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Afin de répondre à la question de recherche et d’atteindre les objectifs de la recherche, divers outils de collecte de données qualitatives sont combinés. Le principal outil est l’entretien individuel semi-dirigé qui est effectué avant et après la formation. Cependant, d’autres outils complémentaires ont été utilisés au cours de la recherche. Il s’agit de l’entretien de groupe auprès des enfants et des parents et l’observation non

participante. Ainsi, l’articulation complémentaire de divers outils de collecte de données a permis de compenser les limites de chacun, l’un faisant ressortir des aspects que l’autre met moins en lumière (Savoie-Zajc, 2011a).

Entretien individuel semi-dirigé à questions ouvertes et entretien de groupe

L’entretien ou l’entrevue est un outil privilégié en recherche qualitative, car plus que tout autre dispositif, il permet de saisir le point de vue des individus, puisque la parole leur est donnée (Baribeau & Royer, 2012). De plus, plusieurs auteurs s’accordent pour dire que ce moyen est pertinent et efficace pour recueillir des renseignements sur les structures et le fonctionnement d’un groupe. Toutefois, « l’interviewé est considéré comme un informateur clé […] dans la mesure où il est représentatif de son groupe » (Poupart, 1997, p. 181).

L’entretien semi-dirigé à questions ouvertes. L’entretien semi-dirigé se

définit comme « une interaction verbale entre des personnes qui s’engagent volontairement dans pareille relation afin de partager un savoir d’expertise, et ce, pour mieux dégager conjointement une compréhension d’un phénomène d’intérêt pour les personnes en présence » (Savoie-Zajc, 2010, p. 339). En outre, la forme d’entretien semi-dirigé choisie, soit à questions ouvertes, s’avère judicieuse pour cette recherche, puisqu’elle « se prête bien aux recherches visant à circonscrire les perceptions qu’a le répondant de l’objet étudié, les comportements qu’il adopte, les attitudes qu’il manifeste » (Mayer & Saint-Jacques, 2000, p. 120). Selon Deslaurier (1991),

l’entretien semi-dirigé permet aussi de connaître les sentiments, les idées et les intentions, comme c’est le cas dans cette recherche, car les enfants sont les mieux placés pour parler de leur quotidien.

Afin d’encadrer les deux entretiens individuels, dont le premier s’est déroulé avant la formation et le deuxième après, un guide d’entretien a été élaboré au préalable. Toutes les questions ouvertes du guide sont reliées aux objectifs de recherche et au cadre théorique de cette recherche. Dans ce sens, pour le deuxième entretien individuel, quelques questions ont été ajoutées au guide afin de rencontrer les objectifs de recherche. En effet, ce guide a permis d’obtenir un portrait d’ensemble et individuel du vécu quotidien des jeunes en situation d’embonpoint ou d’obésité, avant et après la formation, et ce, en lien avec leur comportement global, c’est-à-dire de recueillir des données sur leurs manifestations physiologiques au stress, leurs émotions à valence négative, leurs pensées et leurs actions à répercussions non souhaitables. Après comparaison des données, l’étudiante-chercheuse a pu documenter la nature des apports suscités par la formation dans le comportement global des enfants en situation d’embonpoint ou d’obésité et enfin tracer une trajectoire de l’évolution du comportement global de chacunde ces enfants.

Avant les entretiens proprement dits, le guide d’entretien a été mis à l’essai auprès d’un enfant de 10 ans présentant de l’obésité. Cette mise à l’essai a permis de faire certains ajouts dans les questions complémentaires, de corriger la formulation de

certaines questions avant de procéder aux entretiens officiels. Aussi, cet essai a permis à l’étudiante-chercheuse de se familiariser avec la procédure d’entretien et le matériel d’enregistrement.

