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délimitation quantitative : il s’agit d’envisager une occurrence de la notion

3 L A NEGATION ET LE SYSTEME DES AUXILIAIRES DE MODALITE

1/ délimitation quantitative : il s’agit d’envisager une occurrence de la notion

p, p’

Bien que cette troisième composante ne construise pas en soi une négation, elle intervient dans certaines composantes opératoires. Comme dans le cas précédent, on peut distinguer une valeur quantitative et une valeur qualitative.

1/ délimitation quantitative : il s’agit d’envisager une occurrence de la notion.

On travaille sur une opposition de type existence / non-existence : prépondérance Qnt.

Ce n’est pas des propriétés liées à la validabilité de la relation prédicative qu’il est question mais de sa validation. Par exemple :

(26.1) She will receive the letter before Monday.

2/ délimitation qualitative : il s’agit d’envisager les propriétés notionnelles relatives à la validation de la RP. On envisage p en fonction de propriétés notionnelles relative à sa validabilité. Ici encore, cette délimitation qualitative peut elle-même correspondre à une opération d’évaluation ou de valuation.

A/ les propriétés relatives à la validabilité de la RP sont évaluées en fonction de leur compatibilité dans un cadre référentiel donné. Ainsi, dans l’exemple suivant la validation de la RP <John – swim very fast> est envisagé comme non-contradictoire avec les propriétés que l’énonciateur attribue au terme source : (27.1) John can swim very fast.

B/ la validation correspond au « bon » cas de figure. La délimitation quantitative de la relation prédicative se double dans ce cas encore d’une opération subjective qui consiste a valuer positivement l’occurrence de la notion à laquelle cette RP renvoie. C’est alors p qui est visé. On peut penser à des énoncés tels que :

(28) Whatever she may say she’will be mine.

Dans cet exemple, on peut estimer que la validation de <she – be mine> correspond au cas de figure que l’énonciateur cherche à atteindre, même s’il

semble que cet énoncé appelle également la prise en compte d’une composante quantitative.

Chacune de ces composantes fondamentales pourra correspondre à une composante opératoire, mais on peut également envisager que ces composantes fondamentales puissent se combiner pour former une composante opératoire complexe.

C’est sur les principes qui sous-tendent la construction de ces opérations complexes que je vais maintenant m’arrêter.

3.2 LES COMPOSANTES OPERATOIRES

On peut, à partir de ces définitions, avancer quelques principes de compositionnalité20. Les composantes fondamentales sont en effet susceptibles d’entretenir certaines compatibilités, et ainsi se combiner, de sorte que chaque composante opératoire pourra être composée d’une ou de deux composantes fondamentales. Dans le second cas, les composantes sont saturées, puisqu’il n’est plus possible de compléter ces opérations par une autre composante fondamentale : le schéma de bifurcation se définit par deux chemins possibles seulement. Je laisse provisoirement de côté la composante positive n°3, pour m’intéresser aux deux composantes négatives (1 et 2).

Les deux principales compatibilités à ce niveau concernent les deux types de délimitations qualitatives (avec valuation / sans valuation) :

N°1 QLT avec valuation + N°2 QLT avec valuation :QL T1.221

p p’ p p’

p, p’ p, p’

(+ VALUATION) (+ VALUATION)

Il y a à la fois une valuation négative la validabilité de la RP et une valuation positive de la non-validation. Par exemple :

(29.1) You mustn’t tell her anything.

Cet énoncé exprime à la fois une interdiction (blocage de la validabilité de la RP) et une valuation positive de la non-validation : "You not telling her" is what I want.

Cette composante opératoire sera notée : QLT1.2 (i.e. composante fondamentale QLT1 + composante fondamentale QLT2)22.

20 J’emploie le terme « compositionnalité » avec le sens défini par Frege : « la signification d'une expression complexe est fonction de la signification de ses parties ».

21 Par convention, je noterai en majuscules (QNT/QLT) les composantes fondamentales ou opératoires, et j’emploierai des minuscules (Qnt/Qlt) lorsqu’il s’agira de faire référence à la nature des opérations.

+

N°1 QLT sans valuation + N°2 QLT sans valuation :QL T1.2

p p’ p p’

p, p’ p, p’

QLT1 QLT2

(– VALUATION) (– VALUATION)

On envisage à la fois la validation de la RP comme incompatible relativement au cadre référentiel défini par le contexte et la non-validation comme compatible, adéquate, etc. Par exemple :

(30) Your new password must be at least six characters in length, and is case sensitive. It also must not use the special characters: | { } " , &.

