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PARAPHRASES ET PORTEE DE LA NEGATION : QUELQUES DONNEES

WILL + NOT

1 PARAPHRASES ET PORTEE DE LA NEGATION : QUELQUES DONNEES

En fonction des auteurs, il existe un certain flottement concernant l’interprétation de la portée de la négation avec WILL.Contrairement à d’autres modaux (en particulier MUST, CAN et MAY), les paraphrases proposées pour WILL semblent parfois inefficaces pour résoudre cette question. L’obstacle principal, dans le cas de WILL, est dû à la difficulté de sélectionner un terme suffisamment générique pour paraphraser l’ensemble de ses emplois. Les termes possible et nécessaire, qui permettent de gloser les différents emplois de MUST, CAN et MAY, offrent la possibilité de « calculer » de manière formelle l’incidence du négateur, même si cette méthode mérite ensuite d’être discutée. Cependant, ni l’une ni l’autre de ces deux modalités (possible/ nécessaire) ne permettent de construire des paraphrases satisfaisantes pour l’opération dont WILL est la trace. Cette particularité, que partage SHALL, donne en quelque sorte à ce modal un statut particulier au sein du système des auxiliaires modaux. La solution la plus fréquemment envisagée est le recours à des gloses différentes, en fonction des valeurs que l’on attribue au modal. Cependant, le choix de termes spécifiques pour les différentes valeurs engendre nécessairement un certain foisonnement au sein de la métalangue.

On trouve ainsi, en fonction des auteurs, un nombre plus ou moins important de valeurs associées aux emplois de WILL. De plus, ces valeurs vont être rendues par des termes qui pourront également varier d’un auteur à l’autre, de sorte que l’on travaille avec une certaine hétérogénéité. Cette hétérogénéité va avoir au moins deux conséquences. D’abord, on note que toutes les approches ne sont pas guidées par une

prédéfini. Plus encore, on s’aperçoit que certaines analyses ne débouchent pas véritablement sur une synthèse, mais adoptent une démarche essentiellement taxinomique (c’est, entre autres, le cas de F. R. Palmer, 1990, et G. Leech, 1987). L’autre conséquence concerne la portée de la négation. En effet, le choix des termes a une incidence sur l’interprétation de cette portée, et les résultats peuvent varier en fonction de la métalangue retenue. On va ainsi voir que Leech et Coates proposent pour des exemples similaires deux types de paraphrases différentes.

Je commencerai par rappeler le point de vue de quelques auteurs anglophones (J. Coates, G. Leech), qui adoptent un point de vue relativement analytique. En effet, leur discours n’est pas motivé par un cadre théorique prédéfini. Pour autant, le classement des différentes valeurs qu’ils proposent, ainsi que les remarques qui accompagnent leur description, fournissent des renseignements intéressants du point de vue intuitif. Je tenterai ensuite de traiter le problème de la portée en allant au-delà des paraphrases. Il s’agira de défendre l’idée qu’il existe deux types de portées différents mais que ces portées ne sont pas exclusives, parce qu’elles correspondent aux deux composantes définitoires de WILL.

1.1 J. COATES 1983

J. Coates associe à WILL quatre valeurs sémantiques, willingness, intention, prediction, predictability. Quand on la compare aux travaux de G. Leech et F. R. Palmer, l’analyse de J. Coates semble guidée par le souci de ne pas multiplier les valeurs du modal. À chacune des quatre valeurs sémantiques est associé un type de paraphrase, à la fois pour la forme positive et pour la forme négative. Voici un autre tableau qui résume les différentes paraphrases proposées à travers son chapitre sur WILL :

Forme positive Forme négative Willingness to be willing to be not willing to do sth

To be prepared to do sth to refuse to do sth To want to do sth

Intention to intend to do sth not to intend to do sth to intend not to do sth Prediction to predict that X to predict that not-X

Predictability to (confidently) predict that X to (confidently) predict that not-X

On peut faire quelques remarques au sujet de ces données, en particulier pour ce qui concerne la forme négative. D’abord, il est intéressant de constater que J. Coates envisage un seul type de négation pour la valeur willingness : la négation affecte la modalité. En revanche, elle propose deux types de paraphrases pour la valeur intention :

"In other words, negation of ‘Intention’ (unlike negation of

‘Willingness’) can affect either the main predication or the modal."

