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Le niveau de vie moyen des retraités a cessé de progresser entre 2010 et 2017 puis il a baissé en

Chapitre 6. Le niveau de vie des retraités

2. Les évolutions récentes de la pension moyenne et du niveau de vie moyen des retraités . 146

2.3 Le niveau de vie moyen des retraités a cessé de progresser entre 2010 et 2017 puis il a baissé en

Jusque vers 2010, le niveau de vie moyen des retraités progressait régulièrement (+1,4 % en euros constants entre 1996 et 2010), puis il s’est stabilisé. Le niveau de vie moyen des retraités n’a quasiment pas évolué en euros constants entre 2010 et 2017 selon les enquêtes Revenus fiscaux de l’INSEE, si l’on neutralise une rupture de série intervenue en 2012 qui a conduit à réviser légèrement à la hausse le niveau de vie moyen des retraités (voir encadré méthodologique). Entre 2017 et 2018, il a baissé de 1,2 % en euros constants.

130 Cette progression est à l’œuvre depuis plusieurs décennies, mais on ne dispose de données précises sur la pension moyenne nette que depuis 2009.

149 Méthodologie : les ruptures de séries dans les enquêtes Revenus fiscaux de l’INSEE

Les séries sur les niveaux de vie présentées dans ce rapport, issues des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) de l’INSEE, présentent une rupture de série en 2012.

En effet, l’INSEE a modifié en 2012 la méthodologie de l’enquête : désormais, pour calculer le revenu disponible, l'impôt déduit du revenu d'une année est l'impôt payé durant cette même année (auparavant on calculait l’impôt dû au titre des revenus de l'année) ; par ailleurs, les majorations de pension pour trois enfants et plus (qui sont devenues imposables à partir de 2012) ainsi que l’avantage en nature constitué par la participation des employeurs aux contrats collectifs de complémentaire santé sont désormais comptabilisés dans le revenu disponible. Cette rénovation tend à relever le niveau de vie relatif des retraités, du fait notamment de la prise en compte des majorations pour trois enfants.

En outre, à partir de 2014, la déclaration fiscale permet de distinguer les pensions de retraite des pensions d’invalidité. Auparavant, les statistiques sur les retraités étaient calculées sur un champ incluant non seulement les retraités, mais aussi les bénéficiaires de pension d’invalidité, ce qui induisait une légère sous-estimation du niveau de vie moyen des retraités. Dans les résultats présentés ici, la série 1996-2012 mesure le niveau de vie moyen des retraités sur ce champ incluant les bénéficiaires de pension d’invalidité, tandis que la série 2012*-2018* mesure le niveau de vie moyen des retraités sur le champ exact des retraités (le SG-COR a rétropolé les points 2012* et 2013* à partir des données 2014* à 2016* fournies par l’INSEE).

D’autres ruptures de séries sont intervenues dans les enquêtes Revenus fiscaux en 2003, 2005 et 2010, mais l’INSEE a rétropolé ces séries pour construire une série homogène 1996-2012.

Avant 1996, l’INSEE avait réalisé des enquêtes Revenus fiscaux tous les cinq ans environ depuis 1970. Les résultats issus de ces anciennes enquêtes ne sont pas directement comparables avec les résultats produits depuis 1996 par l’INSEE (en particulier les revenus du patrimoine étaient fortement sous-estimés, d’où une sous-estimation du niveau de vie relatif des retraités), d’où une autre rupture de série en 1996 dans la figure 2.36.

Enfin, notons que les résultats des ERFS publiés par l’INSEE sur les niveaux de vie moyens sont lissés sur trois ans par le SG-COR (sur deux ans pour les deux dernières années) : par exemple, la valeur affichée pour 2016 correspond à la moyenne des niveaux de vie des trois années 2015, 2016 et 2017. En effet, les estimations de revenus financiers (imputées par l’INSEE dans les ERFS d'après les enquêtes Patrimoine de l’INSEE) sont assez bruitées, d’où des évolutions parfois heurtées d’une année sur l’autre. Plus généralement, ce lissage permet de limiter les aléas d’échantillonnage.

L’évolution du niveau de vie moyen des retraités reflète principalement celle de la pension moyenne des retraités, mais plusieurs autres facteurs peuvent avoir une influence : évolutions démographiques, revenus du patrimoine, prélèvements sociaux et fiscaux, etc.

Les effets de structure démographique, notamment la proportion de retraités vivant seuls (ils ont en général un niveau de vie moyen inférieur aux retraités vivant en couple131), ont peu joué sur le niveau de vie moyen des retraités depuis quinze ans, car deux évolutions démographiques jouent en sens contraire : d’une part l’allongement de l’espérance de vie prolonge la vie commune des couples de retraités et retarde le veuvage, de sorte qu’une fraction croissante de la durée de retraite est vécue en couple ; d’autre part, l’arrivée à la retraite des générations du

131 Voir chapitre 8.

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baby boom, qui ont connu des parcours conjugaux plus heurtés que les générations précédentes, entraine une augmentation du nombre de retraités ayant divorcé. Ces deux effets se compensent quasiment, même si une tendance à la baisse est à l’œuvre depuis le début de la dernière décennie, la montée du divorce l’emportant sur la baisse du veuvage.

