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II. 2 3 Les éléments vestimentaires décorés et la parure

II.2.3.3. La parure

Ont été inclus dans la parure, les boucles d’oreilles, les torques, les bracelets, les anneaux et les che- valières, qu’elle soit portée ou déposée. 4/55 sujets (soit 5,5%), des femmes, présentent des pièces de parure en dépôt. Trois d’entre elles portent de la parure malgré tout. En Iakoutie centrale, la femme de At daban 6 porte des boucles d’oreilles, un torque et une bague, tandis que des bracelets et trois chevalières sont déposées à gauche de la tête et la femme de Odjulunn 2 porte des boucles d’oreilles et des chevalières alors que sont déposées aux pieds dans une boîte en bois d’autres boucles d’oreilles et des bracelets. Dans la région de Verkhoïansk, la femme de Lepseï 2 porte un torque auquel sont suspendues les boucles d’oreilles. Seule la femme de At daban 9, en Iakoutie centrale, a des boucles d’oreilles retrouvées sur le thorax284, sans qu’aucune autre pièce ne soit portée. Par ailleurs, dans la tombe féminine de Koudouk, toujours en Iakoutie centrale, nous avons retrouvé une boucle d’oreille à l’extérieur du coffre ; dans la mesure où la sépulture a été soit pillée soit déjà fouillée, nous avons considéré qu’elle avait dû être portée.

283 - Le terme syppa désigne une lanière pour attacher les jambières (nogovitse) au slip (nataznik) selon le dictionnaire iakoute (Pekarskii 1959, col. 2472) et celui de myannaryk les lanières qui ferment le slip féminin, cousues sur les côtés, qui entourent la taille et se nouent sur le devant (Gavrilieva 2000, 90).

284 - Le fait de ne pas porter les boucles d’oreilles signifierait que les oreilles deviendraient des cuillères, selon l’ethno-archéologue S. Kolodeznikov.

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La fréquence de la parure

Ainsi, 55/168 sujets (soit 33%) ont de la parure dans leur tombe. Présente dès la période antérieure à 1700, en Iakoutie centrale, elle se développe partout au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, avant de diminuer légèrement dans la seconde moitié puis de devenir minoritaire au XIXe siècle (Fig. II.147). Si l’augmentation de la parure est significative, tant à l’échelle de la Iakoutie285 que dans les ré- gions de la Iakoutie centrale et de la Viliouï286, la forte diminution du XIXe siècle l’est également, aussi bien à l’échelle de la Iakoutie qu’en Iakoutie centrale287. Cela est dû notamment à sa forte contribution dans l’échantillon. Par ailleurs, dans la région de Verkhoïansk, la diminution apparaît dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, de manière significative288.

Selon les régions, seule la région de Verkhoïansk se distingue, en faveur d’une fréquence plus faible comparée à la Iakou- tie centrale, à la période 1750-1800, où la fréquence diminue grandement, de ma- nière significative289.

Les enfants ont moins de parure que les adultes et cette différence est significative à l’échelle de la Iakoutie, de manière gé- nérale290 et pour les périodes 1700-1750 et postérieure à 1800291. Selon les régions,

seule la Iakoutie centrale montre des différences qui s’approchent du seuil de significativité, aussi bien de manière générale que pour la période antérieure à 1700 où la parure est plus fréquente pour les enfants et pour la période 1700-1750, durant laquelle ce sont les adultes qui ont davantage de parures. De même, les femmes ont davantage de parures que les hommes et de manière significative à l’échelle de la Iakoutie, comme en Iakoutie centrale292. Cela vaut également pour tout le XVIIIe siècle293. La parure féminine baisse au XIXe siècle en Iakoutie centrale, de manière significative294.

Selon le type de parure

Cette analyse a été menée selon le nombre de sujets, qui est supérieur à l’étude précédente en raison de sujets portant plusieurs pièces de parure.