Concernant sa structure plus détaillée, le guide d’entretien comporte une ouverture, l’entretien proprement dit et une clôture (voir Appendice D - Outils de collecte de données : 1. Guide d’entretien semi-dirigé avant et après la formation). L’ouverture présente les renseignements relatifs au déroulement de l’entretien. L’entretien proprement dit comprend, pour le premier entretien individuel, 15 questions ouvertes réparties dans quatre thèmes se rapportant aux quatre composantes du comportement global : manifestations physiologiques de stress, émotions à valence négative, pensées et actions à répercussions non souhaitables. Pour chacun de ces thèmes, qui comportent aussi des sous-thèmes, la première question est reliée à une mise en situation lue au préalable. Par la suite, une ou deux questions touchent le vécu du jeune par rapport à son poids et en général dans son quotidien (à l’école, à la maison et avec ses amis) ainsi qu’une autre sur les moyens de régulation qu’il possède pour faire face. La clôture comprend deux questions générales, dont la première a trait à la présence d’un sentiment global de bien-être par rapport à son corps et une autre sur le déroulement de l’entretien (et s’il a un ajout à faire). Pour le deuxième entretien individuel, une question est ajoutée dans chaque thème et dans la clôture, ce qui totalise 23 questions afin de recueillir des renseignements sur la perception du jeune

par rapport à des changements positifs dans son comportement en général et à sa capacité d’autogestion.

Les entretiens ont été réalisés dans un endroit calme, soit un local facilement accessible de l’UQAC les 21 et 22 septembre 2019 pour l’entretien initial et les 7 et 8 décembre 2019 pour l’entretien final. D’ailleurs, lors du premier entretien, une personne les attendait à l’entrée afin de les accompagner au local désigné. Ils ont été effectués de façon individuelle, en personne, par l’étudiante-chercheuse qui a soigné la « mise en scène », puisque ce sont des enfants afin de les mettre à l’aise pour obtenir leur collaboration (encourager à parler), leur confiance et pour que leur discours soit le plus vrai, spontané, naturel et le plus approfondi possible (Poupart, 1997). Pour ce faire, la lecture d’une mise en situation précédait les questions afin de créer de l’ouverture et un climat favorable à l’entretien. Tout le long des entretiens, les stratégies d’écoute active telles que le respect des silences et la reformulation ont été privilégiées (Mayer & Saint-Jacques, 2000; Poupart, 1997). Aussi, les questions du guide ont été formulées en respectant le contexte des répondants, soit celui des enfants, et adaptées en ce sens (Mayer & Saint-Jacques, 2000). De plus, les entretiens ont été enregistrés en format audio, et leur durée moyenne a été de 39 minutes pour le premier et de 50 minutes pour le deuxième. Cette variation de temps est due en grande partie à l’ajout de questions lors du deuxième entretien et la plus grande aisance des participants à répondre aux questions. Au moment de terminer, l’étudiante-chercheuse a pris soin de demander au participant s’il désirait ajouter quelque chose et de le

remercier chaleureusement. Après chaque entretien, un résumé spontané a été rédigé par l’étudiante-chercheuse. Ces résumés lui permettaient une distanciation par rapport à son rôle sur le terrain (Lejeune, 2014). De plus, elle a également procédé à la saisie du verbatim des entretiens en respectant la confidentialité et l’anonymat des données en attribuant un code alpha numérique à chacun des participants afin que leur identité ne soit jamais révélée.

Des précautions éthiques ont aussi été appliquées lors des entretiens. Ainsi, dès l’ouverture, un rappel a été fait à chaque enfant quant au déroulement de l’entretien (la durée, les thèmes abordés, le libre consentement, la possibilité de ne pas répondre à des questions et de se retirer à n’importe quel moment), l’enregistrement des discussions, les avantages et inconvénients de leur participation (voir Appendice E - FIC : 5.4 Inconvénients au projet de recherche), de même que la manière d’assurer l’anonymat et la confidentialité des données. De plus, devant la possibilité que le contenu des entretiens individuels et des activités de formation puisse perturber ou fragiliser l’enfant qui pourrait alors manifester des réactions émotives plus importantes, des ressources ont été proposées aux parents, le cas échéant (voir Appendice E - FIC : 5.3 Risques associés au projet de recherche).

Journal de bord. Un journal de bord a été utilisé par l’étudiante-chercheuse.

