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II / LA GENÈSE DES « ENTRÉES DE VILLE »

D’abord, qu’est-ce qu’une ville ? Selon Leonardo Benevolo (1983), « la ville demeure une création historique particulière ; elle n’a pas toujours existé mais est apparue à un certain moment de l’évolution des sociétés, et peut disparaître, ou être radicalement transformée à un autre moment… ».

C’est un espace constitué par l’adjonction de formes urbaines variées, qui traduisent chacune, la conception de la ville, et la vie en commun à une époque donnée.

Historiquement, le mot "ville" caractérise une agglomération dont l’activité principale est autre que l’agriculture. Ce sera le commerce, les services ou l’industrie, et souvent les trois. La plupart des villes sont nées spontanément sous la volonté d’un prince ou un souverain. Elles naissent d’un obstacle: d’un carrefour, d’une rivière à franchir, d’une frontière politique ou d’un rivage. Dès qu’il y a ralentissement ou rupture de charge, le négoce s’installe sous forme de boutiques ou de marché. C’est le commerce qui crée la ville, et C'est le commerce et l'artisanat qui sont à l'origine du développement de chaque ville. Le souci de sécurité a longtemps imposé le rempart. La porte fortifiée constitue alors l’entrée de la ville. Avec l’arme à feu, le rempart devient moins efficace et les nouveaux habitants s’installent dans les faubourgs. Les boulevards se transforment peu à peu en mails plantés pour la promenade. Les deux coexistent encore et les portes prennent un aspect plus décoratif que défensif. Ainsi la ville se développe par «enveloppement», se dilate par couches successives. Toutefois, le commerce ne s’aventure guère hors les murs, il reste groupé près du marché, il recherche la sécurité et la concentration afin de retenir le chaland. (Ligue urbaine et rurale, 2004).

20 Fig.1.1 : La ville de Feurs au XVe siècle

Source : http://www.assistancescolaire.com

1- Le talus 7- Le pont-levis 2- Le fossé 8- Le beffroi 3- Les remparts 9- L’église 4- Les créneaux 10- Le Faubourg 5- Une tour 11- La campagne 6- La porte de la ville 12- La rivière

Depuis l’Antiquité, les portes de la ville ou les entrées de ville constituent des lieux stratégiques et emblématiques des espaces urbains. Les historiens ont montré les enjeux et la dimension symbolique de ces lieux au cours de l’histoire. Dans les villes antiques, l'entrée était marquée par des aménagements d'accès tels que l'allée des sphinx protecteurs, précédant la porte de la ville funéraire égyptienne, les propylées de l'Acropole d’Athènes, les arcs de triomphe de l'époque romaine. Jusqu'au XVIIe siècle, l'arc ou l'arche pouvait être en pierre tels que les monuments commémoratifs.

Fig.1.3 : Les propylées de l'Acropole d’Athènes Source : http://www.wikipedia.org

Fig.1.2 : Allée des Sphinx, temple de Louxor Source : http://www.routard.com

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Fig.1.4 : L’arc de triomphe romain appelé « Arc de Caracalla » porte Caracalla

Source : Hannachi. H, 2012.

Au XIXe siècle, un certain nombre de villes signalent leurs entrées par de belles plantations d'alignement. C'est à cette époque que les gares ferroviaires font leur apparition en limite de centre, constituant des portes nouvelles accompagnées le plus souvent par une avenue, formant ainsi un nouveau type d'entrée de ville.

Le représentant du Mouvement moderne, Le Corbusier, préconisait de transformer le centre-ville en aérogare, l'accès se faisant alors par le centre lui-même, les portes, bien que signifiées, n'ayant plus que valeur emblématique. Mais dans les faits, les aérogares comme les gares ferroviaires deviennent au XXe siècle des entrées de villes situées soit sur des communes périphériques reliées à la ville par une voie rapide, soit au centre. « Aujourd'hui les portes de villes sont au centre, ce sont les gares. » confirme (le Corbusier, 1966 ). « Les gares sont à la fois l'expression d'un réseau dont elles forment les nœuds et en même temps les portes sur les villes auxquelles elles donnent accès. » (Duthilleul. J.-M, 1991).

Il faut lier aux entrées de ville le phénomène de faubourg et de banlieue. Ce dernier désignait à l'origine ce qui était à la limite de la ville, (environ 4 km) tout autour. La population qui ne pouvait s'établir en ville y résidait de façon anarchique. Ce terme a évolué pour désigner de nos jours une urbanisation continue de communes contiguës.

À partir des années soixante, le bord de ces routes est investi par la publicité, les stations-service et les grandes surfaces commerciales. Comme l'indique la Ligue urbaine et rurale, il résulte de ces installations trop souvent anarchiques un sentiment de laideur, d'insécurité, de confusion mais surtout des difficultés d'accès pour les piétons et cyclistes ainsi que les automobilistes.

Fig.1.5 : L’Arc de Triomphe d’orange à l’entrée de la ville (province Alpes)

Source : Lazac’h.A, 2004.

22 Le Séminaire "Robert Auzelle" en 2010, a également refusé de limiter les entrées de ville aux seuls lieux d’accès routiers, voulant élargir la réflexion et l’intervention des étudiants sur tous les espaces publics permettant d’entrer au contact de la ville, que ce soit : -par la route (péage autoroutier, bretelle, rocade, porte, gare routière, etc.),

-par l’eau (port maritime, port fluvial, base nautique, pont, etc.), -par le rail (gare SNCF, RER ou RATP, etc.),

-par le ciel (aéroport, aérogare, héliport, etc.). Chacune de ces voies constitue une clé de lecture différente des entrées de ville

Le Séminaire "Robert Auzelle" : il s’agit de la fédération nationale des arts de la rue qui a été fondée en 1997, c’est la seule organisation professionnelle qui rassemble les professionnels des arts de la rue dans leur diversité, et forme un collectif de compétences actives et plurielles. La Fédération défend une éthique et des intérêts communs liés à la spécificité de la création dans l’espace public. (Antoni. R, 2010)