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Une durée de la retraite en augmentation au fil des générations

Chapitre 5. L’équité entre les générations au regard de la retraite

2.2 Une durée de la retraite en augmentation au fil des générations

La durée moyenne de retraite par génération se déduit par différence entre l’espérance de vie de chaque génération, issue des projections démographiques de l’INSEE 2013-2070, et son âge moyen de départ à la retraite, calculé dans le cadre des projections du COR. Comme on s’intéresse ici aux assurés qui vivent jusqu’à l’âge de la retraite, on tient compte de l’espérance de vie à 60 ans (et non à la naissance) et on calcule l’âge du décès pour chaque génération selon la formule : 60 + l’espérance de vie à 60 ans de la génération.

Rappelons d’abord les évolutions au fil des générations des âges moyens de départ à la retraite108, pour lesquelles on peut distinguer trois périodes à compter de la génération 1940.

Entre les générations 1940 – plus particulièrement celle née en 1945 – et 1950, l’âge moyen de départ à la retraite a diminué d’environ 6 mois pour les femmes, comme pour les hommes, dans le cadre de la mise en place des retraites anticipées pour carrière longue en 2004.

Il augmenterait à nouveau, et rapidement, à partir de la génération 1951, sous l’effet notamment du relèvement de deux ans des âges légaux (réforme des retraites de 2010). Le départ à la retraite passerait de 60 ans et 6 mois en moyenne parmi les personnes nées en 1950 à 61 ans et 10 mois

108 Voir les données annexes téléchargeables sur le site Internet du COR.

40%

en % du salaire moyen de carrière

génération

1,8% 1,5% 1,3% 1%

134

en moyenne parmi celles nées en 1955. Cette hausse se poursuivrait au-delà de la génération 1955 et jusqu’aux générations nées au milieu des années 1970, à un rythme toutefois ralenti, sous les effets conjugués de la hausse programmée de la durée requise pour le taux plein (de 41 ans et demi pour la génération 1955 à 43 ans à partir de celle née en 1973) et de l’allongement progressif de la durée des études jusqu’aux générations nées dans les années 1970. Cette durée des études devrait se stabiliser ensuite, au vu de la durée de carrière validée avant 30 ans qui resterait à environ 8 ans après la génération 1974109. La durée requise pour l’obtention du taux plein se stabilise également après la génération 1973.

Ces deux facteurs ne joueraient donc plus pour les générations plus jeunes et l’âge moyen de départ à la retraite se stabiliserait légèrement en-dessous de 64 ans à partir des générations nées dans la fin des années 1970.

Le cas type de non-cadre du privé est supposé partir à la retraite dès l’atteinte du taux plein au régime général. Du fait de son entrée dans l’emploi relativement précoce (un peu après 17 ans pour les générations les plus anciennes) et de sa carrière sans interruption, il partirait à la retraite un peu plus jeune que la moyenne de sa génération. Rappelons que l’âge de début de carrière du cas type est défini en fonction des durées validées pour la retraite avant 30 ans, observées au fil des générations dans les données statistiques de la DREES110. L’âge de début de carrière du cas type passe ainsi de 17 ans et 2 mois, pour les générations nées en 1946 et avant, à 20 ans et 8 mois, pour les générations nées à partir de 1978111.

Son âge de départ serait de 60 ans jusqu’à la génération née en 1960 (grâce au dispositif de retraite anticipée pour carrière longue élargi par le décret n° 2012-847 du 2 juillet 2012), puis augmenterait régulièrement sous l’effet de la hausse de son âge de début de carrière et de celle de la durée d’assurance requise pour le taux plein. De la génération née en 1978 à celle née en 1993, il est supposé partir à la retraite à 63 ans et demi, pour un début de carrière à 20 ans et 8 mois et une durée d’assurance requise pour l’obtention du taux plein de 43 ans. Pour les générations postérieures à 1993, l’âge de liquidation serait anticipé d’un trimestre – soit 63 ans et 1 trimestre – compte tenu de la règle de validation d’un trimestre à 150 heures SMIC (instaurée par la réforme de 2014) qui lui permet de valider un trimestre de plus la première année de sa carrière.