La validation de <your password – use the special characters> est incompatible avec le résultat visé : avoir un mot de passe qui puisse fonctionner. La non-validation correspond alors au cas de figure approprié.

Concernant les deux délimitations qualitatives, il me semble qu’on doit écarter la possibilité d’une combinaison de type <+ valuation /– valuation>, ou encore <–

valuation / +valuation>. La conjonction des deux composantes fondamentales aboutit à la représentation d’une opération complexe qui doit répondre à une certaine complémentarité. Par exemple, il semble a priori difficile de concevoir une opération qui consisterait d’une part à construire une négation de nature subjective (rejet, interdiction, etc.) et d’autre part à poser la non-validation comme le cas de figure objectivement compatible relativement au contexte. Notons également que les deux composantes opératoires qui viennent d’être présentées sont constituées de deux composantes fondamentales QLT de sorte que l’on a affaire à des opérations à prépondérance QLT.

Cette composante opératoire sera également notée : QLT1.2. Les phénomènes de valuation / non-valuation seront explicités dans le cours de l’analyse.

N°1 QLT sans valuation + N°2 QNT : QLT- QNT1.2

L’autre combinaison envisageable permet de construire une combinaison de type Qlt + Qnt. Comme pour les combinaisons précédentes, les deux composantes sont homogènes du point de vue de la valuation : <– valuation /– valuation >.

22 Comme le suggère le point entre les deux chiffres, l’expression « QLT1.2 » peut se lire : « QLT un, deux » ou encore « QLT un point deux », pour illustrer la combinaison de

+

p p’ p p’

p, p’ p, p’

QLT1 QNT2

(– VALUATION)

Il s’agit dans ce cas, à la fois de poser que la validation est incompatible avec le cadre de référence par rapport auquel l’occurrence est envisagée (composante Qlt) et d’envisager la relation prédicative comme non-validée (composante QNT). Par exemple :

(31.1) He must not have seen you.

(31.2) He can’t have seen you.

Ces deux exemples se distingueront par une prépondérance interne qui va de pair avec la « portée » de la négation. Composante de gauche prépondérante pour CAN+NOT ; composante de droite prépondérante pour MUST+NOT.

Cette composante opératoire sera notée : QLT-QNT1.2. Bien que la composante de gauche (QLT1) soit de nature QLT, on verra que cette composante complexe intervient dans des contextes impliquant un cadre de référence muni d’une délimitation spatio-temporelle spécifique. On verra par ailleurs qu’il est possible d’envisager des pondérations internes qui donnent une prépondérance à QLT1 ou à QNT2.

Concernant la composante fondamentale 3, on peut également construire trois types de composantes opératoires.

N°3 QNT + N°2 QNT : QNT3.2

p p’ p p’

p, p’ p, p’

QNT3 QNT2

(– VALUATION)

Dans cette combinaison, on envisage à la fois la validation et la non-validation d’une occurrence de la notion à laquelle renvoie la relation prédicative. On pourra penser à des énoncés tels que :

(32.1) She may come tomorrow.

(32.2) He may not have seen you.

Aucune des deux possibilités n’est exclue dans ce cas. Mais le choix d’une forme positive ou négative introduira une pondération interne : chemin vers p prépondérant dans les énoncés positifs, chemin vers p’ dans les énoncés négatifs. Je reviendrai également sur la question de la prépondérance quantitative de cette composante lors de l’analyse de MAY+NOT.

+

+

N°3 QLT sans valuation + N°2 QLT sans valuation : Q LT3.2

p p’ p p’

p, p’ p, p’

QLT3 QLT2

(– VALUATION) (– VALUATION)

La validation et la non-validation de la RP sont envisagées comme toutes les deux compatibles avec la représentation cognitive de l’énonciateur. Ce n’est plus la délimitation spatio-temporelle de l’occurrence qui est ici envisagée mais les propriétés notionnelles que l’on associe aux deux cas de figures. Par exemple :

(33) You needn’t be a Shakespeare specialist to understand the film.

La validation comme la non-validation de la RP <you – be a Shakespeare specialist> sont compatibles selon l’énonciateur avec la validation de <you – understand the film>. Cette composante opératoire sera notée : QLT3.2 (i.e. composante fondamentale QLT3 + composante fondamentale QLT2).

