd.
Cette croissance correspond au développement de la consomma¬
tion do cette forme d'énergie, cc qui explique la mise en service des pétroliers de plus en plus grands, et qui a provoqué une baisse du
coût de la tonne de pétrole brut transportée des pays "producteurs"
jusqu'aux pays consommateurs.
En
19^0, 66/
du tonnage de la flotte pétrolière étaientconstitués par des navires de moins de 30.000 tonnes et il n'existait
pas de pétroliers de 150.000 tonnes. En 1970» c'est-à-dire 10 ans après les moins de 30.000 tonnes ne représentaient plus que
18/
du total, alors que la catégorie des 150.000 tonnes, ou plus, enreprésentait 22/ : voir tableau N° 1.
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La fermeture du canal de Suez, en Juin
1967,
et l'expansion continue de la consommation des produits pétroliers(iCfyj
par an enmoyenne),
a totalement transformé les structures des transports maritimes de pétrole "brut. Ce qui explique la course au gigantisme entreprise par le Japon plus particulièrement.Tableau N° 1
Composition de la flotte pétrolière mondiale
1960 - 1970
Navires de ANNEES
I960 1570
<^0.000 tdw
30.000 - 59.99O tdw 60.000 - 149.999 tdw....
/150.000 tdw..
Total
66,090 30,89o
3,29,22,1
f 34,69 25,39
1890
100 % 100 %
Sources : Pétrole et Progrès. Hiver 1971-1972 N° 90 p. 7.
C'est dans le secteur pétrolier où l'on a enregistré le plus
de gains de productivité des divers secteurs de l'industrie pétrolière
durant la décennie écculée : 196O-1970. Cela est dû essentiellement à l'emploi des grands navires dans le domaine des transports des
hydrocarbures, comme nous le montre le tableau IIo 1.
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Jusqu'aux années
1960,
le super pétrolier type appartenaità la classe des 50»000 tonnes» Depuis lors, on est passé aux pétroliers
de 70.000 tonnes, puis aux 100.000 tonnes, aux 200.000 tonnes, aux
25O.OOO tonnes et puis directement à la classe des 500.000 tonnes, 700.000 et 1 million de tonnes dont les premières séries entreront
on service dans un très proche avenir. Les principaux ports pétroliers européens n'étant pas encore en mesure de recevoir ces géants du
pétrole brut.
L' utilisation de ces derniers aura des répercussions sur l'ensemble desfrêts pour les transports ordinaires des bruts. La baisse prévisible se situerait entre 10 et 20% des prix rendus en Europe de l'Ouest. Le coût de transport des bruts, par grands tankers
sur une distance moyenne de 5*000 km se situe aux environs de 0,02 cents
par
tonne/kilomètre,
c'est-à-dire 1 US $ la tonne pour cettemême
distance.
Au 30 Juin 1971»
35,6%
des navires en service dans le mondeentier étaient contrêlés par les compagnies pétrolières internationales
comme nous le montre le tableau suivant :
«*•*.
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Tableau N° 2
Navires en service
(Au l/l
de chaque année : Navires de + 10.000 TPL et plusen millions de TPL
(1)
ANNEES navires en services Piépartition en
jo compagnies/indépen¬
dantes
■ Compagnie Pétrolières
Armateurs
indépendants
Total
1962 24,5 37,5
62,0
39,5/ 60,5
1963
26,5 38,6 65,1
40,7/
59,31964
29,8 41,9
71,741,6 / 58,4
1965 30,1 45,9
76,0 39,6 / 60,4
1966 32,4 52,4
84,8 38,2/ 61,8
1967 34,9 59,5 94,4 37,0
/ 63,0
1968
36,4 66,6
103,0 35,3/ 64,7
1969
41,8
72,3 114,136,6 / 63,4
jj1970
46,8 82,8 129,6 36,1 / 63,9 !
1971 53,7 95,5 i 149,2
35,9/ 64,1
30/6/71 56,3
102,0158,3 35,6 / 64,4
(1)
TPL : Tonne en port lourd.source î JOHN I. JACOBS. Cité par " Revue Française de l'Energie"
No 237. Dec. 1971 p.134
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Au niveau des investissements maritimes : Tous les investissements réalisésdans le domaine des transports pétroliers par voie mari¬
time, de l'origine jusqu'aux années 1970, sont réalisés par les compagnies pétrolières intcrnationales.
Les seuls investissements réalisés dans ce secteur représen¬
tent l'aménagement des ports d'embarquement du pétrole brut des pays "producteurs" vers les pays consommateurs = voir tableau N° 3.
Selon la CHASE MANHATTAN BANK
(ï),
durant la décennie1960-1970,
l'Afrique, le Iioyen Orient et le Vénézuela ont reçurespectivement 5 millions, 35 millions et 5 millions de dollars américains. Pour la même période les U.S.A. ont reçu
640
millionsde dollars, 1* Europe Occidentale 70 millions et le Canada 35
millions de dollars américains.
Nous remarquons que même à cc niveau, les pays "produc¬
teurs" et "exportateurs" de pétrole brut qui produisent plus de la moitié de l'a production mondiale et qui fait l'objet des principa¬
les transactions pétrolières n'ont;investi dans cette "infrastruc¬
ture de base" que quelques 45 millions de dollars, soit
16
foismoins que les'pays développés cités ci-dessus. A l'échelle du
continent africain ces' investissements sont nuls par rapport à ceux
qui sont consacrés aux autres secteurs. Voir tableau N° 3 '
(1)
THE CHASE MANHATTAN BANK N.A. .Dec. 1971. New York U.S.A."
Capital Investments of the. World Petroleum Industry. 1970"=
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Page 44^ Tableau N° 3
Investissements pétroliers en Afrique : i960 - 1970
en millions de dollars U.S.
