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Partant de ces prémices, nous déterminerons et répartirons les paramètres violence-amour en les trichotomisant

La théorie des paramètres couplés

7 Partant de ces prémices, nous déterminerons et répartirons les paramètres violence-amour en les trichotomisant

8 Aux stades 1 et 2, la violence, à des degrés divers, règne en maîtresse partout. Au stade 1, elle est sanglante et entraîne la mort physique ou psychique, cette dernière par impossibilité de retour à la normale. Les exemples sont nombreux : plastiquage ou bombe entraînant la mort d'innocents; attentat par balles contre un individu dont on ne partage pas les opinions (mort du président KENNEDY ou de Martin-Luther KING); internement dans un asile psychiatrique ou d'une prison avec inoculation de drogues ou de 'sérum de vérité' ; sévices de toutes sortes à l'électricité ou par tout autre moyen pouvant entraîner des lésions irréversibles au niveau du cerveau, ou la mort par arrêt du coeur.

9 Au stade 2, la violence prime toujours le droit mais n'entraîne pas la mort . Elle se fixe une limite qui n'est pas dépassée. L'individu subit des sévices mais son intégrité corporelle et psychique, bien qu'atteinte, n'est pas mise en danger.

l OLe stade 3 est typiquement celui de la violence de droit (3.75) . Elle s'appuie sur la loi et se transforme plutôt en contrainte (5. 76).

On aura affaire à la garde à vue, à la mise au secret, à la saisie des biens mobiliers et immobiliers, etc ... Tous les systèmes politiques sont contraignants, de la contrainte sur les autres à la contrainte sur soi-même. Ils contribuent ainsi à une limitation de la liberté de l'individu, imposée de l'extérieur , jusqu'à 3, sporadiquement mais volontairement acceptée à 4, définitivement acceptée et personnelle à partir de 5, et cela pour le bien commun de tous.

1 1 A partir de 3, les hommes sont égaux en droits et obéissent, par exemple, à une volonté commune exprimée au suffrage univer-·

sel. Le caractère de violence s'amenuise et se transforme peu à peu

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en contrainte - mal nécessaire mais reconnu obligatoire - puis en discipline personnelle, librement consentie dès le stade 4.

12 Au stade 4, l'émotivité ou les réactions partisanes s'estom­

pent et l'on commence à voir apparaître des principes moraux tels que la non-violence. Cette dernière postule une ambiance de calme et de paix. La justice (dans le sens d'équité) fait place à l'injustice.

1 3 "La justice, c'est la liberté en action" disait JOUBERT'. Sous cette forme, au stade 5, la communication est commandée par la raison d'individus libres qui n'auront plus jamais recours à la violence pour régler les conflits, même au prix du sacrifice de prérogatives ou d'avantages divers.

1 4 A ce niveau, le clivage entre l'intérêt privé et l'intérêt général n'existe plus. Un courant alternatif passe de l'un à l'autre et. bien que les deux concepts gardent leur substance propre, il se confondent en un tout symbiotique. L'équilibre est atteint. L'Etat peut alors assurer à tous des conditions justes et stables.

1 5 A ce niveau toujours, le principe du profit. source de conflits et de violences, a disparu. Comme on ne peut mesurer la notion de bonheur universel, pas plus que l'on ne peut coter le bonheur individuel, force est, quand on en est arrivé là, de pouvoir gérer le tout par la consultation individuelle, retranscrite ensuite pour amendements éventuels dans le contexte général.

1 6 L'équilibre nécessaire au bon fonctionnement du stade 5 ne peut donc être le fait de technocrates, de politiciens ou, plus sim­

plement, d'une majorité. Nous nous rendons alors bien compte qu'un tel type de fonctionnement ne peut exister que dans des structures microcosmiques. Seule des communautés restreintes peuvent prétendre atteindre ce stade. Sa généralisation ou son universalisation n'est donc pas pour demain, mais rien n'empêche de rêver et de croire que par petites communautés agglomérées, on arrivera à faire lever la pâte de la masse totale. Certains 'sages' prétendent que l'on peut faire changer n'importe quoi au plan général si 10 % de la population, uni dans un même élan et dans une même pensée, introduit ce changement! Embrassons donc la philosophie du "pourquoi pas"10.

