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Selon le CNRTL, un conte est un « récit d'aventures imaginaires destiné à distraire, à instruire en amusant »223. Ainsi, Blanche-Neige est un conte de fées qui apprend que l’avarice est un vilain défaut qui ne mène à rien de bon, et qu’il vaut mieux rester humble et modeste. La légende est un « récit à caractère merveilleux, ayant parfois pour thème des faits et des événements plus ou moins historiques mais dont la réalité a été déformée et amplifiée par l'imagination populaire ou littéraire »224. Un exemple est donné avec les légendes du roi Arthur, tissées autour d’un personnage qui aurait prétendument existé, mais dont les faits ont été magnifiés par la littérature chevaleresque au point de perdre toute vraisemblance. Quant aux mythes, il s’agit de « récits relatant des faits imaginaires non consignés par l'histoire, transmis par la tradition et mettant en scène des êtres représentant symboliquement des forces physiques, des généralités d'ordre philosophique, métaphysique ou social »225. Les divinités comme Thor et Odin ou les héros tels qu’Hercule relèvent donc du mythe. Sur la base de ces définitions, il est donc possible d’établir la différenciation suivante : le conte est une histoire populaire à visée pédagogique, la légende se construit autour de personnages ou d’événements réellement ou prétendument historiques, et les mythes concernent des événements imaginaires impliquant des personnages le plus souvent caractéristiques d’un trait (Narcisse, Hercule), d’une force de la nature (Thor, Poséidon), etc.

Les religions païennes slaves ont des points communs avec les religions celtiques ou nordiques : caractère polythéiste de la religion, omniprésence de la divinité dans la nature, divinités qui possèdent des spécialisations plus ou moins bien définies, etc. Il est donc parfois difficile de déterminer l’influence qui a été exercée sur la création de certains aspects d’un ouvrage, qu’il s’agisse de roman historique, de fantasy ou autre. Certains thèmes appartiennent par ailleurs à une mythologie que l’on pourrait qualifier d’universelle et pour laquelle chaque culture propose une interprétation différente. C’est par exemple le cas pour le mythe du Déluge : comme le remarque Mohammed Taleb, « le mythe du Déluge, le plus universel, est attesté dans un très grand nombre de cultures, et cela sur tous les continents »226. Mais d’autres domaines mythologiques peuvent également être concernés par cette universalité, entre mythologie chrétienne et préchrétienne. Un paragraphe sur le sacré

223 http://www.cnrtl.fr/definition/contes, consulté le 21 novembre 2016.

224 http://www.cnrtl.fr/definition/l%C3%A9gende, consulté le 21 novembre 2016.

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chrétien sera donc présent dans cette étude. Bien que la religion chrétienne ne soit plus l’apanage de l’Europe, elle apparaît comme suffisamment constitutive de son identité au regard des siècles pour intégrer notre réflexion, surtout si l’on considère que les trois ouvrages du corpus se déroulent à des époques qui, dans le monde réel, étaient marquées par la religion (pseudo Moyen-âge, Moyen-âge et entre-deux guerres). Le premier instinct pourrait être d’examiner ici les mythologies chrétiennes qui peuvent influencer le processus créatif d’un écrivain polonais. Cependant, intégrer une étude qui relève du religieux au domaine de l’imaginaire peut poser des problèmes à deux niveaux. Premièrement, la religion a influé sur les modes de pensée pendant des siècles, ce qui peut se refléter de différentes manières, pas seulement du point de vue de la construction de l’histoire, mais aussi de la linguistique, par exemple. Il serait donc réducteur de l’analyser uniquement à la lumière du mythe. Deuxièmement, le problème peut être d’ordre éthique. Nous avons donc opté pour une analyse plus générale dans la troisième et dernière partie de notre travail, axée sur les marqueurs culturels et contextuels extralittéraires.

