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: Etat 'nirvanesque'd'une non-violence absolue

54 Jusqu'à maintenant, nous avons donné des exemples et une structuration du discours qui s'adressent plus à des adolescents et à des adultes qu'à des enfants ou petits enfants. Nous éprou­

vons, à ce stade de notre description, le besoin de changer de catégorie et de traiter un texte qui ressortit de la méthode des cas et dont les acteurs sont des enfants d'une dizaine d'années . L'anecdote est racontée par Serge LARIVEE, professeur à l'univer­

sité de Montréal au Québec. Nous l'avons déjà utilisée dans un contexte différent et un autre mode d'évaluation ( 1 8. 1984, p. 5 1 ) . Voici cette histoire :

Un élève (dix ans). s'ouvre à son père de ses ennuis scolaires, ce qui donne lieu au dialogue suivant

Le fils : "Papa, j'en ai marre de Josette. Si elle n'arrête pas de m'agacer, je vais lui casser la gueule. Je t'le dis, j'en ai assez. J'vais lui casser la gueule!

Le père : "Eh bien, si c'est vraiment le seul moyen qui te reste, je veux bienl"

(Le fils reste interloqué car il sait très bien que son père n'est pas d'accord avec ce moyen.)

Le père : "Mais avant de lui casser la figure, j'oi quelque chose à te suggérer. Je propose qu'on fasse une rencontre à trois : toi, Josette et moi. Au cours de cette rencontre, Josette devra s'engager à ne te provoquer qu'une seule fois par jour pendant la récréation du matin, et une fois qu'elle l'aura fait, elle viendra te dire tout bas : 'Ça y est, Vincent, je t'ai provoqué', et elle devra s'éloigner aussitôt. Il est bien entendu que cet arrangement doit rester secret. Seuls nous trois serons au courant."

Le fils : "Papa, tu es complètement fou!"

Le père : "En tout cas, penses-y . . . et quand tu seras prêt pour la rencontre, tu me préviendras."

Le fils (d'un air découragé) : "Papa, ça ne marchera jamais, c'est fou ... "

Une semaine plus tard, le fils dit à son père : "On n'aura pas

besoin d'employer ta solution, on dirait que Josette est 'moins pire'; on s'est même parlé deux fois cette semaine."

55 Pour des enfant d'une dizaine d'années, à qui cette histoire convient parfaitement, nous ne pouvons appliquer les critères lar­

gement développés au cours des chapitres précédents. Le niveau de langage et le vocabulaire doivent s'adapter au public. Nous devrons donc, avant toute chose, mettre en place un canevas qui puisse immédiatement être saisi par nos bambins. Indépendamment des idées simples, il nous faudra employer un vocabulaire ressortis-·

sant d'un corpus de 2500 à 3000 mots, au maximum, sous peine de rester incompris. Pour cela, passons en revue la démarche qui nous permettra de nous adapter à ce nouveau public.

56 Nous allons tout d'abord procéder à l'inventaire du récit. Il comprendra la situation (ou les situations) et les personnages.

Dans notre cas, la situation est celle des petits conflits scolaires.

Les personnages sont au nombre de trois : le père, ,Josette et Vincent. La situation conflictuelle implique des degrés d'agressivité divers : agaceries, violence verbale, violence physique en devenir, complétés par divers types d'action.

57 Nos trois rubriques, à classer dans les attitudes psycholo-­

giques, sont également présentes : non-tout, non-identification, auto-réflexivité.

58 Nous pourrions évoquer d'autres paramètres, mais nous pensons qu'il est important à cet âge de limiter le discours à quel-·

ques concepts-clés qui seront d'autant mieux perçus et intério­

risés qu'ils sont peu nombreux.

59 Nous pouvons maintenant planter le décor. Nous retiendrons

- Les personnages, que nous appellerons : les personnes.

- Les attitudes psychologiques que nous nommerons : la ma ..

nière d'agir ou la conduite.

-L'agressivité. sous la dênurnination de : violence.

-Les actes, par le terme : action.

