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Aujourd’hui et poussée par l’écrit d’habilitation, j’ai ressenti le besoin de saisir dans des formes de synthèse des réflexions théoriques autour de l’analyse, de la réflexivité et de l’engagement. En même temps, parce que j’ai été sollicitée mais sans m’être engagée dans des enquêtes, j’ai commencé à me pencher sur les études de genre.

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Mes lendemains affluent comme autant d’industries

Guillonne Balaguer, Industries de diptères

N o n f e r m e t u r e

Je suis arrivée au terme de mes paroles en archipel166 et je voudrais être capable sous la chaleur du

Sud bleu mistral de quitter avec allégresse, à la manière de René Char. Il n’y aura pas de fermeture, comme le lapin d’Alice qui célèbre les non anniversaires. C’est la fin. Etrange entreprise qui se donne dans le sentiment d’un accomplissement inassouvi.

L’activité scientifique me retient souvent dans mes embardées imaginaires, je pose des questions là où je serais en vagabondage, j’explore des terres là où je serais en flottaison, j’interprète là où je serais en rêverie. Je n’invente rien mais, par les amas (on pourrait croire aux étoiles et aux fractales) de mes publications, je balise ma nécessité. De curiosités en lectures, comme celles de notre enfance dont on garde la douceur des jours de pluie, je reconnais les tressaillements des découvertes.

Des plongées textuelles et en dernier recours, je garde Bernard Crettaz (1993 : 11) qui cherche pour « revenir à l’étonnement qui fait qu’un monde qui va de soi n’aille plus de soi, que le bon sens vole en éclats, que la certitude cède la place au doute, que devant chaque réalité de ce qui est ainsi, on puisse faire surgir la question de savoir pourquoi ce n’est pas autrement ». Je garde

166 Lors de mes études à Aix, j’ai vécu une année entière avec la poésie de Réné Char, le poète de Lourmarin et des Dentelles de Montmirail

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Etienne Klein (2008 : 48) qui dit « la joie profonde, la joie singulière qui surgit dans un esprit lorsque enfin, lorsque soudain il comprend ce qu’il cherchait à comprendre ». Je garde Nicole Lapierre (2004 : 27) et ses passages, ses seuils, ses ponts, ses portes, ses frontières, ses déplacements, ses traversiers, ses détours, ses dédales et ses transgressions. « De la mobilité biographique au mouvement des idées, de la condition existentielle d’exilé, d’émigré ou de transfuge social à la dissidence et à la créativité intellectuelle, il n’y a évidemment pas de causalité mécanique, pas d’enchaînement inéluctable, simplement des circonstances favorables. On peut certes penser ailleurs sans quitter sa contrée ou son milieu et vice versa. Mais la prise de distance et la dissidence par rapport à un monde social, ses normes, ses centres de pouvoir et ses institutions, sont, en revanche, des conditions nécessaires pour le comprendre, l’analyser, en saisir les tensions et les mutations. En somme, l’intellectuel critique est une personne déplacée, parfois au sens propre en raison de son histoire ou de contingences historiques, plus ou moins douloureuses voire dramatiques, mais toujours au sens figuré, par nécessité épistémologique ».

Je fais de la linguistique parce que j’ai toujours pris le langage au sérieux, seul à habiter nos solitudes. Je fais de la linguistique parce que les langues sont des liens dont il faut défaire les nœuds. Je fais de la linguistique pour raconter des histoires du monde Je fais de la linguistique pour transmettre à ceux qui arrivent. Je fais de la linguistique comme une façon de fréquenter à ma façon la profonde mutation d’aujourd’hui.

J’écoute la plume blanche, laisse la terre lasse et déroule le fil au plus loin du vide. Silence et ataraxie.

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