Outre les liens que les croyances païennes ont établis avec la religion chrétienne, il existe également des points communs entre croyances anciennes et littérature moderne. Ainsi, la mythologie nordique a fortement inspiré Tolkien lors de la création de sa Terre du Milieu. Or Sapkowski s’est à son tour inspiré de l’œuvre de Tolkien. On retrouve donc ici une nouvelle influence, indirecte cette fois-ci, de la mythologie nordique sur son ouvrage. D’ailleurs, le caractère des nains nordiques se reflète chez les nains de Sapkowski : les uns comme les autres sont des maîtres forgerons227.

Les interconnexions culturelles entre les diverses mythologies et légendes ne s’arrêtent pas là. Dans son ouvrage Mythes celtiques, Miranda Jane Green relève en effet l’existence de « liens entre les traditions mythologiques du Pays de Galle et le cycle continental du roman arthurien médiéval »228. Des éléments des légendes arthuriennes peuvent donc se retrouver dans l’ouvrage de Sapkowski par le biais de la référence au monde celte. Le mythe arthurien est un réel moteur dans la création de l’écrivain polonais, mais il peut parfois être difficile de distinguer clairement les influences mythologiques des influences légendaires.

226 TALEB, Mohammed, « Le Déluge, une régénération ? », dans Les grands mythes de l’humanité, Le Monde des Religions, Hors-série n° 21, 2013.

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Au vu de ces échanges entre mythologies, notre réflexion portera sur l’importance des diverses mythologies européennes, notamment celles venant des pays scandinaves, nordiques et celtiques, mais aussi slaves, dans les littératures de grande diffusion, et principalement la fantasy. L’influence des légendes arthuriennes sur les textes du corpus sera également abordée. À quels niveaux ces éléments sont-ils présents, et quelles difficultés posent-ils pour le travail du traducteur ?

a. Mythologies celtiques, nordiques, scandinaves,

gréco-romaines

i. Manifestations des mythologies européennes chez Andrzej Sapkowski

Anne Besson constate :

En ce qui concerne les emprunts directs, les mythologies du Nord de l’Europe dominent la production de fantasy comme sa perception auprès du public. Le panthéon gréco-romain, pourtant le plus notable de nos substrats culturels et peut-être pour cette raison même, semble le plus délaissé […]. Les mythologies germaniques et nordiques, plus tard celtiques, font en revanche l’objet d’une exploitation systématique, si bien qu’elles se confondent largement avec toute conception du merveilleux caractéristique de la fantasy.229

Comment ces mythologies s’expriment-elles du point de vue textuel ? Selon Anne Besson, elles font le plus souvent l’objet de citations explicites telles que des références directes par le biais des noms des personnages, ou de « collages érudits » par l’association habile d’éléments issus de différents fonds mythologiques d’Europe du Nord. Alors, quelle est l’influence de ces éléments sur le travail du traducteur, et quelles approches ont été mises en œuvre pour les traiter dans Sorceleur d’Andrzej Sapkowski ?

 La fantasy et les Eddas

La particularité des mythologies nordique, celtique et scandinave est, tout comme pour la mythologie slave, l’absence de sources écrites. Les connaissances que l’on possède sur ces 227 PAGE, Raymond Ian, Mythes nordiques, Paris : Éditions du Seuil, 1993, p. 150.

228 GREEN, Miranda Jane, Mythes celtiques, Paris : Éditions du Seuil, 1995, p. 20.

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mythes sont issues de sources archéologiques d’une part et de sources postérieures à ces cultes d’autre part, rédigées le plus souvent par des moines chrétiens. Leur vision est probablement teintée de religion :

Le problème posé par la « matière » insulaire viendrait du « blanchiment » chrétien de la religion païenne ; des rédacteurs qui ignoraient tout du paganisme irlandais ou lui étaient hostiles on peut-être délibérément redéfini ou reconstruit le monde surnaturel afin de le rendre inopérant.230

Cette remarque ne s’applique cependant pas à tous les textes médiévaux concernant les mythes, les légendes et la religion des peuples Vikings. Ainsi, certains textes ont pu être rédigés par des chroniqueurs païens en un geste de défense de leur culture en pleine mutation. Dans ses explications autour de l’Edda poétique, Régis Boyer indique :