(Signalons au lecteur que leE, mots conduite et personne s e trouvent dans un vocabulaire de '73 1 mots d e base I' l 9. l 980,

rexna-U.'7

me en 1986] . Action, agir et violence appartiennent à un vocabu­

laire fondamental de 1 683 mots. L'ensemble des mots employés à ce niveau se découpe en trois catégories : 70 mots-outils (45 % d'un texte courant), 731 mots-noyaux (qui fait atteindre 72 à 75 % d'un texte courant si on les ajoute aux précédents) et 1 683 mots fonda­

mentaux, soit un vocabulaire total de 2484 mots couvrant, au moins, 80% d'un texte.

60 Dans un premier temps, nous ferons décrire par nos élèves les personnes, telles qu'ils les voient ou comme ils les imaginent.

Ensuite, nous passerons à la conduite pour examiner les différents types d'attitude, et là, nous éprouverons une difficulté : celle de la généralisation. Il faudra sortir du texte pour voir quels aspects de la conduite existent en dehors de l'histoire afin de constituer notre échelle. A dix ans, ce type d'extrapolation n'est pas spécialement facile et sans vouloir influencer les enfants, il faudra parfois les aider. Nous admettons volontiers que la démarche "aide sans influencer" est toujours délicate et pas toujours évidente, mais dans certains cas, si nous nous abstenons d'intervenir, nous n'obtiendrons rien et nous aurons affaire à un schéma pauvre, inutilisable. Nous nous y résolvons d'autant plus facilement que nous pensons à la croissance de la maturation de nos élèves qui ne peut franchir certains seuils et certains paliers sans apport extérieur. Nous compléterons la grille de travail par la notion de violence et son antonyme paix (vocabulaire fondamental) ou non­

violence (extra-fondamental mais compréhensible) .

6 1 Nous représenterons l'anomie par ia notion de présence ou

r1 'o1'C'!an l"'lo +n.+olo. tr�c frvrtP l 'h PtP.rf'\n nrn-iP n�r 1 1nP nr;..Q.,:i.nl',:i. f"\1 1 1 1nP LI. -.-..:,-a&-- llo-11,,L&..&""'' L.I.. .._, ._, _._ .__. ..._ '-Vt ..L ..L..L.._..,._.._, ... '-J ..L ..L '-J ..L .a. .1. .a. .._, t-'..._..._ ..._ .... ...._.._. r- _.._.. _._.,. _ _. '-1 ..__... ..._ .... ...._.._..

absence moyenne, l'autonomie par une présence ou une absence minimale, selon que l'on choisit un mot ou son antonyme. Il est bien évident que la terminologie employée dans notre probléma­

tique est hors de portée de nos élèves ou de nos adolescents, voire de certains adultes. Cette manière simple de procéder permet une sensibilisation aux problèmes relationnels et développe une ana­

lyse embryonnaire chez l'enfant.

62 Nous aurons donc un certain nombre de tableaux compa­

ratifs tels que ceux qui suivent, donnés à titre d'exemple :

Violence Description de la conduite

Degré 1 Très violent(e). Tape sur les autres. Tire les che-veux. Fait tomber. Refuse de pardonner.

Degré 2 Violent de temps en temps. Pousse son voisin dans le dos. Arrache un objet. Ne pardonne que très rarement.

Degré 3 Essaie d'éviter une bagarre. Se contente de se défendre quand il (elle) est attaqué(e). A parfois de la difficulté à pardonner, mais essaie.

Degré 4 Cherche à faire la paix. Cherche le(s) moyen(s) d'éviter une bagarre. N'est pas rancunier (-ère).

Pardonne facilement.

Degré 5 Refuse carrément de se battre même si on se moque de lui (d'elle). Veut la paix avec tout le monde même si d'autres lui font du mal. Pardonne toujours.

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63 Comme nous le constatons, le tableau ne contient que cinq degrés. Cela provient du fait que nous enregistrons tout ce que les enfants nous disent en écrivant leurs propos soit au tableau noir soit sur une grande feuille ou au rétro-projecteur. Nous leur de­

mandons simplement de nous décrire un acte plus vilain ou un acte meilleur. Une fois que la liste paraît épuisée, les idées sont reclassées . Si elles ne recouvrent pas un schéma très nuancé, cela n'a qu'une importance relative. Il ne faudrait pas , naturellement, que la grille soit trop frustre. Trois catégories sont insuffisantes.