(J. Coates, 1983, p.176) négation sur la modalité

négation sur le prédicat

Cette propriété est en accord avec le fait que J. Coates reconnaisse des zones de chevauchement entre les valeurs intention et willingness. Toutefois, elle ne dit pas explicitement si ces deux paraphrases (not to intend to do sth/to intend not to do sth) sont systématiquement interchangeables, ou si le choix de l’une ou de l’autre peut dépendre du contexte.

Notons également que J. Coates apporte par endroits des compléments aux quatre valeurs centrales par des valeurs dérivées. Ainsi, le WILL de type insistence est présenté comme un cas particulier de willingness, ce qui fait intervenir des phénomènes liés à la prosodie dans le cadre de l’analyse :

"The other place where we find WILL (= ‘willingness’) stressed is when it has the special meaning ‘Insistence’."

(Ibid., p. 173) De même, les emplois que P. Larreya appelle « implicatifs » (ou que F. R. Palmer appelle conditional) sont décrits comme des emplois épistémiques à valeur générique :

"Compare (a) and (b) below:

(a) that will be Celia {I predict [that is Celia]}

(b) all recipients will have anti-A ≡ {I predict [all recipients have anti-A]}

While (a) refers to a single event (the arrival of Celia), (b) refers to a general truth (note the simple present tense of have in the main predication). However, statements like all recipients have anti-A are arrived at after a series of events, in each of which one individual is found to have anti-A. Similarly, a speaker will say that will be Celia because events in the past have led her to conclude that certain factors (such as noise in the hall) justify certain predictions. In other words, there is a clear relationship between these examples."

(Ibid., p. 178) On va pouvoir comparer la classification de J. Coates à celle de G. Leech. On constatera que leurs approches ne se recoupent que partiellement.

1.2 G. LEECH 1987

G. Leech (1987, pp. 84-87) reconnaît également quatre grands types d’emplois, qui ne recoupent pas exactement ceux présentés par J. Coates : 1/ prediction / predictability ; 2/ willingness (weak volition) ; 3/ intention (intermediate volition) ; 4/

insistence (strong volition).

On note effectivement que G. Leech introduit une différence explicite entre trois valeurs insistence, intention, et willingness. On a vu que J. Coates ne retient que deux valeurs, qu’elle range sous l’étiquette plus générale de volition : willingness et intention, et que la valeur insistence est traitée comme une forme emphatique de willingness. À ce propos, il est intéressant de noter que G. Leech emploie le terme willingness pour renvoyer à une notion de volition faible, proche de ce que J. Coates appelle intention.

Suivant cette typologie, G. Leech (1987, p. 93) propose quatre types de paraphrases :

prediction / predictability : They won’t have received my letter yet.

(‘It is predictable that [they haven’t received my letter yet]’). willingness (weak volition) :Don’t worry – I won’t interfere.

(I am willing [not to interfere]).

intention (intermediate volition) : I won’t / shan’t go if it rains.

(‘I do not intend to go’ or ‘I intend not to go’) insistence (strong volition) : He won’t do what he’s told.

(‘He insists on [not doing what he’s told]’ i.e. ‘He refuses . . .’) On peut faire deux remarques au sujet de ces paraphrases. D’une part, pour la valeur intention, on constate que G. Leech ne tranche pas en ce qui concerne la portée de la négation. D’autre part, pour la 4ème valeur, insistence, il propose deux paraphrases qui ne semblent pas aller dans le même sens. Avec insist, la négation affecte le prédicat, alors qu’avec refuse c’est la modalité qui est glosée par un lexème négatif. Or, le fait de pouvoir paraphraser WILL en termes de refus est généralement invoqué pour défendre l’idée que la négation affecte la modalité et non le prédicat.