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d) Une normalisation, mais le Komintern

Dans le document Relations Est-Ouest, 1917-1991 (Les) (Page 43-46)

Il n’y aura plus de « complot », mais une normalisation, toutefois aux conditions fixées par l'URSS (pas de remboursement des dettes de l’État tsariste, pas de renoncement officiel au rôle de pôle révolutionnaire). La Russie puis l’URSS vont donc avoir avec le reste du monde des rapports dits « normaux », mais avec le Komintern en arrière-plan. Le coup d’arrêt de 1925 avait été préparé par les deux années 1922-1923, riches en dates-clés. Le 4 avril 1922 Staline devient secrétaire général du Comité central du parti bolchevique ; le 30 décembre 1922 est fondée l’URSS, l’Union des Républiques socialistes soviétiques, un nom très universel, pas du tout géographique (voir plus haut) ! Depuis la Révolution d’Octobre, le régime instauré par les bolcheviks ne s’étendait directement qu’à la République socialiste fédérative soviétique (ou des Soviets) de Russie (RSFSR, voir plus haut). À travers de multiples crises politiques et revirements militaires, d’autres républiques soviétiques s’étaient formées ; théoriquement indépendantes, elles avaient peu à peu resserré leurs liens avec la Russie et, du début de 1919 au début de 1922, adopté des constitutions de même type et pratiquement unifié leurs partis communistes. Quatre républiques (RSFSR, Ukraine, Biélorussie et Transcaucasie) signèrent entre elles un traité et une déclaration d’union, qui furent confirmés le 30 décembre 1922 par le premier Congrès des Soviets de l’URSS (voir plus haut) 32. Mentionnons pour mémoire qu’une Krestintern (Internationale paysanne), créée en 1923, n'eut guère eu d'activité.

En 1923, toujours, le Komintern soutient le parti communiste allemand luttant dans la Ruhr contre les Français (voir plus haut). En 1926, il finance les grèves en

Angleterre, ce qui amène une rupture momentanée des relations diplomatiques entre Londres et Moscou. Au 6e Congrès du Komintern (1928), l'optique stalinienne triomphe. Enfin, en 1929-1930, c’est-à-dire au moment où le personnel du commissariat du peuple aux Affaires étrangères était largement renouvelé, des staliniens comme Manouilsky et Molotov reprennent en main l’organisation. Le slogan « classe contre classe » refuse toute alliance avec les partis bourgeois, socialistes inclus. Cette tactique interdira un front unique contre le fascisme et le nazisme, jusqu'au retournement de 1935, où le 7e Congrès préconisera la formation de fronts populaires antifascistes.

Quelle fut l'organisation du Komintern ? Chargé de préparer la révolution dans tous les pays, le Komintern se trouve étroitement lié aux dirigeants soviétiques. Les partis communistes, qui vont se développer un peu partout, devront tenir compte dans leur propre stratégie des intérêts de la Russie, devenue « patrie des prolétaires », et ce fait pèsera lourdement sur l'évolution du mouvement ouvrier mondial. L’ère stalinienne marqua certes le

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La constitution fut adoptée en 1924. De 1924 à 1926 eurent lieu de nombreux remaniements

territoriaux, avec formation de plusieurs Républiques autonomes et deux république fédérées,

Turkménistan et Ouzbékistan, intégrées jusque là à la RSFSR. En 1929 sera créée une septième

République fédérée, dissociée de l’Ouzbékistan, le Tadjikistan.

triomphe de la thèse du socialisme dans un seul pays, après l’élimination de Trotski, l’industrialisation accélérée, mais aussi la crainte que Locarno (1925) ne signifie l'encerclement de l'URSS. Celle-ci, d’autre part, reprocha à la France de soutenir la Roumanie, qui avait annexé la Bessarabie, revendiquée par les Russes. Le retour de la droite au pouvoir en France envenima tout. Et entre la Russie et la Grande-Bretagne, tout vint rapidement compromettre l'évolution pacifique. MacDonald dissout la Chambre des Communes le 19 octobre 1924. La campagne électorale est très courte (les élections sont fixées au 29 !). Le leader conservateur Stanley Baldwin utilise pour la première fois la radio, menant campagne sur le thème du « danger rouge » 33. Le 25 éclate l’affaire de la Red Letter, une lettre de Zinoviev, chef du Komintern (voir plus haut) au PC anglais, prévoyant un plan d’action révolutionnaire en Grande-Bretagne et dans l’Empire (organisation de cellules dans l’armée, la marine…). Il s’agit vraisemblablement d’un document fabriqué par les

