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Objet du travail

Introduction générale

0.4. Objet du travail

Les verbes simples sont la trame de ce travail. Selon la grammaire traditionnelle, « le verbe est un mot qui exprime le procès7, c’est-à-dire l’action que le sujet fait ou subit » (J. DUBOIS, 2002, p. 505). C’est ainsi que dans :

(1) Mijery baolina Rakoto. Rakoto regarde le foot. (2) Mamaky boky i Dada. Papa lit un livre.

(3) Mahandro sakafo i Neny. Maman fait la cuisine.

les mots comme mijery « regarder », mamaky « lire », mahandro « cuisiner » sont des verbes car ils expriment les actions que font Rakoto, Dada « Papa » et Neny « Maman ». Siméon RAJAONA, sur le plan de la morphologie, donne des définitions plus précises des verbes en malgache et avance qu’un verbe est « un élément qui, par le jeu des affixes dits « verbaux », peut s’insérer dans un système de formes où il est

6 « Certaines propriétés régulières peuvent être représentées par des règles. Ces règles doivent être fournies explicitement avec leur domaine de définition, i.e. l’ensemble des objets sur lesquels elles s’appliquent, ainsi que l’ensemble de leurs exceptions. » (M. SILBERZTEIN, 1993, p. 33, note 14).

7 « On dit d’un verbe qu’il indique un procès quand il exprime une « action » réalisée par le sujet de la phrase que le verbe soit transitif ou intransitif ». (cf. J. DUBOIS, 2007, p. 381 à l’article procès).

33 susceptible de se mettre d’une part à la voix agentive et/ou stative, d’autre part à la voix circonstancielle de l’agentif et/ou du statif » (S. RAJAONA, 1972, p. 193). Ainsi, mijery « regarder », mamaky « lire », mahandro « cuisiner » sont des verbes car les formes à la voix circonstancielle ijerena « être la circonstance où l’on regarde », amakiana « être la circonstance où l’on lit » et ahandroana « être la circonstance où l’on cuit ou cuisine » sont attestées dans la langue. Cette définition est corroborée par le Pr. Roger-Bruno RABENILAINA lorsqu’il donne le critère morphologique et combinatoire d’un verbe. Il avance que : « est verbe tout élément du lexique à préfixe en E+m qui accepte la combinaison avec un circumfixe dont l’élément suffixal est -ana et l’élément préfixal l’invariant E + i- + an- + añ- +aña- + am- +aha- + anka- du préfixe en E+m après effacement de cette dernière initiale » (R.B. RABENILAINA, 1991, p. 7).

En termes de travail, notre première investigation fut de rassembler les mots susceptibles d’être employés comme des verbes simples. Le dictionnaire Malzac (1888) est utilisé pour constituer la liste de verbes. La liste de verbes du Pr. Roger-Bruno RABENILAINA (1985, 1991), le Firaketana (1937-1970), le dictionnaire RAJEMISA-RAOULISON (1985) sont pareillement mis à contribution pour vérifier des données comme les signifiés lexicaux, les combinaisons d’affixes, la véracité d’un mot comme étant « un verbe » ou non. Notre liste n’est pas, cependant, exhaustive. Elle est constituée de 860 radicaux verbaux tirés du malgache officiel classique. Le temps imparti par l’étude ne permet pas de lister tous les radicaux verbaux du malgache car ceux-ci présentent la particularité de comporter beaucoup de variations morphologiques par rapport aux noms, adjectifs ou d’autres catégories grammaticales. La codification de ces multiples variations (variations au niveau du radical ; et des affixes : morphèmes de modes, de temps, de voix, d’aspects) ont nécessité un investissement en temps considérable. Dans le futur, nous comptons compléter notre liste de verbe et d’avoir un dictionnaire électronique complet.

Dans la suite du travail, le terme « verbe » désigne dans son ensemble les « verbes simples ».

0.5. Limites

Comme ce travail est concentré sur les verbes simples, les autres catégories grammaticales sont exclues :

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les noms comme fahatsiarovana « la mémoire, le souvenir », harendrina « 1. Luciole, ver luisant. 2. Feux de joie du Fandroana », hamafy « l’état de ce qui est dur, fort, solide », etc. ;

les adjectifs comme mandilatra « touché à peine, touché légèrement et non blessé, effleuré », mianaka « 1. se dit surtout des parents accompagnés de leurs enfants. 2. se dit aussi d’un oncle et d’une tante qui sont avec leurs neveux ou leurs nièces. », mianadahy « 1. être frère et sœur. 2. être cousin et cousine », etc. ;

De même, les mots composés (verbes composés, noms composés, etc) ne font pas partie intégrante de ce travail.

Le cas des verbes qui peuvent être adjectifs ou verbes comme manjelatra « 1. V. Étinceler, jeter des éclats ou des éclairs de lumière, briller. 2. A. Étincelant, brillant » est discutable. Le critère qui sert de base pour décider si un mot est « verbe » ou « adjectif » est la forme à la voix circonstancielle : si la forme à la voix circonstancielle existe pour un mot alors ce mot est un verbe comme manjelatra en face de anjelarana circ. Outre cette indication, des éclaircissements sur la distinction entre verbe et adjectif sont fournis dans B.S. RALALAOHERIVONY (1995).

Dans l’état actuel de la langue, manjelatra est plutôt usité comme adjectif comme dans :

(4) Manjelatra ny akanjony. Son costume est brillant.

mais il peut être également un verbe dans : (5) Manjelatra ny akanjony.