On arrivera difficilement à atteindre six catégories . Sept classes n'ont jamais été rencontrées au cours de nos investigations .

64 Conduite Description de la conduite

Degré 1 Se conduit extrêmement mal . Est toujours en bagarre, en guerre avec les autres. Est méchant(e).

Refuse d'écouter ce qu'on lui dit. Fait peur aux autres.

Degré 2 Se conduit mal . Ne respecte pas les règles quand on joue. Impose aux autres ce qu'il (elle) veut et les menacent quand ils n'obéissent pas. Agace les camarades par ses remarques.

Degré 3 Discute avec ceux qui ne sont pas d'accord pour voir comment on pourrait faire. Admet de changer certaines régies, de modifier ou de transformer ses idées.

Degré 4 Essaie certaines choses pour voir si ça marche . Préfère ces essais à la bagarre. Ne cherche pas à commander, à être le chef. Ne cherche pas à faire peur aux autres pour obtenir ce qu'il (elle) veut.

Degré 5 Refuse carrément de se battre même si on se moque de lui (d'elle). Veut la paix avec tout le monde même si d'autres lui font du mal. Pardonne toujours.

65 Actes Description des Actes

Degré 1 Actes méchants . Fait toujours mal à quelqu'un, soit par la parole (cherche à faire pleurer en se mo-quant), soit physiquement (donne des coups j usqu 'à ce qu'il y ait des b�us ou du sang). Ces actes conduisent à obtenir quelque chose (un crayon, une tartine ou à être le chef) .

Degré 2 Actes désagréables. Forme un groupe contre quel-qu ' un ou un autre groupe. Etablit des règles desti-nées à embêter les autres . S'empare de choses auxquelles il (elle) n'a pas droit. Fait agir d'autres à sa place pour ne pas se faire punir.

Degré 3 Actes normaux. Demande pour obtenir. N'essaie pas d'obtenir par tous les moyens ce qui lui est refusé:

Fait lui (el le) - même ses commissions. Ne pousse pas les autres à faire des bêtises ou à agir à sa place. Admet les remarques.

Degré 4 Fait volontiers des choses embêtantes ou ennuyeu-ses, pour rendre service. Renonce à un plaisir pour ne pas rendre triste quelqu'un. Fait ce qu'il faut pour que ce qui lui a attiré des remarques ne se reproduise plus. N'en veut jamais aux autres.

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66 Si nous examinons maintenant notre texte à la lumière de nos trois paramètres (violence, conduite, actes), nous voyons que nos trois personnages appliquent l'une ou l'autre des conduites décrites dans nos degrés.

67 Vincent veut "casser la gueule à Josette". Sur le plan 'violence', il est au degré 2 s'il en reste au plan verbal; au 1, s'il passe aux actes.

Comme il refuse de discuter (au début), il est à 2 sur le plan de la conduite et à 2, voire 1, sur le plan des actes. Josette 'agace' conti­

nuellement Vincent : elle est à 2 au niveau de l'acte. Malheureuse­

ment, ce récit ne donne aucun autre détail sur le comportement de Josette, ses agissements dans d'autres domaines, son caractère.

68 Le père, pour son compte, maîtrise ses pulsions. En outre, il désarçonne son fils par ses réponses, ce qui montre bien qu'il sort de la norme. On peut donc d'emblée le classer au degré 415, Une suggestion destinée à instaurer la non-violence : Josette ne devra exercer qu'une "provocation non-violente". C'est donc une nouvelle 'règle' qui est instaurée. Elle n'est pas généralisée mais uniquement destinée aux trois protagonistes de l'histoire : le père, Josette et Vincent. On est donc bien placé au plan de la violence au degré 4 (62. 121) : "Cherche les moyens d'éviter la bagarre". Au plan de la conduite, on est également à 4 : "Essaie certaines 'choses' pour voir si ça marche". Sur le plan des actes, Vincent "admet les remarques"

de son père et résout seul son problème. "On n'aura pas besoin d'employer ta solution, on dirait que Josette est 'moins pire'; on s'est mème parlé deux fois cette semaine." Le père n'aura pas besoin "d'agir à la place" de son fils. tfous sonHîîes, d'après le rlP.scriptif (nS. 1 24); :m rlegrP 3.

