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1-1/ La notion de sécurité routière

VI / LES ENJEUX DES ENTRÉES DE VILLE

VI- 1-1/ La notion de sécurité routière

La plupart des communes aménagent de nouvelles zones d'activités ou d'habitat.

Fréquemment sources de nuisances ou fortes consommatrices d'espaces, elles sont repoussées en périphérie du bourg. Un bâti hétérogène, juxtaposition de constructions banales, se met en place le long des routes d'accès entraînant une modification de la voirie et de ses abords.

Fig.1.11 : Le rôle des obstacles dans le parcours et leurs effets sur la sécurité Source : Craquelin. S, 2010.

L'élargissement de la chaussée, la réduction des bas-côtés et l'extension des carrefours posent des problèmes de sécurité : les vues dégagées et lointaines, sans repères visuels marquants, sans encadrement visuels, sans éclairage public suffisant, sans mobilier de guidage et de ralentissement, sans obstacles, la voiture file de plus en plus vite, ignorante de l’espace traversé et de ses habitants ayant de ce fait des impacts importants sur la qualité de vie des riverains. Elle affecte considérablement le confort des riverains par les effets secondaires qu’ils génèrent par l’élévation de la vitesse et du trafic. (Gosselin. O, 2010).

Le facteur d’insécurité et de dépréciation des centres-villes, la vitesse élevée des automobiles est en grande partie le résultat de conditions spatiales favorables. La largeur des voies, les vues dégagées et lointaines et l’absence d’obstacle ont été, à une certaine époque, des objectifs d’amélioration de la circulation. Aujourd’hui, ils affectent considérablement le

confort des riverains par les effets secondaires qu’ils génèrent par l’élévation de la vitesse et du trafic. De nouveaux “obstacles”, étudiés et intégrés dans un traitement de l’espace plus

en faveur du piéton, doivent apporter les conditions d’une circulation moins rapide, et sécuritaire pour tous types d’usagers. (Ibid).

32 Les questions de la qualité du cadre de vie et de sécurité routière apparaissent alors comme des enjeux majeurs à prendre en compte dans une réflexion globale pour l'aménagement des entrées de ville (Abdulac.S et al, 2002).

Williams et autres (2001) relevaient certains constats liés aux entrées de ville au Québec. Selon ces auteurs, l’effet de porte n’est que rarement défini clairement, de manière à inciter le conducteur à réduire sa vitesse. Le rôle prédominant de transit que revêt la route, peu adapté aux modes de déplacements légers (ex. : marche, vélo, etc.), occasionne des conflits avec la circulation et les activités locales. Fréquemment, l'évolution de la sécurité routière est l'élément déclencheur pour l'aménagement de l'entrée du bourg : mauvaises conditions de circulation (multiplication des véhicules, véhicules lourds disproportionnés, stationnement anarchique…), aménagements peu adaptés (voie trop large encourageant la vitesse, trop étroite posant des problèmes de visibilité, carrefours mal signalés…). (Duny.P et al, 2002).

Les modes d’intervention utilisés traditionnellement pour améliorer la sécurité se caractérisent trop souvent par éviter de surdimensionner les voies, organiser le ralentissement, et différencier les parcours…etc.

VI-1-1-1 / Amélioration de la sécurité routière

La sécurité en entrée de ville est mauvaise parce que le traitement des voiries incite trop souvent à la vitesse alors qu’on traverse des tissus complexes, supports d’activités, et d’usages multiples qui donnent lieu à des difficultés d’interprétation pour le conducteur et à des conflits d’usage sur la voie. Assurer la sécurité nécessite donc la combinaison de plusieurs facteurs qui sont :

a/ L’amélioration de la lisibilité

L’usager a besoin de lire l’espace qu’il traverse, encore faut-il lui parler la langue qu’il comprend et s’il est « étranger » lui dérouler des symboles qui signifient quelque chose pour lui. Le traitement de l’environnement doit renforcer la lisibilité et la perception urbaine de la voie et les éléments annexes (publicité par exemple) ne doivent pas venir perturber le regard.

La lisibilité est aussi favorisée par le fait qu’un certain nombre d’aménagements (haies,...) accompagnent le mouvement de la voie et dirigent la vision, ou bien annoncent un événement, comme un carrefour. D’une manière générale, améliorer la sécurité c’est favoriser la

33 cohérence entre la voie et son milieu. Le végétal aura un rôle important à jouer pour favoriser cette lisibilité. (Payany. M et al, 1993).

b/ La modération des vitesses

La ligne droite, la vision lointaine, la largeur des voies et des emprises, le rejet du végétal loin de l’infrastructure, incitent à la vitesse. Au contraire, l’infléchissement du tracé, le rétrécissement des voies et le sentiment d’être en milieu très urbain favorisent un comportement plus modéré des conducteurs. En ce qui concerne le végétal, son implantation au contact de la voie est facteur de ralentissement, à condition qu’il participe à la rupture de la linéarité de l’infrastructure (attention par exemple aux trop longues haies uniformes et continues...). Les végétaux disposés à espacement régulier donnent à l’usager la sensation de sa vitesse (défilement des troncs). À vitesse constante un pas de plantation progressif obtenu en diminuant les distances entre les arbres d’alignement peut donner l’impression d’une accélération. (Guy.D. et al, 1993).

c/ La bonne visibilité

La végétation ne doit en aucun cas faire masque à la fois pour les usagers de la voirie principale mais aussi pour ceux de la voirie secondaire. Chacun doit être vu et voir l’autre.