1 0 "Certains disent : pourquoi? et moi je dis: Pourquoi pas?" [J.-F.

KENNEDY] .

1 7 Utopiquement, pour que le système fonctionne, il faut que les instances de décision se confondent avec les individualités auto­

régulées. Le postulat de base implique l'absence de conflits sociaux (puisque ceux-ci trouvent leur aboutissement dans l'équilibre général) à laquelle s'ajoute un système de péréquation permettant une répartition équitable des charges économiques et culturelles.

Dernier point : il faut que l'individu reproduise pour lui-même ce qui est appliqué au niveau du groupe.

1 8 Le stade 6 envisage l'absolue non-violence et l'absolue justice à travers l'amour absolu. L'individu, à ce niveau, ne se préoccupe même plus du contexte. Il agit d'une manière inconditionnelle sans esprit de réciprocité. Un passage de l'épître aux Corinthiens ré­

sume bien l'attitude de celui qui fonctionne selon ce critère :

"L'amour est patient; l'amour est plein de bonté. L'amour n'est pas envieux, il ne se vante pas, il n'est pas orgueilleux. Il ne fait rien de malhonnête; il n'est pas égoïste; il ne s'irrite pas, il n'éprouve pas de rancune; il ne se réjouit pas du mal, mais il se réjouit de la vérité. Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout." [I Cor. 13 : 4 - 7.]

1 9 L'individu de ce stade est donc foncièrement bon, bienveil­

lant, désintéressé, humble, honnête, altruiste, calme, patient. Il pratique le pardon, la vérité, l'excuse, la foi, l'espérance, et surtout, l'abnégation et l'aptitude à endurer .. . . . Tout un programme qui n'est à la portée du premier venu.

20 Le stade 7, c'est tout le stade 6 : "Si ton ennemi a faim, donne­

lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire car, en agissant ainsi, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête." [Rom. 12 : 20.] Mais il.

faut ajouter à ce dernier l'endurance de n'importe quoi jusqu'à la mort. C'est la sublimation de tout et l'abnégation totale. C'est plus que 'Tu aimeras ton prochain comme toi-même" [Mat. 22 : 39] ou

"Aimez-vous les uns les autres" [Jean 13 : 24]. Ça va jusqu'à : "Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez cerne qui maudissent et priez pour ceux qui vous persécutent." [Luc 6 : 27

- 28]. Même si la mort vous attend au détour du chemin!

2 1 Si maintenant nous reprenons notre fable du départ (22.40 et ss.) à la lumière du double paramètre, nous pourrons dire que le loup est à 2 selon la loi et à 1 sur l'échelle des valeurs

'amour-79

violence'. L'agneau, pour son sompte, est un ignare en matière de loi. Il est donc à 1 sur cc plan. Mais son innocence, son absence de pensées malveillantes, son souci de ne causer de tort à personne, le place à 5 sur le plan de l'amour. L'agneau est typiquement non­

violent : il ne veut et ne contribue au malheur de personne. Remar­

quons cependant que comme il est trop jeune, sa maturation d'esprit ne lui permet pas encore d'accéder aux notions d'altruisme raisonné. Il restera donc théoriquement à un palier infërieur par méconnaissance. La transcendance lui sera accordée par sa mort.

Il en va de même pour le massacre des Saints-Innocents, exemple d'une analogie frappante avec l'agneau bien que l'action se déroule sur un autre plan et dans un autre contexte. HERODE le sanguinaire est donc à 1 sur le plan de la violence et à 2 sur le plan de sa loi.

22 Nous prornerons encore ùe ce chapitre pour décrire brièvement un certain nombre de paramètres afin que le lecteur puisse procéder à ses propres extrapolations lorsqu'il rencontrera d'autres éléments constitutifs de cas qu'il voudrait traiter et qui n'apparaissent pas dans cette brève étude.

23 La peur comme paramètre :

En 1, la peur est totale, endémique. Elle est viscérale. L'individu vit dans la crainte de déplaire, de mal faire, d'attirer sur lui les foudres de quiconque. La peur lui coupe même la possibilité de réfléchir. C'est un état quasi pathologique qui plonge l'être ainsi afiligé dans un monde de phantasmes qui bloquent son action tant rnenic,l" q"" phy"'iq11P, Tl n P c:,,:,it j::im::iic: trP<:: hiPn rnmmPnt il rlnit agir pour éviter que les catastrophes s'abattent sur lui.

