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3.4 Problématique et hypothèses

3.4.2 Objectifs et hypothèses de l’étude 2

3.4.2.1 Objectif 1

Le premier objectif de l’étude 2 sera de confirmer les résultats mis en évidence sur les raisons de jeûner chez des personnes ayant jeûné dans le cadre de leur cancer. Nous interrogerons également la perception et les croyances des patientes sur les effets du jeûne dans le cancer.

Hypothèse 1 : Les raisons principales de jeûner pendant un cancer sont les mêmes que celles mises en évidence dans l’étude qualitative

Construit théorique 3.4. Problématique et hypothèses

Hypothèse 2 : Les personnes effectuant un jeûne pendant leur cancer ont une perception positive des effets du jeûne sur les effets secondaires des traitements et sur le cancer/la tumeur

3.4.2.2 Objectif 2

Le second objectif vise à tester la pertinence du MICC dans l’analyse du comportement de jeûne chez des femmes ayant un cancer du sein. Il se décline en deux sous-objectifs.

Sous-objectif 1 : Le premier sous-objectif vise à comparer les déterminants de la

pratique du jeûne issus du MICC entre un groupe de personnes ayant déjà jeûné pendant leur cancer à un groupe n’ayant pas jeûné. Au regard des données de l’étude qualitative et de la littérature, les personnes ayant déjà jeûné devraient avoir des scores plus élevés aux variables de la TCP ainsi qu’un score plus élevé de régulation autonome (TAD).

Hypothèse 1 : Les variables de la TCP (attitudes, normes subjectives, contrôle perçu et intention) sont plus élevées dans le groupe ayant déjà jeûné (groupe jeû- neurs) que dans le groupe n’ayant pas jeûné (non-jeûneurs) dans le cadre de leur cancer.

Hypothèse 2 : Les formes de régulation autonome (intrinsèque, intégrée et iden- tifiée), le soutien de l’autonomie et la planification de l’action sont plus élevés dans le groupe des jeûneurs.

Hypothèse 3 : Les formes de régulation contrôlée (externe et introjectée) et l’amo- tivation sont plus élevées dans le groupe des non-jeûneurs ou équivalentes à celle du groupe des jeûneurs.

Sous-objectif 2 : Le second sous-objectif vise à tester l’ajustement du modèle général

puis son invariance entre les deux groupes (jeûneurs et non-jeûneurs). Plusieurs études mettent en évidence que les patterns de relations proposés par les modèles qui composent le MICC (TCP et TAD) sont de natures universelles et ne varient pas selon l’expérience, la culture ou l’âge. Nigg et al. (2009) ont par exemple, testé l’invariance de la TCP appliquée à l’activité physique sur l’âge, le sexe, et l’ethnie. Les résultats mettent en évidence une légère différence significative de la relation intention-comportement entre les hommes et les femmes (respectivement β=0,25 vs 0,34). La variance expliquée de l’intention apparaît donc similaire pour tous les sous-groupes. Seule la variance expliquée du comportement diffère. Hagger et al. (2009) obtiennent des résultats similaires dans une étude portant sur l’influence du soutien à l’autonomie par les parents, les enseignants et les pairs sur la pratique d’activité physique dans 4 pays différents. Si les auteurs mettent en évidence une différence d’amplitude des effets entre les pays, ils notent une relative invariance de la significativité des pistes causales dont le pattern d’effets reste constant. Cependant, les auteurs mettent tout de même en évidence quelques variations pour certains pays,