La Völuspá. L’auteur qui, vers l’an 1000, composa cette vision dantesque, un des plus beaux poèmes sacrés qui soient et l’un des chefs d’œuvre de la littérature de Moyen Age […], était un païen chérissant, non pas les dieux et les mythes, mais l’esprit qui les animait. Il connaissait aussi le christianisme dont le triomphe dans le Nord devenait chaque jour plus évident. Changement de cultures, mutation, phénomène de croissance ou adaptation à un ordre nouveau, avec toutes les conséquences dramatiques qu’ils impliquent et ce saut dans l’avenir incertain qu’ils supposent : il a éprouvé tout cela dans son cœur. Et, en un sublime cri de passion, il jette au monde cet appel éperdu : voici ce que nous allons perdre.231

Qu’il s’agisse de ferveur chrétienne ou de passion pour une culture en train de s’effacer, il semblerait que les textes relatifs aux mythologies qui nous intéressent ne soient pas objectifs. Cependant, s’agissant des seules sources écrites dont l’on dispose, elles servent nécessairement de référence au traducteur qui travaille sur un texte de fantasy qui se réfère à ces mythologies, de façon explicite ou implicite.

Les principaux textes de référence pour les mythologies scandinaves (nordiques, vikings, islandaises, etc.) sont les poèmes eddiques, réunis en deux grands ouvrages. Le premier est l’Edda de Snorri qui date d’environ 1230. Le deuxième est le Codex Regius, plus connu sous le nom d’Edda poétique, daté de la fin du XIIIème siècle mais qui est en réalité une copie dont l’original remonte aux années 1210-1240. Le Codex Regius est aujourd’hui conservé à Reykjavik. L’Edda de Snorri représente la source écrite principale de connaissances sur la

230 GREEN, Miranda Jane, op. cit., p. 19.

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mythologie et le panthéon des peuples scandinaves et germaniques. En plus de consigner des sources orales, elle contient également des textes sacrés plus anciens encore et qui ne sont parvenus jusqu’à notre époque que par son biais. L’Edda poétique est quant à elle composée de poèmes épiques, héroïques, mythologiques et sacrés relatifs aux cultures nordique et germanique. Régis Boyer, professeur de langues, littératures et civilisation scandinaves à l’université Paris-Sorbonne, a traduit et présenté ces textes au sein d’un vaste ouvrage d’ensemble intitulé l’Edda poétique. C’est ce travail qui servira de point de référence pour nos recherches. En effet, des textes aussi anciens que les Eddas ont été soumis à de multiples traductions, retraductions et interprétations. Cependant, l’ouvrage de Régis Boyer semble être le plus complet à ce jour car il réunit l’ensemble des textes eddiques. Par ailleurs, les travaux de Régis Boyer sont parus en 1992 : ils sont donc relativement récents, mais antérieurs à la traduction du cycle du Sorceleur, et facilement accessibles tant à l’achat qu’à l’emprunt, ce qui constitue un atout non négligeable pour le traducteur de fantasy lors de ses recherches. Rappelons ici que la mythologie celtique a été fortement influencée par la mythologie gréco-romaine suite à l’invasion par Rome de territoires appartenant au monde celte, et il est difficile de « faire la part du symbolisme et des croyances proprement celtiques et de la tradition romaine dans laquelle ils allaient si étroitement s’imbriquer »232. La problématique est donc à nouveau posée par l’interpénétration culturelle entre les mythes et les légendes évoquée plus haut. Il est même possible de se demander si l’universalité de certains mythes, comme c’est le cas pour le droit de surprise qui a inspiré Andrzej Sapkowski, ne découle pas en partie de ces entrelacements. Cependant, ce sont les mythologies d’Europe du Nord qui semblent avoir le plus inspiré Sapkowski. Toutefois, certaines ressemblances avec les mythes gréco-romains ne sont pas à exclure.