L’essentiel des pièces de parure consiste en des boucles d’oreilles, dans près de la moitié des cas, à l’exception de la région de Verkhoïansk où d’autres pièces sont plus fréquemment rencontrées, les

285 - Test de χ2 égal à 12,58 et p inférieur à 0,01.

286 - Respectivement test de χ2 égal à 4,89 et p égal à 0,03 et test de Fisher égal à 0,05.

287 - Respectivement test de χ2 égal à 11,67 et p inférieur à 0,01 et test de χ2 égal à 10,95 et p inférieur à 0,01. 288 - Test de Fisher égal à 0,04.

289 - Test de Fisher égal à 0,02.

290 - Test de χ2 égal à 7,99 et p inférieur à 0,01.

291 - Respectivement test de χ2 égal à 3,97 et p égal à 0,05 et test de Fisher égal à 0,01. 292 - Tests de χ2 égal respectivement à 29,36 et 28,49 et p inférieurs à 0,01.

293 - 1700-1750 : respectivement test de χ2 égal à 20,53 et p inférieur à 0,01 et test de Fisher inférieur à 0,01. 294 - Test de Fisher égal à 0,01.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 ant 1700 1700-1750 1750-1800 post 1800 po u rc e n tag e chronologie

Fréquence de la parure dans les tombes

Iakoutie centale (n=37) Viliouï (n=8) Verkhoïansk (n=7) Indighirka (n=3) Iakoutie (n=55)

Figure II.147 : Fréquence de la parure dans les tombes, selon les régions et la chronologie.

torques et les bracelets. Les anneaux sont peu nombreux, quelle que soit la région alors que les chevalières sont plus fré- quemment retrouvées, en Iakoutie cen- trale et dans la région de Verkhoïansk (Fig. II.148).

Les boucles d’oreilles

Les boucles d’oreilles sont donc les pièces de parure les plus fréquemment portées. En ce sens, leur étude se rapproche du schéma observé pour l’ensemble de la parure.

Quant à leur dépôt

Ainsi, 45/168 sujets (soit 27%) ont des boucles d’oreilles dans leur tombe. Elles sont présentes dès la période antérieure à 1700, en Iakoutie centrale (Fig. II.149). À cette période, un homme, celui de la tombe de Djoussou len, et deux garçons, ceux de At daban 0 et de Buteïdeekh, âgés respectivement de 13 à 14 ans et de 2 à 3 ans, portent des boucles d’oreilles (Fig. II.150). Par la suite, leur fréquence augmente de manière significative à la première moitié du XVIIIe siècle, pour la Iakoutie de manière gé- nérale295, en raison de la contribution de la Iakoutie centrale qui s’approche du seuil de significativité296. Les hommes ne se feront désormais plus inhumés avec des boucles d’oreilles. Ensuite, leur présence dans les tombes diminue à la seconde moitié du XVIIIe siècle, puis devient anecdotique au XIXe siècle, ce qui est significatif à l’échelle de la Iakoutie et de la Iakoutie centrale297.

Par ailleurs, la région de Verkhoïansk se distingue de la Iakoutie centrale, de ma- nière générale avec deux fois moins de boucles d’oreilles, ce qui s’approche de la significativité298. Cette différence est due, plus particulièrement, à la seconde moi- tié du XVIIIe siècle, cette fois de manière significative299, la diminution étant plus précoce que dans les autres régions. Les enfants ont moins de boucles d’oreilles que les adultes et cette différence est si- gnificative uniquement à l’échelle de la Iakoutie, de manière générale et pour la période postérieure à 1800300. On constate 295 - Test de χ2 égal à 6,88 et p inférieur à 0,01.

296 - Test de χ2 égal à 3,52 et p égal à 0,06.

297 - Respectivement test de χ2 égal à 13,66 et p égal à 0,01 et test de χ2 égal à 14,21 et p inférieur à 0,01. 298 - Test de χ2 égal à 3,55 et p égal à 0,06.