24 En 2, la peur est éminemment présente, mais elle devient épidémique. Un semblant de réflexion permet de commencer à faire la part des choses. Il existe des moments de calme où l'être peut se reprendre. Les rapports entre la peur et l'expérience commencent à exercer une certaine influence. On n'aime toujours pas déplaire et l'on fait quelques bassesses pour se mettre bien avec les éventuels bourreaux en puissance. La peur, à ce niveau, peut également être le fait d'une hyper-émotivité : on craint encore pour sa vie et sa tranquillité. On s'imagine des "choses" et l'on se fabrique, par anticipation, des" scénarios-catastrophes".

2 5 En 3, la peur devient commune : elle se banalise. C'est la peur du gendarme, du qu'en-dira-t-on, la peur du dentiste ou d'une piqûre, la peur de certains animaux (du serpent, en particulier) . Pour l'enfant, c'est le niveau du complexe de Gulliver : la peur de l'adulte, du grand, du

fort.

Pour l'adulte, c'est la peur du patron, du directeur, du gradé; en bref, du supérieur. Il existe également à ce stade, des peurs collectives, diffuses, telles que la "guerre froide", la

"gue1Te des nerfs", les paniques.

Précisons que, dans ce dernier cas, la peur panique irréfléchie qui entraîne mort d'hommes à la suite d'une bousculade (feu, explosion, tremblement de terre, raz-de-marée, etc . . . ) se situe au stade 1 .

2 6 L'appréhension diffuse de "quelque chose" qui pourrait adve­

nir participe également du stade 3. Si elle est précise, on est à 2;

obnubilante, à 1. A 3, c'est une perturbation émotionnelle qui peut être raisonnée. Si elle apparaît sur la plan psychique sous forme d'anxiété et qu'elle s'étend au plan somatique sous forme d'an­

goisse, alors l'effet est rétrograde et l'on retombe au niveau 2. La peur du niveau 3 consiste plutôt en une crainte superficielle, liée à des impondérables mal définis . Elle se manifeste sur un fond d'inquiétude qui s'estompe quand l'individu examine les conditions de ses 'peurs' .

27 E n 4 , l'individu s e distancie d u contexte. I l prend du champ.

Son caractère est plus affirmé qu'au stade précédent. Une sorte de sécurité intérieure s'instaure. Dans des situations limites, il est capable, poliment mais fermement, de tenir tête au supérieur. Il passe au crible de sa raison les remarques du milieu dans lequel il évolue. Il est capable de remettre les choses à leur juste place et de les estimer à leur juste valeur. Il se pose encore quelques questions, de temps en temps, sur le chemin à suivre et sur l'attitude à adopter, mais de plus en plus, il connaît l'attitude juste, le mot exact, les limites de sa personne. Il est susceptible de prendre des risques qui, à ce niveau, sont encore calculés. Les remarques, même acerbes, la médisance, les cabales, s'il doit les affronter, ne l'émeuvent pas outre mesure. Il sait comment agir.

En outre, il n 'est pas rancunier et commence à éprouver plutôt un sentiment de pitié que de vindicte à l'endroit de ses adversaires.

Ce n'est pas de la commisération, car ce sentiment aurait plutôt une connotation négative, par manque d'humilité. Non, c'est une appréciation exacte du 'bain' dans lequel se plonge son adversaire

Bl

et il lui pardonne parce qu'il se rend compte que l'autre n'a pas compris. A ce moment, le sentiment de peur n'existe plus.

28 Nous avons dit que le stade 4 était un stade-pivot important (87.56). C'est le stade des mutations, le stade-passerelle soit vers le haut, soit vers le bas. Rien n'est encore stabilisé à ce niveau : c'est du ciment en train de prendre. On y enregistre donc des rechutes et les gens parvenus au stade 4, retombent souvent au 3, à l'occasion d'une brusque colère qui les aveugle, d'un doute lancinant qui les assaille, d'une affirmation péremptoire d'un interlocuteur (le poids de ceux qui font autorité, le poids des structures, de la mode, des conventions du moment, etc ... ). Et, temporairement, l'individu doute, s'énerve. La peur de l'erreur s'insinue dans sa pensée : "Et si je me trompais?" Alors, c'est le retour à 3.