Dans le cycle du Sorceleur, ce sont en premier lieu les personnages qui attestent de l’influence des mythologies issues d’horizons divers. Ainsi, Geralt se situe au croisement de plusieurs univers mythologiques. Il s’agit d’un personnage en apparence humain, mais doté d’attributs surhumains. C’est aussi le cas pour les héros de la mythologie irlandaise, « dont la divinité n’est pas affirmée mais qui sont trahis par leur stature physique et morale »233, et pour les dieux grecs ou romains. Tout comme les divinités antiques, il possède plusieurs

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attributs qui le définissent : son épée, son blouson de cuir clouté, son pendentif en forme de loup. Le respect des champs sémantiques dans la traduction est ici particulièrement important. Une des caractéristiques principales de Geralt sont ses cheveux complètement blancs, ce qui est expliqué par les mutations génétiques qu’il a subies étant enfant. Dans le jeu vidéo, les personnages non joueurs (PNJ) qui peuplent l’univers créé par Andrzej Sapkowski et reproduit par les équipes de CD Projekt Red appellent Geralt białowłosy – littéralement, « le cheveux-blanc ». Les joueurs français entendront quant à eux le mot « grison », ce qui sort du champ sémantique de la blancheur et prive le personnage d’un attribut pourtant capital.

L’épée est un autre élément particulièrement important dans la fantasy, et il en est de même dans la mythologie dont elle s’inspire. La mythologie celtique regorge d’épées sacrées, comme l’épée de Nuada, à laquelle nul n’échappait, Fragarach qui avait le pouvoir de transpercer toutes les armures, ou encore Grimr utilisée par le héros nordique Siegfried pour tuer le dragon Fáfnir. D’autres armes légendaires sont également présentes dans les mythologies celtiques et nordiques : la lance de Lug, qui garantissait la victoire, ou encore le marteau de Thor. Cependant, bien que l’épée de Geralt soit un attribut qui soit inexorablement lié au personnage, il s’agit, chez Sapkowski, plus d’un outil que d’un objet doté d’une âme. L’épée de Geralt n’est pas nommée, et il en change au cours de l’histoire.

Nous avons mentionné les rapports établis par J.R.R. Tolkien avec l’Edda poétique, notamment en ce qui concerne l’onomastique. Sa principale source d’inspiration semble avoir été la Vóluspá que Régis Boyer traduit par « Prédictions de la Prophétesse ». Ce poème en vers, véritable condensé mythologique sur les croyances nordiques concernant la naissance et l’organisation du monde, les rapports de force entre divers acteurs de l’univers ainsi que la fin des dieux, a également inspiré de façon très directe Andrzej Sapkowski. De même qu’une voyante a prédit la fin du monde pour les peuples vikings, une prophétesse a entrevu celle du monde dans lequel évolue Geralt. L’introduction au Sang des elfes (volume 3, premier volume du roman après les deux recueils de nouvelles) est la suivante :

233 Ibidem, p. 21.

188 Zaprawdę powiadam wam, oto nadchodzi wiek miecza i topora, wiek wilczej zamieci. Nadchodzi Czas Białego Zimna i Białego Światła, Czas Szaleństwa i Czas Pogardy, Tedd Deireádh, Czas Końca. Świat umrze wśród mrozu, a odrodzi się wraz z nowym słońcem. Odrodzi się ze Starszej Krwi, z Hen Ichaer, z zasianego ziarna. Ziarna, które nie wykiełkuje, lecz wybychnie płomieniem. (Krew elfów, p. 5)

En vérité, je vous le dis, voici venir l’ère de l’épée et de la hache, l’ère de la terrible tourmente. Voici venir le Temps du Froid blanc et de la Lumière blanche, le Temps de la Folie et du Mépris, Tedd Deireádh, le Temps de la Fin. Le monde disparaîtra sous la glace et renaîtra avec le nouveau soleil. Il renaîtra par le Sang ancien, Hen Ichaer, la graine semée. La graine qui ne germera point, mais fera jaillir la flamme.

