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1.6 Une intégration croissante de jeunes diplômés dans les banques tunisiennes et

1.6.3 Ouverture du marché interne à travers l’offre d’emploi des diplômés

La mondialisation et/ou la globalisation des économies en favorisant l’orientation commerciale de toutes les banques ont contribué à l’ouverture du marché interne à travers l’offre d’emploi des diplômés.

Nous assistons aussi bien en Tunisie qu’en Allemagne à une évolution différente de l’organisation des deux secteurs bancaires respectifs, même s’il existe de plus en plus une convergence vers une homogénéité des facteurs qui poussent le secteur bancaire à évoluer dans chacun des deux pays.

Comme le souligne Christine Bruniaux81 pour les banques allemandes « à partir des années

60, la croissance économique a provoqué une expansion sans précédent des réseaux d’agences bancaires pour collecter l’épargne (cela correspondait à une période de prospérité). Ces marchés ont connu une certaine saturation dans les années 80, ce qui a obligé les banques à approcher différemment leur clientèle ».

En Tunisie, c’est après l’indépendance du pays en 1956 que le secteur bancaire s’est peu à peu mis en place, sous l’influence de l’organisation des banques françaises qui ont laissé une large empreinte.

Il y a eu tout d’abord la création de banques étatiques qui ont participé, à travers la création d’un réseau d’agences, à la collecte de l’épargne et au financement de l’économie.

Actuellement, sur le plan économique, c’est l’accroissement de concurrence et la mondialisation, ou globalisation des économies, qui a participé à provoquer les trois grands changements perceptibles au niveau des différentes banques, à savoir, la déréglementation, la désintermédiation et le décloisonnement.

Ces changements obligent les banques à se restructurer et se réorganiser, car la concurrence qui se fait aussi sentir sur des marchés nationaux avec l’entrée de nouveaux concurrents non bancaires offrant des services ou produits équivalents (grande distribution, réseaux spécialisés dans la vente de produits financiers), ne laisse guère le choix.

Les clients qui sont également devenus de plus en plus exigeants ont les moyens de comparer les prix et la qualité des prestations grâce à l’outil technologique et aux médias, ce qui oblige davantage les banques à mieux former leurs ressources humaines et à veiller à une

81 Bruniaux Christine, « Evolution de l’emploi et des qualifications dans le secteur bancaire »,

Synthèse élaborée dans le cadre de la troisième phase des travaux d’EDEX - WP3, à partir des rapports nationaux de cinq pays, (Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France) à l’attention du Zentrum für Sozialforschung Halle, mai 2001.

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transmission intergénérationnelle des connaissances des seniors envers les jeunes pour préserver l’outil de production et le métier.

Christine Bruniaux82 précise à cet effet que c’est « par le biais des technologies de

l’information et de la communication, que plusieurs tâches administratives de back office, banques de données clients et élaboration de systèmes experts d’analyse de situation et d’aide à la décision pour le front office, ont été simplifiées (Allemagne) ».

En Tunisie, les automates (distributeurs automatiques de billets et généralisation de l’utilisation des ordinateurs PC) ont permis de diversifier et d’enrichir les tâches réservées aux salariés du « front office » et « du back office ».

De plus la création de nouveaux produits financiers s’appuie sur des applications informatiques qui demeurent spécifiques à chaque type de banque et à son organisation particulière.

Mais, l’élément le plus significatif a été de mettre en exergue certaines spécificités nationales inhérentes au pays d’origine, qui peuvent selon Christine Bruniaux « se retrouver dans leur gestion, en particulier celle des ressources humaines ».

En effet, c’est à partir de la mise en évidence de la politique de gestion des ressources humaines pratiquée dans chacune des deux banques que nous pouvons comprendre davantage le contexte particulier dans lequel s’opère ou non la transmission intergénérationnelle des connaissances.

Christine Bruniaux précise qu’en Allemagne, une partie des banques privées en général, a une activité internationale marquée et que les types de systèmes de retraite, le vieillissement général de la population se traduisent différemment sur le secteur bancaire en fonction de l’importance des régimes de retraite par capitalisation, à la différence de la Tunisie où c’est le système de la retenue à la source qui est encore d’usage.

Toutefois, elle révèle que « ces différentes particularités conduisent tout de même à des impacts très similaires au niveau des stratégies des différentes banques. Ainsi, on assiste globalement à une homogénéisation des activités et un décloisonnement des marchés des banques, favorisés par la déréglementation en matière d’activité et de statut : les frontières entre la banque, l’assurance et les autres entreprises qui produisent des services financiers s’estompent ».

Il n’y a plus de barrière franche entre les activités des banques qui avaient pourtant un statut propre à savoir : banque privé, banque publique, banque mutualiste, etc.

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Les stratégies actuelles sont décrites sous différents vocables mais se retrouvent d’un pays à l’autre.

Christine Bruniaux83 souligne que « la recherche de rentabilité et de réduction du risque qui

constitue l’objectif ultime des stratégies mises en œuvre passe aujourd’hui par un centrage sur le client, désormais très sollicité par les multiples structures de financement ».

Ainsi, même si le crédit permet encore aux banques tunisiennes d’avoir de beaux jours devant elles, ceci n’est plus aussi valable pour leurs homologues allemandes pour qui le marché est segmenté, les produits différenciés et ciblés, étant donné que, comme le précise Christine Bruniaux, cela ne permet qu’ « un faible retour sur investissement », d’autant plus indique t-elle que « ce qui importe désormais, c’est de vendre du service, pour lequel on facture frais et commissions ».

