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L’évolution du pouvoir d’achat au cours de la retraite

Chapitre 6. Le niveau de vie des retraités

5. L’évolution du pouvoir d’achat au cours de la retraite

Les prestations familiales et la fiscalité (quotient familial) compensent en partie le coût des enfants durant la vie active : elles atténuent la diminution du niveau de vie durant la vie active en fonction du nombre d’enfants, notamment au troisième enfant. Ainsi, pour un couple sans enfant, les prestations familiales et la fiscalité augmentent le taux de remplacement en termes de niveau de vie (il passe de 57 % à 61 %, car le couple est davantage imposé durant sa vie active du fait de revenus plus élevés) : au contraire, pour un couple avec trois enfants, les prestations familiales et la fiscalité diminuent le taux de remplacement en termes de niveau de vie (il passe de 88 % à 87 %, car le couple bénéficie durant sa vie active des prestations familiales et du quotient familial).

Ces résultats ignorent l’impact des enfants sur les carrières des mères et éventuellement des pères, les deux conjoints étant censés effectuer la même carrière quel que soit le nombre d’enfants du couple.

Enfin, ces résultats sur cas type supposent que l’assuré n’épargne pas au cours du cycle de vie et, par conséquent, ne perçoit pas de revenus du patrimoine, ce qui peut notamment conduire à sous-estimer son niveau de vie à la retraite. Les loyers imputés sont de même ignorés. En pratique, les ménages ont la possibilité de lisser leur consommation au cours du cycle de vie en épargnant durant la vie active puis en profitant du patrimoine accumulé au cours de la retraite.

5. L’évolution du pouvoir d’achat au cours de la retraite

Le niveau de vie moyen des retraités, en tant que groupe, a augmenté de près de 20 % en termes constants entre 1996 et 2018. Cette situation du groupe ne reflète pas le vécu individuel des retraités. La situation du groupe est en effet affectée par un effet noria lié au renouvellement de la population des retraités : les nouvelles générations, dont les pensions sont en moyenne plus élevées, remplacent progressivement les générations les plus anciennes aux pensions plus faibles.

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Au niveau individuel, les retraités ont subi au cours des 25 dernières années une érosion de leur pouvoir d’achat différente selon la génération, d’autant plus importante que leur pension est élevée. Deux cas types peuvent être analysés à l’appui de ce constat :

- un non-cadre du secteur privé, supposé exonéré de CSG, de CRDS et de CASA et dont la pension CNAV représente 70 % de la pension totale, le reste étant attribué par l’ARRCO ; - un cadre du secteur privé, réputé soumis à la CSG à taux normal, et dont la pension est

composée à 36 % de la pension CNAV, à 15 % de la pension ARRCO et à 49 % de la pension AGIRC.

Ces deux cas types sont spécifiés pour quatre générations de retraités (1932, 1937, 1942 et 1947) dont le pouvoir d’achat est calculé à partir de leur départ à la retraite supposé à l’âge de 60 ans144, jusqu’à l’âge atteint en 2019. Les pensions sont donc suivies respectivement pendant 28, 23, 18 et 13 années.

Entre l’année de son départ à la retraite et 2019, le pouvoir d’achat du non-cadre du secteur privé a diminué d’environ 3,5 % pour les différentes générations représentées (entre -3 % pour la génération 1937 et -3,9 % pour la génération 1942).

La baisse observée du pouvoir d’achat entre 2014 et 2019 provient plus particulièrement de la non-revalorisation de la valeur du point ARRCO. La baisse observée sur l’année 2018 renvoie à l’absence de revalorisation de la pension CNAV au cours de cette même année, et à une revalorisation inférieure à l’inflation pour la partie ARRCO. Avant 2014, le pouvoir d’achat d’un non-cadre non-assujetti à la CSG a été quasiment maintenu.

Sur les mêmes périodes, le constat est plus défavorable pour le cas type de cadre du secteur privé. Il est notamment affecté par la hausse de la CSG entre 1993 et 1997, ainsi qu’en 2018, hausse qui n’a pas concerné le cas type de non-cadre. Les évolutions sont différentes selon qu’on observe le pouvoir d’achat de la pension nette de la génération 1932 ou des autres générations. Pour la première fois, au bout de 28 ans de retraite, le pouvoir d’achat de la pension nette a diminué de 14 %, dont une perte de 6,2 % sur les 5 années après la première pension.

Les pertes sont plus limitées pour les trois autres générations simulées qui ont pris leur retraite après les hausses de la CSG de la période 1993-1997.

Outre l’effet de la hausse des prélèvements, l’indexation retenue pour la valeur du point, telle que décidée par les partenaires sociaux gérant l’AGIRC, n’a pas permis de maintenir le pouvoir d’achat de la pension nette du cadre, particulièrement entre 1994 et 2004. Les mécanismes de revalorisation (décalages de la date de revalorisation des pensions de base et mécanismes de sous-indexation par rapport à l’inflation) expliqueraient un peu moins de la moitié (44 %) de la perte de pouvoir d’achat du cadre né en 1932 et environ un tiers (entre 32 % et 35 %) de celles des autres générations, le reste étant expliqué par la hausse des prélèvements.

144 Voir le document n° 4 de la séance plénière du COR du 6 décembre 2017.

165 Pour pouvoir tirer des enseignements plus larges en termes d’équité entre générations, ces différences d’évolution du pouvoir d’achat à partir du départ à la retraite suivant les générations doivent être mises en regard des différences de taux de remplacement au moment de la liquidation – une évolution plus défavorable du pouvoir d’achat pour une génération donnée de retraité pouvant par exemple trouver une contrepartie dans un taux de liquidation plus élevé.

C’est notamment le cas pour les cas types de salariés du privé étudiés dans ce rapport pour lesquels le taux de remplacement net au moment de la liquidation145 est plus élevé pour les générations anciennes que pour les générations plus jeunes.

Figure 2.38 – Évolutions du pouvoir d’achat au cours de la retraite

Figure 2.38a – Non-cadre du secteur privé Pouvoir d’achat de la pension nette

Figure 2.38b – Cadre du secteur privé Pouvoir d’achat de la pension nette

Source : calculs SG-COR à partir des barèmes des régimes CNAV, AGIRC-ARRCO et INSEE pour l’inflation y compris tabac.

145 Voir le chapitre 5 de cette partie.

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Méthodologie

Pour simplifier la présentation et afin d’illustrer deux situations polaires, il est ici fait le choix de soumettre le cadre à la CSG à taux normal et d’en exonérer le non-cadre. Ce dernier bénéficie par ailleurs de la mesure qui, sur l’année 2015, attribuait 40 € aux retraités dont la pension totale ne dépassait pas 1 200 €. Les hausses de prélèvements (qui concernent ici le seul cas type du cadre) se sont principalement concentrées entre 1993 et 1997, avec à la fois une hausse de la CSG et une hausse des cotisations maladie. La suppression des cotisations maladie sur les pensions du régime général en 1998 a été compensée par la hausse de la CSG. Pour les années ultérieures, les prélèvements ont augmenté en 2005 (hausse de la CSG), en 2013 (mise en place de la Casa) et en 2018 (hausse de la CSG).

Taux de prélèvement sur les pensions entre 1992 et 2019

Source : barèmes sociaux.

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