Russes blancs de Berlin et le service de renseignement polonais ! « La publication, à la veille des élections générales de 1924, de la fameuse Lettre Zinoviev, faux à présent avéré, mais qui, pris au sérieux, présente l'Internationale moscoutaire comme un instrument de

subversion grave en Grande-Bretagne, ravive la panique anti-rouge. Les conservateurs, vainqueurs des élections, annoncent immédiatement leur refus de faire ratifier les accords d'août » (Roland Marx). Ensuite l'aide apportée par les syndicats soviétiques à la grève des mineurs en Grande-Bretagne (1926) suscita en mai 1927 une perquisition de la police dans les locaux d'une société commerciale anglo-russe. Le cabinet conservateur de Stanley Baldwin, qui reprochait aux Soviets d'avoir soutenu financièrement les ouvriers anglais en grève, et les accusait d'ingérence dans les affaires intérieures du Royaume-Uni, rompit même les relations diplomatiques avec l'URSS. Elles le restèrent de 1927 à 1929. Mais l’URSS poursuivit la politique de bon voisinage avec l'Allemagne (cf. le traité d'amitié et neutralité de 1926, voir plus haut).

D’une manière générale, la fermeté du Komintern impliqua la tactique « classe contre classe », l’aide aux « peuples opprimés » et l’ « attaque de l'Occident par l'Orient ». La politique soviétique fut très favorable à la Chine, mais à celle de Sun Yatsen (officiellement Sun Zhongshan) et du Guomindang (prononcer Kuomintang), dans lequel les communistes chinois étaient invités à entrer ! Les missions de Ioffe (voir plus haut) et de Mikhaïl Borodine jetèrent les bases d’une collaboration sino-soviétique. Toutefois le massacre des communistes chinois en 1927 par de Chiang Kaishek (Jiang Jieshi ; Sun Yatsen est mort en 1925) entraîna la faillite de la double politique d'alliance de l'URSS et du PCC (Parti communiste chinois) avec le Guomindang. La politique soviétique fut active dans le reste de l'Orient, où elle signa des traités avec la Perse (Iran), l’Afghanistan et la Turquie, transforma la Mongolie extérieure en une démocratie populaire en 1925. Le 8 juillet 1921, le

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Le parti communiste britannique avait été créé le 31 juillet 1920 par les socialistes et les

syndicalistes les plus radicaux.

Parti Populaire mongol, conseillé par les Russes, avait pris le pouvoir, avec l’aide de l’Armée rouge. L’ancienne vassale de la Chine était devenue un protectorat soviétique, que l’Armée rouge occupait « à la demande du gouvernement populaire », pour assurer la « sécurité du nouvel État ». Des réformes socialistes avaient bouleversé l’économie et la société du pays.

Des signes de changements apparaissent en 1929-1930. Le Komintern, où s'étaient distingués des hommes aux idées souvent éloignées de celles de Staline (Radek, Zinoviev, Nicolas Boukharine) est fermement repris en main par des staliniens convaincus (comme Molotov). Le personnel du Commissariat du Peuple aux Affaires étrangères est largement renouvelé. Tchitcherine, voir plus haut, est remplacé en 1930 par son adjoint Maxime Litvinov 34, qui devait rester en poste comme Commissaire du Peuple aux Affaires étrangères jusqu’en mai 1939, un grand nombre de diplomates partent. Un nouveau tournant interviendra en 1933 (cf. cours REW-2).

À noter enfin qu’il subsiste une Internationale socialiste, reconstituée à la conférence de Genève en février 1920, réunifiée après une dissidence au congrès de Hambourg de 1923. L’organisation qui incarne désormais le socialisme démocratique n’a plus le prestige ni l’influence de l’Internationale d’avant 1914, la question des relations avec le Komintern restant toujours à l’arrière-plan. Réunie pour sa dernière conférence à Paris en 1933, elle s’avère être une organisation totalement désarmée face à la montée du fascisme et elle s’effrite définitivement en octobre 1938.

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De son vrai nom Meïer Vallakh. Issu d’une famille juive de Pologne orientale, il avait rejoint

dès sa formation le parti ouvrier social-démocrate de Russie. Il était devenu en 1921 l’adjoint

de Tchitcherine.

III. LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE DES ÉTATS-UNIS

- cf. célèbre doctrine Monroe (1823) & slogan de la "destinée manifeste" (1845) à dominer continent améric. : le journaliste démocrate (et pro-esclavagiste) John O’Sullivan affirme que la “ destinée manifeste ” (Manifest Destiny) des États-Unis est de conquérir l’Amé. du Nord >>> les tsars liquident les établissements russes de la côte ouest de l’Amérique du Nord, puis vente de l’Alaska en 1867

- la "mission" des États-Unis, un messianisme

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