Selon Baribeau (2005), cet instrument, considéré comme la « mémoire vive » de la recherche, vise la transparence du processus de recherche. Il est essentiel en tant que

document accessoire aux données recueillies, car il permet d’assurer la triangulation des données et « d’aider à satisfaire au critère de validité de cohérence interne » de Muchielli (1996, cité dans Baribeau, 2005, p. 99), faisant ainsi référence au critère de fiabilité de Savoie-Zajc (2011, p. 141). Ce document comprenait quatre types de notes : des notes de site ou descriptives (lieu, date, heures des rencontres, durée, observations, faits, extraits d’entretien), des notes théoriques (amorce d’analyse, interprétations, déductions, conclusions), des notes méthodologiques (toutes réflexions ou prises de conscience qui ont une incidence sur la conduite de la recherche, problèmes rencontrés, décisions prises, modifications apportées) et de notes personnelles (accueil, relation avec les participants et leurs parents, degré de confiance, émotions, impressions, réactions personnelles, biais repérés) (Savoie-Zajc, 2011a) (Deslautiers, 1991, cité dans Baribeau, 2005).

L’entretien de groupe. L’entretien de groupe recrée un milieu social générant

ainsi une dynamique de groupe où les réponses d’un individu peuvent entraîner des discussions pour d’autres participants. De plus, le groupe procure un sentiment de sécurité aux participants et l’ouverture des uns engendre la participation des autres (Geoffrion, 2009). Il permet également d’explorer des thèmes sensibles, comme c’est le cas dans cette recherche, et s’adapte bien à des enfants qui ont plus de facilité à s’exprimer à l’oral qu’à l’écrit (Baribeau & Germain, 2010). Selon Van der Maren (1995), l’entretien de groupe « produit autre chose que la moyenne d’un ensemble d’entrevues individuelles et ne peut être utilisé pour faire l’économie de ces

dernières » (p. 316). En ce sens, il pourrait apporter un complément d’information en lien avec la nature des apports de la formation dans le comportement global des jeunes tenant ainsi lieu de bilan de la formation. C’est pourquoi un entretien de groupe a eu lieu avec les enfants et également avec leurs parents ou tuteurs. Même si l’entretien avec les parents n’était pas prévu au départ pour ces derniers, ils se sont montrés intéressés à partager avec les autres parents les changements observés chez leur enfant dans leur comportement. Leurs observations ont permis d’étendre le regard dans le quotidien des jeunes en ayant recours à un autre point de vue permettant ainsi de renforcer ou valider les données recueillies auprès des jeunes eux-mêmes.

L’entretien de groupe auprès des enfants s’est déroulé à l’UQAC, la fin de semaine suivant celle de la fin de la formation, soit le 1re décembre 2019, et dans le même local que celui de la formation. D’une durée d’une heure et enregistré en format audio, il a été animé par l’étudiante-chercheuse qui en a saisi le verbatim. Un guide d’entretien a également été élaboré (voir Appendice D - Outils de collecte de données : 2. Guide pour l’entretien de groupe auprès des enfants). Concernant sa structure, le guide d’entretien comporte cinq questions. La première intéresse les apprentissages réalisés dans chacun des thèmes abordés : gestion des émotions, découverte des richesses personnelles et besoins du corps. Par la suite, la perception du jeune est recueillie par rapport à sa capacité d’autogestion de son comportement à l’égard des quatre composantes du comportement global. Puis, des exemples d’application de moyens de régulation appris au cours de la formation sont demandés. L’avant-dernière

question porte un regard sur le groupe comme facteur aidant dans la démarche du jeune. La dernière, suggérée par les enfants, intéresse l’activité qu’ils ont préférée.

L’entretien de groupe avec des parents a eu lieu à l’UQAC, après celui des enfants, le même jour et dans le local adjacent à celui des enfants. D’une durée de 52 minutes, il a été animé par l’étudiante-chercheuse qui en a saisi le verbatim. Un guide d’entretien, sous la forme d’un questionnaire, a été élaboré et remis aux parents la semaine précédant l’entretien afin qu’ils puissent s’y préparer (voir Appendice D - Outils de collecte de données : 3. Questionnaire destiné aux parents pour un entretien de groupe). Il comporte trois questions ouvertes. La première concerne les progrès observés chez leur jeune au regard de chacune des composantes du comportement global : manifestations physiologiques de stress, émotions à valence négative, pensées et actions à répercussions non souhaitables. La deuxième permet de recueillir de l’information plus générale sur des changements positifs observés par rapport au choix de comportements adoptés par le jeune dans son quotidien. La dernière fait ressortir le principal élément positif que le jeune retire de sa participation.

