• Aucun résultat trouvé

CHAPITRE III : MÉTHODOLOGIE

3.7 Observations de la chercheuse

La recherche a été présentée aux élèves dès la première journée d’école après le retour des vacances de Noël, à l’hiver 2010. Ainsi, l’expérimentation s’est échelonnée sur six semaines, soit du 7 janvier 2010 au 11 février 2010 inclusivement. Il s’agissait d’une période où aucune activité particulière n’était prévue au calendrier scolaire, mis à part la fête de la St-Valentin qui a eu lieu le 12 février, soit après la fin de l’expérimentation. Les élèves n’ont donc pas été déconcentrés par un long congé ou par une activité spéciale en plein cœur de l’expérimentation.

Aucun détail sur les buts de la recherche n’a été divulgué aux élèves lors de la présentation de la tâche. La chercheuse a simplement mentionné qu’elle avait besoin de leurs textes pour poursuivre la maîtrise qu’elle avait entreprise à l’université. Au départ, les élèves ont semblé enthousiastes à l’idée de participer à une telle expérimentation. Ils étaient fiers de pouvoir aider la chercheuse dans la poursuite de son projet.

Durant les premières semaines d’expérimentation, les élèves des trois classes ont travaillé avec sérieux pour composer leurs textes. Certains enfants, dans chacune des classes, avaient toutefois de la difficulté à trouver des idées pour démarrer leur texte. Ceux-là ont eu besoin d’un petit coup de pouce de la part de leur enseignante pour orienter leur activité d’écriture. Il est vrai que toutes les productions écrites proposées à ces élèves depuis le début de l’année étaient contextualisées et accompagnées d’un plan détaillé que les élèves devaient remplir avant de commencer leur brouillon, ce qui évitait les longs moments improductifs devant la page blanche. Cette fois-ci, les élèves apprenaient le sujet et devaient, une heure plus tard, avoir produit un texte de 150 mots. Il s’agissait, pour certains élèves plus perfectionnistes, d’un défi qui comportait une certaine part de stress. Il aurait pu être utile de faire une tempête d’idées avant de commencer à rédiger le texte afin d’éviter de telles situations. Néanmoins, chacun a réussi à remettre un texte plus ou moins long durant les six semaines d’expérimentation.

Le lendemain de la phase du brouillon, la chercheuse faisait vivre une activité aux élèves des deux groupes expérimentaux : d’abord aux élèves de son propre groupe, puis aux élèves du groupe de sa collègue. Pour ce faire, elle utilisait le projecteur numérique pour projeter à l’écran les tableaux d’exemples qu’elle avait préparés; les premières semaines, les élèves du groupe-classe de la chercheuse étaient fascinés par cette façon de faire, ce qui les rendait plus attentifs qu’à l’habitude. Or, après quelques semaines, ils étaient habitués à ce genre d’instrument; leur degré d’attention était donc comparable à celui qu’ils avaient en classe habituellement, c’est-à-dire que la chercheuse devait parfois (quatre ou cinq fois durant la leçon) avertir certains élèves qui parlaient en même temps qu’elle. Or, la plupart des élèves participaient activement et plusieurs levaient la main à chaque question posée par la chercheuse. Ils reconnaissaient aisément les caractéristiques des classes de mots à l’étude après avoir observé les exemples « oui » et « non ».

Les élèves de l’autre groupe expérimental, quant à eux, voyaient cette activité comme un moment spécial durant la semaine, puisque leur enseignante sortait de la

classe et ils se retrouvaient avec une autre enseignante, en l’occurrence, la chercheuse. Ils étaient donc très attentifs et voulaient lui montrer qu’ils étaient calmes. Ils participaient activement et avaient autant de facilité à répondre aux questions que les élèves de l’autre groupe expérimental.

Lors de la phase de correction, le troisième jour de la semaine, les élèves reprenaient leur texte et effectuaient la correction en surlignant les mots selon les couleurs demandées par la chercheuse. Les signes de fatigue et de démotivation ont commencé à se faire sentir lors de l’avant-dernière semaine : certains exprimaient clairement qu’ils avaient hâte que cette expérimentation soit terminée et qu’ils n’avaient jamais écrit autant. Dans les trois classes, les élèves remettaient leurs textes plus rapidement que lors des premières semaines d’expérimentation. Or, certains disaient qu’ils étaient plus habitués à surligner les mots et que c’était pour cette raison qu’ils terminaient plus rapidement. Pour éviter toute forme de démotivation, l’expérimentation aurait pu se faire sur une période de douze semaines, soit un texte aux deux semaines. Les élèves auraient alors eu le temps de prendre un peu plus de recul face à leurs tâches, et auraient peut-être terminé l’expérimentation de façon plus intéressée. Néanmoins, la plupart des élèves ont bien participé durant toute la durée de l’expérimentation et ont fait avec sérieux toutes les tâches demandées.

Enfin, la période consacrée à l’activité portant sur l’identification des classes de mots dans les groupes expérimentaux était passablement chargée. En une heure, la chercheuse devait présenter les exemples « oui » et « non » ainsi que donner la dictée et la corriger en grand groupe. Chaque fois, la chercheuse a réussi à terminer son activité à la fin de la période allouée, mais elle aurait apprécié bénéficier d’un peu plus de temps, ne serait-ce que pour encourager plus d’élèves à intervenir et pour leur poser davantage de questions. Il aurait pu être intéressant de diviser l’activité en deux périodes : une pour la présentation des exemples et une autre, plus tard dans la journée, pour la dictée.

Bien sûr, choisir de mener une expérimentation à l’intérieur de groupes- classes implique qu’il faille s’adapter à la vie de la classe et de l’école, tout en ne perdant pas de vue ce qui est essentiel à l’étude. Des élèves dissipés, un programme chargé, des évaluations obligatoires sont tous des éléments dont on doit tenir compte et qui peuvent constituer des limites de l’expérimentation.