NATURE I960 1961 1962 1963 1964 1965 '' 1966 1967 1968 1969 1970
Production 370 400 335 275 325 340 355 355 575 575 525
Fipes Lines 85 110 75 35 75 100 65 115 80 110 100
Llarine 5 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Raifineries 20 30 55 100 100 85 60 50 40 90 85
Pelrochimie 0 0 0 0 10 0 0 0 25 0 0
Marketing 100 90 100 75 70 75 75 75 60 50 75
Divers 20 10 10 5 5 0 5 5 5 0 5
Sous total 600 640 575 500 575 600 560 600 785 825 790
Exploration 135 125 125 115 115 100 75 100 75 85 100
Total 735 765 700 615 690 700 635 700 860 910 00 vo0
Scurce : Capital investments of the Petroleum Industry.
1970»^n the CHASE MANHATTAN BANK N.A. Dec. 1971» New-York.
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Au niveau des quatre pays africains à savoir l'Algérie, la Lïbye, le Galion et le Nigéria, qui font l'objet de notre étude, seule
l'Algérie est entrain de constituer sa propre flotte nationale.
En effet, l'activité des transports pétroliers par voie maritime est l'une des dernières activités de l'industrie des hydrocar¬
bures née dans ce pays. Ce n'est qu'en
1969-1970»
que l'Algérie adécidé de constituer une flotte spécialisée dans le transport des hydro¬
carbures. Cette dernière est placée sous le contrôle de la Compagnie
Nationale de Navigation
(CNAN)«
Cette compagnie est dotée depuis 1970 :
1. d'un pétrolier de 50.000 tonnes, le "Hassi—Messaoud" ;
2. d'un navire pour le transport de l'ammoniac liquéfié, de 6.000 113, le "Bréga" ;
3. d'un méthanier de 40.000 m3 le "Hassi R'Mel".
La CNAN a passé une commande de plusieurs méthaniers à des
chantiers navals français. Ces derniers serviront à transporter notam¬
ment le gaz liquéfié algérien à la côte Est des Etats Unis d'Amérique
et en Europe Occidentale.
Cette branche est appelée à se développer progressivement et
à se doter plus particulièrement de navires méthaniers au vu des projets d'unités de liquéfaction de gaz qui sont en cours de réalisation en
Algérie.
Le développement de cette activité exige d'énormes investis¬
sements. A titre d'exemple, un méthanier de 120.000 m3 coûte environ 70 millions de 3 US. Soit 350 millions de francs français, ce qui représente à pou près le coût d'une raffinerie de capacité moyenne de
deux à trois millions de tonnes par an.
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Parallèlement à cela, l'Algérie est entrain d'aménager
les ports de Skikda et de Bédjaia pour recevoir dans les prochaines années des tankers de 200»000 tonnes pour les pétroliers e*fe de 120=000 m3 et davantage pour les méthaniers.
Aucun autre pays producteur et exportateur de pétrole "brut
ne s'est encore engagé dans cette "branche qui constitue un maillon de
la chaine qui lie les pays "exportateurs" de brut et les pays consom¬
mateurs.
Une tentative do regroupement a été amorcée par les pays membres de l'O.P.A.E.P.
(l'organisation
des Pays Arabes exportateursde pétrole
brut)
on créant on liai 1972 une flotte pétrolière commune.Nous constatons que l'ensemble des pays exportateurs de pétrole brut dépendent à cent pour cent des sociétés pétrolières
internationales et des afïnàteurs indépendants des pays capitalistes développés.
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3 - Les principaux courants d'approvisionnements
Comme nous l'avons déjà montré dans'la première partie, chapitre 11, le commerce mondial dos produits pétroliers détiennent une
place prépondérante dans les transports maritimes.
Pour la seule année 1971» plus do la moitié du commerce mondial par voie de mer soit 1,3 milliard de tonnes, a été représenté
par les transactions des produits pétroliers "bruts et raffinés.
La demande mondiale s'est accrue de
8,7%
on 1970 et de9%
on 1969. Il faut noter que cos deux taux sont supérieurs à la moyenne décennale 1960-1970. La fermeture du Canal de Suez en juin19&7».l'aug¬
mentation des besoins en fuel des U.S.A., du Japon et de la C.E.E.
(Communauté
EconomiqueEuropéenne)....
et la constitution de réserves stratégiques de plus en plus importantes sontles principales
causesde
cette forte augmentation.
Un autre fait marquant, c'est que depuis l'agression israé¬
lienne contre 1' Egypte, la fermeture temporaire de la
TAPLIKE,
laréduction de la production de quelques pays africains, Algérie et Libye
notamment, certaines relations de très
oourtes distances
sesont renforcéess
1 - Vénézuela - U.S.A.
2 - Nigéria - Europe Occidentale 5 3 - Indonésie — Japon ;
4 - lier du Nord - Europe Occidentale ....
Plus de 80^j des expéditions de pétrole des pays du Iîoyen—
Orient ont dû emprunter la route du Cap ; le Japon
s'approvisionne
pour
80^o
de cette région et le reste constitue ses importations del'Indonésie et de l'Afrique.
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Tableau U° 4
Courants des échanges de pétrole en 1970
(ï) (■on
millions detonnes)
i
Destiriation Provenance do : .I
■ : Afrique du
7. Australie 25O _ I
8. Autres pays de l'Hémisphère
Orientale 2.25O |
Exportations totales 23I.75O 56.75O
en % variation
1970/19S9
+ 14,2 + 72,0__
(ï)
chiffres provisoiresSources ; BRITISH PETROLEUM COMPANY Ltd. Cité par le Comité Central des Armateurs de Pranoe 1971