Organisation spatiale d’une tour à plusieurs pieds

Organisation verticale et horizontale des circulations et des accès à la tour : Organisation verticale et horizontale des circulations dans la tour : depuis l’esplanade jusqu’au sommet

L’organisation spatiale des circulations horizontales et verticales dans et vers la tour Phare est inhabituelle à La Défense. En effet, l’entrée principale de la tour étant située au 9^ème étage (à 100,8 NGF), le cheminement afin d’y pénétrer est atypique. Depuis l’esplanade publique, entrer dans la tour par le lobby principal implique de prendre des escalators depuis la dalle et montant jusque dans le pavillon installé sur pilotis, de transiter par cet espace pour ensuite prendre les escalators extérieurs monumentaux de 50 mètres de long reliant le pavillon au grand hall de la tour (Figure 32).

D’autre part, en plus d’une gestion des circulations verticales essentielle liée à la typologie même de tour, la circulation horizontale devient tout aussi importante dès lors que le bâtiment est constitué de quatre éléments structurels distincts. C’est au niveau R+8 que la liaison entre les trois autres bâtiments s’effectue (Figure 32); c'est-à-dire juste en dessous du lobby principal, base de l’atrium logeant au dixième et onzième étages les accès aux batteries d’ascenseurs desservant toute la hauteur de la tour.

L’association entre les trois éléments Trapèze, Tour et Bâtiment Est permet de générer la fenêtre urbaine. Ainsi, en faisant reposer la tour principale sur les deux autres bâtiments écartés de 24 mètres, l’empilement génère un vide au-dessus des espaces publics : il permet le passage de la passerelle Carpeaux et les circulations horizontales entre la dalle de La défense et les quartiers limitrophes de la

commune de Courbevoie (Figure 23). La place dans les pieds des deux bâtiments n’étant pas suffisante pour desservir, via un lobby, l’ensemble des étages : le pavillon remplit cette fonction¹.

Les circulations verticales des différentes fonctions de l’opération Phare sont clairement distinctes et indépendantes, de la même manière que la majorité de leurs espaces. Ainsi un ascenseur direct est alloué au restaurant panoramique partant du pied du bâtiment Est pour rejoindre le 66^ème étage de la tour. Les circulations verticales des bureaux sont indépendantes des circulations du restaurant, mais aussi indépendantes entre elles. Une batterie d’ascenseurs dessert le bâtiment trapèze, de même qu’une batterie d’ascenseurs dessert le bâtiment Est² (Figure 32).

La circulation verticale de la tour principale est clairement optimisée : les trois batteries sont constituées d’ascenseurs double-pont desservant deux niveaux en même temps et sont reliées entre-elles à des étages de transfert³. A ces systèmes double-pont sont associés des « escaliers de convivialités » reliant les étages intermédiaires et permettent de réduire l’utilisation des ascenseurs pour les petits trajets. Bien que la justification initiale des architectes fasse référence à des arguments de type énergétique, il est clair que ces escaliers « de convivialités » permettent un moyen de transport secondaire piéton, voire « doux », comme une alternative aux transports motorisés verticaux pour les courts trajets.

Organisation spatiale du rez-de-dalle et du lobby bureaux au 9^ème étage

L’organisation spatiale du rez-de-dalle de l’opération Phare est complexe : la passerelle Carpeaux conservée pour faire liaison entre la dalle et Courbevoie, la circulation entre le cœur transports de La Défense et le CNIT ont dû être simultanément intégrées dans la conception du projet Phare.

Les accès aux différentes fonctions sont répartis sur tout l’espace de la Place Carpeaux et son clairement séparés (Figure 26). Les accès aux bureaux se font pas plusieurs entrées : les entrées pour les personnes à mobilité réduite sont possibles dans le pied du bâtiment Est. Le pavillon, entrée principale (comme vu plus haut), est accessible par un premier escalator au sud-ouest orienté pour les flux de piétons du cœur transport, et par un second au nord-est du pavillon orienté pour les flux de piétons provenant du CNIT. L’accès au commerce du pavillon se fait par les mêmes entrées et les mêmes escaliers. Les deux autres commerces donnent directement sur la dalle l’un sur la passerelle, l’autre dans le pied avancé sous l’atrium géant de la tour.

L’emprise limitée des bâtis sur la dalle a permis de dégager de l’espace afin d’allouer des terrasses à ces deux brasseries. Enfin, un accès est commun entre les usagers dits VIP des bureaux et les clients du restaurant panoramique : tous entrent par la partie sud du pied du bâtiment est et pénètrent dans les ascenseurs séparés via un lobby commun (Figure 26). Avec le pavillon, le hall du bâtiment Est sont les deux seuls espaces mutualisés entre des programmes différents de la tour Phare.