299 - Test de Fisher égal à 0,03.

300 - Respectivement test de χ2 égal à 4,10 et p égal à 0,04 et test de Fisher égal à 0,05.

Figure II.148 : Types de parure, selon les régions. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 IAKC (n=57) VIL (n=7) Verkho (n=14) IND (n=4) Iakoutie (n=82) po u rc e n tag e régions

Types de parure selon le nombre de sujets

chevalière anneau bracelet torque boucles d'oreilles 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 ant 1700 1700-1750 1750-1800 post 1800 po u rc e n tag e chronologie

Fréquence des boucles d'oreilles dans les tombes

Iakoutie centale (n=35) Viliouï (n=5) Verkhoïansk (n=5) Indighirka (n=3) Iakoutie (n=45)

Figure II.149 : Fréquence des boucles d’oreilles dans les tombes, selon les régions et la chronologie.

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également cette différence pour la Iakoutie centrale, à la période 1700-1750301. Par contre, à la période antérieure à 1700, la parure est plus fréquente pour les enfants, s’approchant du seuil de significativité, aussi bien à l’échelle de la Iakoutie qu’en Iakoutie centrale302.

De même, les femmes portent davantage de boucles d’oreilles que les hommes et de manière si- gnificative à l’échelle de la Iakoutie, comme en Iakoutie centrale303, dans la région de la Viliouï304 et s’approchant du seuil de significativité dans la région de Verkhoïansk305. Cela vaut également pour

301 - Test de χ2 égal à 4,86 et p égal à 0,03. 302 - Tests de Fisher égal à 0,07.

303 - Tests de χ2 égal respectivement à 49,83 et 35,30 et p inférieurs à 0,01. 304 - Test de Fisher égal à 0,02.

305 - Test de Fisher égal à 0,06.

Ant é rieur e à 1700 1700 -1750 1750 -1800 P ost ér eur e à 1800 At daban 0 (IAKC) At daban 9 (IAKC) Bouogaryma 2 (IAKC) Us sergué 1 (IAKC) Lespseï 2 (Verkho) Djoussou len (IAKC)

Boulgounniakh 2 (VIL)

Ottokh alaas 2 (VIL)

Sobolokh 1 (IND)

Omouk 1 (IND) Ken ébé 1

(IAKC)

Figure II.150 : Exemples de boucles d’oreilles retrouvées dans les tombes (© P. Gérard/MAFSO).

tout le XVIIIe siècle, à l’échelle de la Iakoutie306. La région de Verkhoïansk manifeste également cette différence en s’approchant du seuil de significativité pour la période 1700-1750. Enfin, même au XIXe siècle, à l’échelle de la Iakoutie, les femmes en portent davantage, même si la différence n’atteint pas le seuil de 5%. Cependant, en Iakoutie centrale, les femmes portent moins souvent de boucles d’oreilles qu’auparavant, de manière significative307.

Quant à leur morphologie et constitution

Si la base est identique pour la très grande majorité, à savoir une tige métallique en point d’interroga- tion, son habillement diffère selon la chronologie. En effet, avant 1700, les boucles d’oreilles de l’ado- lescent de At daban 0 sont habillées uniquement de losanges en métal ; celles des deux autres sujets présentent des perles. Pour l’enfant de Buteïdeekh, on observe une alternance de perles blanches et de petites perles noires et pour l’homme de Djoussou len, une seule perle, blanche, constitue la seule boucle portée à l’oreille gauche (Fig. II.150).