Les obstacles divers sont facteurs de beaucoup d’accidents : les arbres et le bâti doivent être implantés de façon à bien dégager la visibilité notamment aux points de conflits. Il faut veiller au respect des normes minimales de visibilité, de largeur de la route, la zone de sécurité en bord de route, et d’éloignement des arbres. (Ibid).

d/ Le bon repérage

L’important est de savoir où l’on se trouve, soit par rapport à son origine, soit par rapport à sa destination. Plus une voie est facile à saisir, plus l’attention se portera sur la conduite, et moins le conducteur sera amené à produire des comportements inattendus. Ce repérage dépend bien entendu pour partie de la signalisation. Mais le repérage peut aussi être obtenu par le végétal en variant les séquences et en créant des événements originaux en certains points clés. (Payany. M et al,1993). Cependant, l’abondance est souvent facteur de confusion et rend difficile le repérage (un arbre isolé sera plus efficace qu’un boisement pour matérialiser un repère, une touche de couleur plus qu’une masse, etc.)

34 e/ Les effets inducteurs de l’environnement

Les chercheurs montrent aujourd’hui que l’environnement agit sur le comportement des conducteurs. Les effets inducteurs sont l’expression d’un résultat global, c’est l’une des finalités que devrait avoir tout aménagement de voirie. En matière de sécurité, on s’aperçoit de plus en plus que les actions ponctuelles sont vaines ou peu productives d’effets si l’infrastructure elle-même et son environnement ne participent pas à la modification des comportements de conduite. L’exemple frappant est celui de certaines grandes avenues urbaines ou tout incite à la vitesse même si les panneaux et les contrôles essayent d’imposer le contraire. Les mesures destinées à « briser » la vitesse sont ponctuellement efficaces, mais elles doivent être accompagnées d’une action sur l’environnement. Plus l’usager se sentira en milieu urbain, plus il captera des signaux qui l’incitent à devenir prudent, et plus il réduira sa vitesse. (Payany. M et al,1993). Le végétal peut participer à cet objectif en marquant par son essence, son type d’entretien, le caractère urbain d’un lieu (la taille des arbres urbains n’est pas du tout la même que celle des arbres en rase campagne, les parterres de fleurs bien entretenus se rencontrent plutôt dans les lieux très urbains).

f/ L’utilisation de stratégie « TRAFFIC CALMING »

D’autre part, une des stratégies générées pour augmenter la sécurité de tous les usagers est l’apaisement de la circulation (traffic calming). Conçu aux Pays-Bas dans les années 1970, il vise la diminution des impacts négatifs provoqués par l’automobile dans les quartiers résidentiels. Ce concept s’est rapidement répandu dans les pays occidentaux, s’adaptant aux situations des milieux où l’automobile est omniprésente. Une combinaison de mesures, principalement physiques, contrôle et modifie le comportement des conducteurs (Canadian Institute of transportation engineers and association des transports du Canada, 1998). De façon plus précise, «il est possible d’obtenir du conducteur qu’il réduise sa vitesse

“instinctivement”, c’est-à-dire en dehors d’injonctions données par les signaux routiers de limitation ou par les règles générales, grâce à un aménagement cohérent de l’infrastructure » (Mackay, 2003). Ainsi, l’intégration de nombreux objets de formes, de couleurs et de textures diverses, insérés de façon régulière ou irrégulière, rend l’observateur craintif et l’incite à procéder avec prudence et circonspection. De plus, des stratégies comme le changement d’échelle, le rétrécissement des voies de circulation, l’élargissement des trottoirs ou, encore, des traversées piétonnes protégées, déstabiliseront l’automobiliste et feront de ces entrées un lieu dépaysant, même pour les conducteurs familiers avec le milieu. Ces mesures tentent donc d’améliorer l’environnement des utilisateurs non motorisés. (Rocher, S. 2013).

35 VI-1-2/ Le cadre de vie de l’entrée de ville

Quels enjeux pour l’aménagement des entrées de ville ? L’énoncé des spécificités des entrées de ville met en évidence la diversité de ses personnes concernées ; usagers, propriétaires, gestionnaires des lieux. Leurs attentes sont fragmentées, divergentes ; elles sont rarement contradictoires, mais faute de confrontation ou de concertation, les aménagements qui en découlent, sauf hasard heureux, sont souvent la juxtaposition de logiques différentes et sont peu satisfaisants d’un point de vue esthétique et fonctionnel qualifié par Michèle Prats (2013) par le cortège de « boites à chaussures » et de panneaux publicitaires. Or, ces lieux à forte fréquentation ont besoin d’un aménagement qui leur donne une âme, une valeur et une lisibilité. Plusieurs enjeux s’y révèlent avec intensité. Le premier objectif de la notion paysagère est bien sur l’embellissement de l’entrée de ville.

VI-1-2-1/ Embellissement de l’entrée de ville