N°3 QLT avec valuation + N°2 QLT avec valuation : Q LT3.2

p p’ p p’

p, p’ p, p’

QLT3 QLT2

(+ VALUATION) (+ VALUATION)

Cette dernière composante opératoire consiste à envisager à la fois la validation et la non-validation de la relation prédicative avec une valuation. La non-validation va correspondre au « bon » cas de figure. Pour la validation, le problème est moins évident.

Théoriquement, on peut penser qu’il s’agit de poser la validation comme correspondant à un cas de figure également « bon ». Cependant, la dimension intersubjective implique, semble-t-il, la construction d’une altérité comme on le verra à propos de NEED+NOT, auquel cette représentation correspond. Voici un exemple :

(34.1) You needn’t give me that dirty look !

Comme pour le cas précédent, cette composante opératoire sera notée : QLT3.2.

3.3 SYNTHESE DES DIFFERENTES COMPOSANTES OPERATOIRES

L’analyse précédente a permis de dégager 14 composantes opératoires, dont 6 correspondent à des composantes complexes (tableau de droite), construites par

+

+

combinaisons. Voici un rappel de l’ensemble de ces composantes, dans lesquels je ne distingue pas les deux types de composantes qualitatives (+valuation/ – valuation) :

Si on laisse de côté la distinction entre les deux types d’opérations qualitatives (+ / – valuation), on conserve au total sept composantes opératoires : quatre ont une

fondamentales, soit avoir une prépondérance quantitative soit être équipondérée Qnt/Qlt.

En tout état de cause, dans le cas n°11, on a une activation de la délimitation quantitative, de sorte que je classerai cette composante parmi les prépondérances Qnt.

En reprenant l’approche d’A. Deschamps on peut ainsi proposer un tableau qui permet de déterminer l’ensemble des couples Qlt / Qnt envisageables. Ces couples d’opérations sont exposés dans le tableau qui suit. J’y fais également apparaître les marqueurs qui leur correspondent, à l’exception de DARE qui présente un cas de figure particulier. Chacun de ces marqueurs sera évidemment traité en détail dans les chapitres qui suivent, mais on pourra déjà proposer une illustration de ce tableau par quelques exemples en s’arrêtant sur chaque couple de composantes. Cela implique que l’on commente également les couples d’opérations qui ne sont associés à aucun marqueur.

1 2 3

QLT2 QNT2 QLT2 QNT3.2 QLT2 Q LT-QNT1.2

4 5 6

QLT3.2 QNT2 QLT3.2 QNT3.2 QLT3.2 Q LT-QNT1.2

7 8 9

QLT1.2 QNT2 QLT1.2 QNT3.2 QLT1.2 Q LT-QNT1.2

10 11 12

QLT1 QNT2 QLT1 QNT3.2 QLT1 Q LT-QNT1.2

Dans les commentaires qui vont être proposés pour chacun de ces cas, il s’agit de souligner l’importance des phénomènes de pondération et d’équipondération dans l’interprétation de la valeur des marqueurs. Ces phénomènes de pondération pourront

WILL+NOT SHALL+NOT

CAN+NOT

MAY+NOT MUST+NOT

CAN+NOT NEED+NOT

MAY+NOT WILL + NOT

1/ entre les composantes fondamentales d’une même composante opératoire ; 2/ entre les composantes opératoires d’un même marqueur.

3.4 ANALYSE DES COUPLES DE COMPOSANTES OPERATOIRES

Soulignons encore une fois que les commentaires qui vont être proposés dans cette section seront relativement allusifs. Il ne s’agit pas à ce niveau d’examiner en détail les différents marqueurs, qui seront abordés dans les chapitres qui suivront. L’objectif est ici de proposer une illustration du cadre théorique général, tel qu’il sera exploité lors des analyses de marqueurs, et notamment de souligner l’importance des opérations de pondération Qlt et Qnt.

COUPLES 1 ET 10/ WILL+NOT :

WILL+NOT est associé à trois composantes opératoires différentes (remarquons qu’on a une composante partagée par les deux couples 1 et 10). Chacune de ces composantes pourra être prépondérante ou être équipondérée par rapport à une composante adjacente. On a, semble-t-il, cinq cas de figures théoriquement envisageables, qui seront commentés individuellement :

QLT2 prépondérant : QLT2 / (QNT2) ; QLT2 et QNT2 équipondérés : QLT2 / QNT2;

QNT2 prépondérant : (QLT1/2) / QNT2 ; QNT2 et QLT1 équipondérés : QLT1 / QNT2 ;

QLT1 prépondérant : QLT1 / (QNT2).