Après cette date, les hommes ne portent plus de boucles d’oreilles et la composition devient plus standardisée : elles sont constituées de perles blanches intercalées de perles noires, grandes ou pe- tites. Si l’alternance est le plus souvent respectée, selon la tradition qui veut que le noir soit entouré de blanc308, deux cas font exception. En effet, parmi les boucles d’oreilles que porte la jeune femme de At daban 8309, âgée de 25 à 30 ans, une paire commence par une perle noire ; de même pour la femme de Boulgounniakh 2, dans la région de la Viliouï Dans la mesure où elles sont anecdotiques, leur signi- fication est difficile à définir, malgré une symbolique qui pourrait être forte et signaler peut-être un statut particulier. Cette distinction peut être rapprochée d’un autre cas isolé, qui présente des boucles d’oreilles dépareillées. La femme de Sobolokh, située dans la région de l’Indighirka, est datée égale- ment de 1700-1750. Âgée de 35 à 45 ans, elle porte d’un côté des boucles d’oreilles alternant perles blanches et noires et de l’autre, perles bleues et perles métalliques. Elle présente également une posi- tion du corps unique, avec les jambes croisées et elle porte des vêtements retournés et mis en ordre inversé, ce qui témoigne du caractère particulier de cette inhumation et probablement de la défunte. Plus tard, en Iakoutie centrale, l’enfant de Ken ébé 1, daté de 1750-1800, porte des boucles avec des perles de couleur diffé- rente, une perle orange de part et d’autre d’une perle métallique, associées à un objet monétiforme. Cette configuration relève probablement d’un approvisionne- ment différent et moins du statut particu- lier du défunt.

Si la majorité des pièces sont constituées de perles de verre, d’autres perles appa- raissent dès la première moitié du XVIIIe 306 - 1700-1750 : respectivement test de χ2 égal à 39,00 et p inférieur à 0,01 et test de

Fisher inférieur à 0,01 ; 1750-1800 : tests de Fisher égal à 0,02 et 0,05. 307 - Test de Fisher égal à 0,03.

308 - Et le banc de bleu, se référant aux différents mondes, le noir représentant le monde inférieur, le blanc, le monde intermédiaire et le bleu, le monde supérieur (information orale de S. Kolodeznikov, ethno-archéologue).

309 - Située en Iakoutie centrale.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 IAKC (n=29) VIL (n=4) VERKHO (n=5) IND (n=3) IAK (n=41) po u rc e n tag e région

Matériaux des perles des boucles d'oreilles dans les tombes

en verre avec métal

Figure II.151 : Matériaux des perles des boucles d’oreilles, selon les régions.

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siècle, remplaçant les perles noires, pour devenir plus fréquentes à la seconde moitié du XVIIIe siècle (Fig. II.151). Cette différence dans leur composition est significative à l’échelle de la Iakoutie, comme en Iakoutie centrale310, et pour les femmes311. Par ailleurs, la région de Verkhoïansk se distingue de la Iakoutie centrale, à la première moitié du XVIIIe siècle, avec une utilisation plus fréquente des perles métalliques312.

Les enfants tendent davantage à porter des boucles d’oreilles avec des perles en métal, sans que les différences soient significatives, à l’exception de la période 1700-1750 pour l’ensemble de la Iakoutie313. Aucune liaison au sexe n’est observée.

Enfin, ce n’est qu’à la seconde moitié du XVIIIe siècle qu’apparaissent d’autres formes, entièrement en métal, quelle que soit la région, alors que le port des boucles d’oreilles diminue dans les tombes. Deux tombes appartiennent à la seconde moitié du XVIIIe siècle, l’une en Iakoutie centrale, dans la tombe de SRT2, et l’autre dans la région de Verkhoïansk, dans celle de Lepseï 2. Au XIXe siècle, ce sont désormais les seules pièces qui sont observées, la forme traditionnelle ayant complétement disparu : en Iakoutie centrale dans la tombe de Koudouk, dans la région de la Viliouï dans celles de Ottokh alaas 1 et 2 et dans la région de l’Indighirka, dans celle de Omouk 1 (cf. Fig. II.150).