1 Il est construit sur pilotis afin de limiter l’emprise au sol de l’opération initialement très contrainte.

2 Celles-ci sont reliées au niveau R+8 duquel il est possible de rejoindre les niveaux R+10 et R+11 point de départ des ascenseurs de la tour principale.

3 Aux niveaux 27 et 47.

Figure 32 : Organisation des circulations verticales et horizontales dans la tour Phare (crédit : auteur)

Typologie des espaces et part des espaces ERP dans la tour

Les espaces de la tour Phare, qu’ils soient « fonctionnels » (mètres carrés occupés directement par une fonction) ou « afonctionnels » (vides, espaces de transition, de déplacement ou espaces mutualisés), se décrivent grâce à la typologie des espaces des tours multifonctionnelles proposées au Chapitre 5, p.

103, dans le tableau suivant (Tableau 11).

Les espaces de la tour Phare semblent assez variés en termes de « publicité » quelle que soit l’approche retenue ; juridique, spatiale ou par les usages. En effet, le projet Phare dans son ensemble propose tous les types d’espace identifiés par la typologie des espaces des tours multifonctionnelles de Shim et Park (Shim et al., 2004).

La tour Phare est conçue pour répondre aux contraintes urbaines du site propre au territoire de La Défense : sur dalle piétonne, le bâtiment ne borde aucune rue traditionnelle requérant un alignement.

En réponse aux contraintes de maintien des flux et des espaces piétons ainsi que d’insertion dans un site très restreint, les partis architecturaux génèrent de nombreux types d’espaces : une prolongation de la dalle publique sera réalisée par l’EPADESA, la Place et la passerelle Carpeaux, elles-aussi publiques, sont modifiées mais conservées, et de nouveaux espaces semi-publics sont créés pour les brasseries aux pieds de la tour. Les escalators du pavillon sont aussi considérés comme des espaces semi-publics : juridiquement privés, en extérieurs, ils sont accessibles au public aux heures d’ouverture de la tour. A cet instant du projet, le grand hall est considéré comme ERP puisque les contrôles d’accès pour les bureaux se feront au niveau R+9^1et2.

1 Possible alors pour un visiteur ou un usager du commerce du pavillon d’emprunter les escalators pour rejoindre la tour principale et l’atrium monumental pour profiter de la vue ou simplement visiter le hall monumental.

2 Cependant, les promoteurs envisagent aujourd’hui très sérieusement de déplacer ces contrôles d’accès en amont du grand hall et des escalators, c’est-à-dire dans le pavillon. Dans ce cas, l’atrium entrerait dans la catégorie des espaces privés intérieurs à usage privatif.

Le parti architectural consistant à faire reposer la tour sur plusieurs pieds et à les relier entre eux par une couverture ondulante génère des espaces ouverts publics (comme les tronçons de dalle publique) ou semi-publics (comme les espaces dédiés aux terrasses des brasseries). Le projet propose aussi deux espaces « ouverts » dans la tour : la terrasse panoramique du restaurant gastronomique (66^ème étage), et la terrasse panoramique réservée aux usages des bureaux au sommet du bâtiment Est (27^ème étage).

Des espaces ouverts au public sont positionnés en hauteur (comme le pavillon au R+1 et le grand hall de la tour). Bien que ERP, le restaurant panoramique est considéré comme un espace réservé car établissement de luxe, il se destine à une clientèle bien spécifique très restreinte.

Le pavillon et le hall du bâtiment Est sont les deux seuls espaces mutualisés de la tour Phare. Les usagers du commerce et les employés des bureaux se partagent les espaces et les circulations du pavillon de transition. Le hall d’accueil du bâtiment Est est aussi commun aux usagers dits « VIP » de la tour de bureaux et aux clients du restaurant panoramique. Enfin, à l’extérieur de la tour, l’espace de la dalle publique est censée voir se croiser les flux des différents programmes alentour¹ et permettre un forme de mixité et de coprésence.

Tableau 11 : Typologie des espaces de la tour Phare

Approche juridique Approche spatiale Approche par les usages

Du

1 Le cœur transport de la Défense, les bureaux des différents immeubles tertiaires, les touristes et consommateurs de La Défense et en particulier du CNIT et des Quatre Temps, les habitants de Courbevoie, etc.