Observation non participante

L’observation en situation est définie par Martineau (2005) comme « un outil de cueillette de données où le chercheur devient le témoin des comportements des individus et des pratiques au sein des groupes en séjournant sur les lieux même où ils se déroulent » (p. 6). Son objectif, dans une posture interprétative, est de « comprendre

la signification que les acteurs attribuent à leur pratique » (Martineau, 2005, p. 7) orientant ainsi le regard du chercheur. Gold (1998, cité dans Martineau, 2005) identifie plusieurs rôles pouvant être adoptés par le chercheur selon son degré d’implication dans le groupe observé, allant du participant complet à l’observateur complet.

Le rôle assumé par l’étudiante-chercheuse lors des huit rencontres de formation est celui d’un observateur complet. Cependant, ce mode de collecte d’information a été utilisé comme complémentaire aux entretiens semi-dirigés qui demeureront les principaux outils de collecte de données. Sa principale tâche demeure celle d’observer les comportements des enfants lors des activités de connaissance de soi afin de répondre au deuxième objectif de recherche qui est de documenter la nature des apports que peut susciter la formation basée sur le programme À la découverte de soi. Aussi, cette observation permet de constater l’évolution des diverses composantes du comportement global des enfants en situation d’embonpoint ou d’obésité au fur et à mesure du déroulement des rencontres afin de pouvoir tracer une trajectoire ou un profil de cette évolution pour chacun de ces enfants et ainsi atteindre le troisième objectif. De plus, les notes d’observation permettent également d’analyser l’écart entre les données déclarées lors des entretiens et les données observées lors de la formation permettant ainsi de comparer le discours et les conduites réelles des enfants (Mayer & Saint-Jacques, 2000).

Pour recueillir les données, un cadre souple d’observation a été établi pour déterminer les éléments à observer afin d’être en mesure de recadrer les cibles d’observation (Blondin, 2005). Guidés par la question et les objectifs de recherche, ces éléments se regroupent autour des quatre composantes du comportement global des jeunes (les manifestations physiologiques, les émotions, les pensées et les actions) et de leur évolution au cours de la formation, de même que sur le degré d’engagement des enfants aux activités et aux échanges en groupe. À cet effet, l’étudiante-chercheuse a utilisé un cahier d’observation (Blondin, 2005) ou notes de terrain (Martineau, 2005) où ce qui a été vu, entendu, perçu et ressenti a été noté. Ce cahier, spécialement réservé aux rencontres de formation, était divisé de la même manière que le journal de bord déjà mentionné antérieurement. Les rencontres ont également été enregistrées en format audio et ces enregistrements ont servi de support mnémotechnique afin de pouvoir s’y référer au besoin et de se concentrer davantage sur le contenu des observations. La prise de notes a tenu lieu de guide lors de l’audition des enregistrements, facilitant ainsi le repérage du contexte global de chaque rencontre et la rédaction d’un résumé spontané après chacune d’elles.

Le Tableau 3 présente un résumé des différents outils de collecte de données utilisés pour cette recherche en y indiquant le moment et le ou les objectifs recherchés par chacun.

Tableau 3. Outils de collecte de données utilisés

Type

(Lequel ?) (Quand ?) Moment (Pourquoi ?) Objectif Questionnaire

sociodémographique RECRUTEMENT  Vérifier l’admissibilité des enfants. Entretien semi-dirigé à questions ouvertes AVANT la formation, APRÈS la formation et l’entretien de groupe

 Recueillir de l’information en profondeur sur toutes les composantes du comportement global des enfants en situation d’embonpoint ou d’obésité : manifestations physiologiques du stress, émotions à valence négative, pensées et actions à répercussions non souhaitables.

 Comparer les renseignements afin de documenter la nature des apports suscités par la formation dans le comportement global des enfants en situation d’embonpoint ou d’obésité.

 Tracer la trajectoire de l’évolution des composantes du comportement global de chaque enfant.

Observation non

participante PENDANT les huit rencontres de formation

 Demeurer centrée sur les comportements des participants.

 Constater l’évolution des diverses composantes du comportement global des enfants en situation d’embonpoint ou d’obésité au fur et à mesure du déroulement des rencontres afin de pouvoir tracer une trajectoire ou un profil de cette évolution.  Analyser l’écart entre les données déclarées et

les données observées.

Entretien de groupe APRÈS la formation  Faire le bilan de la formation pour constater la nature des apports de cette formation dans le comportement global des jeunes en fournissant un complément d’information aux données déjà recueillies.