Au-delà du caractère esthétique et du simple ornement, les boucles d’oreilles ont pu avoir d’autres rôles, notamment pour les hommes et les enfants. Pour les hommes, elles peuvent rappeler dans un premier temps une tradition des steppes de l’Asie centrale et de la Sibérie du sud où ils pouvaient en porter et une région dont les Iakoutes pourraient être originaires. C’est d’ailleurs essentiellement à la période antérieure à 1700 que les sujets masculins en portent (3/4). Seul un adolescent, âgé de 12 à 16 ans, en présente en dépôt dans le coffre de sa tombe datée de 1700 à 1750 (Sytyghane Syhe 2). Il pourrait alors s’agir ici d’un rappel de ses origines et/ou d’une marque de son appartenance sociale. En effet, selon l’ethnographe A. A. Savvin, les boucles d’oreilles pourraient également être le reflet d’un statut social élevé car elles étaient portées uniquement par des hommes de familles nobles ou riches, notamment en Iakoutie centrale (Bravina 2015, 100). Hors, cet adolescent est le fils de la femme inhumée dans la tombe de At daban 6, dont le mobilier reflète à la fois une tradition des steppes du sud avec une selle de type mongole et un haut rang social en raison d’un mobilier d’importation d’ex- cellente facture (bouton et manche de couteau avec émaux cloisonnés) et deux chevalières-sceaux russes. Pour les enfants, elles peuvent aussi avoir joué un rôle d’amulette, afin de les protéger contre les mauvais esprits et les forces impures, soit en les suspendant au berceau avec d’autres amulettes, pendentifs métalliques ou bagues, soit en les portant dès leur plus jeune âge (Bravina 2015, 100).

Les torques

Les torques, appelés grivna, sont les pièces les plus souvent retrouvées après les boucles d’oreilles. Ils font partie des premiers cadeaux emportés par les envoyés du tsar, d’après les listes retrouvées dans les archives (Ivanov 1974, 49). On peut y lire que deux types de torques sont déjà proposés : « En 1641, parmi les cadeaux offerts il y avait 11 torques en cuivre, […], 31 torques en étain » (Crubézy, Nikolaeva 2017, 225 – note 10).

310 - Respectivement 16/6 contre 4/8 à la période 1750-1800, test de Fisher égal à 0,03 et 13/2 contre 4/6, test de Fisher égal à 0,02. 311 - Pour la Iakoutie de manière générale, test de Fisher égal à 0,01 et pour la Iakoutie centrale, test de Fisher égal à 0,03. 312 - 1/3 contre 13/2 en Iakoutie centrale, test de Fisher égal à 0,04.

313 - 0/3 contre 16/3 pour les adultes, test de Fisher égal à 0,01.

Quant à leur dépôt

Toutes les tombes dans lesquelles un torque a été retrouvé, le sujet le portait, cela représente 16/168 sujets, soit près de 10% des cas. La majorité d’entre eux sont découverts dans les tombes de la pre- mière moitié du XVIIIe siècle (12/16) (Fig. II.152), s’approchant du seuil de significa- tivité en comparaison avec la période an- térieure à 1700 et étant significatif pour la période 1750-1800314.

L’âge n’est pas un critère sélectif dans le port d’un torque, les enfants comme les

adultes en arborent. A l’inverse, les femmes en sont préférentiellement pourvues, seul un adolescent en porte un (At daban 0, tombe antérieure à 1700). Cette différence est significative à l’échelle de la Iakoutie, de manière générale comme pour la période 1700-1750315. Selon les régions, cette distinction

314 - Respectivement test de Fisher égal 0,06 et test de χ2 égal à 4,03 et p égal à 0,04. 315 - Tests de Fisher inférieurs à 0,01.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 ant 1700 1700-1750 1750-1800 post 1800 po u rc e n tag e chronologie

Fréquence des torques dans les tombes

Iakoutie centale (n=9) Viliouï (n=1) Verkhoïansk (n=5) Indighirka (n=1) Iakoutie (n=16)

Figure II.152 : Fréquence des torques dans les tombes, selon les régions et la chronologie.

