C'est ce qui a poussé le Ministre Algérien cie l'Economie et cles Finances lors de l'Assemblée Générale du F.M.I., et de la Banque Mondiale a Washington en septembre 1971 à déclarer : "le
dérèglement du système monétaire international, ne peut que faus¬
ser les prévisions cle recettes de nos pays et bouleverser nos objectifs de croissance économique» En outre les dettes extérieu¬
res des pays en voie de développement qui étaient déjà excessive¬
ment lourdes risquent de devenir insupportables par suite de la réévaluation, de fait ou clé droit, des monnaies des différents,
pays créanciers"»
Puis il a suggéré l'adoption d'un nouveau système moné¬
taire, tenant compte des
intérêts
des Etats du Tiers-Monde, basésur l'existence d'un instrument cle réserve et indépendant de tou¬
te monnaie nationale.
(2)
Ladétérioration
des termes cle l'échange des prix du pétrole brut.Le problème de la détérioration clos termes de l'échange
est un phénomène séculaire touchant toutes les relations commer¬
ciales internes ou internationales»
aor--De nombreuses études ont été faites lors .de la dernière décennie (par Raoul Prébisch - Singh - la CNUCED) et
ãJ
plus parti¬culièrement sur les échanges entre les pays développés et pays sous—développés, pour expliquer cette situation.
1J Conférence cles Nations Unies
pourle Commerce et le Dévelop¬
pement
(cmjced).
I
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Ces auteurs ont démontré que la dégradation de oes
échanges commerciaux est due au fait que le rapport d'une tonne
de produit brut
(en valeur)
exportée d'un pays sous—développésur une tonne de produit manufacturée,
achetée à
un pays develop—pé, tend toujours à diminuer»
Cette observation s'applique—t-elle à la détérioration
des prix du pétrole brut ? Pour le savoir nous étudierons succes¬
sivement s
1°)
La place du pétrole brut dans le commerce extérieurdes grands pays exportateurs de cette énergie»
2°)
L'évolution annuelle des revenus du pétrole brut de quelques pays du Moyen-Orient»3°)
Les avoirs extérieurs des pays producteurs et expor¬tateurs de pétrole brut de 1"'inflation mondiale".
a)
La Balance Commerciale et les Revenus Pétroliers.Les exportations de pétrole brut des pays producteurs
de pétrole brut occupent .un,e place importante dans leurs balances
commerciales et de paiements. Les recettes pétrolières sont la, principale source de revenus et de devises pour ces pays "péri¬
phériques".
Ces derniers exportent leur seule richesse naturelle
nationale à l'état brut et qui no renferme pratiquement pas de
travail national ou de valeur ajoutée nationale. Ils exportent
pour s'enrichir, comme au temps des mercantilistes - seulement
une partie de leurs revenus, leur servent comme moyen de paiements,
l'autre partie va.être placée dans les banques de l'Europe Occi¬
dentale ou de l'Amérique du Nord. Leurs réserves de change sont
en augmentation constante — ces pays exportent en vue d'accumuler
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les devises extérieures. Comme le dit a Juste titre Paul Fabra-',
"exporter, c'est par définition
même
soustraire à la consommationune part de la production résultant du travail accompli par la Nation, On peut donc, au point de vuo
économique, assimiler l'ex¬
portation à une épargne
"
•Ce qui nous intéresse ici, c'est de savoir
comment
estutilisée cotte "épargne", cc surplus des exportations dégagé par
la vente du pétrole brut ? L'utilisation de cette épargne
servi-ra-t-ello à développer le pays ? à acheter des biens
d'équipe¬
ments peur l'industrie nationale ? ou alors sera-t-elle utilisée
à l'achat des biens de luxes, de consommation, ou encore,
à être
thésaurisé© dans los banques étrangères ?
Cette accumulation, cette forme
de thésaurisation inter¬
nationale appauvrit les pays exportateurs de
pétrole brut et
par¬ticipe à l'équilibre de la balance dos paiements dos pays
déve-lopés ce qui signifie en d'autre terme, qu'ils enrichissent lespays occidentaux capitalistes où sont
placés
les revenusot l'é¬
pargne nationaux exportés par les pays
pétroliers. La Libye,
par exemple, qui exporte ses revenus pétroliers,
fait
enfait
un crédit aux pays-dévcloppés, alors qu'ellemême
elle on a ungrand
besoin peur son développement cccncmique et social. Dans la mesure
où la Libye no se sert pas de ces revenus tirés de ses
exporta¬
tions de sa principale richesse naturelle nationale, elle se scus-développe sur tous les plans et s'appauvrit de plus en plus.
1_/ "Le monde de l'économie" du 20 mai 1969°
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Cette richesse nationale, transformée en épargne, peut
se transfermer en travail, dans le cas seulement et uniquement,
ou la Libye, par exemple,
achèterait
des biens d'équipementjeela permettrait à ce pays d'échanger sa richesse naturelle en tra¬vail .étranger importé.
Nous aurions donc, dans ce cas là, d'un côté un pays vendeur de richesses naturelles nationales et de l'autre côté un pays vendeur de travail.
C'est ce que
l'Algérie,
et dans certaine mesure le Ni¬géria sont entrain de pratiquer avec les pays capitalistes déve¬
loppés. Mais ce n'est pas cette forme d'échanges qui va résoudre
les problèmes de leur développement économique et social. Car,
1°)
L'inflation mondiale qui ronge actuellement le système moné¬taire international risque d'appauvrir ces pays qui expo.rtent uniquement une richesse naturelle à l'Etat brut et dont les prix
sont restés, jusqu'à cette année
(1971)»
constants alors que les prix des biens d'équipements ou de consommation importés des pays développés croissent très vite et la parité du dollar u.s.(monnaie
internationale du pétrolebrut)
ne fait que se dévaluer depuis plusieurs années.2°)
En cas de réévaluation d'une monnaie européenne, le pays im¬portateur de "travail" sous forme de biens d'équipements ou de-produits de consommation sera le perdant dans l'affaire. Car pour acheter une même quantité do "travail", il devra vendre davantage
de richesse naturelle nationale.
3°)
En cas de dévaluation d'une "monnaie forte", le pays exporta—teur de pétrole brut, qui thésaurise son "épargne
nationale",
dans le pays qui a dévalué, verra ses revenus amputés et par
conséquent achètera encore moins de biens d'équipements et de-consommation. C'est ce qui est arrivé à la Libye et au
Nigéria,
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lors de la dévaluation de la livre sterling en Novembre
1967s
comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent»
b)
La place du pétrole brut dans le^commerce extérieur des grandspays exportateurs de cette énergie.
Dans les échanges commerciaux de l'économie mondiale prise globablement, la part de l'ensemble des pays du "tiers-monde
(en valeur),
s'élève en gros à 20fo
lors de ces dernières annéescontre 80
jo
pour les paysdéveloppés»
Ces 20$
serépartissent
en :
— 70
$
en combustibles etmatières premières
;— 30 cp en produits semi—ouvrés»
Si l'on prend l'exemple des pays exportateurs de pétrole brut, nous remarquerions que leurs exportations sont composées
pour leur grande majorité d'un seul et unique produit ; le pétrole
Le tableau ci-contre nous montre la part de cette forme d'énergie
dans le commerce extérieurs des pays producteurs et exportateurs
de pétrole brut.
Il faut ajouter à ceci, le fait que ce pétrole est ex¬
porté totalement à l'état brut,
c'est-à-dire
sansavoir subi
aucun transformation sur place. En effet ce sont les grandes compagniesinternationales qui sont chargées des transports, du raffinage, de
la distribution tant dans les pays industrialisés que dans les