29 Ce va-et-vient, 4-3, 3-4, diminue de fréquence au fur et à mesure que la maturation intérieure de la personne grandit, que la quiétude s'installe, que l'auto-réflexivité (50. 16 à 59.19) se systé­

matise, permet de prendre du champ et d'examiner le problème du point de vue de Sirius. Quand l'individu en est là, il est bien près d'atteindre le stade 5.

30 "L'amour bannit la crainte " dit l'adage. En 5, les craintes et les peurs sont envolées. L'être possède un équilibre intérieur que rien ne peut entamer. La peur n'a plus de consistance propre. Dans l'esprit de l'homme du stade 5, la peur n'existe que parce qu'on lui prêle une exislence. Comme cel homme ubéil au principe d'amour, n11'il ,::innlin1 1P 1 1nP ,::ittit11rlP Pmn,::ithin11P rl,::in<: tn1 1<: lP<: C'"1 <: n1 1P 1 -- - - -r r -- 1 -- � --- � - -- - -- -� �

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l'auto-réflexivité et la non-identification (50.16 et ss. 31 .13 et ss.) sont monnaie courante et que les solutions adéquates sont trou­

vées dans l'application du non-tout ( 10.8 et ss.) et de la divergence, la peur sous toutes ses formes (peur de mal faire, de se tromper, de nuire au prochain, de déplaire, de prêter flanc à la critique, de se croire rejeté, etc ... ) est bannie.

3 1 En 6, on assiste à une consolidation des principes acquis en 5. Le principe d'amour du prochain, généralisé, éradique totale­

ment la peur. L'individu est impavide. Il traverse les épreuves et les vicissitudes avec sérénité. Le mode de vie - l'individu ne comptant plus pour lui-même - rend donc la peur inexistante.

32 En 7, la peur est même bannie dans la certitude de la mort.

Cette dernière est acceptée sereinement. SOCRATE pourrait être un exemple parmi d'autres de cette absence de peur au moment de la mort. Nous citons la mort comme un des paramètres susceptibles de faire ressurgir un réflexe de peur (cf. LOUIS XI). Il est clair que lorsque la peur est vaincue lors de l'ultime confrontation, tous les autres critères ont été virtuellement et implicitement maîtrisés. La peur est rayée du vocabulaire.

33 La prise de risques comme paramètre :

La notion de risque est intimement associée à la notion d'écart.

L'écart, tel que nous le concevons ici, est la distance qui sépare une opinion propre, une attitude personnelle, une idée, etc .. d'une nor­

me. La norme, c'est ce qui se fait, s'applique, se trouve couram­

ment. C'est la banalité statistique. Sur ce dernier plan, et pour ceux qui aiment cette dernière, on pourra considérer comme non banal, donc original, tout phénomène qui se trouve au delà d'un seuil de probabilité de 5 %, soit un Z de 1,96. La banalité est incluse entre les deux bornes situées à ± 1 sigma. Elle comprend pratiquement 70 % du paramètre envisagé (68,26 % pour être exact). Au fur et mesure que l'on s'éloigne à l'extérieur de ces bornes, on quitte la routine, le déjà-vu, la banalité, le plat réchauffé, le poncif, le cliché, la platitude, en bref : le lieu commun.

34 Ainsi, tout écart à la norme détermine un risque, risque d'autant plus grand que l'on s'éloigne de ce que les gens ont l'habitude de faire.

35 En 1 . le risque est nul. L'individu qui réfléchit peu, pense qu'une identification au milieu ambiant lui évitera les ennuis. Il mimétise donc son attitude et ses pensées et son écart avec ses points de contact ne dure guère : il rectifie continuellement afin d'être 'copie conforme'. C'est un réflexe conditionné, participant plus de l'instinct de conservation que de l'acte voulu.