5 cm 5 cm 5 cm Adultes Immatures Torsadé Plat Haut Sordonokh (Verkho) At daban 0 (IAKC) At daban 6 (IAKC)

Eletcheï 2 (IAKC)

Arbre chamanique 3 (IAKC)

Jarama 1 (IAKC) Ieralaakh (Verkho) Kureleekh 2 (Verkho) Lepseï 2 (Verkho) Sordonokh (Verkho) Sordonokh (Verkho) Oktiom (IAKC)

Boulgounniakh 2 (VIL) Ebuguey 1 (IND)

Figure II.153 : Typologie des torques découverts dans les tombes (© P. Gérard/MAFSO).

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n’apparaît que pour la Iakoutie centrale, de manière générale316, en raison de la pé- riode 1700-1750.

Quant à leur morphologie

Trois types de torque ont été observés : le torque torsadé, à section ronde, le torque plat et le torque haut (Fig. II.153). Le torque torsadé est le plus courant, repré- sentant plus de la moitié des cas (9/16), vient ensuite le torque plat (4/16) dont les trois quarts ont été découverts dans la ré- gion de Verkhoïansk, puis le torque haut (Fig. II.154). La différence entre les régions de la Iakoutie centrale et de Verkhoïansk, en opposant la morphologie ronde et plate, n’est pas significative.

Les torques plats sont retrouvés dans les tombes de Arbre chamanique 3 en Iakoutie centrale et dans la région de Verkhoïansk, dans celles de Ieralaakh, Kureleekh 2 et Sordonokh. Les torques hauts sont pré- sents dans les tombes de Arbre chamanique 1 (sujet 2) et de Jarama 1 en Iakoutie centrale et de Lepseï 2 dans la région de Verkhoïansk. Ont conservé le torque traditionnel, en dehors de la Iakoutie centrale, Boulgounniakh 2 dans la région de la Viliouï, Tysarastaakh 2 (la femme) dans la région de Verkhoïansk et Ebuguey 1 dans la région de l’Indighirka.

Bien que les torques aient eu une fonction de parure, ils ont pu également avoir une fonction pratique, en y suspendant quelques objets personnels, dans la mesure où les vêtements iakoutes n’avaient pas de poche. Ils étaient habituellement suspendus à la ceinture, ou aux décorations des manteaux, placés dans les bottes ou encore suspendus au torque, à l’image de la tombe de Arbre chamanique 3, dans laquelle la cloche et peut-être le peigne y ont été suspendus (Fig. II.155). Il est étonnant de constater que la démarche a pu être poursuivie après la christianisation, puisque les croix, parfois imposantes, ont pu également côtoyer certains petits objets personnels (Fig. II.156).

Les bracelets

Les bracelets ont été peu souvent rencontrés dans les tombes, seulement quatre sujets (soit 2,4%) en étaient pourvus d’une paire, tous appartenant à la première moitié du XVIIIe siècle (Fig. II.157). Ce sont une adolescente et trois femmes adultes317, pour lesquelles deux d’entre elles, en Iakoutie centrale, les bracelets ne sont pas portés mais déposés, à gauche de la tête pour la tombe de At daban 6 et dans une boîte en bois, placée aux pieds pour celle de Odjuluun 2. Dans les deux autres tombes (Kureleekh 2 et Sordonokh), situées dans la région de Verkhoïansk, ils sont portés. Cette différence n’est pas signi- ficative.

Les anneaux

Sept sujets portent des anneaux, soit 4,2% des défunts, pour treize pièces. Cinq sont des femmes, appartenant à la première moitié du XVIIIe siècle, au même titre que l’adolescente de la tombe de

316 - Test de Fisher égal à 0,02.

317 - Soit 1,6% des enfants et 6,1% des femmes de manière générale.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 IAKC (n=9) VIL (n=1) Verkho (n=5) IND (n=1) Iakoutie