(Le Sang des elfes, p. 5)

Cet extrait ainsi que sa traduction peuvent être lus à la lumière des strophes de la Vóluspá qui correspondent à la description de Ragnarok, en particulier la strophe 48 :

[…] Temps des haches, temps des épées, Les boucliers sont fendus,

Temps des tempêtes, temps des loups, Avant que le monde s’effondre ; Personne

N’épargnera personne.234

R. I. Page dans son livre Mythes nordiques note, à propos de Ragnarok :

L’âge final de ce monde, selon Snorri235, devait être annoncé par des signes terrifiants : en premier lieu arriverait le fumbulvetr, le « formidable hiver » qui durerait trois ans – « trois hivers semblables se succéderaient, sans été entretemps » ; et de grandes batailles seraient livrées dans le monde entier, ces conflits déchirant les familles et sapant toutes les valeurs morales. Alors viendrait :

Un temps de haches, un temps d’épées, un âge où les boucliers seraient brisés,

Une époque de tempêtes et époque de loups avant que le monde des hommes ne s’effondre.236

Les champs lexicaux employés par Andrzej Sapkowski dans sa « prophétie d’Ithlinne » recouvrent à la fois la description de la fin du monde selon l’Edda de Snorri et l’Edda poétique. Le défi qui se pose alors au traducteur est de respecter ces champs lexicaux en français. Par ailleurs, pour le lecteur qui a pu se familiariser avec le personnage de Geralt, les

234 BOYER, Régis, op. cit., p. 544.

235 Snorri Sturluson est un homme politique, historien, poète et mythographe islandais. Il compile l’Edda de Snorri ou Edda en prose, recueil de connaissances majeur sur les religions germaniques. Régis Boyer relève que Snorri a tiré sa description de Ragnarok, la fin du monde, directement dans la Vóluspá.

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connexions intratextuelles de ce passage avec l’ensemble de l’ouvrage ne passent pas inaperçues.

La première problématique qui se pose lors de la traduction de passages qui se réfèrent aux mythologies anciennes est la problématique de la retraduction : parmi les différentes versions existantes, sur laquelle s’appuyer ? Il semble que la question du temps et des moyens puisse se poser ici, et que l’accessibilité d’une traduction joue en sa faveur.

Comparons les versions polonaises de la Vóluspá et de la prophétie d’Ithlinne à leurs versions françaises :

Polonais Français

Vóluspá Vóluspá

Wiek topora, wiek miecza i tarcz strzaskanych,

Wiek zamieci wilczych […]237.

Temps des haches, temps des épées, Les boucliers sont fendus,

Temps des tempêtes, temps des loups […] Przepowiednia Itliny Prophétie d’Ithlinne

[…] wiek miecza i topora, wiek wilczej zamieci.

[…] l’ère de l’épée et de la hache, l’ère de la terrible tourmente.

En polonais, les champs lexicaux utilisés par Andrzej Sapkowski correspondent très exactement à ceux présents dans l’Edda. L’auteur module la syntaxe, mais conserve le vocabulaire. La traductrice française a cependant opté pour un changement de lexème. Autant « temps » et « ère » peuvent être considérés comme des synonymes dans ce contexte, autant l’élimination de la figure du loup semble être une interprétation traductionnelle qui mène à une perte de sens pour l’ensemble de l’ouvrage. En effet, le loup est un élément important du Ragnarok d’une part et de la mythologie scandinave dans son ensemble d’autre part, avec le loup Fenrir qui est ennemi redoutable à la fois pour Odin et pour Thor. Mais c’est également l’animal emblématique de Geralt, surnommé « le Loup Blanc » par les autres personnages. Sa présence dans l’introduction au Sang des elfes lui attribue donc un rôle de fond dans l’histoire qui disparaît entièrement dans la version française. En effet, « le Sang ancien, Hen Ichaer »

237 Edda poetycka, textes présentés et traduits en polonais du vieux narrois par ZAŁUSKA-STRÖMBERG, Apolonia, Varsovie : Biblioteka Narodowa, 1986, p. 15. Nous avons recherché une version antérieure à la parution du Sorceleur en Pologne.

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représente Ciri, que Geralt considère comme sa propre fille et qu’il passe plusieurs volumes à rechercher.

La reconnaissance des références aux mythes scandinaves et des champs sémantiques des Eddas peut donc revêtir une double importance. D’une part, l’implication est intertextuelle, car la référence à la Vóluspá s’efface en français. D’autre part, la référence est intratextuelle,