La durée de retraite augmenterait régulièrement – d’environ un an sur cas type ou 1,3 an à partir des âges moyens de départ à la retraite – entre les générations 1940 et 1950 (Figure 2.23). La durée de retraite moyenne par génération diminuerait ensuite de presque un an entre les générations 1950 et 1955, du fait du relèvement de deux ans des âges légaux. La durée de retraite pour le cas type continuerait, elle, d’augmenter jusqu’à la génération 1960 grâce au bénéfice d’un départ anticipé à 60 ans pour carrière longue avant de diminuer entre les générations 1960 et 1970. Les durées de retraite croîtraient à nouveau parmi les générations les

109 Voir Études et résultats n° 980 (octobre 2016) de la DREES

110 Voir le document n° 2 de la séance du COR du 9 juillet 2014.

111 Pour des catégories représentatives des cas types. En raison de leur âge de début d’activité plus précoce, les durées validées avant 30 ans pour les cas types sont plus élevées que celles pour l’ensemble des assurés, publiées par ailleurs par la DREES.

135 plus jeunes, sous l’effet des gains d’espérance de vie dès lors que la durée d’assurance requise pour l’obtention du taux plein serait stabilisée à 43 ans conformément à la législation actuelle.

Figure 2.23 – Durée de retraite en nombre d’années

Figure 2.23a - Moyennes par génération Figure 2.23b - Cas type de non-cadre du privé (départ à la retraite au taux plein au régime

général sans décote ni surcote)

Note : l’espérance de vie est calculée par génération, comme : 60 + espérance de vie à 60 ans (selon l’hypothèse que l’assuré atteint l’âge de la retraite, et ne décède donc pas avant 60 ans). Les scénarios de mortalité des projections démographiques de l’INSEE sont extrapolés sous l’hypothèse d’une poursuite de la baisse de la mortalité au-delà de 2070. Pour le cas type, l’âge de départ à la retraite correspond à un départ au taux plein au régime général sans décote ni surcote, éventuellement dans le cadre du dispositif de retraite anticipée pour carrière longue (générations 1952 à 1967).

Champ : retraités de droit direct, résidant en France.

Sources : DREES, modèle CALIPER (cas type) et modèle ANCETRE (moyenne par génération) ; INSEE, projections de population 2013-2070 ; projections COR – novembre 2020.

La comparaison des durées de retraite entre générations éloignées a cependant une portée limitée car les espérances de vie peuvent différer de plusieurs années entre ces générations. Il est donc légitime de s’intéresser aussi à la durée de retraite en proportion de l’espérance de vie qui est un indicateur de durée de retraite relative.

À partir de la génération née en 1940 et jusqu’à la génération 1973 – fin de la montée en charge de la réforme de 2014 en matière de durée d’assurance –, la durée de retraite relative se stabiliserait légèrement au-dessus de 29 %, l’allongement de l’espérance de vie s’accompagnant à la fois d’une entrée plus tardive sur le marché du travail et d’un recul de l’âge de la retraite. Au-delà de la génération 1973, les paramètres d’âge et de durée d’assurance inchangés conduiraient à une augmentation de la durée de retraite relative sous l’effet des gains d’espérance de vie.

Le constat serait similaire pour le cas type, à ceci près que la hausse se poursuivrait jusqu’à un maximum atteint pour la génération 1960 en raison du fait qu’il pourrait liquider de façon anticipée au titre du dispositif de départ anticipé pour carrière longue. Au-delà, les évolutions

22

1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000

en années

1940 1945 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000

en années

génération

Scénario central de mortalité Variante de mortalité haute Variante de mortalité basse

136

seraient globalement proches à celles observées par génération : stabilisation jusqu’à la génération 1973, puis augmentation sous l’effet des gains d’espérance de vie.

Cette évolution est très dépendante des hypothèses de mortalité en projection. Si l’incertitude en la matière est relativement limitée pour les assurés les plus anciens, elle s’accroît au fur et à mesure des générations112. L’hypothèse d’une mortalité haute conduirait à diminuer légèrement la durée relative de retraite jusqu’à la génération 1975 sous l’effet de l’allongement de la durée d’assurance, avant de progresser légèrement pour retrouver un niveau proche à celui de la génération 1950 (29 %). En revanche, l’hypothèse de mortalité basse conduirait à augmenter la durée relative de retraite après la génération 1960, cette durée étant pour la génération 2000 supérieure d’environ 4 points à celle de la génération née en 1955.

Figure 2.24 – Durée de retraite en proportion de la durée de vie totale

Figure 2.24a - Moyennes par génération Figure 2.24b - Cas type de non-cadre du privé (pension au taux plein au régime général sans

décote ni surcote)

Note : voir Figure 2.23.

Champ : retraités de droit direct, résidant en France.

Sources : DREES, modèle CALIPER (cas type) et modèle ANCETRE (moyenne par génération) ; INSEE, projections de population 2013-2070 ; projections COR – novembre 2020.

2.3 La décomposition de la durée de vie : des durées relatives de retraite proches pour les

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