Afin de comprendre pourquoi le niveau de vie moyen des retraités a stagné entre 2010 et 2017, alors que la pension nette moyenne continuait de progresser de 0,6 % par an sur la même période, il est utile d’analyser les différentes sources de revenus des ménages de retraités, en montrant comment l’on passe de la somme des pensions perçues par le ménage au revenu disponible du ménage. On met ainsi en évidence l’impact des revenus autres que les pensions, notamment les revenus du patrimoine, ainsi que ceux des prélèvements sociaux et fiscaux.

Figure 2.31 - Évolution du niveau de vie moyen des retraités : passage de la pension brute au revenu disponible

(en euros constants 2018)

Lecture : en 2018, le niveau de vie (revenu disponible par unité de consommation) de l'ensemble des retraités s’élevait en moyenne à 2 101 euros courants par mois et par unité de consommation. Le revenu disponible d'un ménage de retraités se décompose comme la somme des pensions brutes (1 844 euros par unité de consommation), des revenus du patrimoine (314 euros par unité de consommation) et des autres revenus (revenus d'activité, prestations logement, minimum vieillesse), soit un revenu total avant prélèvements de 2 445 euros par unité de consommation, dont on retranche les prélèvements sociaux et fiscaux (sont pris en compte ici l'impôt sur le revenu, la taxe d'habitation, la CSG et autres prélèvements sociaux assis sur les pensions et revenus du patrimoine).

Note : (*) Pour la rupture de série en 2012, voir l’encadré méthodologique.

Champ : personnes retraitées vivant en France métropolitaine dans un ménage ordinaire. Les personnes âgées vivant en institution (environ 4 % des retraités) sont hors champ. Un retraité peut vivre avec des personnes en activité, ce qui explique la présence de revenus d'activité dans les ménages de retraités.

Sources : INSEE-DGI, enquêtes Revenus fiscaux rétropolées de 2002 à 2004 ; INSEE-DGFiP-CNAF-CNAV-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2005 à 2018.

151 Sur la période 2002-2018, les pensions représentent environ 72 % des revenus des retraités avant prélèvements, le reste provenant des revenus du patrimoine (environ 16 %132), des revenus d’activité des autres actifs du ménage (environ 10 %), et de prestations sociales comme le minimum vieillesse ou les allocations logement (environ 2 %).

Les revenus du patrimoine des retraités se sont accrus entre 2002 et 2009 avant de décroître entre 2009 et 2018. En effet, le montant des revenus du patrimoine perçus par un ménage est le produit du montant de patrimoine investi dans des placements financiers ou immobiliers (en hausse, car les retraités possèdent de plus en plus de patrimoine au fil des générations) et du taux de rendement de l’épargne (en baisse tendancielle sur les années récentes).

L’apport des revenus du patrimoine a contribué à accroître le niveau de vie moyen des retraités plus rapidement que la pension moyenne entre 2002 et 2009, mais depuis 2009 la baisse des revenus du patrimoine liée à la baisse des taux de rendement de l’épargne freine au contraire la progression du niveau de vie des retraités. Ainsi, entre 2010 et 2017, le revenu moyen des retraités par unité de consommation (incluant les revenus du patrimoine), brut de prélèvements sociaux et fiscaux, a progressé nettement moins vite que la pension brute moyenne des retraités par unité de consommation133, et il s’est mis à diminuer à partir de 2014 alors que la pension moyenne brute continuait d’augmenter entre 2014 et 2017.

En outre, les prélèvements sociaux (CSG et assimilés sur les pensions et sur les revenus du patrimoine) et fiscaux (impôt sur le revenu, taxe d’habitation) ont pesé de plus en plus sur le niveau de vie des retraités entre 2002 et 2017 : ainsi, entre 2010 et 2017, alors que leur revenu par unité de consommation, brut de prélèvements sociaux et fiscaux, a encore progressé en moyenne de 0,4 % par an, leur revenu disponible par unité de consommation, c’est-à-dire leur niveau de vie, a stagné sur cette période.

132 Cette proportion s’est abaissée sur les années récentes (environ 13% en 2017 et 2018).

133 Les évolutions des pensions brutes par unité de consommation des ménages de retraités présentées ici ne sont pas directement comparables à celles des pensions nettes par individu présentées précédemment. En outre la source et le champ de ces statistiques est différent.

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Entre 2017 et 2018, le niveau de vie moyen des retraités a baissé de 1,2 % en euros constants.

Cette baisse du niveau de vie est liée à celle de la pension nette moyenne avec la hausse de la CSG et la non-revalorisation des pensions de base (cf. supra). L’effet de la hausse de la CSG est cependant atténué par l’allègement de la taxe d’habitation à partir de 2018 pour les 80 % des ménages les plus modestes, qui bénéficie aux retraités à revenu intermédiaire qui n’en étaient pas exonérés auparavant, contrairement aux retraités les plus modestes. Par ailleurs, l’érosion des rendements des placements financiers se poursuit. Cependant les retraités les plus aisés ont pu bénéficier en 2018 de l’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% sur les revenus du patrimoine financier, qui entraine une diminution de leur impôt sur le revenu et qui aurait favorisé en outre la distribution plus importante de dividendes134. Les retraités les plus riches ont également bénéficié de la transformation de l’ISF en IFI, mais cet impôt n’est pas pris en compte dans la mesure du niveau de vie dans les enquêtes Revenus fiscaux de l’INSEE.

2.4 Le niveau de vie relatif des retraités, globalement stable depuis 20 ans, a diminué en

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