36 En 2, on voit apparaître quelques sursauts de révolte ou d'opposition. L'écart est créé par la divergence de vue. L'individu commence à avoir l'impression que la coupe est pleine, qu'il est en train de se faire gruger, que ça suffit. Donc, il commence à courir le

risque m odeste d'un éventuel 'retour de manivelle', car ses cogitations n'ont pas encore passé dans la pratique mais sont

restées au niveau de la déclaration d'intention intérieure.

3 7 En 3, le risque commence à prendre forme. L'individu réflé­

chit plus sérieusement : il pèse le pour et le contre, longuement, puis il se décide, non sans avoir consulté de nombreuses per­

sonnes pour savoir ce qu'elles en pensent et comment elles envisagent le problème. C'est le célèbre "parapluie" de protection.

Mais enfin, au moment de la décision, aussi pesée soit-elle, le risque est là et l'individu le prend.

38 En 4, les tergiversations diminuent. L'individu commence à se rendre autonome. Il est capable de penser par lui-même et de prendre une décision sans avoir recours aux avis d'autrui.

Naturellement, le risque est souvent évident. Certaines 'tuiles' s'abattent sur notre homme car, à ce niveau, il est encore incapable d'intégrer l'ensemble des paramètres qui conditionnent le problème posé.

3 9 En 5, la prise de risque (s) est évidente. C'est celle du compositeur de musique qui choque ceux qui écoutent sa pro­

duction, parce que l'écart né des audaces harmoniques et contra­

puntiques dépasse ce que peut supporter l'entendement de l'auditeur. C'est aussi celle du peintre qui n'a pas encore connu la notoriété. qui n'est pas ou mal compris, mais qui persiste, parce qu'il est sûr que ce qu'il fait est juste et bien. Des gens comme MODIGLIANI ou VAI\l GOGH ont atteint ce niveau, avec toutes les affres du doute pour corollaire.

40 En 6, la prise de risque va jusqu'au dépouillement total pour être conforme à ses idées. Léon TOLSTOI illustrerait correctement ce niveau. Riche propriétaire terrien. il commence, vers 50 ans, à douter de la validité de certaines valeurs telles que la richesse, la passion, la vie telle qu'il la vit. Son premier acte est de renoncer aux éléments extérieurs de richesse : il s'habille comme ses paysans et il travaille comme eux. Première prise de risque et énorme écart par rapport à ce qui se fait à l'époque. Deuxième prise de risque, encore plus grave : il veut distribuer ses biens. Il est alors excomunié par le Saint-Synode. La religion tolère mal que ceux qui l'appuient et la font vivre veuillent rejoindre les déshérités. Dernière prise de

risque, avant sa mort (à 82 ans) : comme il ne peut accorder sa vie à sa pensée, il décide de fuir le monde et ses pompes. Il quitte secrètement sa famille pour se rendre à l'ultime rendez-vous.

4 1 Ça.KYAMUNI, bien que sous une autre forme, suivra également le chemin du dépouillement. Fils de roi, il prend bruta­

lement conscience de la souffrance humaine et il se retire, à 29 ans, dans la solitude. Prise de risque par abandon de la richesse et de la considération. Quel écart pour un fils de roi! Deuxième écart, avec risques associés : il prône la destruction des désirs, des passions et de l'ignorance. Il quitte ce monde à 80 ans, en plein équilibre et sérénité intérieurs.

42 Au stade ultime, la prise de risque est totale. L'homme est seul. Ce qu'il apporte à ce niveau-là est tellement nouveau, telle­

ment imprévisible, qu'il dérange les structures en place, qu'il déstabilise sur le plan individuel et sur le plan collectif. Les anciennes normes sont obsolètes. L'écart est donc immense et ceux qui ne veulent pas admettre ce qui est proposé deviennent des ennemis potentiels qui complotent la mort du gêneur. Ce dernier le sait, mais il persistera. L'exemple déjà donné est celui typique du

ment imprévisible, qu'il dérange les structures en place, qu'il déstabilise sur le plan individuel et sur le plan collectif. Les anciennes normes sont obsolètes. L'écart est donc immense et ceux qui ne veulent pas admettre ce qui est proposé deviennent des ennemis potentiels qui complotent la mort du gêneur. Ce dernier le sait, mais il persistera. L'exemple déjà donné est celui typique du