Construit théorique 3.4. Problématique et hypothèses

notamment concernant l’effet direct du soutien à l’autonomie perçu par les pairs sur les attitudes et l’effet direct des normes subjectives et du contrôle perçu sur l’intention. Se- lon les auteurs, ces variations sont mineures et le pattern général des effets est plutôt invariant selon le pays. L’invariance du modèle a également été testé par Plotnikoff et al. (2012) et al. avec la TCP pour prédire l’activité physique chez des adultes sur une longue période de temps. Le modèle apparaît légèrement mieux ajusté pour les femmes que pour les hommes et permet d’expliquer plus de variances chez les femmes que chez les hommes (respectivement 34% vs 23% en 1988 et 26% vs 16% en 2003). Cependant, dans l’ensemble, la TCP se montre plutôt invariante entre les hommes et les femmes avec peu de pistes causales qui diffèrent significativement. L’invariance de la satisfaction des trois besoins fondamentaux mis en avant dans la TAD, qui sont les besoins d’autonomie, de proximité sociale et de compétence, a également été testée par Chen et al. (2015). Bien que l’étude porte sur des étudiants issus de 4 pays très différents (Belgique, Chine, États-Unis et Pérou), les résultats mettent en évidence que la satisfaction de ces besoins est essentielle pour le fonctionnement optimal des êtres humains quels que soient l’individu ou la culture. Le jeûne en cancérologie étant un nouveau champ d’études, il semble pertinent de véri- fier si l’expérience passée de jeûne dans le cadre du cancer peut affecter le fonctionnement du modèle. L’objectif 2 de l’étude 2 sera donc d’explorer si le fait d’avoir déjà jeûné ou non dans le cadre du cancer modifie de façon significative les pistes causales du modèle et ses indices d’ajustement.

Hypothèse 1 : La force des liens entre les variables du MICC est invariante entre le groupe des jeûneurs et des non-jeûneurs (voir figure 15).

3.4.2.3 Objectif 3 et hypothèses

Si l’objectif 2 a pour but de tester la stabilité du modèle via son invariance en fonction du statut jeûneurs vs non-jeûneurs, l’objectif 3 est de tester le MICC (voir figure 15) de façon longitudinale.

Le comportement passé de jeûne pendant un cancer sera la variable indépendante du modèle MICC. Comme nous l’avons vu dans l’étude qualitative, le fait d’avoir déjà jeûné pendant un cancer et d’en avoir retiré des bénéfices semble renforcer la conviction que le jeûne est utile et bénéfique (les attitudes vis-à-vis du jeûne) ainsi que la confiance en la capacité à jeûner (le contrôle perçu). L’expérience du jeûne étant perçue très majoritaire- ment comme positive dans notre étude qualitative, elle devrait influencer significativement les variables favorisant la pratique du jeûne. Par ailleurs, l’intérêt de mesurer le compor- tement passé est mis en évidence par plusieurs études (Bagozzi, 1981; Godin et al., 1987; Sutton, 1994) et notamment par Hagger et al. (2001) concernant l’activité physique chez les enfants. Dans cette étude, l’inclusion du comportement passé comme variable indé-

Construit théorique 3.4. Problématique et hypothèses

pendante du modèle permet de faire passer la variance expliquée de l’intention de 37,5% à 56,4%. De plus, dans l’étude de Nejad et al. (2004) portant sur les régimes alimentaires, le comportement passé apparaît comme le principal prédicteur direct du comportement (β = 0,378).

Hypothèse 1 : Le soutien de l’autonomie, le RAI, les attitudes, les normes sociales et le contrôle perçu sont indirectement associés au comportement à 1 mois via l’intention et la planification (voir figure 15).

Hypothèse 2 : L’expérience du jeûne en cancérologie a une influence sur la force du lien entre les variables de la TCP et sur l’index d’autonomie relative (RAI).

Troisième partie

Méthodologie et résultats de la

recherche

Chapitre 4

Étude 1 - Motivations et perceptions

de la pratique du jeûne dans le

cancer du sein : étude exploratoire

par entretiens qualitatifs

4.1 Note sur l’étude qualitative

Cette étude a été publiée dans le British Journal of Health Psychology en 2019. L’ar- ticle original en anglais est disponible en annexe A.4. La retranscription de cet article en français est légèrement modifiée dans la thèse où le contexte a été retiré et quelques ajouts ont été faits dans la partie discussion. Notre étude est la première à analyser la motivation à jeûner ainsi que l’expérience vécue du jeûne chez des personnes atteintes de cancer.