69 Le lecteur se rend compte que les 'échelles' produites par les élèves fournissent un nombre de degrés variables. En effet, la ma­

turation intellectuelle à cet âge ne permet pas de développer un système rigoureux, équilibré et comparable terme à terme. L'ensei­

gnant se contentera donc de contrôler jusqu'à quel niveau on est arrivé. "Etre à 2 sur 5, ce n'est pas extraordinaire, mais être à 4 sur 5 ou à 3 sur 4, ce n'est pas mal!". "Il est difficile d'atteindre 4 sur4 ou 5 sur 5, mais quels moyens suggérez-vous (vous les élèves), pour y arriver ?"

15 Rappelons que le terme degré est employé dans les descriptifs des élèves pour le différencier du terme stade utilisé dans la problématique.

70 Pour clore ce chapitre, nous reprendrons une histoire sans parole [20.1979] utilisée comme test d'introduction aux droits de l'homme dans les petits degrés, quand les élèves ne savent pas encore lire.

7 1 Nous avons procédé de la mamere suivante : nous avons montré les images et enregistré les idées des élèves en leur deman-·

dant de les mettre en rapport avec leur vécu quotidien ou avec ce qu'ils savent de ce qui se passe dans le monde. Pour bien com­

prendre, voici le résumé de cette histoire 'en images'.

L'histoire du petit de la poule

Un paysan dont les terres jouxtent un cours d'eau, s'en va pêcher par un beau jour d'été. Une magnifique poule brune, qui a repéré des vers de terre dans un récipient que tient le pêcheur, suil cet homme dans l'intention év:ldente de faire un bon repas.

Le pêcheur s'installe au bord de l'eau et pendant qu'il prépare sa canne à pêche. la pot:ùe s'approche en catimini de la boite aux vers.

Le paysan se retourne, la voit et. furieux, la chasse sans autre forme de procès.

La poule s'enfuit sans demander son reste. Elle longe le cours d'eau et, tout à coup, entre deux bosquets, que voit-elle : un magni.-·

fique oeuf.

Comme vous le savez, l'un des devoirs d'une poule, c'est de cou­

ver. EU s'accroupit donc sur l'oeuf pour lui communiquer sa chaleur. Q uelques temps aprês, la poule qui a fidèlement couvé l'oeuf, le voit éclore et il en sort, non pas un poussin, mais une drôle de petite bête qui ressemble à un rocodile.

La powe, toute fière, ramène son rejeton à la basse-cour et crée la plus belle surprise de l'année auprès des différents volatiles, oies, dindons, canards, et surtout auprès du paysan qui ne peut que se gratter la tête de perplexité.

Les premiers temps, tout ne va pas trop mal, mais au fil des jours notre bébé grandit, dépasse bientôt la poule puis les oies en

stature.

Comme son corps réclame beaucoup de nourriture et qu'il n'est pas regardant, Je 'bébé de la poule' commence par liquider un champ de maïs, puis les polirons de la fermière et te1·mine par le baquet à lessive. La mesure esl comble et le paysan commence par l'enfermer dans un enclos avec sa m ·re la poule. Mais comme il finit par trouver le crocodile déciclérncnt trop encombrant, il chc1sse

'maman-poule' et 'bébé-crocodile' et les expulse du territoire de la ferme.

Tous deux se dirigent alors vers le bois. Le crocodile marche plus vite que la poule. Cette dernière est distancée, et le renard, toujours à l'affût d'un bon repas, en profite pour s'en saisir et l'emporter. Le paysan, qui a vu le drame de loin, se met en chasse, mais il arrive trop tard. Cependant, il reste le 'petit-de-la-poule'. Il se dresse brusquement devant le renard qui, face à cette énorme bête en meurt presque de frayeur, lâche la poule et trouve encore quelques

forces pour s'enfuir.

Le paysan et la basse-cour ont assisté au sauvetage. Tout heureux, ils font un triomphe au 'bébé' et à sa 'mère', saine et sauve.

Ainsi l'histoire se termine bien pour le plaisir de tous.

72 Les élèves ont repris dans ce récit quelques thèmes pour les commenter et les développer. Voici quelques exemples de ce qui peut se passer dans une classe.