Son costume brille.

avec presque exactement le même sens. Dans notre étude, ces mots qui sont à la fois adjectifs et verbes sont retenus comme des verbes. Quant à savoir si ces mots sont des verbes ou adjectifs dans un contexte donné, les études sur les propriétés syntaxiques et sémantiques des verbes permettront de lever l’ambigüité de classe de ces mots.

Dans cette étude, en reprenant les termes de Siméon RAJAONA, les voix du second, du troisième, du quatrième et du cinquième degré (voir S. RAJAONA, 1972, p. 184 – 187), ne sont prises en compte que partiellement. Il s’agit principalement

35 des formes verbales à infixe8 amp- et/ou if- sans exclure les combinaisons entre infixes (if-amp-, amp-if-, amp-if-amp-, etc.). En revanche, Unitex permet de définir les analyses morphologiques des verbes affectés de ces morphèmes. Il s’en suit que, ce sont seulement les voix élémentaires de base (voir S. RAJAONA, 1972, p. 128) qui constitueront le fond de ce travail et formeront les bases des groupes de conjugaison pour la langue.

Enfin, précisons que cette étude concerne uniquement le niveau flexionnel9 de la morphologie. Ainsi, la morphologie dérivationnelle n’est pas prise en compte dans cette étude. Nous pensons que la construction d’un dictionnaire électronique des noms et des adjectifs en malgache donnera beaucoup plus de place à ce niveau de la morphologie et exploitera le domaine de l’étymologie de la langue.

0.6. Méthode

Notre méthode de description, comme le Lexique-grammaire10 pour la syntaxe, pose pratiquement une exigence de formalisation pour permettre une application au traitement automatique des langues. Comme les verbes sont l’objet de cette étude, et que notre objectif est de construire un dictionnaire électronique des verbes dans le but d’utiliser Unitex comme un nalyseur morphologique compatible avec le malgache, les verbes sont examinés individuellement du point de vue de leurs propriétés morphologiques. La classification se fonde sur ces propriétés. Ensuite, les verbes sont examinés sur la base du fait qu’ils admettent ou non une ou plusieurs propriétés. Remarquons que cette exigence est plutôt de nature qualitative que quantitative (voir F. J. ANDRIANASOLO, 1999). Les résultats de cette description prennent la forme de tableaux à double entrée, appelés tables ou matrices, qui croisent des entrées lexicales avec leurs propriétés morphologiques. Les résultats

8 Selon la tradition linguistique utilisée par Siméon RAJAONA, nous utilisons ici le terme « infixe » mais amp- et -if- peuvent être appelés « préfixes » si l’on se réfère au radical verbal.

9 Les termes de morphologie inflexionnelle et flexionnelle désignent une seule et même notion, celle de l’expression des valeurs inflexionnelles (voir S. RAJAONA, 2004, p. 16) ou traits flexionnels. Toutefois,

inflexionnel est un anglicissisme alors que flexionnel est un terme normalement utilisé en français.

10 Cette méthode se base sur les principes de Z.S. HARRIS (1976) et M. GROSS (1975, 1981). Selon S. Y. KIM : « La méthode du lexique-grammaire, inspirée des sciences expérimentales, est à l’opposé de la généralisation excessive des règles qui visent à décrire et générer les phrases. Elle met l'accent sur l’importance de la vérification sur toutes les phrases » (S. Y. KIM, 2010).

36 obtenus deviennent alors une base d’informations morphologiques constituée de « tables morphologiques des verbes » ou tableaux de conjugaison (annexes B. et G. ).

Par ailleurs, notons que le Pr. Roger-Bruno RABENILAINA (1985, 1991) est le premier à utiliser les méthodes du Lexique-grammaire en malgache. Il a pareillement pris les verbes comme objet d’étude mais il a surtout étudié leur syntaxe. Il part alors de la phrase en émettant comme hypothèse que : « une phrase verbale serait structurée de telle façon qu’à une forme morphologique du prédicat correspondrait une orientation syntaxique précise » (R.B. RABENILAINA, 1991, p. 11), chaque orientation syntaxique étant une façon d’assigner aux arguments du prédicat des rôles syntaxiques, et notamment, à l’un d’entre eux, le rôle de sujet. Son travail permet par la suite de constituer des « tables syntaxiques » et de répartir les verbes dans des classes de constructions (R.B. RABENILAINA, 1991, p. 11).

Contrairement aux travaux du Pr. Roger-Bruno RABENILAINA, la classification usitée dans ce travail corresponde à une classification morphologique, c’est-à-dire que les formes verbales dans cette étude ne sont pas réparties et classifiées selon les constructions syntaxiques (description pour chaque verbe des types de ses compléments, des prépositions qui introduisent ces compléments, etc.) dans lesquelles elles appartiennent mais plutôt selon une construction morphologique (description pour chaque verbe des types de voix des verbes, de leurs affixes de mode, d’aspect, etc.). Il se base alors sur la morphologie verbale étudiée par le Pr. Siméon RAJAONA (1972, 2004). Comme les orientations syntaxiques des verbes malgaches sont pertinentes à leur morphologie (car elles correspondent à des formes conjuguées distinctes) notre classification prend comme critère principal les variations morphologiques liées à la voix. Un analyseur morphologique des verbes est alors constitué à partir de cette étude. Par la suite, lorsque toutes les formes verbales auront été répertoriées, et toutes les catégories grammaticales codées et formalisées, une étude plus approfondie partant des travaux du Pr. Roger-Bruno RABENILAINA (1991) permettra de constituer un analyseur syntaxique et de faire entrer le malgache dans la technologie de la traduction automatique.