Selon elle, « cela engendre le développement en interne d’une « culture de conquête » commerciale » qui n’est pas propre aux banques allemandes mais reste valable au niveau des banques tunisiennes aussi bien publiques que privées.

Pour reprendre la question des répercussions sur la gestion interne et notamment la gestion des ressources humaines des banques concernées, elle précise que pour les banques allemandes cela amène à une « différenciation des produits associée à une recherche constante de réduction des coûts à travers des réorganisations comme la : décentralisation de la gestion, l’organisation des agences en centres de profits avec une spécialisation en fonction du public, et une externalisation des activités de support ».

Cette orientation commence toutefois à être perceptible également au niveau des banques tunisiennes qui envisagent pour le futur de procéder de la même manière en facturant les services qu’elles produisaient gratuitement.

Ceci permet de corroborer les propos de Christian de Boissieu84 qui indique que « les

problèmes auxquels sont confrontés les banques tunisiennes sont les mêmes que ceux des banques occidentales, seulement qu’ils interviennent après, alors que ces dernières ont pu profiter de l’expérience et des échecs des premières ».

Cela peut s’appliquer aussi bien en termes d’évolution globale de l’emploi bancaire qu’en terme de vieillissement de la population bancaire, qu’en matière de formation bancaire, mais

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Bruniaux Christine, « Evolution de l’emploi et des qualifications dans le secteur bancaire »,

Synthèse élaborée dans le cadre de la troisième phase des travaux d’EDEX - WP3, à partir des rapports nationaux de cinq pays, (Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France) à l’attention du Zentrum für Sozialforschung Halle, mai 2001.

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Propos recueillis lors d’un séminaire international sur « la compétitivité des banques tunisiennes » organisé par une banque publique tunisienne à l’occasion de son 40ième anniversaire à Tunis en 1999.

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est ce le cas pour la transmission intergénérationnelles des connaissances des seniors envers les jeunes recrues ?

C’est à cette question que nous tenterons de répondre tout au long de notre recherche.

Dans le sens de Christine Bruniaux, qui ne contredit pas les propos de Christian de Boissieu, il peut exister des différences de périodes, des décalages, mais les problèmes à gérer sont les mêmes, « comme celui d’une pyramide des âges vieillissante en raison de la raréfaction des embauches, associée au vieillissement des personnels pléthoriques embauchés dans les années 1970 ».

Toutefois, selon elle les réorganisations internes ne s’effectueront que à travers « un investissement dans les technologies de l’information pour améliorer l’efficience globale avec recherche d’économies d’échelle passant par des fusions acquisitions ».

Un autre élément de convergence consiste à considérer que l’évolution des besoins en ressources humaines des deux banques respectives reste orientée davantage aujourd’hui vers les jeunes diplômés disposant d’une certaine spécialisation (jeunes disposant d’un diplôme universitaire de second voire de troisième cycle).

L’objectif recherché par les employeurs est double, à savoir, tout d’abord disposer de jeunes pouvant être utilisables dans l’immédiat ou dans un minimum de temps.

Ensuite, bénéficier de jeunes pouvant être redéployés, quand le besoin se fait ressentir, vers une autre affectation, chose que leur permet plus facilement leur niveau d’études.

Ahmed Karam, Directeur général85 d’une banque privée tunisienne relève un trait commun

que nous pouvons retrouver dans les propos de Christine Bruniaux86 concernant les banques

allemandes et tunisiennes à savoir, tout d’abord qu’il existe une évolution semblable des métiers bancaires vers plus de spécialisation.

Cette évolution serait pour elle « liée au besoin croissant de « professionnels » et techniciens, pour gérer l’adaptation à l’innovation technologique et organisationnelle, le développement de nouveaux services et produits plus sophistiqués, ainsi que de l’activité sur les marchés internationaux » (informaticiens, juristes, économistes, diplômés en marketing, etc).

Ensuite, c’est l’exigence selon elle de plus de polyvalence, essentiellement dans les réseaux où la vente progresse aux dépends du middle et du back office, alors que cela est exigé au

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Karam Ahmed, DG de l’Amen Bank l’une des banques privées tunisiennes (groupe Ben Yedder), ex Crédit Foncier et Commercial de Tunisie.

86Bruniaux Christine, « Evolution de l’emploi et des qualifications dans le secteur bancaire »,

Synthèse élaborée dans le cadre de la troisième phase des travaux d’EDEX - WP3, à partir des rapports nationaux de cinq pays, (Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France) à l’attention du Zentrum für Sozialforschung Halle, mai 2001.

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niveau de toutes les structures de la banque pour Ahmed Karam, qui parle du concept de multi spécialités.

Les deux phénomènes ont toutefois le mérite selon les deux auteurs de se traduire par un accroissement du nombre de diplômés dans les catégories socioprofessionnelles correspondantes.

Ainsi, pour Christine Bruniaux, on observe une augmentation de la proportion de diplômés allemands à l’intérieur des catégories professionnelles (employés de banque, cadres) ou le gonflement d’une catégorie : celle des techniciens ou experts, que l’on retrouve dans certaines nomenclatures d’enquêtes de population active.

Mais, elle précise avec justesse qu’ « il n’est pas sûr par ailleurs que les nomenclatures bancaires réservent un traitement particulier à ces « experts ».

1.7 Convergence inhérente à une homogénéisation des facteurs