A. Quand le crocodile se fait enfermer dans un enclos, deux notions sont apparues dans l'esprit des élèves : celles de liberté et d'indépendance . Le maître leur demande alors de définir quelques degrés de l'échelle en rapport avec ces notions.

Degré 1 : Prison, au secret. Impossible d'avoir des visites, de recevoir des lettres. Le prisonnier dépend entièrement de ses gar­

diens. Il est mal nourri. Il souffre. Il peut mourir sans qu'on le soigne. Régions ou pays cités pour ce degré : Afrique du Sud, Amérique du Sud, Nicaragua, Chili, Vietnam, Philippines, URSS, Turquie.

Degïé 2 : Prison. Peut recevoir des visites ou du courrier. Peut se promener dans la cour. Peut faire des exercices de gymnastique ou des travaux manuels.

Degré 3 : N'est plus prisonnier mais doit se soumettre au contrôle de la police. Doit se présenter régulièrement au poste. Les gendarmes peuvent entrer chez lui quand ils veulent.

Degré 4 : Est libre chez lui et peut se déplacer comme il entend dans un certain territoire. Doit obtenir un visa pour "aller ailleurs".

S'il va à l'étranger, il ne peut pas toujours prendre sa famille avec lui.

Degré 5 : Est parfaitement libre de circuler où il veut avec sa famille, de rester un certain temps 'ailleurs', de revenir chez lui quand ça lui plaît.

73 Commentaires co_mplémentaires : Voici quelques remarques d'élèves à titre d'introduction au sujet débattu.

-· Nous à l'école on n'est pas libres. On est obligé de venir à l'heure.

On ne peut pas prendre une récréation quand on veut. On a des devoirs.

74 Une discussion à ce niveau-là peut s'engager très simplement en opposant la notion de contrainte pour une faute grave à celle contrainte pour un développement personnel. Sur ce dernier point.

l'être humain, volontairement. se force à apprendre, à rester tran­

quille, à se concentrer, à acquérir un certain nombre d'outils men­

taux qui l'aideront à gagner son autonomie dans la vie.

75 A ce propos, à l'époque où nous enseignions des élèves en échec scolaire, nous avions l'habitude de consacrer une heure par semaine à des débats sur des sujets qui leur tenaient à coeur. L'un des thèmes abordé avait été celui de la liberté.

76 Je leur avais demandé de me trouver un contexte qui leur conviendrait et où ils pourraient exercer leur conception de la liber­

té. L'image a été celle de l'île paradisiaque dans l'Océan Pacifique.

77 "Vous comprenez, M'sieur, dans ces îles, il y a un lagon, avec de l'eau douce et des cocotiers. Il y a des poissons et des oeufs de tortue ou des noix de coco pour se nourri.r. On peut se mettre tout nu si ça nous fait plaisir. (A l'époque ( 1 966), le nudisme n'était pas encore entré dans les moeurs. C'était donc une idée "très avancée"!) On se lève quand on veut, on se couche quand on veut!" Bref, j'ai droit à la desc1iption de leur idéal de liberté.

78 Alors est venu les temps de la discussion et des questions.

- Pour manger le poisson, comment l'attrapez-vous?

- Eh bien, on le pêche!

- Avec quoi?

- Ben, avec des hameçons ou des illets!

- Les hameçons et les filets, où les lrouvez-vous?

- Ben, on les fabrique! (Comme ils sont très astucieux dans le do-maine manuel, j'ai droit à la clescripUon de l a fabrication d'un hameçon dans un morceau de bois et à 1:.1 con.sütution d'un met.

"Vous savez. sous les noix de coco, il y a une espèce de barbe. On la trefü,e, puis on en fait des ficelles. Avec les lkclles, on fait les maille�;

du filet, etc ... ").

- Et quand le filet est déchiré, qu'est-ce qui se passe?

- Ben, on le répare?.

- C'est qui on? On fabrique, on répare, on construit une hutte, on ... ?

- Ben, c'est nous!

- 1\.h! Vous savez (on l'a vu en géographie) que votre île se situe dans une région où le phénomène de la mousson sévit chaque

- 1\.h! Vous savez (on l'a vu en géographie) que votre île se situe dans une région où le phénomène de la mousson sévit chaque