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DES POLITIQUES DE GOUVERNANCE

III- 3-1 La pêche industrielle

III-3-1-1. Rappel historique

Bien que les côtes ouest africaines soient fréquentées dés le 15e siècle avec le passage du Cap Bojador (Chauveau, 1989)33, la pêche industrielle ne démarre véritablement au Sénégal qu’au début du 20e siècle sous l’initiative des Français. En effet, la Mauritanie plus proche de

31 FAO, 2012 « situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, 2012 » Rome 241p

32 Direction des Pêches Maritimes du Sénégal, 2012, « Résultats généraux des pêches maritimes » Ministère de

la Pêche et des Affaires Maritimes.

33 Chauveau J.P., 1989 « histoire de la pêche industrielle et de la politique d’industrialisation » 1e partie, in

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l’Europe et plus facile d’accès pour les navires, demeure pendant plusieurs décennies le point de concentration des pêcheurs Espagnols, Portugais et Hollandais qui y exploitent la morue et le requin.

Ce n’est que vers la fin de l’expansion coloniale, que les eaux sénégalaises ont un regain d’attention grâce à la présence d’une main d’œuvre et d’approvisionnement en eau. Néanmoins, les colonies ne jouent qu’un rôle mineur dans les politiques mises en place par la métropole. Considérées comme fournisseuses de matières premières et débouchés pour les produits finis, elles ne bénéficient d’aucune avancée technologique. Le spectre de la seconde guerre mondiale va cependant changer la donne (Chauveau et al, 2000).

Dans ce contexte de conjoncture, la demande de ravitaillement pour la métropole devient plus forte et l’administration entame des projets de création de pêcheries et d’usines de conditionnement et de transformation du poisson. Ainsi, le long de la côte vont s’implanter de petites unités de séchage, de fumage, de saurisserie et de conserverie qui, en l’absence d’ne flotte européenne, s’approvisionneront auprès des pirogues indigènes. Par exemple en 1936, une pêcherie de requin se développe timidement alors qu’à Hann est montée une sécherie qui conduira son propriétaire à acquérir le seul chalutier à l’époque (Chauveau, 1989).

Si ces actions éphémères ne rencontrent pas toujours le succès escompté, elles poseront les jalons d’une industrialisation des pêcheries au Sénégal. Les pêcheurs artisans montrant leur capacité à satisfaire la demande de ces unités de traitement, l’administration décide de se tourner plus vers ce secteur longtemps sous estimé. Les premiers essais de modernisation des pêcheries sénégalaises sont initiés en 1950 avec la motorisation des pirogues artisanales, l’introduction de matériel de pêche plus performant, l’octroi de crédits… Ces mesures ne permettront pas toutefois une industrialisation effective des pêcheries. Au contraire, la pêche artisanale sensée pourvoir les unités industrielles, se tourne plus vers le marché local aidé en cela par le mareyage.

Malgré l’échec d’une industrialisation achevée de la pêche piroguière qui devait permettre l’approvisionnement des conserveries, l’administration coloniale poursuivra ses efforts en favorisant le développement d’une pêche thonière dans les eaux sénégalaises qui sont désormais un haut lieu de pêche capable de fournir les usines européennes. Les difficultés de la pêche sardinière et thonière en Europe poussent les pouvoirs publics français à se rabattre sur le thon tropical (albacore). Des exonérations fiscales, une aide à l’exportation et à l’entrée en franchises des biens d’équipements pour les usiniers et les armateurs sont mis en place.

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Des campagnes s’organisent dés 1954 et jusqu’en 1960, le Sénégal est un pole de concentration important pour les armements thoniers tous essentiellement étrangers même si la plupart d’entre eux français, porte le pavillon sénégalais, et est fortement soutenue par le pouvoir métropolitain (Chauveau, 1989)34. La pêche thonière sera par la suite appuyée par l’Etat sénégalais nouvellement indépendant.

Ainsi, pendant la première moitié des années 1960, l’Etat du Sénégal maintiendra les exonérations fiscales et les détaxes offertes aux armateurs et conserveries français en attendant de tendre vers une nationalisation de la flotte thonière et d’obtenir une certaine assise dans un marché international très concurrentiel. Mais ces objectifs ne seront jamais atteints. Le secteur de la pêche thonière est très tributaire du marché européen surtout français où ses débouchés sont de plus en plus remis en cause. Au niveau local, la situation n’est pas meilleure, les navires techniquement peu évolués, ne fournissent qu’un total de 6500 tonnes. Un tonnage qui ne comble pas les capacités de traitement des usines estimées à 25000t.

Parallèlement, la pêche chalutière, après avoir été dans un premier temps combattue car perçue comme nocive et pour les fonds de pêche et pour la pêche artisanale, bénéficiera d’une certaine attention. En effet, la forte demande extérieure en crustacés et en poisson frais poussera le Sénégal à se lancer dans une relative spéculation. Le nombre de chaluts augmente et passe de 6 à 32 et une quinzaine d’entreprises d’exportation de poisson et de crevettes est créée.

Pour sa part, la pêche sardinière sera considérée par le gouvernement comme un prolongement de la pêche artisanale. En se sens, les actions menées consistent plus à moderniser les embarcations que de mettre en place une réelle industrialisation comme ce fut la pêche thonière et chalutière. Par ailleurs, la forte concurrence de la pêche artisanale ne permet pas un investissement de la pêche sardinière (Chauveau, 1989). En somme, la période coloniale et celle de la post indépendance se sont traduites par une réelle difficulté à intégrer le secteur de la pêche dans le courant de l’industrialisation. La forte dépendance par rapport au marché français, qui constitue un débouché et un marché concurrent, les contraintes techniques et financières que soulèvent la modernisation de la flotte et des unités de traitement sont des entraves. De plus, la forte concurrence du secteur artisanal est un autre

34 Chauveau J.P., 1989, « histoire de la pêche industrielle au Sénégal et de la politique d’industrialisation », 2e

facteur bloquant à laquelle la composante industrielle de la pêche sénégalaise est confrontée. L’inadéquation des politiques initiées continue encore à

III-3-1-2. Situation actuelle de la pêche industrielle sénégalaise

Aujourd’hui, la pêche industrielle

encore vétuste est à la fois concurrencée par la pêche artisanale et par la pêche industrielle étrangère (Russie, Chine, Corée…). Le contexte de baisse généralisée de la ressource frappe durement le secteur dont la flotte est passée en 2000 de près de 270 navires dont 93

pavillon étranger à 118 navires en 2011.

Fig. 6 : Evolution du tonnage de la pêche industrielle sénégalaise de 1999 à 2012 (

Le tonnage des débarquements de ce fait est en constante régression malgré des pé

hausse, notamment en 2011 durant laquelle 47923 tonnes furent débarquées. La variabilité des tonnages est du au fait que le secteur repose essentiellement sur l’activité des chalutiers qui assurent prés de 85% des captures et dont le nombre est f

des chalutiers est de 91 navires contre 79 en 2012.